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dimanche 8 février 2015

CEDH: "Avoir un enfant sur commande, ou la dérive de la GPA" (Italie)


Renvoie de l’affaire Paradiso et Campanelli « en appel » devant la Grande Chambre de la Cour 
             Gregor Puppinck & AllianceVITA                                     (CEDH- 2 juin 2015) [*
Tribune. Claire de La Hougue: "De la GPA à la vente d'enfant" (valeurs - 17 Fev 2015) [*
"La CEDH valide la vente d'enfant" Gregor Puppinck (Village justice - 4 fev 2015 ) [*
GPA: l'engrenage de la CEDH Gregor Puppinck (Le figaro 13 fev 2015 ) [*
Entretient avec Gregor Puppinck (Radio Vatican 6 fev ) [*
Gregor puppinck réagit à la décision de la CEDH sur "liberté politique" (2 fev) [*
Réaction d' Alliance VITA (29 Janvier) [*
Communiqué de Presse du "CoRP"( 28 Janvier - Collectif pour le Respect de la Personne)  [*
Communiqué des Juristes pour l'Enfance (29 Janvier) [*]


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GPA : La CEDH rejugera l’affaire Paradiso et Campanelli en Grande Chambre


Le collège de cinq juges de la Cour européenne des droits de l’homme qui s’est réuni lundi 1er juin a décidé de renvoyer l’affaire Paradiso et Campanelli « en appel » devant la Grande Chambre de la Cour, suite à la demande du Gouvernement italien. En décidant de renvoyer l’affaire devant la Grande Chambre, la Cour reconnaît que l’arrêt de Section était critiquable et qu’il pose une question de droit nouvelle et importante. En effet, l’arrêt de Section du 27 janvier avait été très critiqué, y compris par deux juges de la Section, notamment parce qu’il entérinait la production-vente d’enfants par Gestation Par Autrui (GPA). Ce sera le premier cas de GPA jugé par la Grande Chambre, et l’arrêt qu’elle rendra aura un impact européen très important.

Pour rappel, le 27 janvier dernier, la Deuxième Section de la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné l’Italie pour avoir retiré l’enfant acheté par le couple Paradiso - Campanelli auprès d’une société russe spécialisée en GPA. L’enfant acheté 49 000 euros et produit sur commande par fécondation in vitro et GPA n’avait aucun lien biologique avec le couple acquéreur. Constatant une fraude et une violation de l’ordre public, les juridictions italiennes ont poursuivi pénalement le couple d’italiens et lui ont retiré l’enfant pour le confier à l’adoption. Saisissant la Cour européenne, le couple s’était plaint d’une atteinte au respect de sa vie privée et familiale. Dans son arrêt du 27 janvier, la Section lui avait donné raison, condamnant l’Italie à lui verser 20 000 euros pour dommage moral et 10 000 euros pour frais et dépens. La Cour avait estimé que le couple pouvait prétendre bénéficier de la protection accordée à « la vie familiale » alors même qu’il n’avait gardé l’enfant que six mois et qu’il l’avait acheté en violation des normes italiennes et internationales.
Les arrêts de la Grande Chambre définissent la doctrine de la Cour et s’imposent dans l’ensemble des 47 États membres du Conseil de l’Europe.

Grégor Puppinck

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CP d'AllianceVITA

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."la Convention européenne des droits de l’homme proclamée en 1950
                                                tourne une page dans l’histoire des droits de
                                                          l’homme en Europe" Gregor Puppinck
ONU : L'ECLJ dénonce la vente d'enfants par GPA (Video 11 Mars 2015)
CEDH: "Avoir un enfant sur commande, ou la dérive de la GPA" (Italie)
. Grégor Puppinck: "Droit à l'enfant"   
          convergence entre les droits de l'homme & les biotechnologies 
. Grégor Puppinck : "GPA : derrière les droits de l’homme, l’exploitation"
"Les infanticides néonataux en Europe doivent être condamnés" Gregor Puppinck
Conférence de Gregor PUPPINCK sur l'avortement et le statut
de l'embryon pour la CEDH
Contrat d'Union Civil ? - "Europe: la famille diluée dans les 
droits de l’homme"
. ONU : Grégor Puppinck dénonce les atteintes à la liberté des 
consciences et de religion en Europe
Mariage pour tous: Adoption puis PMA et GPA , l'effet domino
La Cour européenne des Droits de l’homme impose l’adoption
homosexuelle
. PMA : la France a déjà voté...
MariageGay - "Il n'existe pas de droit à l'adoption"
. DPI - Le Diagnostic préimplantatoire fait débat (31 Aout 2012)



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(SourceValeurs actuelles)

"De la GPA à la vente d'enfant"

Tribune. Claire de La Hougue est Docteur en droit et avocat au Barreau de Strasbourg. Le 27 janvier 2015, la CEDH a condamné l’Italie pour avoir retiré un enfant à un couple qui l’avait acheté 49.000 euros en Russie, estimant que ce retrait portait une atteinte disproportionnée à leur droit à la vie privée et familiale. Pour Claire de La Hougue, la CEDH « admet ainsi l’achat d’enfant comme fondement d’une famille, donc un crime comme source d’un droit. »


En 2010, alors que l’épouse était âgée de 55 ans (son mari de 43), les requérants se sont adressés à une société juridique russe associée à une clinique en vue d’obtenir un enfant. La société a acheté des gamètes, créé un embryon, trouvé une mère porteuse et livré le nouveau-né en février 2011 avec un certificat de naissance désignant les requérants comme parents sans mentionner la mère porteuse, le tout pour la somme de 49.000 euros.

Les requérants rentrèrent en Italie (où la requérante avait fait circuler la rumeur de sa grossesse) avec l’enfant et demandèrent l’enregistrement du certificat de naissance, qui leur fut refusé. Ils furent en outre mis en examen pour altération d’état civil, faux et infraction à la loi sur l’adoption. Ils affirmèrent que l’enfant était le fils génétique du requérant. Un test ADN ordonné par le tribunal prouva au contraire qu’aucune lien génétique n’existait entre l’enfant et les requérants.

Constatant que l’enfant n’avait pas de parents biologiques et qu’il n’était pas dans son intérêt de rester avec les requérants qui n’avaient pas hésité à violer la loi pour satisfaire leur « désir narcissique », le tribunal confia l’enfant aux services sociaux en vue de son adoption.

Devant la CEDH, les requérants se plaignaient en leur propre nom et au nom de l’enfant du refus d’enregistrement du certificat de naissance et de l’éloignement de l’enfant qui, selon eux, portaient atteinte à leur vie familiale. Leur avocat était le président de la société qui leur avait vendu l’enfant.

La Cour juge d’abord qu’ils ne peuvent agir au nom de l’enfant, qui a un tuteur depuis octobre 2011 et est placé en famille d’accueil. Elle estime ensuite qu’ils ne peuvent se plaindre de l’impossibilité d’obtenir la transcription du certificat de naissance car ils n’ont pas saisi la Cour de cassation italienne, donc n’ont pas épuisé les voies de recours internes. Reste la question de l’éloignement de l’enfant, cause de la condamnation de l’Italie.

Une mesure d’éloignement ne peut porter atteinte au droit des requérants au respect de leur vie familiale que si, avec l’enfant, ils constituent une famille. Sur ce point, après avoir invoqué diverses affaires sans rapport avec la présente, telles que des cas d’enfants nés hors mariage et d’adoption, la Cour observe que les requérants se sont comportés pendant six mois « comme des parents », ce qui lui suffit pour conclure à l’existence d’une vie familiale de fait.

Elle refuse de considérer les circonstances de la naissance de l’enfant, commandé et acheté par les requérants, conçu en laboratoire pour être orphelin et vendu à sa naissance. Elle n’évoque pas les conséquences pour l’enfant de l’abandon programmé et de la vente. Elle ignore totalement l’exploitation des vendeurs de gamètes et de la mère porteuse. Sa volonté d’aveuglement est telle qu’elle a même refusé aux associations, notamment russes et roumaines, qui voulaient lui révéler l’autre face de la procréation pour le compte d’autrui, le droit de lui présenter leur arguments. Elle parvient à présenter les acquéreurs comme des victimes, insistant sur « les aspects émotionnels de ce dossier », les conséquences « très lourdes pour les requérants », l’espoir qu’ils ont nourri avant de « sombrer dans le désespoir ». Elle ne veut voir la situation qu’à travers les yeux et les intérêts des riches adultes occidentaux, occultant délibérément tout ce qui n’entre pas dans son cadre idéologique et son objectif, la libéralisation de la procréation pour le compte d’autrui.

La Cour n’est pas à une incohérence près. Après avoir déclaré les requérants irrecevables sur la question de la transcription du certificat de naissance, elle déclare que l’application du droit italien relatif à la filiation « ne saurait passer comme étant arbitraire », autrement dit que l’Italie n’était pas obligée d’admettre la transcription ni de reconnaître la filiation. Elle affirme ensuite que le retrait de l’enfant viole le droit à la vie familiale des acheteurs, avant de conclure que cette condamnation n’oblige pas l’Italie à rendre l’enfant aux acquéreurs.

En outre, la Cour est manifestement sortie de sa compétence. Alors qu’elle répète à l’envi qu’elle ne doit pas se substituer aux autorités nationales et qu’elle n’est pas une cour de quatrième instance, elle n’hésite pas – sans même avoir vu l’enfant, ni entendu aucun expert – à balayer l’appréciation de l’intérêt de l’enfant faite par les juridictions italiennes pour imposer son opinion. Elle viole donc le principe de subsidiarité qui fonde la protection internationale des droits de l’homme.

L’activisme idéologique de la Cour cette fois l’a poussée trop loin. Que la Cour, qui se prétend conscience de l’Europe, entérine la vente d’un enfant est stupéfiant et révoltant. On connaissait déjà l’inclination de la Cour en faveur du droit à l’enfant et sa propension au déni de réalité, mais admettre de fonder une vie familiale sur un achat d’enfant montre à quel point, sur ces sujets, elle n’est plus qu’une machine emballée. Il est essentiel que cette affaire soit renvoyée en Grande Chambre et que ces errements soient rectifiés. Quelques juges militants ont lancé la CEDH dans une fuite en avant fatale, l’exposant à une trop juste critique. Il est urgent qu’elle se sauve elle-même en revenant à la raison, condition de la justice.



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(SourceVillage Justice)

En mars 2011 à Moscou, un couple a acheté un enfant auprès d’une société spécialisée dans la GPA. L’acte de naissance de l’enfant indiquait qu’il était le fils du couple italien. De retour en Italie, la transcription de l’acte de naissance russe dans l’état civil italien fut refusée. Une enquête fut ouverte et un test ADN prouva que l’enfant n’avait aucun lien génétique avec le couple. L’enfant a été purement et simplement produit sur commande et vendu. La société explique avoir acheté des gamètes humains puis loué une mère porteuse, ce qui ne serait pas illégal en Russie. Les juges italiens, constatant la violation des normes sur l’adoption internationale et de l’ordre public italien, décidèrent – dans l’intérêt de l’enfant – de le retirer de ses acquéreurs pour le confier à l’adoption.

Saisie par le couple, la Cour de Strasbourg a jugé – par cinq voix contre deux - que l’Italie pouvait refuser de reconnaître la filiation établie en Russie, mais que le retrait de l’enfant a porté atteinte à la vie privée et familiale du couple. Les autorités italiennes auraient dû le leur laisser, au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant. La Cour n’indique pas quel aurait alors dû être son état civil.

Pour conclure ainsi, la Cour a estimé que la relation créée par les acquéreurs à l’égard de l’enfant constitue une « vie familiale » protégée par les droits de l’homme, car ils se sont comportés « comme des parents » pendant six mois. La Cour a ensuite jugé que l’interdiction d’ordre public de la GPA et de la vente d’enfant ne sont pas des motifs suffisants pour leur retirer l’enfant au regard de l’intérêt de celui-ci de rester avec ses acquéreurs.

L’achat d’un enfant confère ainsi aux acquéreurs un droit sur cet enfant au nom de l’intérêt de l’enfant tel que déterminé par les juges strasbourgeois (qui n’ont consulté aucun expert). D’un crime naît un droit. Ainsi la Cour valide-t-elle la vente d’enfant. Il faut le dire lucidement : le prétendu « intérêt de l’enfant » cache en réalité celui des juges à imposer la libéralisation de la GPA.

A aucun moment la Cour ne s’interroge sur la moralité de la GPA, sur l’origine de l’enfant, sur l’exploitation des vendeurs de gamètes et de la mère porteuse à l’origine de son existence. La vente d’enfant ne la choque pas, elle ne sourcille pas, elle précise que ce n’est pas son affaire. Elle ne s’interroge pas davantage sur la violence irrémédiable infligée aux enfants nés de GPA : condamnés « pour leur bien », selon sa logique, à vivre avec ceux-là même qui les ont privé de leurs vrais parents et les ont achetés. Pour la Cour, ces circonstances n’entrent pas en compte dans l’appréciation de l’intérêt supérieur de l’enfant. Au contraire, elle fonde son raisonnement sur la supposition qu’il est conforme à l’intérêt d’un enfant-GPA d’être élevé par ses acquéreurs. On peut penser au contraire que les enfants GPA auront de bonnes raisons de se révolter contre leurs acquéreurs pour avoir exploité leurs parents puis les en avoir privés. Il n’est pas équivalant d’être élevé par ceux qui ont fait de vous un orphelin, ou par une famille adoptive qui vous recueille.

Tout cela au nom d’un droit à l’enfant. La Cour, depuis qu’elle traite de PMA et d’adoption homosexuelle, ne veut plus considérer l’origine des enfants ni la structure des familles. Pour elle, tout se vaut car la famille n’est qu’un agrégat temporaire de citoyens.

Cet arrêt est dévastateur, et les deux juges dissidents l’ont souligné : il réduit à néant la liberté des États de ne pas reconnaître d’effets juridiques à la gestation pour autrui, et même la légitimité du choix de l’État en ce sens. Plus encore, cet arrêt est une incitation au trafic international d’enfant ; il retire aux Etats les motifs et les moyens de s’y opposer.

Les « droits de l’homme » qui devraient être un rempart contre l’indignité et l’exploitation de l’homme par l’homme sont dévoyés pour servir d’instrument d’une fausse libération de l’individu en quête de la satisfaction de n’importe quel désir, même celui d’une femme de 55 ans d’avoir un enfant, comme en l’espèce.

Il faut espérer que le Gouvernement italien fera appel, et que d’autres gouvernements le soutiendront ; mais la Cour a le pouvoir de rejeter cette demande sans justification. Cependant, peut-être le gouvernement ne fera pas appel, car la Cour a assorti son jugement d’une mention qui semble réduire à néant sa propre argumentation : il n’est pas nécessaire de « rendre » l’enfant à ses acquéreurs car il vit depuis 2013 dans une famille. Ainsi, la véritable obligation concrète qui résulte de cet arrêt est celle pour l’Italie et les 46 autres Etats européens de ne plus s’opposer à l’avenir à la vie de telles « familles ».

Enfin, afin que la tableau soit complet : l’avocat du couple devant la CEDH - et qui va recevoir tout ou partie des 10.000 euros de frais et dépens octroyés par la CEDH n’est autre que le gérant de l’entreprise moscovite de GPA "Rosjurconsulting" qui a vendu l’enfant.


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(SourceLe Figaro)



En juin dernier, la Cour a condamné la France dans les affaires Mennesson et Labassée, puis elle se prononça sur une affaire contre la Belgique en septembre, et condamna l'Italie fin janvier. Enfin, dès le 3 février, la Cour a rendu publique sa décision de juger trois nouvelles affaires de GPA contre la France.

Avec les arrêts Mennesson et Labassée, la Cour a posé le principe de l'acceptation de la GPA à l'occasion d'affaires mettant en cause des couples hétérosexuels mariés ayant un lien génétique avec l'enfant conçu aux USA. Sur cette base, dans l'arrêt Paradiso et Campanelli, la Cour est allée plus loin en jugeant que l'Italie a violé le droit à la vie familiale d'un couple (dont la femme avait 55 ans) en leur retirant un enfant avec lequel ils n'avaient aucun lien génétique, produit sur commande et payé 49.000€ à une société moscovite spécialisée en GPA. En jugeant ainsi, la Cour a non seulement accepté une nouvelle fois la GPA, mais aussi entériné la production sur commande et la vente d'un enfant. Parce que cette production-vente d'enfant sans lien génétique avec les acquéreurs n'est en définitive qu'une forme particulière de GPA, l'acceptation de la GPA conduit nécessairement à celle de la vente d'enfant.
En jugeant ainsi, la Cour a non seulement accepté une nouvelle fois la GPA, mais aussi entériné la production sur commande et la vente d'un enfant.
Les trois nouvelles affaires concernent un couple vivant à Dubaï et ayant obtenu un enfant en Ukraine et deux hommes ayant chacun conçu des enfants par GPA en Inde avec des mères porteuses qui se présentent aussi comme les véritables mères biologiques. L'un d'eux reconnaît avoir versé 100.000 roupies à la mère (environ 1.300€, trois ans de salaire d'une ouvrière) et 60.000 roupies à l'hôpital. C'est une «GPA low-cost». L'autre requérant est pacsé avec un homme ayant aussi obtenu des jumeaux en Inde. Ce sera la première affaire de «GPA-GAY» traitée par la Cour, mais elle se refusera à tenir compte de cette circonstance au nom du principe de non-discrimination. Ainsi, l'acceptation de la GPA conduit aussi à celle des «usines à bébés» et de la «GPA-GAY».
Au fil de ces affaires, c'est la même logique qui s'impose: la déshumanisation de la procréation rend possible, pour tous, l'obtention d'un enfant et la constitution de «familles» que la Cour s'empresse de protéger contre les lois qui s'opposent à la marchandisation des personnes. L'intérêt des enfants et la dignité des jeunes femmes «porteuses» sont sacrifiés.
Au fil de ces affaires, c'est la même logique qui s'impose: la déshumanisation de la procréation rend possible, pour tous, l'obtention d'un enfant et la constitution de « familles » que la Cour s'empresse de protéger contre les lois qui s'opposent à la marchandisation des personnes.

C'est un engrenage qui étend la libéralisation de la GPA suivant un «rythme imposé par notre Cour» comme l'a reconnu Dean Spielmann, le Président de la Cour, lors de l'audience solennelle du 30 janvier 2015. Il faut savoir que c'est la Cour qui choisit ses affaires parmi les très nombreuses qui lui sont soumises: elle en rejette 95% sans justification ni examen approfondi, elle est aussi maîtresse du calendrier.
Dans la méthode de la Cour, chaque affaire se construit sur la précédente, car la Cour se cite elle-même. Dire que cette méthode relève de l'orchestration n'est pas abusif: c'est d'ailleurs ainsi que M. Spielmann décrit l'interaction entre la Cour et les États.
Et c'est suivant ce «rythme» que la Cour a choisi de rendre publiques les nouvelles affaires françaises dans la foulée de la publication de l'arrêt Paradiso. Dans l'esprit du public, une affaire chasse l'autre, mais dans la méthode de la Cour, chaque affaire se construit sur la précédente, car la Cour se cite elle-même. Dire que cette méthode relève de l'orchestration n'est pas abusif: c'est d'ailleurs ainsi que M. Spielmann décrit l'interaction entre la Cour et les États en la comparant, de façon incongrue, à la «danse sacrale» du Sacre du Printemps d'Igor Stravinsky. Il indique qu'en matière de GPA, «notre Cour a été invitée (…) à imprimer son tempo» et il se réjouit à propos de la condamnation de la France de juin 2014 qu'en «décidant de ne pas demander le renvoi de cette affaire devant la grande chambre, le Gouvernement français a apporté la preuve de ce que la décision adoptée était acceptable.» Cela signifie que le gouvernement français est d'accord pour continuer à danser, et pourquoi pas en accélérant le rythme. Ne pas avoir fait appel des arrêts Mennesson et Labassée vaut consentement à de nouvelles condamnations dans les trois nouvelles affaires. La CEDH peut donc continuer à imposer à la France la GPA de l'extérieur, avec le consentement d'un gouvernement qui a échoué à le faire de l'intérieur par les voies démocratiques.
Tout en prétendant ne pas condamner l'interdiction en soi de la GPA par les Etats, la Cour vide cette interdiction de sa substance au point que deux juges «dissidents», dont le vice-président de la Cour, ont écrit que l'arrêt Paradiso «réduit à néant» la liberté des États de refuser la GPA et de ne pas lui reconnaître d'effets juridiques.
Tout en prétendant ne pas condamner l'interdiction en soi de la GPA par les Etats, la Cour vide cette interdiction de sa substance.

Dans cette entreprise, la CEDH est divisée en interne, mais ne se heurte à aucune résistance externe car elle jouit du prestige fondateur des droits de l'homme et ne connaît aucun contre-pouvoir institutionnel. Elle se dit «Conscience de l'Europe», c'est-à-dire arbitre du juste et du bien, autorité morale, car, en effet, les «droits de l'homme» ne sont pas du droit mais de la morale. Cette morale entend corriger, encadrer et guider la démocratie politique. La supériorité de la Cour n'est autre que celle des «sages» sur le peuple, de la justice sur la politique, des Lumières sur les ténèbres. On ne sort pas de la théocratie: l'ordre politique demeure ordonnancé par un ordre moral, fut-il athée et situé au-delà du bien et du mal. Son interprétation demeure réservée à quelques clercs plus ou moins bien inspirés; et quelle inspiration: la «danse sacrale» à laquelle se réfère le Président Spielmann pour décrire l'œuvre de la cour est le tableau final du Sacre du Printemps dans lequel une jeune fille est sacrifiée au dieu païen de la nature sous le regard de l'assemblée des «vieux sages».


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(Source: Radio vatican)

Entretien avec Gregor Puppinck

- Le 27 janvier dernier, la Cour européenne des droits de l’Homme a condamné l’Italie à verser 30 000 euros de dommages à un couple d’Italiens pour lui avoir retiré son enfant, acheté en Russie 49.000 euros.

L’acte de naissance de l’enfant indique qu’il était le fils du couple italien. De retour en Italie, la transcription de l’acte de naissance russe dans l’état civil
italien est refusée. Après l’ouverture d’une enquête et un test ADN, il est prouvé que l’enfant n’a aucun lien génétique avec le couple. L’enfant a été purement et simplement produit sur commande et vendu.

Le couple saisit alors la CEDH qui a décidé que si l’Italie avait le droit de refuser de reconnaître la filiation établie en Russie, le retrait de l’enfant a, lui, porté atteinte à la vie privée et familiale du couple.
Pour Gregor Puppinck, directeur du Centre européen pour le Droit et la Justice à Strasbourg, la CEDH est en train d'imposer la GPA, et à travers elle la dissociation complète de la famille et de la procréation. Il revient sur cette affaire avec Jean-Baptiste Cocagne

 


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(Source: Liberté politique)




La Cour européenne des droits de l’homme a condamné cette semaine l’Italie pour avoir retiré à un couple l’enfant qu’il a acheté 49.000 euros, et à lui verser 30.000 euros de dommages.

EN MARS 2011 à Moscou, un couple a acheté un enfant auprès d’une société spécialisée dans la GPA. L’acte de naissance de l’enfant indiquait qu’il était le fils du couple italien. De retour en Italie, la transcription de l’acte de naissance russe dans l’état civil italien a été refusée. Une enquête fut ouverte et un test ADN prouva que l’enfant n’avait aucun lien génétique avec le couple. L’enfant avait été purement et simplement produit sur commande et vendu.

La société explique avoir acheté des gamètes humains puis loué une mère porteuse, ce qui ne serait pas illégal en Russie. Les juges italiens, constatant la violation des normes sur l’adoption internationale et de l’ordre public italien, décidèrent – dans l’intérêt de l’enfant – de le retirer de ses acquéreurs pour le confier à l’adoption.
D’un crime naît un droit

Saisie par le couple, la Cour de Strasbourg a jugé – par cinq voix contre deux — que l’Italie pouvait refuser de reconnaître la filiation établie en Russie, mais que le retrait de l’enfant a porté atteinte à la vie privée et familiale du couple. Les autorités italiennes auraient dû le leur laisser, au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant. La Cour n’indique pas quel aurait alors dû être son état civil.

Pour conclure ainsi, la Cour a estimé que la relation créée par les acquéreurs à l’égard de l’enfant constitue une « vie familiale » protégée par les droits de l’homme, car ils se sont comportés « comme des parents » pendant six mois. La Cour a ensuite jugé que l’interdiction d’ordre public de la GPA et de la vente d’enfant ne sont pas des motifs suffisants pour leur retirer l’enfant au regard de l’intérêt de celui-ci de rester avec ses acquéreurs.

L’achat d’un enfant confère ainsi aux acquéreurs un droit sur cet enfant au nom de l’intérêt de l’enfant tel que déterminé par les juges strasbourgeois (qui n’ont consulté aucun expert). D’un crime naît un droit. Ainsi la Cour valide-t-elle la vente d’enfant. Il faut le dire lucidement : le prétendu « intérêt de l’enfant » cache en réalité celui des juges à imposer la libéralisation de la GPA.
Le droit de l’argent

À aucun moment, la Cour ne s’interroge sur la moralité de la GPA, sur l’origine de l’enfant, sur l’exploitation des vendeurs de gamètes et de la mère porteuse à l’origine de son existence. La vente d’enfant ne la choque pas, elle ne sourcille pas, elle précise que ce n’est pas son affaire. Elle ne s’interroge pas davantage sur la violence irrémédiable infligée aux enfants nés de GPA : condamnés « pour leur bien », selon sa logique, à vivre avec ceux-là même qui les ont privé de leurs vrais parents et les ont achetés.

Pour la Cour, ces circonstances n’entrent pas en compte dans l’appréciation de l’intérêt supérieur de l’enfant. Au contraire, elle fonde son raisonnement sur la supposition qu’il est conforme à l’intérêt d’un enfant-GPA d’être élevé par ses acquéreurs. On peut penser au contraire que les enfants GPA auront de bonnes raisons de se révolter contre leurs acquéreurs pour avoir exploité leurs parents puis les en avoir privés. Il n’est pas équivalant d’être élevé par ceux qui ont fait de vous un orphelin, ou par une famille adoptive qui vous recueille.

Tout cela au nom d’un droit à l’enfant. La Cour, depuis qu’elle traite de PMA et d’adoption homosexuelle, ne veut plus considérer l’origine des enfants ni la structure des familles. Pour elle, tout se vaut car la famille n’est qu’un agrégat temporaire de citoyens.
Incitation au trafic d’enfants

Cet arrêt est dévastateur, et les deux juges dissidents l’ont souligné : il réduit à néant la liberté des États de ne pas reconnaître d’effets juridiques à la gestation pour autrui, et même la légitimité du choix de l’État en ce sens. Plus encore, cet arrêt est une incitation au trafic international d’enfant ; il retire aux États les motifs et les moyens de s’y opposer.

Les « droits de l’homme » qui devraient être un rempart contre l’indignité et l’exploitation de l’homme par l’homme sont dévoyés pour servir d’instrument d’une fausse libération de l’individu en quête de la satisfaction de n’importe quel désir, même celui d’une femme de 55 ans d’avoir un enfant, comme en l’espèce.

Il faut espérer que le gouvernement italien fera appel, et que d’autres gouvernements le soutiendront ; mais la Cour a le pouvoir de rejeter cette demande sans justification. Cependant, peut-être que le gouvernement ne fera pas appel, car la Cour a assorti son jugement d’une mention qui semble réduire à néant sa propre argumentation : il n’est pas nécessaire de « rendre » l’enfant à ses acquéreurs car il vit depuis 2013 dans une famille.

Ainsi, la véritable obligation concrète qui résulte de cet arrêt est celle pour l’Italie et les 46 autres États européens de ne plus s’opposer à l’avenir à la vie de telles « familles ».



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CEDH: "Avoir un enfant sur commande, ou la dérive de la GPA" (Italie)
. Grégor Puppinck: "Droit à l'enfant"   
          convergence entre les droits de l'homme & les biotechnologies 
. Grégor Puppinck : "GPA : derrière les droits de l’homme, l’exploitation"
"Les infanticides néonataux en Europe doivent être condamnés" Gregor Puppinck
Conférence de Gregor PUPPINCK sur l'avortement et le statut
de l'embryon pour la CEDH
Contrat d'Union Civil ? - "Europe: la famille diluée dans les 
droits de l’homme"
. ONU : Grégor Puppinck dénonce les atteintes à la liberté des 
consciences et de religion en Europe
Mariage pour tous: Adoption puis PMA et GPA , l'effet domino
La Cour européenne des Droits de l’homme impose l’adoption
homosexuelle
. PMA : la France a déjà voté...
MariageGay - "Il n'existe pas de droit à l'adoption"
. DPI - Le Diagnostic préimplantatoire fait débat (31 Aout 2012)



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(SourceAllianceVITA)



La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a rendu un arrêt, le 27 janvier 2015, dans une affaire de GPA qui condamne en partie le gouvernement italien. Dans cet arrêt, non définitif, elle estime qu’il y a eu violation de la vie privée du couple requérant, par la justice italienne qui a ordonné l’éloignement et la mise sous tutelle de l’enfant.

Cette affaire (Paradiso et Campanelli vs Italie n o 25358/12) concerne un couple italien marié qui a eu recours à un contrat de GPA en Russie. Agés respectivement de 56 ans pour la femme et 44 ans pour l’homme lors de la naissance de l’enfant le 27 février 2011 (un petit garçon), les deux conjoints avaient décidé de recourir à la gestation pour autrui après avoir vainement fait des tentatives de fécondation in vitro. Cette pratique est strictement interdite en Italie, ainsi que le recours au don de gamète dans le cadre de la procréation artificielle.

C’est lorsque le couple a fait une demande de transcription à l’état civil de l’acte de naissance russe, qui indiquait le couple requérant comme les parents génétiques de l’enfant, que la justice italienne a pressenti une fraude. Dans le cas d’espèce, le couple italien a eu recours à un don d’ovule et une mère porteuse : il a payé la somme de 49 000 euros via les services d’une société russe Rosjurconsulting. A noter, l’avocat qui représente les requérants auprès de la CEDH travaille pour cette société.

Le 5 mai 2011, le couple a été inculpé, dans un premier temps, pour « altération d’état civil » et infraction à la loi sur l’adoption. Une demande de procédure d’adoptabilité puis une mise sous curatelle a été requise par le ministère public. Une enquête a ensuite établi que l’homme n’avait finalement aucun lien biologique avec le bébé, d’autres gamètes ayant été utilisés au cours de la procédure de fertilisation. Le 20 octobre 2011, le tribunal décida d’éloigner l’enfant des requérants : le tribunal pour mineurs avait conclu que leurs capacités affectives et éducatives pouvaient être remises en cause, étant donné ces fraudes avérées. L’enfant fut alors placé dans un foyer d’accueil, puis dans une famille d’accueil en janvier 2013.

Sans se prononcer sur la légitimité de l’interdiction de la GPA, les juges de Strasbourg ont néanmoins considéré qu’il y a eu violation de l’article 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) de la Convention européenne des droits de l’homme, et que les autorités avaient pris une décision extrême en retirant cet enfant qui avait déjà eu une relation de vie avec le couple, mesure habituellement réservée à des cas où l’enfant se trouve en danger : « La Cour n’est pas convaincue du caractère adéquat des éléments sur lesquels les autorités se sont appuyées pour conclure que l’enfant devait être pris en charge par les services sociaux ».

La CEDH condamne le gouvernement italien à verser 30 000 euros au couple requérant, au titre de préjudice moral et des frais juridiques engagés. Pour autant, elle ne demande pas à l’Italie de faire machine arrière en remettant l’enfant aux requérants, au nom de l’intérêt de celui-ci, qui a certainement développé des liens affectifs avec la famille qui l’accueille depuis deux ans.
A noter, au contraire de celui rendu contre la France, que cet arrêt ne concerne pas la transcription dans l’état civil de l’acte de naissance russe. La CEDH a rejeté la requête de transcription du couple italien, au motif qu’il n’avait pas épuisé toutes les voies de recours internes. Le gouvernement italien a 3 mois pour faire appel de cet arrêt.

Cette décision est inquiétante pour plusieurs raisons, notamment :

1- Elle met en lumière la dérive de l’appréciation de la « vie familiale » par la CEDH. Se présenter comme des parents, à partir d’un acte de naissance frauduleux et quelques semaines de garde de l’enfant, suffit-il à justifier une reconnaissance de « vie familiale » ?

2- L’intérêt de l’enfant est comme « mis en balance » avec l’intérêt du couple requérant, en dehors de toute référence juridique liée aux droits de l’enfant. Comment se fait-il que la Cour ne tire aucune conséquence du trafic de gamètes, de l’exploitation des femmes et de la privation de filiation pour les enfants nés de GPA, qui se cachent derrière ce cas particulier ?

Face à la majorité (5 contre 2) des juges en faveur de la décision, les juges Raimondi et Spano ont fait part de leur opinion dissidente : « La cour devrait à notre avis faire preuve de retenue, et se limiter à vérifier si l’évaluation des juges nationaux est entachée d’arbitraire (…). En outre, la position de la majorité revient, en substance, à nier la légitimité du choix de l’État de ne pas reconnaitre d’effet à la gestation pour autrui. S’il suffit de créer illégalement un lien avec l’enfant à l’étranger pour que les autorités nationales soient obligées de reconnaître l’existence d’une « vie familiale », il est évident que la liberté des États de ne pas reconnaître d’effet juridique à la gestation pour autrui, liberté pourtant reconnue par la jurisprudence de la Cour (…), est réduite à néant. »





Alliance VITA soutient, avec d’autres ONG internationales, l’appel pour la prohibition universelle de la gestation pour autrui, lancé le 20 novembre dernier à l’occasion de la Journée Internationale des droits de l’enfant : www.nomaternitytraffic.eu





Fil d'actualité d' Alliance VITA: ICI

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(SourceCoRP)


Communiqué du CoRP: 
"La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) légalise le trafic de mères et d’enfants"

La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a rendu un nouvel arrêt condamnant l’Italie, sur un cas d’exploitation de mère porteuse.


Un couple d’Italiens était revenu de Russie avec un enfant obtenu en utilisant les services d’une mère porteuse. L’enfant n’avait de lien génétique avec aucun des deux commanditaires. Les commanditaires ont été mis en examen pour altération d’état civil, l’état civil russe étant établi sur la base de données mensongères, faux et infraction aux lois sur l’adoption. L’enfant a été placé et a reçu un nouvel état civil comme né de parents inconnus.Par son arrêt du 27 janvier 2015 Paradiso et Campanelli, la Cour s’oppose au droit italien et considère que la justice italienne a porté une atteinte disproportionnée à la « vie familiale » des commanditaires, notamment en ordonnant la mesure de placement de l’enfant qu’ils avaient acquis en Russie. (pour lire une présentation de l’arrêt par la cour, cliquez ici).

Autant dire que la porte est ouverte au trafic d’enfants et à l’exploitation des jeunes femmes démunies qui vendent leur capacité à être mère, puisqu’il suffit pour les acquéreurs de se « comporter comme des parents » ou se présenter comme tels pour se voir reconnaître une « vie familiale » puis une atteinte disproportionnée à celle-ci …

L’arrêt, comme ceux concernant la France, ne contient aucun début de réflexion sur ce qui est en jeu dans la pratique des mères porteuses. La Cour ne se penche ni sur la situation de la mère porteuse russe, ni sur le dommage causé à l’enfant par ceux qui l’ont acquis comme une marchandise et viennent ensuite se plaindre devant elle des mesures prises par la justice de leur pays pour faire respecter le droit.

Le Collectif pour le Respect de la Personne (CoRP) regrette cette absence totale de réflexion au fond, de la part d’une juridiction créée pour protéger les droits humains.

La CEDH ne respecte pas la liberté des Etats de rendre efficace, pour leurs ressortissants, la prohibition de l’usage de mères porteuses et de l’achat d’enfants.

Nous saluons l’opinion dissidente des juges islandais et italien, avec lesquels nous sommes en complet accord. Ils écrivent notamment : « S’il suffit de créer illégalement un lien avec l’enfant à l’étranger pour que les autorités nationales soient obligées de reconnaître l’existence d’une « vie familiale », (…) la liberté des États de ne pas reconnaître d’effets juridique à la gestation pour autrui, liberté pourtant reconnue par la jurisprudence de la Cour (…), est réduite à néant ». On ne saurait mieux dire.

Les États vont-ils continuer longtemps à laisser une Cour mettre à néant leur législation protectrice, alors même que chacun sait que se développe un vaste trafic de femmes et d’enfants ?

Nous espérons vivement que l’Italie demandera le renvoi de l’affaire devant la Grande Chambre, formation solennelle et instance « d’appel » au sein de la Cour européenne des droits de l’homme.

Le CoRP


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(Source: Juristes pour l'enfance)


GPA : LA COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME ACCUMULE LES CONTRADICTIONS ET PERD TOUTE CRÉDIBILITÉ

29 janvier 2015

Le 27 janvier 2015, la cour européenne a condamné l’Italie dans une nouvelle affaire de GPA.

Un couple italien avait obtenu –acheté– un enfant issu d’une GPA en Russie, l’enfant n’étant relié génétiquement à aucun des membres du couple. La justice italienne avait refusé de transcrire le certificat de naissance russe, ordonné l’éloignement de l’enfant de ce couple et qu’il soit placé en vue de son adoption par une famille italienne. La Cour Européenne des Droits de l’Homme a statué sur la question de la conformité du placement de cet enfant aux dispositions de la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

Elle estime que l’éloignement et la mise sous tutelle de l’enfant portent atteinte à la vie familiale existant de fait entre le couple et l’enfant, pendant les 6 mois passés ensemble. En effet, l’éloignement d’un enfant du contexte familial est une mesure extrême qui ne peut se justifier qu’en cas de danger immédiat pour lui, non caractérisé en l’espèce. La Cour condamne ainsi l’Italie à payer 20 000 € au couple commanditaire de la GPA.

"Ce raisonnement, appliqué à un rapt d’enfant, permettrait d’en déduire que, dès lors que les voleurs se sont comportés envers l’enfant comme des parents et ont passé du temps avec lui, ne serait-ce que 6 mois, il a pu s’établir entre eux une vie familiale de fait qui interdit de séparer l’enfant de ceux qui l’ont enlevé !"

Le respect de la vie familiale de l’enfant qui fonde la condamnation devient ainsi difficile à manier : d’une part, cette vie familiale a été imposée à l’enfant par des personnes l’ayant acheté à une femme russe ; d’autre part, depuis 2013, sa vie familiale est vécue avec une autre famille, sa famille d’accueil, et bénéficie tout autant du principe de respect.

La contradiction est telle que la Cour ne peut en déduire aucune issue cohérente, et précise que sa décision « ne saurait être compris(e) comme obligeant l’État italien à remettre l’enfant aux requérants, ce dernier ayant certainement développé des liens affectifs avec la famille d’accueil chez laquelle il vit depuis 2013 ». L’enfant demeure donc avec sa famille d’accueil.

Or, de deux choses une :
Soit l’enfant a été séparé à tort de ses acheteurs/parents, et il doit pouvoir les retrouver.
Soit il a été séparé d’eux à raison, et il ne saurait leur être rendu, qu’il ait noué de nouveaux liens affectifs ou non !

"Le sort de l’enfant dépend finalement de savoir avec qui il aura passé le plus de temps….. et peu importe que les ceux-là l’aient acheté ou, la prochaine fois, volé…."

De façon inespérée, les contradictions accumulées finissent en l’espèce par rendre service à l’enfant puisque, en définitive, il ne sera pas restitué à ses acheteurs mais adopté en bonne et due forme et dans le respect de sa personne et de sa dignité d’être humain.
Mais le problème de fond demeure dans la décision de la Cour, qui façonne les principes suivants :

"l’achat d’un enfant ne donne pas de droit sur lui mais il suffit de développer une vie familiale avec lui (dont le critère de temps n’est pas défini) pour obtenir la reconnaissance des liens effectifs comme caractérisant une vie familiale de fait."

Avec un tel raisonnement, le voleur ou le trafiquant d’enfant qui aura vécu une vie familiale avec lui peut sereinement conserver la garde de l’enfant au nom du respect de la vie privée et familiale.
Les Juristes pour l’enfance sont très inquiets pour l’avenir de l’intérêt de l’enfant. On craignait que la Cour européenne soit devenue un obstacle au respect des droits de l’enfant. C’est, hélas, confirmé.




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CEDH: "Avoir un enfant sur commande, ou la dérive de la GPA" (Italie)
Le Conseil d'Etat valide la Circulaire Taubira ! (12 Dec 2014)
«Pourquoi il nous faut dire non à la marchandisation des gestations»
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Filiation : vers des "PMA de convenance" ? (Aude Mirkovic)
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                                   (ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE)
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Discours de Tugdual Derville à la défense le 23 Octobre
Adoption homo : qui a peur du débat ?

mardi 20 janvier 2015

"Débat Derville-Le Mené : L’union est-elle possible dans la défense de la vie ?"










(Source: Famille Chrétienne)


Le président de la Fondation Lejeune, Jean-Marie le Mené, et le délégué général d’Alliance Vita et porte-parole de Soulager mais pas tuer, Tugdual Derville.©S.OUZOUNOFF-CIRIC et P.RAZZO-CIRIC

Le délégué général d’Alliance Vita et porte-parole de Soulager mais pas tuer, Tugdual Derville, et le président de la Fondation Lejeune, co-organisatrice de la Marche pour la vie, Jean-Marie le Mené, confrontent leurs idées sur le début et la fin de vie, à quelques jours de leur mobilisation respective. Entretien croisé.


Le 21 janvier, Soulager mais pas tuer manifeste contre les conclusions du rapport Leonetti-Claeys sur la fin de vie devant le Parlement ; le 25, c’est au tour de la Marche pour la vie de s’approprier ce sujet. Est-il encore possible aujourd’hui de se battre pour une même cause sans faire l’unité ?

Jean-Marie le Mené : La tentation de s’interroger sur l’unité des manifestations ou des événements de contestation de projets de société n’est jamais une surprise. Est-ce que l’on préfère y aller ensemble ou séparés ? En théorie, la recherche de l’unité est défendable. En pratique, elle a rarement lieu. Cette question-là, je l’entends depuis très longtemps. C’est une question habituelle, à laquelle il faut répondre charitablement. La Marche pour la vie du mois de janvier est une institution historique, les personnes ont intégré cette date depuis longtemps. Cette année se rajoute une actualité particulière imposée par le Parlement le 21 janvier.
À l’occasion de ce débat, un autre mouvement décide de faire un happening. Je ne vois rien d’anormal dans cette succession d’événements et de manifestations qui vont dans le même sens, mais qui n’obéissent pas exactement aux mêmes logiques de calendrier.
Nos manières d’agir sont différentes. La manifestation du 25 janvier est une marche d’un point A vers un point B avec une dimension éminemment politique. La démarche de Vita est autre, mais il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre nous sur nos certitudes, nos convictions et même nos doutes.

Tugdual Derville : Une manifestation nationale annuelle et 60 rassemblements dans toute la France, le jour même d’un débat sont deux modes d’action complémentaires. Cela ne doit cependant pas évacuer la question, grave et complexe, de l’unité. Ce qui a présidé à la fondation de Soulager mais pas tuer, au-delà d’Alliance Vita, c’est le souci de l’unité, mais une autre forme d’unité que celle que revendique de façon légitime la Marche pour la vie. Il s’agit de l’unité de toutes les personnes qui sont hostiles à l’euthanasie.
C’est une question d’efficacité : il existe des opposants à l’euthanasie qui ne sont pas hostiles, pour des raisons qui leur sont propres, à d’autres transgressions. Coexistent au fond deux formes d’unité qui ne sont pas contradictoires : une unité de toutes les personnes hostiles à l’euthanasie, qui peuvent s’opposer sur d’autres sujets, et une unité des personnes qui ont des convictions semblables, dans des tonalités sans doute différentes, sur la défense de la vie, de son commencement à la mort naturelle.
L’unité, comme la paix, est un travail qui demande beaucoup de réflexion. Elle ne s’assène pas. Mais en France, je crois que l’on confond trop souvent l’unité avec un fantasme de centralisme démocratique. Au risque de nous laisser enfermer et réduire. Car si on mélange tous les sujets - certains y ajoutant une dimension religieuse -, on réduit nos mobilisations au « plus petit dénominateur commun ».

Si le débat sur l’euthanasie prend de l’ampleur, est-il possible d’imaginer une grande manifestation de rue, la plus large possible ?

Tugdual Derville : Je pense que cette mobilisation unitaire existe déjà au travers de Soulager mais pas tuer, conçue comme ce lieu où tous peuvent s’agréger. Chaque sujet nécessite une coalition la plus forte possible même si ses participants ne sont pas d’accord sur tout. Faut-il des grands mouvements de rue ? Oui. On est déjà au pied de l’Everest, dans la seringue si j’ose dire. En matière d’euthanasie, le risque est monumental. C’est aujourd’hui que ça se joue, et dans les mois qui viennent. Est-ce que nous serons capables d’être rejoints par les Français en masse sur ce sujet ? Oui. Je l’espère. Il le faut. C’est le sens de Soulager mais pas tuer, mouvement qui permet au plus grand nombre d’exprimer avec fermeté sa position contre l’euthanasie sans se sentir exclu ni instrumentalisé par le mélange avec d’autres sujets.

Jean-Marie le Mené : De la part de la Marche pour la vie, il n’y aurait pas difficulté à se mobiliser en cas d’appel général à manifester sur la fin de vie. La question ne se pose même pas. Et peu importe d’ailleurs la bannière. Mais je me méfie des grosses manifestations passe-partout comme celle que nous avons connue le 11 janvier dernier. On ne sait jamais vraiment pourquoi l’on y manifeste, si ce n’est par un vague mouvement d’adhésion et de compassion. Nos marches pour la vie ont un objet très précis : la contestation d’une loi autorisant l’avortement.

Début de vie, fin de vie : même combat ? Faut-il toujours lier les deux sujets ?

Jean-Marie le Mené : La Marche pour la vie a considéré, avec ce qui se passait sur la fin de vie, que la défense de la vie ne se divisait pas. Les deux sujets sont insécables. Le respect de la personne ne se coupe pas en tronçons. On ne peut pas dire : « Je défends la vie à la fin mais pas au début ». À mon sens, il y a encore plus de raison d’être favorable à l’euthanasie qu’il n’y en a d’être favorable à l’avortement. A fortiori, si on accepte de tuer des enfants avant la naissance, il est bien plus facile de considérer comme compassionnel un geste qui mettrait fin à la vie d’une personne malade ou gravement handicapée.
Je comprends la démarche de Tugdual Derville et de Soulager mais pas tuer, mais je suis réservé sur le fait que l’on puisse trouver des personnes qui seraient favorables à l’avortement et défavorables à l’euthanasie. Il en existe peut-être, marginalement, mais cela me paraît tellement incohérent. D’autant plus que l’avortement est l’un des principaux arguments en faveur de l’euthanasie. On le retrouve dans tous les débats parlementaires où l’on entend cette imprécation : « On s’est rendu maître de la vie au début, il n’y a aucune raison de ne pas s’en rendre maître à la fin ». Il faut simplement continuer le mouvement… Intellectuellement et en termes de cohérence, l’exercice que fait Tugdual Derville est très difficile en réalité. À ne pas rappeler les mécanismes du passé, on se condamne à les revivre. Nous sommes d’ailleurs en train de revivre ceux déjà utilisés en 1975 : le terrorisme compassionnel, le monde médical que l’on fait basculer dans le politique, la trahison des élites…

Tugdual Derville : Je peux opiner dans le sens de Jean-Marie le Mené sur l’importance de l’Histoire. Que l’on revendique cette articulation entre début et fin de vie ou que l’on ne la revendique pas pour des raisons de prudence et de respect de nos alliés, je note un point supplémentaire dans la répétition de l’Histoire : la manipulation des mots. Le gouvernement tente en ce moment de changer la définition de l’euthanasie, plus ou moins consciemment d’ailleurs. Il réinvente, avec la sédation assortie de l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation, une euthanasie qui ne dit pas son nom. Cette tentative de créer des mots nouveaux, de changer le sens des concepts ou d’éviter « les mots qui fâchent », comme l’a encore récemment avoué Manuel Valls, n’est pas nouvelle.
Pourtant, autant je respecte et partage les convictions exprimées par Jean-Marie le Mené quand il dit que tout est lié, autant je plaide pour ne pas amalgamer les sujets. Il est même essentiel de pouvoir les distinguer… Cela sert la dialectique de nos opposants de laisser entendre que, puisqu’il y a l’avortement, il doit y avoir l’euthanasie ! De dizaines de milliers de soignants ou de bénévoles sont hostiles à l’euthanasie, sous toutes ses formes, y compris celle de Vincent Lambert. Mais la plupart n’iront pas sur le terrain de l’avortement. Du moins pas aujourd’hui. Peut-être demain ou après-demain.
Je pense qu’il y a un risque à exiger une cohérence absolue en matière de défense de la vie. Cohérence dans laquelle je ne prétends pas être moi-même, parce que le chemin du respect de la vie, de toute vie, est un chemin tellement exigeant qu’il n’est jamais achevé pour quiconque. Je garde donc de la bienveillance pour ceux qui, sur certains sujets, n’ont pas la cohérence que j’essaie de revendiquer, mais qui l’ont peut-être dans des domaines où je ne l’ai pas.

Le gouvernement réinvente, avec la sédation assortie de l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation, une euthanasie qui ne dit pas son nom.Tugdual Derville

Marisol Touraine, qui a annoncé un nouveau projet de loi sur l’avortement à l’occasion des 40 ans de la loi Veil, parlait le 21 novembre du droit des femmes à disposer de leur corps comme d’un combat d’avenir. Jusqu’où les promoteurs de l’IVG sont-ils prêts à aller ?

Jean-Marie le Mené : Jusqu’à l’inutilité de la loi. L’idéal pour eux est qu’il n’y ait même plus besoin de loi : certaines féministes revendiquent la « liberté d’aspiration ». On va se retrouver dans une situation paradoxale où ce sera à nous de « défendre » la loi Veil ! On est sur le point d’arriver dans ces zones dangereuses où il n’y aura plus besoin de justifier quoique ce soit pour avorter. Ne restent plus que la question de l’objection de conscience et celle des délais, derniers obstacles à faire sauter.
L’avortement est devenu une question tellement lointaine que les rares occasions où l’on peut en parler – les dates anniversaire malheureusement nous les fournissent –, doivent être saisies. C’est un sujet qui s’enfouit ; alors même que, étrangement, on utilise beaucoup plus le mot d’avortement aujourd’hui qu’on ne le faisait en 1975.

Tugdual Derville : Je crois qu’il sera impossible de banaliser l’avortement, car c’est une question de vie et de mort. À mesure que les lois essaient de banaliser cet acte, la parole se libère. Je ne suis cependant pas favorable à l’idée d’une politique du pire dont le principe voudrait que l’on tombe très bas pour ensuite se relever. Il faut continuer à travailler ici et maintenant au plus près des personnes concernées, notamment des femmes enceintes.
La ligne stratégique d’Alliance Vita, c’est de sortir l’avortement du silence. En parler pour libérer la parole des femmes et leur permettre de déposer leur peine, afin qu’elles libèrent leur conscience. Beaucoup de femmes sont enfermées dans un silence absolu qui est un silence de mort. La récusation de toute notion de faute ou de péché dans notre société devenue laïcisée les enfonce encore plus dans la culpabilité. Cette attitude d’écoute nécessite de rester sur la ligne de crête où vérité et miséricorde se rencontrent. À nous de maintenir tout à la fois la conscience de la valeur de la vie et ce travail de libération de la parole.

Il a beaucoup été de question de liberté d’expression ces jours-ci. Existe-t-elle quand il s’agit d’avortement ?

Jean-Marie le Mené : Parmi les conséquences de l’avortement, nous constatons une grave perversion du droit et une inversion du vrai et du faux, du bien et du mal, du juste et d’injuste. Les instruments avec lesquels nous faisions respecter le bien, le juste et le vrai sont devenus inopérants. Je prendrais deux exemples significatifs.
Le premier concerne la vidéo « Dear future mom » qui a fait l’objet d’une sorte de censure de la part du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). En remontant la filière, nous avons découvert en réalité qu’il n’y avait eu aucune plainte de l’extérieur, comme le CSA l’avait invoqué, mais que celle-ci avait été formulée par certains de ses membres de sexe féminin dont la conscience se trouvait visiblement réveillée. Le message qu’a envoyé le CSA est d’une violence inouïe ! Au nom du féminisme et de l’avortement, les survivants d’interruptions de grossesse (97% des trisomiques sont avortés, Ndlr) n’auraient pas le droit de prendre la parole pour dire qu’ils sont heureux, car ceux qui ont accepté l’avortement ou procuré l’avortement pourraient le regretter ? Si des personnes touchées par la trisomie 21 veulent faire de la danse, qu’ils le fassent dans une cave ou dans des catacombes, mais pas à la télévision ! Il y a là un totalitarisme qu’il faut absolument dénoncer. Au nom de quoi le féminisme imposerait-il la possibilité d’interdire la parole à une catégorie de personnes ? C’est une perversion du droit.
Le second exemple porte sur une autre de nos campagnes – « Vous trouvez ça normal » – lancée à l’occasion de la légalisation de la recherche sur l’embryon en 2013. Au nom de l’avortement, nous n’avions pas le droit de prendre la défense de la vie des embryons et nous avons été condamnés. « Si vous dites que l’on peut protéger l’embryon sur la paillasse d’un chercheur, c’est donc que l’embryon est un être humain et que l’avortement est illégitime. » Le raisonnement était imparable.

Tugdual Derville : L’avortement est le sujet tabou par excellence. Dans notre société, c’est devenu un véritable secret de famille. Un énorme déni s’est établi autour de sa réalité, source et signe d’un profond sentiment de culpabilité chez beaucoup des femmes qui l’ont vécu. D’où cette nécessité de les écouter pour les aider à dépasser ces actes qui peuvent les éprouver durablement. Je suis en colère contre l’absence d’assistance à toutes ses femmes qui pleurent et qui « n’ont pas le droit de souffrir ». Car, à cause de ces souffrances interdites, d’autres problèmes s’enkystent et déboulent en cascade : auto-dévalorisation, angoisses, difficultés relationnelles…

Doit-on faire un lien entre démographie et avortement ?

Jean-Marie le Mené : Je trouve d’une inconscience vertigineuse et d’une irresponsabilité totale de ne jamais poser la question des conséquences démographiques de l’avortement. Jérôme Lejeune avait déjà prédit il y a quarante ans cet hiver démographique, dont nous savons aujourd’hui qu’il est compensé par une immigration de masse. Je suis scandalisé par cette moralisation excessive de l’avortement au point d’en oublier sa dimension politique. L’écoute des femmes est certes importante, mais elle ne représente qu’un des pans de l’avortement. Or, celui-ci n’est pas pour rien dans le basculement de civilisation que nous sommes en train de vivre. Je pense même que l’avortement y était à dessein : son objectif n’était pas seulement de libérer la femme, mais de faire évoluer notre société, de la laïciser pour la faire basculer dans un champ qui n’était plus celui de la France chrétienne d’après-guerre. La démographie ne se limite pas au début de la vie, elle concerne aussi la fin de vie. Quand un pays tue ses enfants, il tue son avenir ; quand un pays tue ses parents, il tue son passé. Un pays qui tue son passé et son avenir, il ne lui reste rien.

Tugdual Derville : L’impact démographique existe, effectivement. Pas sur la totalité du chiffre de l’avortement, mais sur une partie tout de même. Malgré le déni du planning familial qui parle de naissances différées, la raison seule suffit, avec quelques données chiffrées, pour prouver les conséquences de l’avortement sur la démographie. Beaucoup de femmes avortent par soumission à leur compagnon qui promet, lorsqu’il sera prêt, qu’ils auront un autre enfant ensemble. Or fréquemment – mais pas automatiquement –, l’avortement provoque une rupture du couple. Cet enfant qui n’est pas accueilli, signe la séparation de ses parents ! Prétendre que les naissances ne sont que différées est absurde.
Je suis d’accord avec Jean-Marie le Mené lorsqu’il dit qu’il ne suffit pas de parler de l’avortement sous l’angle des femmes, mais ne sont-elles pas « sanctuaires de l’invisible » ? Passer par elles, c’est traiter le sujet en grande vérité car le corps ne ment pas. En passant par les femmes, nous nous protégeons des postures idéologiques coupées du réel.

Je trouve d’une inconscience vertigineuse et d’une irresponsabilité totale de ne jamais poser la question des conséquences démographiques de l’avortement.Jean-Marie le Mené

François Hollande évoque une prochaine loi de consensus sur la fin de vie, tandis que Manuel Valls parle de « paliers progressifs ». Ne sommes-nous pas en train de nous faire rouler par le gouvernement ?

Tugdual Derville : Je ne sais pas si l’on peut parler d’un double jeu de l’exécutif, car Manuel Valls et François Hollande tiennent le même discours en promettant un consensus devant le Parlement. Par contre, le fait d’avoir confié à Jean Leonetti (UMP) la révision de sa propre loi – qui n’a pas besoin d’être révisée mais d’être connue et appliquée sauf dans ses égarements –, est un coup politique qui risque de piéger l’actuelle opposition.
Je remarque tout de même que Bernard Accoyer, médecin et ancien président de l’Assemblée nationale, ou encore le Pr Bernard Debré se sont prononcés clairement contre ce rapport et la forme d’euthanasie que représente la « sédation profonde et continue jusqu’au décès ». Il s’agit pour nous de résister à un projet qui essaie de s’imposer par un pseudo-consensus alors qu’il biaise le débat en évitant les mots qui fâchent. Nous sommes donc confrontés à la nécessité d’expliquer aux Français des choses complexes.

Jean-Marie le Mené : Puisque le mot « euthanasie » n’est pas dans la loi, on pense l’éviter. Je regrette d’ailleurs le discours de la conférence épiscopale qui s’est dit soulagée que le rapport Leonetti-Claeys « n’entre pas dans l’euthanasie ». C’était une erreur. Était-elle entretenue ou naïve ? Je ne sais pas. Je regrette également que la conférence épiscopale semble adopter une position politique de repli adossée à la loi Leonetti quand on sait les dérives que cette loi porte en elle, comme le démontre l’affaire Vincent Lambert. S’aventurer sur ce terrain politique me paraît imprudent. Que des parlementaires de l’opposition défendent la loi Leonetti, pour ne pas aggraver les choses, soit. La politique est l’art du possible. Mais il n’est pas juste, d’un point de vue magistériel, que l’Église érige en référence une loi qui permet de tuer Vincent Lambert.
Rappelons que la loi Leonetti était déjà un premier pas franchi vers une euthanasie déguisée puisqu’elle définissait l’alimentation et l’hydratation comme des traitements. Comment voulez-vous que l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) ne se saisisse pas d’un scandale pareil qui consiste à débrancher les gens au risque de les mettre dans un état d’inconfort avéré et d’empêcher qu’ils ne demandent une sédation jusqu’au décès ? Leonetti a fait le premier volet de la loi, et l’ADMD fera le second pour des raisons « humanitaires ».

Cette manière de légiférer par paliers successifs est-elle consciemment voulue, planifiée ?

Jean-Marie le Mené : Les politiques se doutent bien qu’ils doivent y aller doucement. Il y a des chambres d’enregistrement, des jardins d’acclimatation de la transgression comme le Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Ce n’est pas conscient de la part de Pierre, Paul ou Jacques, mais il y a une espèce de conscience collective qui va dans ce sens-là, qui pense que « la vie est un matériau à gérer » comme l’a bien expliqué le franc-maçon Pierre Simon. Je suis absolument convaincu qu’il y a une dimension gestionnaire et financière derrière cette question de l’euthanasie. C’est durant les trois dernières années de notre vie que l’on coûte le plus cher. On ne pourra pas faire face au coût de la fin de vie. La société estime qu’elle ne peut pas faire autrement que de réguler cette période de la vie. Je pense que la dimension financière est très importante et que nous ne sommes qu’au commencement d’une mécanique infernale qu’il faut déjouer.

Tugdual Derville : Je vois en France un double paroxysme. D’un côté, ce jeu de dominos qui fait que, petit à petit, les choses se délitent de façon quasi-systématique, et, de l’autre et en même temps, un mouvement d’humanisation, de progrès. Je pense à ces centres spécialisés pour les personnes en état neuro-végétatif ou pauci-relationnel, à la créativité et à l’engagement des soignants auprès des personnes malades ou handicapées. Notre société est prise dans une incohérence, une ambivalence. Plus ce paroxysme avance, plus ses contradictions éclatent. Comment peut-on à la fois tout faire pour exclure les personnes porteuses de handicap avant la naissance et tout mettre en œuvre pour qu’elles prennent leur place dans notre société ? Refusant la désespérance, je préfère me réjouir du bien, et l’encourager… Il reste que nous allons doucement mais sûrement vers un nouveau choix de société : défendre l’homo sapiens basique et vulnérable contre le fantasme d’un cyborg puissant et dominateur. Là aussi, il faudra unir très largement pour résister.

Antoine Pasquier

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Archives du blog Fin de vie:


2015
                                              Gregor puppinck

2014
                   par @TDerville (3 dec 2014)
                                 (Cyril Douillet dans "Cahiers Libres")
                                 ( suite à celui de Nicole Boucheton - ADMD)
 dans les situations de fin de vie (Conseil de l'Europe)
                           avec Anne-Laure Boch et Bernard Lebeau  
                            la situation de Monsieur Vincent Lambert
                                      (Institut Européen de Bioéthique)

2013
2012
Rapport à François Hollande Président de la république Française
Euthanasie, soins palliatifs... La fin de vie en France n'est pas celle qu'on croyait
Fin de vie : l’Académie nationale de médecine se prononce
Fin de vie: "Même une personne vulnérable, fragile, abîmée reste digne jusqu’au bout"
Mission Sicard - Fin de vie : faut-il aller plus loin que la loi Leonetti ?
Le débat sur l'euthanasie devient un débat sur le suicide assisté
Vivre la fin de vie (RCF) avec Tugdual Derville
Le député UMP Jean Leonettio estime que la loi sur la fin de vie portant
son nom peut être améliorée.
L’exception d’euthanasie
Le droit devant la mort
Perdu d' avance ? (Euthanasie et Homofiliation )
Euthanasie: "Y avait-il une solution pour Vincent Humbert, Chantal Sébire ... ?"
Face à "La tentation de l' Euthanasie" - Bilan du #VITATour d' AllianceVITA
François Hollande relance le débat sur l'euthanasie (sur RND)
Euthanasie et mourir dans la dignité dans Carrément Brunet
avec Tugdual Derville & Jean Leonetti
"Au pays des kangourous" - Fin de vie et dépression , l' importance du "regard" de l' "autre"
Droit des malades et fin de vie, que dit la loi "Leonetti" ?
Euthanasie : Opération Chloroforme pour Jean-Marc Ayrault via @Koztoujours
Audio du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault sur l’euthanasie
"Euthanasie : terrorisme intellectuel et complaisance politique"
L' Euthanasie n' est pas une valeur de gauche ...
Déclaration de l' académie Catholique de France sur la « FIN DE VIE »
"Rire et soins palliatifs, est-ce sérieux?" avec Sandra Meunier, clown art-thérapeute
Quels soins palliatifs pour demain ... lors de la journée mondiale des soins palliatifs sur RND
Le Groupe National de Concertation sur la Fin de Vie (GNCFV) propose au gouvernement l’organisation d’un débat public
"Sauvons Papi et Mamie" - Une campagne pour la VIE
"La fin de vie" dans RCF Grand Angle avec Tugdual Derville
Euthanasie: 10 ans d’application de la loi en Belgique (Mai 2002- 2012 )
Les AFC rentrent en campagne, pour une politique soucieuse des plus fragiles
Alliance Vita continue son "Tour de France de la solidarité" - #VITATour
Alliance Vita lance son "Tour de France de la solidarité"
Pourquoi la question de la fin de vie est-elle si politique ? avec Tugdual Derville
Tugdual Derville sur RCF au furet du nord de Lille - "Tour de France de la solidarité"
France Catholique: La tentation de l' Euthanasie, enjeu majeur de l' élection présidentielle
Fin de vie, faut il une nouvelle loi ? avec Tugdual Derville sur BFMbusiness




Archives du blog Avortement / Embryon:


De la recherche éthique avec les cellules souches embryonnaires… de sourisDécouverte de nouvelles cellules souches: les cellules STAP
(Fond Lejeune 29 Janvier 2014)
Les risques éthiques et philosophiques des cellules STAP
(Famille Chrétienne 26 fev 2014)

Rencontre avec le professeur Jérôme Lejeune :
"Pourquoi êtes-vous contre la pilule abortive"
Nouveaux tests de dépistage de la trisomie 21 :
états des lieux des protocoles de recherches en France (5 Octobre 2012)

CEDH : l’Italie forcée au DPI ? (AllianceVITA - 28 Aout 2012)
Vers une généralisation du nouveau test de dépistage de la trisomie 21 (3 Aout 2012)
Traiter la trisomie 21 : L'ère des essais clinique (1er Mars 2012)
Dépistage précoce de la trisomie 21 (allianceVita -19 Dec 2011 )
Trisomie : espoir de traitement (21 Nov 2011)
Généthique.org ( 20 oct 2011 )
Débat Jean Leonetti - Jean-Marie Le Méné : la France est-elle devenue eugéniste ?

Interventions de Jean-Marie Le Méné dans Libertépolitique.com
Bioethique – Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune:
"La loi transgresse plus et protège moins"
Des progrès majeurs dans le traitement de la Trisomie 21 (7Avril 2011)
L'Embryon, l' "UN DE NOUS" (One Of Us)
Recherche sur l'embryon humain - Interview du Professeur Alain Privat
Débat autour de l'actualité scientifique (France Inter) -
La trisomie 21 avec Jean-Marie Le Méné

Le diagnostic préimplantatoire fait débat en Europe
Pour que l’eugénisme ne devienne pas un droit de l’homme
« Le bébé médicament », bébé du double espoir ou du double tri ?
Le diagnostic prénatal engendre-t-il une nouvelle forme d'eugénisme ?
L’eugénisme n’est pas un droit de l’homme (Fondation Lejeune)
Handicap: l'accueil des plus fragiles dans sa dimension politique
VIDEO avec Henri Faivre, Vice-président de l'OCH
Bioéthique et élections présidentielles 2012
Trisomie 21 : un enjeu éthique Quelle urgence pour les politiques ? ( Les Amis d'éléonore )
CCNE - Lettre aux candidats à la présidentielle de la république Française
Avis du CCNE (Conseil Consultatif National d' Ethique) concernant
l' utilisation des cellules souches issues du sang de cordon ...
Trisomie 21 "Il est encore temps ! Lettres 77 de la Fondation " Jérome Lejeune " de mars 2012
L'assistance médicale à la procréation (AMP) : en quoi consiste-t-elle ?Trisomie 21: des raisons d' espérer....Mur de rires ....
Le Professeur Jérome Lejeune et la Trisomie 21...
Quand l'embryon humain est en jeu...
couper le cordon... et le stocker
Le sang de cordon une réponse éthique - Retour sur le "BB médicament"
l' Espérance du Sang de cordon pour la recherche de demain.
FIV: vers un eugénisme "naturel" !
Sélect°, sélection, Sélection, SELECTION…
Bioéthique : vers un eugénisme d'État ?
Quand le mépris du droit à la vie des nouveau-nés nous oriente vers une
" légitimisation de l'infanticide "








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