jeudi 12 février 2015

"La faute à Zemmour  ?" Entretien avec Gérard Leclerc












(Source: France Catholique)



Comment expliquez-vous le cas Zemmour  ?

Gérard Leclerc  : Je connais Éric Zemmour depuis le milieu des années 80, où nous avons été collègues au Quotidien de Paris, dirigé par Philippe Tesson. Jeune journaliste, il était alors au service politique. Je garde un excellent souvenir de ces années, où Éric se montrait déjà un observateur acéré de la classe politique. Il était patent que c’était un homme de culture. Je me souviens d’une remarque de Philippe Tesson sur « Zemmour qui est sûrement en train de relire Proust  ». Toutefois, je ne soupçonnais pas le destin qui allait être le sien.

J’ai commencé à percevoir les choses, quand Éric est entré au Figaro. Visiblement, il avait des convictions solides et il n’était pas prêt à en démordre sous le poids des conformismes. Je me suis aperçu qu’il était toujours un observateur sagace du monde qu’il fréquentait professionnellement mais que, parallèlement, il développait une réflexion intense, nourrie de lectures considérables. C’est cela qui explique son rôle aujourd’hui. Il ne se contente pas d’avoir des opinions. Il est supérieurement armé pour les défendre et les illustrer.

N’est-il pas devenu passeur d’idées et même une sorte de leader moral  ?

Tout a commencé sérieusement avec l’émission «  Ça se dispute  !  » sur i-Télé avec comme protagoniste, le directeur de L’Express Christophe Barbier. C’est sans doute sa participation à un certain nombre de débats antérieurs qui avait permis à la chaîne de repérer ses talents de débatteur. Mais là, une formule originale lui permettait d’aller jusqu’au bout de sa pensée. Celle-ci apparaissait d’autant plus argumentée qu’elle s’énonçait face à un interlocuteur qui répondait point par point. Il n’était plus possible d’ignorer les positions d’Éric Zemmour, elles étaient d’une clarté totale.

France 2, grâce à Catherine Barma et Laurent Ruquier, va permettre à Éric d’accéder à la célébrité. «  On n’est pas couché  » est une émission qui mêle les genres et attire les téléspectateurs sous le biais du divertissement. Mais d’abord avec Michel Polac puis surtout Éric Naulleau, l’émission va prendre une autre allure.

Les deux Éric, tout en demeurant dans le registre de l’humour, vont imposer une exigence intellectuelle. Car il ne se contenteront pas de traiter la politique et la littérature, au gré des invités de la soirée, il formuleront leur jugement sur les productions artistiques des chanteurs ou des gens du spectacle. Ce sera cruel à beaucoup, car ils opéreront souvent de véritables éreintages à l’encontre des habitudes de la profession. Cela leur vaudra une réputation peut-être sulfureuse.

Arrivé à ce point, est-il possible de situer précisément l’intéressé dans ce domaine des idées  ?

Tout à fait  ! Éric Zemmour est désormais le représentant de ceux qui sont en désaccord avec ce que les Anglo-Saxons appellent la pensée mainstream. Déjà, il apparaît comme un réactionnaire, plus encore qu’un conservateur. Et alors que ce genre de qualificatifs suffit à effrayer ceux qui en sont l’objet, lui n’en conçoit nulle peur. Bien au contraire. Et il aura les occasions d’exposer ses idées de façon plus systématique, dans les ouvrages qu’il va désormais publier régulièrement.

Sa pensée se développe à partir d’une analyse politique. Éric Zemmour se réclame de la tradition gaullienne et il ne cesse d’incriminer tout ce qui a dilapidé l’héritage. La question européenne apparaît comme cruciale. Pour lui, Bruxelles a accaparé la plupart des pouvoirs, réduisant la France à l’impuissance, au profit d’une technocratie ultra-libérale. Là où le général de Gaulle avait un projet proprement politique qu’il avait imposé dans le cadre des premières institutions européennes, s’est mis en place un dispositif au service de la mondialisation. Derrière cette analyse se profile une conception historique de l’État, qui se rapporte à la gloire passée de la France. Éric ne craint pas d’honorer la gloire de Napoléon et il défend tous les principes du patriotisme le plus exigeant.

Parallèlement, il s’est engagé dans une critique de ce qu’on pourrait appeler la civilisation des mœurs. Il s’en prend à l’esprit soixante-huitard. Ainsi aggrave-t-il son cas, car il se met en travers de toute l’évolution des mentalités et singulièrement du milieu intellectuel et artistique acquis au progressisme qui est le vecteur de toutes les prétendues émancipations modernes. Un démagogue serait rapidement remis à sa place. Avec un homme de culture de sa dimension, il faut être capable de répliquer. Et l’expérience s’est chargée de montrer que ce n’était pas facile. D’où la fureur de beaucoup.

Ne s’est-il pas mis dans de mauvais cas  ? Devant un tribunal pour racisme  ? Ce qui lui a valu une condamnation. Il y a eu l’affaire de l’entretien auCorriere della Sera qui a provoqué une campagne pour réclamer son éviction des médias.

Il est guetté par tous ceux qui espèrent qu’un dérapage lui vaudra un discrédit définitif. Zemmour, c’est l’obsession de ceux qui pensent que le péril réactionnaire risque de submerger la France. Ils sont persuadés qu’un renversement s’est produit en faveur d’une pensée conservatrice extrême et qu’il est désormais abusif de dire que le politiquement correct est toujours en position dominante.

Toute une rhétorique passe par la hantise du retour aux années trente. On sait bien pourquoi. Les années trente du XXe siècle représentent l’avènement du totalitarisme dans sa mouvance fasciste et nationale-socialiste. Ce rapprochement est absurde car les circonstances ne sont plus du tout les mêmes et le climat intellectuel est d’une tout autre nature. Mais il s’agit de faire peur.

Il y a ce qu’on appelle le populisme…

Il n’est pas possible d’établir une équivalence totale entre la pensée d’Éric Zemmour et le parti de Marine Le Pen. Zemmour tient à son indépendance intellectuelle et, même s’il y a des recoupements, sa pensée et son mode d’expression ne sont pas ceux d’une organisation partisane. D’une certaine façon, il est beaucoup plus exigeant et il a sans doute à l’égard du Front national des objections déterminantes.

Par ailleurs, dans le bouillonnement actuel il y a d’autres réalités. Par exemple, La Manif pour tous s’inscrit dans un espace qui n’est pas celui du Front national. Elle répond à des exigences éthiques primordiales. Par bien des côtés, Éric Zemmour se retrouverait de ce côté-là. Il n’a jamais craint d’exprimer son opposition aux réformes dites sociétales. Je me référerais volontiers à l’essai de Gaël Brustier sur Le Mai 68 conservateur, qui marque la spécificité des courants qui ont formé ce phénomène.

À ce propos, il y a une difficulté. Éric Zemmour, d’origine juive, ne se retrouve pas complètement dans une culture façonnée par le christianisme…

Éric demeure fidèle à sa tradition familiale religieuse. Pour autant, il ne méconnaît pas la culture chrétienne. Il a des auteurs de prédilection tels Bossuet ou Chesterton… Par ailleurs, il identifie la France à ses racines chrétiennes et il s’oppose à toute entreprise laïciste. Mais il a aussi ses différences. J’en veux pour preuve sa conception du mariage, où il semble prendre ses distances par rapport à la théologie chrétienne. Le mariage d’amour, auquel il impute la désagrégation familiale, est largement une invention du christianisme. Encore faudrait-il s’entendre sur la notion d’amour et se déprendre des confusions romantiques. Il faudrait voir aussi comment dans le cours du temps il y a pu avoir accommodement entre certaines convenances sociales, convenances de milieu, avec le principe du consentement et donc de la liberté des époux.

Je constate que la curiosité d’Éric étant sans limites, il explore sans cesse de nouveaux espaces, ce qui lui permet d’aller de découvertes en découvertes. Cela peut produire quelques déconvenues. Il a été trop vite en imputant au pape François le largage de tous les dogmes. Même si cela lui a permis d’être chaudement approuvé par une mouvance traditionaliste, il a été téméraire dans ses conclusions. Il l’a d’ailleurs en partie reconnu.

Une des choses qui m’ont frappé à la lecture de son best-seller, c’est l’absence de références à l’évolution religieuse de la France. Il parle comme d’une évidence de la déchristianisation mais il n’y a aucune référence au concile Vatican II. Je présume que, s’il se concentrait sur le sujet, il se retrouverait assez spontanément du côté de la mouvance tradi. Je le vois bien dénoncer les dérives d’un certain christianisme de gauche, en phase avec les ravages de l’esprit soixante-huitard. Je ne nie pas qu’il y ait là un filon à exploiter, mais ce n’est pas le seul. Il aime citer la formule de Chesterton sur «  les idées chrétiennes devenues folles  ». Le phénomène de fond qu’il n’aborde pas directement — mais qui le fait  ? — est celui de la déchristianisation. Les réformes sociétales qu’il dénonce se rapportent à une culture néo-païenne, qui a brisé avec la Tradition intellectuelle du christianisme.

On aimerait avoir son analyse sur le phénomène de La Manif pour tous avec ses enracinements dans une France catholique toujours vivante.

Malheureusement Le suicide français arrête sa chronologie en 2007. On peut ajouter qu’il y a dans cet essai un parti pris pessimiste qui l’amène à ne prendre en considération que les facteurs de destruction de la civilisation française. Et puis, si chez lui l’analyse est culturelle, sa culture se rapporte d’abord à la politique. Dans Le suicide français, tout commence avec la mort du général de Gaulle. Ce n’est pas seulement la grande figure historique qui s’efface, c’est l’État qui défaille. C’est la fin de tout projet vraiment politique, l’économisme devant acquérir une prépondérance sans partage. De là, la dérive de l’Europe bruxelloise que nous avons déjà signalée. Récemment, recevant Régis Debray dans son émission de Paris Première, il citait avec délice une phrase de l’écrivain, notant le caractère emblématique de l’omniprésence d’un Jacques Attali sur la scène publique.

Que penser de la polémique à propos de Robert Paxton, l’historien américain bien connu  ?

L’occasion était trop belle pour ne pas ouvrir un nouveau procès à l’homme qui ose s’interposer dans des débats dont la portée dépasse le pur récit historique. Depuis la publication de son ouvrage sur la France de Vichy, Paxton est un auteur canonique, qu’il serait malséant de critiquer. Pour autant, Paxton est-il infaillible  ? Je ne le crois pas, même si l’on a avantage à bien connaître le dossier avant de se lancer dans une controverse avec lui. Éric Zemmour a osé l’impensable, et mal lui en a pris. C’est Léa Salamé qui, la toute première lui a vivement reproché ses quelques pages sur Paxton, en des termes qui rendaient toute discussion impossible. Le sujet de la déportation des juifs est tellement sensible, qu’il est périlleux de l’aborder, tout comme la question de Vichy qui relève d’une sorte de tribunal moral. Je ne veux pas reprendre ici l’ensemble du problème et je ne prétends pas lui donner une réponse. Celle-ci appartient aux historiens, à qui il faut laisser toute la liberté de la recherche et aussi du jugement. Je remarquerai qu’Éric Zemmour a été l’objet d’un procès tronqué et qu’on n’a pas pris la peine d’analyser les sept pages qui concernent Paxton. Il est vrai qu’il était délicat de répondre aux vraies questions qui se trouvent dans ces pages, notamment celle qui concerne une étrange représentation de l’occupation où les troupes allemandes paraissent absentes lorsqu’elles ne sont pas de simples figurantes et que tout se concentre sur le seul maléfice de Vichy. Pour moi qui ai vécu intensément la période retracée dans Le suicide français, je retrouve toute la mentalité de l’époque avec un changement radical des représentations sur la période de la guerre. C’est dans ce contexte que se situe également l’œuvre très contestable de Zeev Sternhell, voulant à toute force démontrer que le fascisme est une invention proprement française dont Vichy est la résultante obligée. Nous sommes là au cœur de la déconstruction de l’histoire de France et de la fierté nationale.

Comment envisageriez-vous un dialogue avec Éric Zemmour  ?

Le suicide français, ne constitue pas un essai en forme. Éric Zemmour a réuni plusieurs dizaines de flashs des dernières décennies. Il s’agit de problèmes factuels. On ne peut dénier les faits mais on peut s’opposer sur leur interprétation. Ce qu’Éric Zemmour considère comme une dissolution nationale, d’autres l’interprètent comme une sorte d’épopée de l’émancipation. Ce qui est en cause se sont les paramètres du jugement, ce qu’on appelle les valeurs.

En s’attaquant au conformisme des médias Éric Zemmour s’est attiré la vindicte de gens qui ne pensent plus qu’à s’en débarrasser, du moins à en débarrasser la scène publique. Étrange procédé de la part de ceux qui se réclament de la démocratie et en bafouent le dispositif central qui est le libre échange des idées. Éric Zemmour pose des questions incontournables. Cela ne veut pas dire que je m’identifie complètement à sa pensée. Sur des points essentiels je développe d’autres convictions. Je n’aimerais pas que son pessimisme tourne au défaitisme. J’ai le sentiment que dans le monde tel qu’il est la France a encore de grandes chances. Et pour évoquer d’un mot la question sensible de l’intégration, j’estime qu’Éric Zemmour ne prend pas suffisamment en compte l’espace francophone où se joue une partie de notre destin. Je souhaiterais que la polémique se convertisse en une véritable discussion. Celle qui refuse les anathèmes et répond aux difficultés qu’Éric Zemmour a le mérite d’exposer sans complaisance.




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mercredi 11 février 2015

"Le 11 Janvier et l'Europe du vide" Fabrice Hadjadj







(Source: FigaroVox)


Fabrice Hadjadj est écrivain et philosophe, directeur de l'Institut européen d'études anthropologiques Philanthropos. Son dernier essai, «Puisque tout est en voie de destruction», a été publié chez Le Passeur Éditeur (avril 2014).

Ce texte est celui d'une intervention donnée par le philosophe en Italie à la Fondation de Gasperi devant les ministres italiens de l'Intérieur et des Affaires étrangères, le président de la communauté juive de Rome, le vice-président des communautés religieuses islamiques de la ville.

Chers Djihadistes -c'est le titre d'une lettre ouverte publiée par Philippe Muray- un de nos plus grands polémistes français- peu après les attentats du 11 septembre 2001. Cette lettre s'achève par une série d'avertissements aux terroristes islamiques, mais ceux qu'elle vise en vérité, par ricochet et par ironie, ce sont les Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché. Je vous cite un passage dont vous allez tout de suite capter l'heureuse et cinglante raillerie: «[Chers Djihadistes], craignez la colère du consommateur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis? Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. […] Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n'ont plus de sens et pour la vie qui va avec.» Et l'on peut ajouter aujourd'hui: nous nous battrons spécialement pour Charlie Hebdo, journal hier moribond, et qui n'avait aucun esprit critique -puisque critiquer, c'est discerner, et que Charlie mettait dans le même sac les djihadistes, les rabbins, les flics, les catholiques, les Français moyens- mais nous en ferons justement l'emblème de la confusion et du néant qui nous animent!
"Cette lettre s'achève par une série d'avertissements aux terroristes islamiques, mais ceux qu'elle vise en vérité, par ricochet et par ironie, ce sont les Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché."
Voilà à peu près l'état de l'État français. Au lieu de se laisser interpeler par les événements, il en remet une couche, il en profite pour se payer sa bonne conscience, remonter dans les sondages, se ranger du côté des victimes innocentes, de la liberté bafouée, de la moralité outragée, pourvu qu'on ne reconnaisse pas le vide humain d'une politique menée depuis plusieurs décennies, ni l'erreur d'un certain modèle européocentrique selon lequel le monde évoluerait fatalement vers la sécularisation, alors qu'on assiste presque partout ailleurs, et au moins depuis 1979, à un retour du religieux dans la sphère politique. Mais voilà: cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l'Europe.
"cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l'Europe."
La première chose qu'il faut constater, c'est que les terroristes des récents attentats de Paris sont des Français, qu'ils ont grandi en France et ne sont pas des accidents ni des monstres, mais des produits de l'intégration à la française, de vrais rejetons de la République actuelle, avec toute la révolte que cette descendance peut induire.

En 2009, Amedy Coulibaly, l'auteur des attentats de Montrouge et du supermarché casher de Saint-Mandé, était reçu au palais de l'Élysée par Nicolas Sarkozy avec neuf autres jeunes choisis par leurs employeurs pour témoigner des bienfaits de la formation par alternance: il travaillait alors en contrat de professionnalisation à l'usine Coca-Cola de sa ville natale de Grigny —Les frères Kouachi, orphelins issus de l'immigration, furent recueillis entre 1994 et 2000 dans un Centre d'éducation en Corrèze appartenant à la fondation Claude-Pompidou. Au lendemain de la fusillade au siège deCharlie Hebdo, le chef de ce Centre éducatif marquait sa stupéfaction: «On est tous choqués par l'affaire et parce qu'on connait ces jeunes. On a du mal à s'imaginer que ces gamins qui ont été parfaitement intégrés (ils jouaient au foot dans les clubs locaux) puissent comme ça délibérément tuer. On a du mal à y croire. Durant leur parcours chez nous, ils n'ont jamais posé de problème de comportement. Saïd Kouachi […] était tout à fait prêt à rentrer dans la vie socio-professionnelle.» Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux du maire de Lunel -petite ville du Sud de la France- qui s'étonnait que dix jeunes de sa commune soient partis faire le djihad en Syrie, alors qu'il venait de refaire un magnifique skate park au milieu de leur quartier…
"Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie?"
Quelle ingratitude! Comment ces jeunes n'ont-ils pas eu l'impression d'avoir accompli leurs aspirations les plus profondes en travaillant pour Coca-Cola, en faisant du skate board, en jouant dans le club de foot local? Comment leur désir d'héroïcité, de contemplation et de liberté ne s'est-il pas senti comblé par l'offre si généreuse de choisir entre deux plats surgelés, de regarder une série américaine ou de s'abstenir aux élections? Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie? Car c'était précisément le débat qui intéressait le gouvernement français juste avant les attentats: la République était toute tendue vers cette grande conquête humaine, la dernière sans doute, à savoir le droit d'être assisté dans son suicide ou achevé par des bourreaux dont la délicatesse est attestée par leur diplôme en médecine…

Comprenez-moi: les Kouachi, Coulibaly, étaient «parfaitement intégrés», mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c'est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n'était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide, avec sa logistique de déracinement mondial, de perte de la transmission familiale, d'amélioration technique des corps pour en faire de super-instruments connectés à un dispositif sans âme…
"Les Kouachi, Coulibaly, étaient «parfaitement intégrés», mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c'est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n'était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide."
Un jeune ne cherche pas seulement des raisons de vivre, mais aussi, surtout -parce que nous ne pouvons pas vivre toujours- des raisons de donner sa vie. Or y a-t-il encore en Europe des raisons de donner sa vie? La liberté d'expression? Soit! Mais qu'avons-nous donc à exprimer de si important? Quelle Bonne nouvelle avons-nous à annoncer au monde?

Cette question de savoir si l'Europe est encore capable de porter une transcendance qui donne un sens à nos actions -cette question, dis-je, parce qu'elle est la plus spirituelle de toutes, est aussi la plus charnelle. Il ne s'agit pas que de donner sa vie; il s'agit aussi de donner la vie. Curieusement, ou providentiellement, dans son audience du 7 janvier, le jour même des premiers attentats, le pape François citait une homélie d'Oscar Romero montrant le lien entre le martyre et la maternité, entre le fait d'être prêt à donner sa vie et le fait d'être prêt à donner la vie. C'est une évidence incontournable: notre faiblesse spirituelle se répercute sur la démographie; qu'on le veuille ou non, la fécondité biologique est toujours un signe d'espoir vécu (même si cet espoir est désordonné, comme dans le natalisme nationaliste ou impérialiste).
"Cette question de savoir si l'Europe est encore capable de porter une transcendance qui donne un sens à nos actions est aussi la plus charnelle."
Si l'on adopte un point de vue complètement darwinien, il faut admettre que le darwinisme n'est pas un avantage sélectif. Croire que l'homme est le résultat mortel d'un bricolage hasardeux de l'évolution ne vous encourage guère à avoir des enfants. Plutôt un chat ou un caniche. Ou peut-être un ou deux petits sapiens sapiens, par inertie, par convention, mais au final moins comme des enfants que comme des joujoux pour exercer votre despotisme et vous distraire de votre angoisse (avant de l'aggraver radicalement). La réussite théorique du darwinisme ne peut donc aboutir qu'à la réussite pratique des fondamentalistes qui nient cette théorie, mais qui, eux, font beaucoup de petits. Une amie islamologue, Annie Laurent, eut pour moi sur ce sujet une parole très éclairante: «L'enfantement est le djihad des femmes.»

Ce qui détermina jadis le Général de Gaulle à octroyer son indépendance à l'Algérie fut précisément la question démographique. Garder l'Algérie française en toute justice, c'était accorder la citoyenneté à tous, mais la démocratie française étant soumise à la loi de la majorité, et donc à la démographie, elle finirait par se soumettre à la loi coranique. De Gaulle confiait le 5 mars 1959 à Alain Peyrefitte: «Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées!»
"La réussite théorique du darwinisme ne peut donc aboutir qu'à la réussite pratique des fondamentalistes qui nient cette théorie, mais qui, eux, font beaucoup de petits."
Il y a certes une libération de la femme dont nous pouvons être fiers, mais lorsque cette libération aboutit au militantisme contraceptif et abortif, la maternité et la paternité étant désormais conçus comme des charges insupportables pour des individus qui ont oublié qu'ils sont d'abord des fils et des filles, cette libération ne peut que laisser la place, après quelques générations, à la domination en nombre des femmes en burqa, car les femmes en mini-jupes se reproduisent beaucoup moins.

Nous avons beau jeu de protester: «Oh! la burqa! quelles mœurs barbares!» Ces mœurs barbares permettent, par une immigration compensant la dénatalité européenne, de faire tourner notre civilisation du futur -enfin, d'un futur sans postérité…

Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique: en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu'à ralentir l'islamisation douce de l'Europe, celle que présente Michel Houellebecq dans son dernier roman (paru aussi le 7 janvier), et qui s'opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle. À moins que notre insistance à «ne pas faire d'amalgame», à dire que l'islam n'a rien à voir avec l'islamisme (alors qu'aussi bien le président égyptien Al-Sissi que les frères musulmans nous disent le contraire), et à nous culpabiliser de notre passé colonial -à moins que toute cette confusion nous livre avec encore plus d'obséquiosité vaine au processus en cours.
"Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique: en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu'à ralentir l'islamisation douce de l'Europe qui s'opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle."
Il est en tout cas une vanité que nous devons cesser d'avoir -c'est de croire que les mouvements islamistes sont des mouvements pré-Lumières, barbares comme je le disais plus haut, et qui se modéreront sitôt qu'ils découvriront les splendeurs du consumérisme. En vérité, ce sont des mouvements post-Lumières. Ils savent que les utopies humanistes, qui s'étaient substituées à la foi religieuse, se sont effondrées. En sorte qu'on peut se demander avec raison si l'islam ne serait pas le terme dialectique d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne: comme cette Europe ne peut pas vivre trop longtemps sans Dieu ni mères, mais comme, en enfant gâtée, elle ne saurait revenir à sa mère l'Église, elle consent finalement à s'adonner à un monothéisme facile, où le rapport à la richesse est dédramatisé, où la morale sexuelle est plus lâche, où la postmodernité hi-tech bâtit des cités radieuses comme celles du Qatar. Dieu + le capitalisme, les houris de harem + les souris d'ordinateur, pourquoi ne serait-ce pas le dernier compromis, la véritable fin de l'histoire?
"On peut se demander avec raison si l'islam ne serait pas le terme dialectique d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne."
Une chose me paraît certaine: ce qu'il y a de bon dans le siècle des Lumières ne saurait plus subsister désormais sans la Lumière des siècles. Mais reconnaîtrons-nous que cette Lumière est celle du Verbe fait chair, du Dieu fait homme, c'est-à-dire d'une divinité qui n'écrase pas l'humain, mais l'assume dans sa liberté et dans sa faiblesse? Telle est la question que je vous pose en dernier lieu: Vous êtes romains, mais avez-vous des raisons fortes pour que Saint-Pierre ne connaisse pas le même sort que Sainte-Sophie? Vous êtes italiens, mais êtes-vous capable de vous battre pour la Divine Comédie, ou bien en aurez-vous honte, parce qu'au chant XXVIII de son Enfer, Dante ose mettre Mahomet dans la neuvième bolge du huitième cercle? Enfin, nous sommes européens, mais sommes-nous fiers de notre drapeau avec ses douze étoiles? Est-ce que nous nous souvenons même du sens de ces douze étoiles, qui renvoient à l'Apocalypse de saint Jean et à la foi de Schuman et De Gasperi? Le temps du confort est fini. Il nous faut répondre, ou nous sommes morts: pour quelle Europe sommes-nous prêts à donner la vie?


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«Ce qui arrive est la conséquence de notre aveuglement»
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Après le drame, un débat sur la "liberté d'expression"
par Patrice de Plunkett   [*]

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Réaction du Cardinal Mamberti sur le jugement de la Cour européenne
 à propos de la Liberté de conscience et religieuse (@news_va_fr 2013)
Le Gender ou "L'idéologie libertaire à l'assaut de nos libertés fondamentales"  par François-Xavier BELLAMY
"Jeunesse Lumière à 30 ans" JL30 avec le Père Daniel Ange 
La France est-elle encore la « fille aînée de l’Eglise » ? Par le cardinal Philippe Barbarin
Spiritualité conjugale selon Jean Paul II - 1/2 - "Le rêve de Dieu par Yves Semens"
Spiritualité conjugale selon Jean Paul II - 2/2 - "Une spiritualité conjugale"
Lettre de Mgr Aillet (MANIFPOURTOUS , Bioéthique , Gender , Euthanasie Morale Laïcque...)
Homélie de Mgr Marc Aillet à Notre Dame de Chartres (clôture du pèlerinage)
Dominique Humbrecht : " À défaut d'avoir précédé, nous (L'Église de France) 
pouvons encore suivre. Nous sommes acculés à l'exemplarité culturelle."
Veilleurs: "Cathos et rebelles" ( via Le Figaro 18 Avril 2014)
"Les Veilleurs" (20 Avril 2013)
Proclamation de St Thomas More comme patron des responsables 
de gouvernement et des hommes politiques
Loi naturelle et loi civile: 1-"un mariage de raison"
"1984" de George Orwell avec Raphaël Enthoven dans"Le Gai Savoir
Halte au narcissisme du corps avec Adèle van Reeth
Les nouvelles technologies vont-elles réinventer l' homme ?
"Le droit canonique est un droit de guérison"(L'Eglise : une institution juridique ? )
La liberté religieuse en cause en Europe
La voix éloquente et claire de la Conscience
Conscience morale: "Les chrétiens au risque de l'abstention ? "
La liberté de conscience et religieuse menacée aux États-Unis


Cardinal André XXIII - Extrait " Vision actuelle sur la Laïcité (KTO) "
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie I)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie II)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie III)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie IV)

La laïcité à la française " une analyse de Mgr Jean-Louis Bruguès
La voix éloquente et claire de la Conscience
"La révolte des masses" - d' Ortega Y Gasset
Quand l' Eglise interpelle les consciences....pour 2012
Adieu Benoît XVI - Livre d' Or (ici)
Spiritualité conjugale selon Jean Paul II - 1/2 - Le rêve de Dieu par Yves Semens
Démocratie "entre" Loi civil et loi morale - Extrait de l' Evangile de la Vie (Evangelium vitae)
Inauguration de la statue de Jean-Paul II par Monsieur le Sénateur Gérard COLLOMB
Dans les combats, "Mes Armes" - faisons les nôtres ... (Ste Thérèse de l' enfant Jésus)
"DIVINI ILLIUS MAGISTRI" LETTRE ENCYCLIQUE DE SA SAINTETÉ
LE PAPE PIE XI SUR L'ÉDUCATION CHRÉTIENNE DE LA JEUNESSE
La morale laïque, une nouvelle religion pour la République ?
(Observatoire Sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon)
"Notre République" par Charles Vaugirard
La Laïcité, 4éme devise de la République pour Mr Olivier Falorni !!!!
"Tomber la culotte" ET "morale laïque" de Vincent Peillon à l' école 
Chiara Petrillo: "OUI à la VIE"
L' état doit il avoir une éthique ? La loi est elle pédagogique et donc
oriente elle vers le bien ?
Démocratie "entre" Loi civil et loi morale
Extrait de l' Evangile de la Vie (Evangelium vitae)
Chronique libre: "De l'ordre moral à l'ordre infernal"
Conscience morale: "Les chrétiens au risque de l'abstention ? "
La liberté de conscience et religieuse menacée aux États-Unis


lundi 9 février 2015

"La liberté d'expression bafouée" - Concours des élèves avocats 2015



"La liberté d'expression bafouée" - Concours des élèves avocats 2015




Finaliste du concours de plaidoirie des élèves avocats du Mémorial de Caen, Mariette Guerrien-Chevaucheries’est levée contre la censure par le CSA du clip de sensibilisation à la trisomie 21 : « Chère future maman ». Elle revient sur le choix de ce sujet.


Comment vous est venue l’idée de défendre le clip « Chère future maman » en finale du concours de plaidoirie du Mémorial de Caen ?

Ayant une petite sœur trisomique, ce sujet me tient particulièrement à cœur. La censure par le CSA de cette vidéo a été une véritable déception. Ma participation au concours du Mémorial de Caen était une belle opportunité d’exprimer mon ressenti.

Comment avez-vous été sélectionnée pour ce concours ?

Une présélection a été organisée à l’école des avocats de Versailles avec 29 candidats. On nous a accordé cinq minutes pour présenter notre sujet au jury. Le but du concours est de démontrer une violation individuelle et avérée aux droits de l’Homme, tirée de l’actualité récente. Pour ma part, j’ai choisi de défendre la liberté d’expression des personnes trisomiques.

Comment le public a-t-il réagi ? Quelles ont été les réactions de vos pairs ?

J’ai été agréablement surprise par les félicitations spontanées d’élèves avocats de mon école. Je ne m’attendais pas du tout à ce que ma génération apprécie et encourage un tel sujet. C’est un vrai espoir pour l’avenir ! Au Mémorial de Caen, il m’a d’ailleurs semblé que l’enthousiasme s’est confirmé, alors même que je n’avais pas gagné. J’ai en effet eu la surprise de recevoir en nombre les félicitations de personnes d’horizons totalement différents.

Vous attendiez-vous à ce succès ?

En choisissant la liberté d’expression des personnes trisomiques, j’avais conscience que mon sujet n’était pas conventionnel. Cependant, je n’étais pas là pour le principe du concours, mais plutôt pour clamer mes convictions. Je savais que mon sujet allait faire réagir, mais pas au point de susciter un tel enthousiasme.

Ariane Lecointre






Fil d'actualité sur la Trisomie 21: ici

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Pierre-Olivier Arduin - " -  L' embryon non brevetable" ( 18 nov 2011 )

Bonne nouvelle pour l' Embryon ! - AFC ( 18 nov 2011) 

Tugdual Derville - " l' embryon définit" ( 28 oct 2011 ) 

Xavier Mirabel - " Cour Européenne et embryon " ( 25 oct 2011 ) 

Arrêt de la Cour européenne de justice : définition de "l’embryon humain
L'embryon humain ne peut être considéré comme un simple matériau de recherche 



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Découverte de nouvelles cellules souches: les cellules STAP
(Fond Lejeune 29 Janvier 2014)
(Famille Chrétienne 26 fev 2014)
Rencontre avec le professeur Jérôme Lejeune : 
Trisomie 21 : "Etude clinique clairement à visée thérapeutique" (Fondation Lejeune)
Nouveaux tests de dépistage de la trisomie 21 : 
                   états des lieux des protocoles de recherches en France (5 Octobre 2012)
Dépistage de la trisomie 21 :
               dans quatre pays européens (29 Aout 2012)
CEDH : l’Italie forcée au DPI ? (AllianceVITA - 28 Aout 2012)
Traiter la trisomie 21 : L'ère des essais clinique (1er Mars 2012)
Dépistage précoce de la trisomie 21 (allianceVita -19 Dec 2011 ) 
Trisomie : espoir de traitement  (21 Nov 2011) 
                         Généthique.org ( 20 oct 2011 )
Débat Jean Leonetti - Jean-Marie Le Méné : la France est-elle devenue eugéniste ? 
Audition de Jean-Marie Le Méné devant la
Interventions de Jean-Marie Le Méné dans Libertépolitique.com
Bioethique – Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune: 
                      "La loi transgresse plus et protège moins"



Autres articles du blog sur le sujet:
Recherche sur l'embryon humain - Interview du Professeur Alain Privat
Débat autour de l'actualité scientifique (France Inter) - 
                           La trisomie 21 avec Jean-Marie Le Méné 
« Le bébé médicament », bébé du double espoir ou du double tri ?
Le diagnostic prénatal engendre-t-il une nouvelle forme d'eugénisme ?
                  VIDEO avec Henri Faivre, Vice-président de l'OCH
Trisomie 21 : un enjeu éthique Quelle urgence pour les politiques ? ( Les Amis d'éléonore )
Avis du CCNE (Conseil Consultatif National d' Ethique) concernant 
Trisomie 21 "Il est encore temps !  Lettres 77 de la Fondation " Jérome Lejeune " de mars 2012 
L'assistance médicale à la procréation (AMP) : en quoi consiste-t-elle ? 
                       " légitimisation de l'infanticide "



dimanche 8 février 2015

CEDH: "Avoir un enfant sur commande, ou la dérive de la GPA" (Italie)


Renvoie de l’affaire Paradiso et Campanelli « en appel » devant la Grande Chambre de la Cour 
             Gregor Puppinck & AllianceVITA                                     (CEDH- 2 juin 2015) [*
Tribune. Claire de La Hougue: "De la GPA à la vente d'enfant" (valeurs - 17 Fev 2015) [*
"La CEDH valide la vente d'enfant" Gregor Puppinck (Village justice - 4 fev 2015 ) [*
GPA: l'engrenage de la CEDH Gregor Puppinck (Le figaro 13 fev 2015 ) [*
Entretient avec Gregor Puppinck (Radio Vatican 6 fev ) [*
Gregor puppinck réagit à la décision de la CEDH sur "liberté politique" (2 fev) [*
Réaction d' Alliance VITA (29 Janvier) [*
Communiqué de Presse du "CoRP"( 28 Janvier - Collectif pour le Respect de la Personne)  [*
Communiqué des Juristes pour l'Enfance (29 Janvier) [*]


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GPA : La CEDH rejugera l’affaire Paradiso et Campanelli en Grande Chambre


Le collège de cinq juges de la Cour européenne des droits de l’homme qui s’est réuni lundi 1er juin a décidé de renvoyer l’affaire Paradiso et Campanelli « en appel » devant la Grande Chambre de la Cour, suite à la demande du Gouvernement italien. En décidant de renvoyer l’affaire devant la Grande Chambre, la Cour reconnaît que l’arrêt de Section était critiquable et qu’il pose une question de droit nouvelle et importante. En effet, l’arrêt de Section du 27 janvier avait été très critiqué, y compris par deux juges de la Section, notamment parce qu’il entérinait la production-vente d’enfants par Gestation Par Autrui (GPA). Ce sera le premier cas de GPA jugé par la Grande Chambre, et l’arrêt qu’elle rendra aura un impact européen très important.

Pour rappel, le 27 janvier dernier, la Deuxième Section de la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné l’Italie pour avoir retiré l’enfant acheté par le couple Paradiso - Campanelli auprès d’une société russe spécialisée en GPA. L’enfant acheté 49 000 euros et produit sur commande par fécondation in vitro et GPA n’avait aucun lien biologique avec le couple acquéreur. Constatant une fraude et une violation de l’ordre public, les juridictions italiennes ont poursuivi pénalement le couple d’italiens et lui ont retiré l’enfant pour le confier à l’adoption. Saisissant la Cour européenne, le couple s’était plaint d’une atteinte au respect de sa vie privée et familiale. Dans son arrêt du 27 janvier, la Section lui avait donné raison, condamnant l’Italie à lui verser 20 000 euros pour dommage moral et 10 000 euros pour frais et dépens. La Cour avait estimé que le couple pouvait prétendre bénéficier de la protection accordée à « la vie familiale » alors même qu’il n’avait gardé l’enfant que six mois et qu’il l’avait acheté en violation des normes italiennes et internationales.
Les arrêts de la Grande Chambre définissent la doctrine de la Cour et s’imposent dans l’ensemble des 47 États membres du Conseil de l’Europe.

Grégor Puppinck

Son Fil d'actualité : ICI

CP d'AllianceVITA

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."la Convention européenne des droits de l’homme proclamée en 1950
                                                tourne une page dans l’histoire des droits de
                                                          l’homme en Europe" Gregor Puppinck
ONU : L'ECLJ dénonce la vente d'enfants par GPA (Video 11 Mars 2015)
CEDH: "Avoir un enfant sur commande, ou la dérive de la GPA" (Italie)
. Grégor Puppinck: "Droit à l'enfant"   
          convergence entre les droits de l'homme & les biotechnologies 
. Grégor Puppinck : "GPA : derrière les droits de l’homme, l’exploitation"
"Les infanticides néonataux en Europe doivent être condamnés" Gregor Puppinck
Conférence de Gregor PUPPINCK sur l'avortement et le statut
de l'embryon pour la CEDH
Contrat d'Union Civil ? - "Europe: la famille diluée dans les 
droits de l’homme"
. ONU : Grégor Puppinck dénonce les atteintes à la liberté des 
consciences et de religion en Europe
Mariage pour tous: Adoption puis PMA et GPA , l'effet domino
La Cour européenne des Droits de l’homme impose l’adoption
homosexuelle
. PMA : la France a déjà voté...
MariageGay - "Il n'existe pas de droit à l'adoption"
. DPI - Le Diagnostic préimplantatoire fait débat (31 Aout 2012)



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(SourceValeurs actuelles)

"De la GPA à la vente d'enfant"

Tribune. Claire de La Hougue est Docteur en droit et avocat au Barreau de Strasbourg. Le 27 janvier 2015, la CEDH a condamné l’Italie pour avoir retiré un enfant à un couple qui l’avait acheté 49.000 euros en Russie, estimant que ce retrait portait une atteinte disproportionnée à leur droit à la vie privée et familiale. Pour Claire de La Hougue, la CEDH « admet ainsi l’achat d’enfant comme fondement d’une famille, donc un crime comme source d’un droit. »


En 2010, alors que l’épouse était âgée de 55 ans (son mari de 43), les requérants se sont adressés à une société juridique russe associée à une clinique en vue d’obtenir un enfant. La société a acheté des gamètes, créé un embryon, trouvé une mère porteuse et livré le nouveau-né en février 2011 avec un certificat de naissance désignant les requérants comme parents sans mentionner la mère porteuse, le tout pour la somme de 49.000 euros.

Les requérants rentrèrent en Italie (où la requérante avait fait circuler la rumeur de sa grossesse) avec l’enfant et demandèrent l’enregistrement du certificat de naissance, qui leur fut refusé. Ils furent en outre mis en examen pour altération d’état civil, faux et infraction à la loi sur l’adoption. Ils affirmèrent que l’enfant était le fils génétique du requérant. Un test ADN ordonné par le tribunal prouva au contraire qu’aucune lien génétique n’existait entre l’enfant et les requérants.

Constatant que l’enfant n’avait pas de parents biologiques et qu’il n’était pas dans son intérêt de rester avec les requérants qui n’avaient pas hésité à violer la loi pour satisfaire leur « désir narcissique », le tribunal confia l’enfant aux services sociaux en vue de son adoption.

Devant la CEDH, les requérants se plaignaient en leur propre nom et au nom de l’enfant du refus d’enregistrement du certificat de naissance et de l’éloignement de l’enfant qui, selon eux, portaient atteinte à leur vie familiale. Leur avocat était le président de la société qui leur avait vendu l’enfant.

La Cour juge d’abord qu’ils ne peuvent agir au nom de l’enfant, qui a un tuteur depuis octobre 2011 et est placé en famille d’accueil. Elle estime ensuite qu’ils ne peuvent se plaindre de l’impossibilité d’obtenir la transcription du certificat de naissance car ils n’ont pas saisi la Cour de cassation italienne, donc n’ont pas épuisé les voies de recours internes. Reste la question de l’éloignement de l’enfant, cause de la condamnation de l’Italie.

Une mesure d’éloignement ne peut porter atteinte au droit des requérants au respect de leur vie familiale que si, avec l’enfant, ils constituent une famille. Sur ce point, après avoir invoqué diverses affaires sans rapport avec la présente, telles que des cas d’enfants nés hors mariage et d’adoption, la Cour observe que les requérants se sont comportés pendant six mois « comme des parents », ce qui lui suffit pour conclure à l’existence d’une vie familiale de fait.

Elle refuse de considérer les circonstances de la naissance de l’enfant, commandé et acheté par les requérants, conçu en laboratoire pour être orphelin et vendu à sa naissance. Elle n’évoque pas les conséquences pour l’enfant de l’abandon programmé et de la vente. Elle ignore totalement l’exploitation des vendeurs de gamètes et de la mère porteuse. Sa volonté d’aveuglement est telle qu’elle a même refusé aux associations, notamment russes et roumaines, qui voulaient lui révéler l’autre face de la procréation pour le compte d’autrui, le droit de lui présenter leur arguments. Elle parvient à présenter les acquéreurs comme des victimes, insistant sur « les aspects émotionnels de ce dossier », les conséquences « très lourdes pour les requérants », l’espoir qu’ils ont nourri avant de « sombrer dans le désespoir ». Elle ne veut voir la situation qu’à travers les yeux et les intérêts des riches adultes occidentaux, occultant délibérément tout ce qui n’entre pas dans son cadre idéologique et son objectif, la libéralisation de la procréation pour le compte d’autrui.

La Cour n’est pas à une incohérence près. Après avoir déclaré les requérants irrecevables sur la question de la transcription du certificat de naissance, elle déclare que l’application du droit italien relatif à la filiation « ne saurait passer comme étant arbitraire », autrement dit que l’Italie n’était pas obligée d’admettre la transcription ni de reconnaître la filiation. Elle affirme ensuite que le retrait de l’enfant viole le droit à la vie familiale des acheteurs, avant de conclure que cette condamnation n’oblige pas l’Italie à rendre l’enfant aux acquéreurs.

En outre, la Cour est manifestement sortie de sa compétence. Alors qu’elle répète à l’envi qu’elle ne doit pas se substituer aux autorités nationales et qu’elle n’est pas une cour de quatrième instance, elle n’hésite pas – sans même avoir vu l’enfant, ni entendu aucun expert – à balayer l’appréciation de l’intérêt de l’enfant faite par les juridictions italiennes pour imposer son opinion. Elle viole donc le principe de subsidiarité qui fonde la protection internationale des droits de l’homme.

L’activisme idéologique de la Cour cette fois l’a poussée trop loin. Que la Cour, qui se prétend conscience de l’Europe, entérine la vente d’un enfant est stupéfiant et révoltant. On connaissait déjà l’inclination de la Cour en faveur du droit à l’enfant et sa propension au déni de réalité, mais admettre de fonder une vie familiale sur un achat d’enfant montre à quel point, sur ces sujets, elle n’est plus qu’une machine emballée. Il est essentiel que cette affaire soit renvoyée en Grande Chambre et que ces errements soient rectifiés. Quelques juges militants ont lancé la CEDH dans une fuite en avant fatale, l’exposant à une trop juste critique. Il est urgent qu’elle se sauve elle-même en revenant à la raison, condition de la justice.



Fil d'actualité de Claire de la Hougue: ICI

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(SourceVillage Justice)

En mars 2011 à Moscou, un couple a acheté un enfant auprès d’une société spécialisée dans la GPA. L’acte de naissance de l’enfant indiquait qu’il était le fils du couple italien. De retour en Italie, la transcription de l’acte de naissance russe dans l’état civil italien fut refusée. Une enquête fut ouverte et un test ADN prouva que l’enfant n’avait aucun lien génétique avec le couple. L’enfant a été purement et simplement produit sur commande et vendu. La société explique avoir acheté des gamètes humains puis loué une mère porteuse, ce qui ne serait pas illégal en Russie. Les juges italiens, constatant la violation des normes sur l’adoption internationale et de l’ordre public italien, décidèrent – dans l’intérêt de l’enfant – de le retirer de ses acquéreurs pour le confier à l’adoption.

Saisie par le couple, la Cour de Strasbourg a jugé – par cinq voix contre deux - que l’Italie pouvait refuser de reconnaître la filiation établie en Russie, mais que le retrait de l’enfant a porté atteinte à la vie privée et familiale du couple. Les autorités italiennes auraient dû le leur laisser, au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant. La Cour n’indique pas quel aurait alors dû être son état civil.

Pour conclure ainsi, la Cour a estimé que la relation créée par les acquéreurs à l’égard de l’enfant constitue une « vie familiale » protégée par les droits de l’homme, car ils se sont comportés « comme des parents » pendant six mois. La Cour a ensuite jugé que l’interdiction d’ordre public de la GPA et de la vente d’enfant ne sont pas des motifs suffisants pour leur retirer l’enfant au regard de l’intérêt de celui-ci de rester avec ses acquéreurs.

L’achat d’un enfant confère ainsi aux acquéreurs un droit sur cet enfant au nom de l’intérêt de l’enfant tel que déterminé par les juges strasbourgeois (qui n’ont consulté aucun expert). D’un crime naît un droit. Ainsi la Cour valide-t-elle la vente d’enfant. Il faut le dire lucidement : le prétendu « intérêt de l’enfant » cache en réalité celui des juges à imposer la libéralisation de la GPA.

A aucun moment la Cour ne s’interroge sur la moralité de la GPA, sur l’origine de l’enfant, sur l’exploitation des vendeurs de gamètes et de la mère porteuse à l’origine de son existence. La vente d’enfant ne la choque pas, elle ne sourcille pas, elle précise que ce n’est pas son affaire. Elle ne s’interroge pas davantage sur la violence irrémédiable infligée aux enfants nés de GPA : condamnés « pour leur bien », selon sa logique, à vivre avec ceux-là même qui les ont privé de leurs vrais parents et les ont achetés. Pour la Cour, ces circonstances n’entrent pas en compte dans l’appréciation de l’intérêt supérieur de l’enfant. Au contraire, elle fonde son raisonnement sur la supposition qu’il est conforme à l’intérêt d’un enfant-GPA d’être élevé par ses acquéreurs. On peut penser au contraire que les enfants GPA auront de bonnes raisons de se révolter contre leurs acquéreurs pour avoir exploité leurs parents puis les en avoir privés. Il n’est pas équivalant d’être élevé par ceux qui ont fait de vous un orphelin, ou par une famille adoptive qui vous recueille.

Tout cela au nom d’un droit à l’enfant. La Cour, depuis qu’elle traite de PMA et d’adoption homosexuelle, ne veut plus considérer l’origine des enfants ni la structure des familles. Pour elle, tout se vaut car la famille n’est qu’un agrégat temporaire de citoyens.

Cet arrêt est dévastateur, et les deux juges dissidents l’ont souligné : il réduit à néant la liberté des États de ne pas reconnaître d’effets juridiques à la gestation pour autrui, et même la légitimité du choix de l’État en ce sens. Plus encore, cet arrêt est une incitation au trafic international d’enfant ; il retire aux Etats les motifs et les moyens de s’y opposer.

Les « droits de l’homme » qui devraient être un rempart contre l’indignité et l’exploitation de l’homme par l’homme sont dévoyés pour servir d’instrument d’une fausse libération de l’individu en quête de la satisfaction de n’importe quel désir, même celui d’une femme de 55 ans d’avoir un enfant, comme en l’espèce.

Il faut espérer que le Gouvernement italien fera appel, et que d’autres gouvernements le soutiendront ; mais la Cour a le pouvoir de rejeter cette demande sans justification. Cependant, peut-être le gouvernement ne fera pas appel, car la Cour a assorti son jugement d’une mention qui semble réduire à néant sa propre argumentation : il n’est pas nécessaire de « rendre » l’enfant à ses acquéreurs car il vit depuis 2013 dans une famille. Ainsi, la véritable obligation concrète qui résulte de cet arrêt est celle pour l’Italie et les 46 autres Etats européens de ne plus s’opposer à l’avenir à la vie de telles « familles ».

Enfin, afin que la tableau soit complet : l’avocat du couple devant la CEDH - et qui va recevoir tout ou partie des 10.000 euros de frais et dépens octroyés par la CEDH n’est autre que le gérant de l’entreprise moscovite de GPA "Rosjurconsulting" qui a vendu l’enfant.


Fil d'actualité de Gregor Puppinck: ICI

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(SourceLe Figaro)



En juin dernier, la Cour a condamné la France dans les affaires Mennesson et Labassée, puis elle se prononça sur une affaire contre la Belgique en septembre, et condamna l'Italie fin janvier. Enfin, dès le 3 février, la Cour a rendu publique sa décision de juger trois nouvelles affaires de GPA contre la France.

Avec les arrêts Mennesson et Labassée, la Cour a posé le principe de l'acceptation de la GPA à l'occasion d'affaires mettant en cause des couples hétérosexuels mariés ayant un lien génétique avec l'enfant conçu aux USA. Sur cette base, dans l'arrêt Paradiso et Campanelli, la Cour est allée plus loin en jugeant que l'Italie a violé le droit à la vie familiale d'un couple (dont la femme avait 55 ans) en leur retirant un enfant avec lequel ils n'avaient aucun lien génétique, produit sur commande et payé 49.000€ à une société moscovite spécialisée en GPA. En jugeant ainsi, la Cour a non seulement accepté une nouvelle fois la GPA, mais aussi entériné la production sur commande et la vente d'un enfant. Parce que cette production-vente d'enfant sans lien génétique avec les acquéreurs n'est en définitive qu'une forme particulière de GPA, l'acceptation de la GPA conduit nécessairement à celle de la vente d'enfant.
En jugeant ainsi, la Cour a non seulement accepté une nouvelle fois la GPA, mais aussi entériné la production sur commande et la vente d'un enfant.
Les trois nouvelles affaires concernent un couple vivant à Dubaï et ayant obtenu un enfant en Ukraine et deux hommes ayant chacun conçu des enfants par GPA en Inde avec des mères porteuses qui se présentent aussi comme les véritables mères biologiques. L'un d'eux reconnaît avoir versé 100.000 roupies à la mère (environ 1.300€, trois ans de salaire d'une ouvrière) et 60.000 roupies à l'hôpital. C'est une «GPA low-cost». L'autre requérant est pacsé avec un homme ayant aussi obtenu des jumeaux en Inde. Ce sera la première affaire de «GPA-GAY» traitée par la Cour, mais elle se refusera à tenir compte de cette circonstance au nom du principe de non-discrimination. Ainsi, l'acceptation de la GPA conduit aussi à celle des «usines à bébés» et de la «GPA-GAY».
Au fil de ces affaires, c'est la même logique qui s'impose: la déshumanisation de la procréation rend possible, pour tous, l'obtention d'un enfant et la constitution de «familles» que la Cour s'empresse de protéger contre les lois qui s'opposent à la marchandisation des personnes. L'intérêt des enfants et la dignité des jeunes femmes «porteuses» sont sacrifiés.
Au fil de ces affaires, c'est la même logique qui s'impose: la déshumanisation de la procréation rend possible, pour tous, l'obtention d'un enfant et la constitution de « familles » que la Cour s'empresse de protéger contre les lois qui s'opposent à la marchandisation des personnes.

C'est un engrenage qui étend la libéralisation de la GPA suivant un «rythme imposé par notre Cour» comme l'a reconnu Dean Spielmann, le Président de la Cour, lors de l'audience solennelle du 30 janvier 2015. Il faut savoir que c'est la Cour qui choisit ses affaires parmi les très nombreuses qui lui sont soumises: elle en rejette 95% sans justification ni examen approfondi, elle est aussi maîtresse du calendrier.
Dans la méthode de la Cour, chaque affaire se construit sur la précédente, car la Cour se cite elle-même. Dire que cette méthode relève de l'orchestration n'est pas abusif: c'est d'ailleurs ainsi que M. Spielmann décrit l'interaction entre la Cour et les États.
Et c'est suivant ce «rythme» que la Cour a choisi de rendre publiques les nouvelles affaires françaises dans la foulée de la publication de l'arrêt Paradiso. Dans l'esprit du public, une affaire chasse l'autre, mais dans la méthode de la Cour, chaque affaire se construit sur la précédente, car la Cour se cite elle-même. Dire que cette méthode relève de l'orchestration n'est pas abusif: c'est d'ailleurs ainsi que M. Spielmann décrit l'interaction entre la Cour et les États en la comparant, de façon incongrue, à la «danse sacrale» du Sacre du Printemps d'Igor Stravinsky. Il indique qu'en matière de GPA, «notre Cour a été invitée (…) à imprimer son tempo» et il se réjouit à propos de la condamnation de la France de juin 2014 qu'en «décidant de ne pas demander le renvoi de cette affaire devant la grande chambre, le Gouvernement français a apporté la preuve de ce que la décision adoptée était acceptable.» Cela signifie que le gouvernement français est d'accord pour continuer à danser, et pourquoi pas en accélérant le rythme. Ne pas avoir fait appel des arrêts Mennesson et Labassée vaut consentement à de nouvelles condamnations dans les trois nouvelles affaires. La CEDH peut donc continuer à imposer à la France la GPA de l'extérieur, avec le consentement d'un gouvernement qui a échoué à le faire de l'intérieur par les voies démocratiques.
Tout en prétendant ne pas condamner l'interdiction en soi de la GPA par les Etats, la Cour vide cette interdiction de sa substance au point que deux juges «dissidents», dont le vice-président de la Cour, ont écrit que l'arrêt Paradiso «réduit à néant» la liberté des États de refuser la GPA et de ne pas lui reconnaître d'effets juridiques.
Tout en prétendant ne pas condamner l'interdiction en soi de la GPA par les Etats, la Cour vide cette interdiction de sa substance.

Dans cette entreprise, la CEDH est divisée en interne, mais ne se heurte à aucune résistance externe car elle jouit du prestige fondateur des droits de l'homme et ne connaît aucun contre-pouvoir institutionnel. Elle se dit «Conscience de l'Europe», c'est-à-dire arbitre du juste et du bien, autorité morale, car, en effet, les «droits de l'homme» ne sont pas du droit mais de la morale. Cette morale entend corriger, encadrer et guider la démocratie politique. La supériorité de la Cour n'est autre que celle des «sages» sur le peuple, de la justice sur la politique, des Lumières sur les ténèbres. On ne sort pas de la théocratie: l'ordre politique demeure ordonnancé par un ordre moral, fut-il athée et situé au-delà du bien et du mal. Son interprétation demeure réservée à quelques clercs plus ou moins bien inspirés; et quelle inspiration: la «danse sacrale» à laquelle se réfère le Président Spielmann pour décrire l'œuvre de la cour est le tableau final du Sacre du Printemps dans lequel une jeune fille est sacrifiée au dieu païen de la nature sous le regard de l'assemblée des «vieux sages».


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(Source: Radio vatican)

Entretien avec Gregor Puppinck

- Le 27 janvier dernier, la Cour européenne des droits de l’Homme a condamné l’Italie à verser 30 000 euros de dommages à un couple d’Italiens pour lui avoir retiré son enfant, acheté en Russie 49.000 euros.

L’acte de naissance de l’enfant indique qu’il était le fils du couple italien. De retour en Italie, la transcription de l’acte de naissance russe dans l’état civil
italien est refusée. Après l’ouverture d’une enquête et un test ADN, il est prouvé que l’enfant n’a aucun lien génétique avec le couple. L’enfant a été purement et simplement produit sur commande et vendu.

Le couple saisit alors la CEDH qui a décidé que si l’Italie avait le droit de refuser de reconnaître la filiation établie en Russie, le retrait de l’enfant a, lui, porté atteinte à la vie privée et familiale du couple.
Pour Gregor Puppinck, directeur du Centre européen pour le Droit et la Justice à Strasbourg, la CEDH est en train d'imposer la GPA, et à travers elle la dissociation complète de la famille et de la procréation. Il revient sur cette affaire avec Jean-Baptiste Cocagne

 


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(Source: Liberté politique)




La Cour européenne des droits de l’homme a condamné cette semaine l’Italie pour avoir retiré à un couple l’enfant qu’il a acheté 49.000 euros, et à lui verser 30.000 euros de dommages.

EN MARS 2011 à Moscou, un couple a acheté un enfant auprès d’une société spécialisée dans la GPA. L’acte de naissance de l’enfant indiquait qu’il était le fils du couple italien. De retour en Italie, la transcription de l’acte de naissance russe dans l’état civil italien a été refusée. Une enquête fut ouverte et un test ADN prouva que l’enfant n’avait aucun lien génétique avec le couple. L’enfant avait été purement et simplement produit sur commande et vendu.

La société explique avoir acheté des gamètes humains puis loué une mère porteuse, ce qui ne serait pas illégal en Russie. Les juges italiens, constatant la violation des normes sur l’adoption internationale et de l’ordre public italien, décidèrent – dans l’intérêt de l’enfant – de le retirer de ses acquéreurs pour le confier à l’adoption.
D’un crime naît un droit

Saisie par le couple, la Cour de Strasbourg a jugé – par cinq voix contre deux — que l’Italie pouvait refuser de reconnaître la filiation établie en Russie, mais que le retrait de l’enfant a porté atteinte à la vie privée et familiale du couple. Les autorités italiennes auraient dû le leur laisser, au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant. La Cour n’indique pas quel aurait alors dû être son état civil.

Pour conclure ainsi, la Cour a estimé que la relation créée par les acquéreurs à l’égard de l’enfant constitue une « vie familiale » protégée par les droits de l’homme, car ils se sont comportés « comme des parents » pendant six mois. La Cour a ensuite jugé que l’interdiction d’ordre public de la GPA et de la vente d’enfant ne sont pas des motifs suffisants pour leur retirer l’enfant au regard de l’intérêt de celui-ci de rester avec ses acquéreurs.

L’achat d’un enfant confère ainsi aux acquéreurs un droit sur cet enfant au nom de l’intérêt de l’enfant tel que déterminé par les juges strasbourgeois (qui n’ont consulté aucun expert). D’un crime naît un droit. Ainsi la Cour valide-t-elle la vente d’enfant. Il faut le dire lucidement : le prétendu « intérêt de l’enfant » cache en réalité celui des juges à imposer la libéralisation de la GPA.
Le droit de l’argent

À aucun moment, la Cour ne s’interroge sur la moralité de la GPA, sur l’origine de l’enfant, sur l’exploitation des vendeurs de gamètes et de la mère porteuse à l’origine de son existence. La vente d’enfant ne la choque pas, elle ne sourcille pas, elle précise que ce n’est pas son affaire. Elle ne s’interroge pas davantage sur la violence irrémédiable infligée aux enfants nés de GPA : condamnés « pour leur bien », selon sa logique, à vivre avec ceux-là même qui les ont privé de leurs vrais parents et les ont achetés.

Pour la Cour, ces circonstances n’entrent pas en compte dans l’appréciation de l’intérêt supérieur de l’enfant. Au contraire, elle fonde son raisonnement sur la supposition qu’il est conforme à l’intérêt d’un enfant-GPA d’être élevé par ses acquéreurs. On peut penser au contraire que les enfants GPA auront de bonnes raisons de se révolter contre leurs acquéreurs pour avoir exploité leurs parents puis les en avoir privés. Il n’est pas équivalant d’être élevé par ceux qui ont fait de vous un orphelin, ou par une famille adoptive qui vous recueille.

Tout cela au nom d’un droit à l’enfant. La Cour, depuis qu’elle traite de PMA et d’adoption homosexuelle, ne veut plus considérer l’origine des enfants ni la structure des familles. Pour elle, tout se vaut car la famille n’est qu’un agrégat temporaire de citoyens.
Incitation au trafic d’enfants

Cet arrêt est dévastateur, et les deux juges dissidents l’ont souligné : il réduit à néant la liberté des États de ne pas reconnaître d’effets juridiques à la gestation pour autrui, et même la légitimité du choix de l’État en ce sens. Plus encore, cet arrêt est une incitation au trafic international d’enfant ; il retire aux États les motifs et les moyens de s’y opposer.

Les « droits de l’homme » qui devraient être un rempart contre l’indignité et l’exploitation de l’homme par l’homme sont dévoyés pour servir d’instrument d’une fausse libération de l’individu en quête de la satisfaction de n’importe quel désir, même celui d’une femme de 55 ans d’avoir un enfant, comme en l’espèce.

Il faut espérer que le gouvernement italien fera appel, et que d’autres gouvernements le soutiendront ; mais la Cour a le pouvoir de rejeter cette demande sans justification. Cependant, peut-être que le gouvernement ne fera pas appel, car la Cour a assorti son jugement d’une mention qui semble réduire à néant sa propre argumentation : il n’est pas nécessaire de « rendre » l’enfant à ses acquéreurs car il vit depuis 2013 dans une famille.

Ainsi, la véritable obligation concrète qui résulte de cet arrêt est celle pour l’Italie et les 46 autres États européens de ne plus s’opposer à l’avenir à la vie de telles « familles ».



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(SourceAllianceVITA)



La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a rendu un arrêt, le 27 janvier 2015, dans une affaire de GPA qui condamne en partie le gouvernement italien. Dans cet arrêt, non définitif, elle estime qu’il y a eu violation de la vie privée du couple requérant, par la justice italienne qui a ordonné l’éloignement et la mise sous tutelle de l’enfant.

Cette affaire (Paradiso et Campanelli vs Italie n o 25358/12) concerne un couple italien marié qui a eu recours à un contrat de GPA en Russie. Agés respectivement de 56 ans pour la femme et 44 ans pour l’homme lors de la naissance de l’enfant le 27 février 2011 (un petit garçon), les deux conjoints avaient décidé de recourir à la gestation pour autrui après avoir vainement fait des tentatives de fécondation in vitro. Cette pratique est strictement interdite en Italie, ainsi que le recours au don de gamète dans le cadre de la procréation artificielle.

C’est lorsque le couple a fait une demande de transcription à l’état civil de l’acte de naissance russe, qui indiquait le couple requérant comme les parents génétiques de l’enfant, que la justice italienne a pressenti une fraude. Dans le cas d’espèce, le couple italien a eu recours à un don d’ovule et une mère porteuse : il a payé la somme de 49 000 euros via les services d’une société russe Rosjurconsulting. A noter, l’avocat qui représente les requérants auprès de la CEDH travaille pour cette société.

Le 5 mai 2011, le couple a été inculpé, dans un premier temps, pour « altération d’état civil » et infraction à la loi sur l’adoption. Une demande de procédure d’adoptabilité puis une mise sous curatelle a été requise par le ministère public. Une enquête a ensuite établi que l’homme n’avait finalement aucun lien biologique avec le bébé, d’autres gamètes ayant été utilisés au cours de la procédure de fertilisation. Le 20 octobre 2011, le tribunal décida d’éloigner l’enfant des requérants : le tribunal pour mineurs avait conclu que leurs capacités affectives et éducatives pouvaient être remises en cause, étant donné ces fraudes avérées. L’enfant fut alors placé dans un foyer d’accueil, puis dans une famille d’accueil en janvier 2013.

Sans se prononcer sur la légitimité de l’interdiction de la GPA, les juges de Strasbourg ont néanmoins considéré qu’il y a eu violation de l’article 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) de la Convention européenne des droits de l’homme, et que les autorités avaient pris une décision extrême en retirant cet enfant qui avait déjà eu une relation de vie avec le couple, mesure habituellement réservée à des cas où l’enfant se trouve en danger : « La Cour n’est pas convaincue du caractère adéquat des éléments sur lesquels les autorités se sont appuyées pour conclure que l’enfant devait être pris en charge par les services sociaux ».

La CEDH condamne le gouvernement italien à verser 30 000 euros au couple requérant, au titre de préjudice moral et des frais juridiques engagés. Pour autant, elle ne demande pas à l’Italie de faire machine arrière en remettant l’enfant aux requérants, au nom de l’intérêt de celui-ci, qui a certainement développé des liens affectifs avec la famille qui l’accueille depuis deux ans.
A noter, au contraire de celui rendu contre la France, que cet arrêt ne concerne pas la transcription dans l’état civil de l’acte de naissance russe. La CEDH a rejeté la requête de transcription du couple italien, au motif qu’il n’avait pas épuisé toutes les voies de recours internes. Le gouvernement italien a 3 mois pour faire appel de cet arrêt.

Cette décision est inquiétante pour plusieurs raisons, notamment :

1- Elle met en lumière la dérive de l’appréciation de la « vie familiale » par la CEDH. Se présenter comme des parents, à partir d’un acte de naissance frauduleux et quelques semaines de garde de l’enfant, suffit-il à justifier une reconnaissance de « vie familiale » ?

2- L’intérêt de l’enfant est comme « mis en balance » avec l’intérêt du couple requérant, en dehors de toute référence juridique liée aux droits de l’enfant. Comment se fait-il que la Cour ne tire aucune conséquence du trafic de gamètes, de l’exploitation des femmes et de la privation de filiation pour les enfants nés de GPA, qui se cachent derrière ce cas particulier ?

Face à la majorité (5 contre 2) des juges en faveur de la décision, les juges Raimondi et Spano ont fait part de leur opinion dissidente : « La cour devrait à notre avis faire preuve de retenue, et se limiter à vérifier si l’évaluation des juges nationaux est entachée d’arbitraire (…). En outre, la position de la majorité revient, en substance, à nier la légitimité du choix de l’État de ne pas reconnaitre d’effet à la gestation pour autrui. S’il suffit de créer illégalement un lien avec l’enfant à l’étranger pour que les autorités nationales soient obligées de reconnaître l’existence d’une « vie familiale », il est évident que la liberté des États de ne pas reconnaître d’effet juridique à la gestation pour autrui, liberté pourtant reconnue par la jurisprudence de la Cour (…), est réduite à néant. »





Alliance VITA soutient, avec d’autres ONG internationales, l’appel pour la prohibition universelle de la gestation pour autrui, lancé le 20 novembre dernier à l’occasion de la Journée Internationale des droits de l’enfant : www.nomaternitytraffic.eu





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(SourceCoRP)


Communiqué du CoRP: 
"La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) légalise le trafic de mères et d’enfants"

La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a rendu un nouvel arrêt condamnant l’Italie, sur un cas d’exploitation de mère porteuse.


Un couple d’Italiens était revenu de Russie avec un enfant obtenu en utilisant les services d’une mère porteuse. L’enfant n’avait de lien génétique avec aucun des deux commanditaires. Les commanditaires ont été mis en examen pour altération d’état civil, l’état civil russe étant établi sur la base de données mensongères, faux et infraction aux lois sur l’adoption. L’enfant a été placé et a reçu un nouvel état civil comme né de parents inconnus.Par son arrêt du 27 janvier 2015 Paradiso et Campanelli, la Cour s’oppose au droit italien et considère que la justice italienne a porté une atteinte disproportionnée à la « vie familiale » des commanditaires, notamment en ordonnant la mesure de placement de l’enfant qu’ils avaient acquis en Russie. (pour lire une présentation de l’arrêt par la cour, cliquez ici).

Autant dire que la porte est ouverte au trafic d’enfants et à l’exploitation des jeunes femmes démunies qui vendent leur capacité à être mère, puisqu’il suffit pour les acquéreurs de se « comporter comme des parents » ou se présenter comme tels pour se voir reconnaître une « vie familiale » puis une atteinte disproportionnée à celle-ci …

L’arrêt, comme ceux concernant la France, ne contient aucun début de réflexion sur ce qui est en jeu dans la pratique des mères porteuses. La Cour ne se penche ni sur la situation de la mère porteuse russe, ni sur le dommage causé à l’enfant par ceux qui l’ont acquis comme une marchandise et viennent ensuite se plaindre devant elle des mesures prises par la justice de leur pays pour faire respecter le droit.

Le Collectif pour le Respect de la Personne (CoRP) regrette cette absence totale de réflexion au fond, de la part d’une juridiction créée pour protéger les droits humains.

La CEDH ne respecte pas la liberté des Etats de rendre efficace, pour leurs ressortissants, la prohibition de l’usage de mères porteuses et de l’achat d’enfants.

Nous saluons l’opinion dissidente des juges islandais et italien, avec lesquels nous sommes en complet accord. Ils écrivent notamment : « S’il suffit de créer illégalement un lien avec l’enfant à l’étranger pour que les autorités nationales soient obligées de reconnaître l’existence d’une « vie familiale », (…) la liberté des États de ne pas reconnaître d’effets juridique à la gestation pour autrui, liberté pourtant reconnue par la jurisprudence de la Cour (…), est réduite à néant ». On ne saurait mieux dire.

Les États vont-ils continuer longtemps à laisser une Cour mettre à néant leur législation protectrice, alors même que chacun sait que se développe un vaste trafic de femmes et d’enfants ?

Nous espérons vivement que l’Italie demandera le renvoi de l’affaire devant la Grande Chambre, formation solennelle et instance « d’appel » au sein de la Cour européenne des droits de l’homme.

Le CoRP


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(Source: Juristes pour l'enfance)


GPA : LA COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME ACCUMULE LES CONTRADICTIONS ET PERD TOUTE CRÉDIBILITÉ

29 janvier 2015

Le 27 janvier 2015, la cour européenne a condamné l’Italie dans une nouvelle affaire de GPA.

Un couple italien avait obtenu –acheté– un enfant issu d’une GPA en Russie, l’enfant n’étant relié génétiquement à aucun des membres du couple. La justice italienne avait refusé de transcrire le certificat de naissance russe, ordonné l’éloignement de l’enfant de ce couple et qu’il soit placé en vue de son adoption par une famille italienne. La Cour Européenne des Droits de l’Homme a statué sur la question de la conformité du placement de cet enfant aux dispositions de la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

Elle estime que l’éloignement et la mise sous tutelle de l’enfant portent atteinte à la vie familiale existant de fait entre le couple et l’enfant, pendant les 6 mois passés ensemble. En effet, l’éloignement d’un enfant du contexte familial est une mesure extrême qui ne peut se justifier qu’en cas de danger immédiat pour lui, non caractérisé en l’espèce. La Cour condamne ainsi l’Italie à payer 20 000 € au couple commanditaire de la GPA.

"Ce raisonnement, appliqué à un rapt d’enfant, permettrait d’en déduire que, dès lors que les voleurs se sont comportés envers l’enfant comme des parents et ont passé du temps avec lui, ne serait-ce que 6 mois, il a pu s’établir entre eux une vie familiale de fait qui interdit de séparer l’enfant de ceux qui l’ont enlevé !"

Le respect de la vie familiale de l’enfant qui fonde la condamnation devient ainsi difficile à manier : d’une part, cette vie familiale a été imposée à l’enfant par des personnes l’ayant acheté à une femme russe ; d’autre part, depuis 2013, sa vie familiale est vécue avec une autre famille, sa famille d’accueil, et bénéficie tout autant du principe de respect.

La contradiction est telle que la Cour ne peut en déduire aucune issue cohérente, et précise que sa décision « ne saurait être compris(e) comme obligeant l’État italien à remettre l’enfant aux requérants, ce dernier ayant certainement développé des liens affectifs avec la famille d’accueil chez laquelle il vit depuis 2013 ». L’enfant demeure donc avec sa famille d’accueil.

Or, de deux choses une :
Soit l’enfant a été séparé à tort de ses acheteurs/parents, et il doit pouvoir les retrouver.
Soit il a été séparé d’eux à raison, et il ne saurait leur être rendu, qu’il ait noué de nouveaux liens affectifs ou non !

"Le sort de l’enfant dépend finalement de savoir avec qui il aura passé le plus de temps….. et peu importe que les ceux-là l’aient acheté ou, la prochaine fois, volé…."

De façon inespérée, les contradictions accumulées finissent en l’espèce par rendre service à l’enfant puisque, en définitive, il ne sera pas restitué à ses acheteurs mais adopté en bonne et due forme et dans le respect de sa personne et de sa dignité d’être humain.
Mais le problème de fond demeure dans la décision de la Cour, qui façonne les principes suivants :

"l’achat d’un enfant ne donne pas de droit sur lui mais il suffit de développer une vie familiale avec lui (dont le critère de temps n’est pas défini) pour obtenir la reconnaissance des liens effectifs comme caractérisant une vie familiale de fait."

Avec un tel raisonnement, le voleur ou le trafiquant d’enfant qui aura vécu une vie familiale avec lui peut sereinement conserver la garde de l’enfant au nom du respect de la vie privée et familiale.
Les Juristes pour l’enfance sont très inquiets pour l’avenir de l’intérêt de l’enfant. On craignait que la Cour européenne soit devenue un obstacle au respect des droits de l’enfant. C’est, hélas, confirmé.




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CEDH: "Avoir un enfant sur commande, ou la dérive de la GPA" (Italie)
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«Pourquoi il nous faut dire non à la marchandisation des gestations»
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"La Gestation pour autrui au regard du mariage entre personnes de même sexe "
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J’ai 15 ans, monsieur Hollande, et vous m’avez trahie !
L'homoparenté contre l'égalité
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