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dimanche 6 juillet 2014

Veilleurs : «Le refus de la limite nous déshumanise»



Gaultier Bès a 25 ans. Normalien, il est professeur agrégé de Lettres modernes dans un lycée public de la banlieue lyonnaise. Il publie son premier livre, Nos Limites - Pour une écologie intégrale (Le Centurion, 3, 95 euros), cosigné par deux autres initiateurs des Veilleurs, Axel Rokvam et Marianne Durano.

Nos limites - pour une écologie intégrale
Votre livre est un peu le nouveau Traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations. Sauf que là où Raoul Vaneigem appelait à la veille de mai 1968 à «jouir sans entraves», vous appelez au lendemain de la Manif pour tous à «consentir à voir ses désirs circonscrits par la nature ou par la société». Donnez-vous raison à ceux qui qualifient les événements de mai 2013 de «mai 1968 à l'envers»? Est-ce contre cet héritage que vous prétendez lutter?

La comparaison est flatteuse. Il y avait tant de belles aspirations dans le vaste et complexe mouvement de 68. Tant de naïveté aussi! Ou de cynisme. Comment ne pas constater en effet que les rebelles d'hier sont devenus les roitelets d'aujourd'hui? Nous sommes passés de Dany le rouge à Dany vert-de-gris, du petit-bourgeois contestataire au notable médiatique, conformiste en diable, si peu dérangeant, «éco-tartuffe» favorable au travail du dimanche, à la procréation artificielle, au «capitalisme vert», au fédéralisme européen, bref apôtre du système libéral-libertaire fondé sur l'utopie du toujours plus. Quand Vaneigem invitait à «jouir sans entraves», il croyait mettre à bas le capitalisme. Il n'a fait que lui donner un champ d'expression illimité. Loin de renverser

"Les soixante-huitards resteront, malgré leurs beaux rêves d'autogestion et de mise en commun, comme des idiots utiles du marché-roi."

les puissances d'argent, Mai 68 a en effet renforcé leur assise. En dénonçant comme fasciste toute limitation du désir individuel, il leur a ouvert les portes de domaines jusqu'à présent préservés du mercantilisme - à commencer par l'amour et la procréation. Nous en donnons des exemples éloquents dans le livre. Parce qu'ils ont contribué plus que quiconque à débrider l'économie, à la désencastrer de toute norme morale - ou plus simplement de ce qu'Orwell appelait la «décence ordinaire» -, les soixante-huitards resteront, malgré leurs beaux rêves d'autogestion et de mise en commun, comme des idiots utiles du marché-roi.

C'est pourquoi je récuse cette expression de «mai 1968 à l'envers». Je lui préfèrerais celle de «mai 68 abouti» (ou intégral!), au sens où nous voulons réussir là où les soixante-huitards ont échoué: inventer un mode de vie alternatif, durable et universalisable. Il s'agit de combattre non seulement les effets, mais aussi et d'abord les causes de ce refus des limites qui, loin de nous émanciper, nous précarise et nous déshumanise: marketing agressif, déracinement identitaire, décérébrage médiatique, relativisme moral, et ses corollaires, misère spirituelle, fantasme de l'homme autoconstruit…

Comment espérez-vous faire passer votre appel à la limite, dans un monde où l'individualisme consumériste n'a jamais été aussi triomphant? Votre combat n'est-il pas perdu d'avance?

Il n'est que les combats qu'on déserte qui soient perdus d'avance. Nous ne sommes ni des rêveurs, ni des résignés, ni de simples indignés. Promouvoir une écologie intégrale, c'est d'abord veiller à soutenir et à diffuser - à polliniser - toutes les initiatives locales, concrètes, solidaires, qui fleurissent un peu partout. Commençons par agir ici et maintenant, à notre modeste place, pour améliorer ce qui peut l'être en inventant des alternatives durables, accessibles, à cette logique totalitaire du «toujours plus» qui est souvent un «toujours pire». C'est en effet à une simplification générale de nos modes de vies qu'il faut travailler, pour les rendre moins artificiels, moins voraces, plus pérennes. Sans prétendre «sauver la planète» - ce qui serait déjà faire preuve d'une démesure prométhéenne -, ni même «prendre le pouvoir» - car c'est plus souvent le pouvoir qui vous prend... N'oublions pas qu'humanité et humilité ont la même racine: humus, la terre! Je suis plein d'espérance, car la société civile regorge d'idées pour refonder, par la base, une société plus juste et plus pérenne, c'est-à-dire plus respectueuse des personnes et de leur environnement. Coopératives, sites de troc ou de récup', associations pour le maintien d'une agriculture paysanne, systèmes d'échange locaux, «café suspendu», micro-crédit... Beaucoup travaillent depuis longtemps à cette écologie intégrale que nous appelons de nos vœux! C'est cela que nous appelons la courte échelle: une logique d'entraide, de confiance, de partage, qui nous rapproche et nous élève.

Contre le «There is No Alternative» de Margaret Thatcher, qui présentait le modèle capitaliste-libéral comme nécessaire et inéluctable, vous prétendez proposer une alternative, celle de l'écologie intégrale. Qu'entendez-vous par cette expression?

Nous sommes dans un avion que personne ne sait plus faire atterrir, qui n'a d'autre choix qu'accélérer toujours pour ne pas s'écraser. Cette fuite en avant, on voudrait nous faire croire qu'elle est inéluctable, comme s'il n'y avait pas d'alternative au toujours plus. On fantasme un homme parfait, tout-puissant, maître de lui comme de l'univers... Des cultures transgéniques au transhumanisme, rien ne doit arrêter la grande marche du Progrès, rien ne doit borner l'extension du domaine de la lutte contre une nature humaine honnie parce que finie, rien ne doit empêcher la conquête de nouveaux débouchés par une technique idolâtrée! Eugénisme, euthanasie, licenciements boursiers: mort aux canards boiteux, place à l'homme augmenté, rentable, fonctionnel, standardisé! Bienvenue à Gattaca!

"Face aux rêves démiurgiques de l'humanité, l'écologie intégrale propose une éthique de la sobriété choisie, fondée sur la conscience amoureuse de notre finitude. Seule la reconnaissance de notre propre vulnérabilité permet la solidarité : respecter toutes les fragilités, c'est déjà sortir d'une vision marchande de la vie, qui confond rentabilité et dignité."

Face à ce système déshumanisant, l'écologie intégrale propose une alternative radicale: moins mais mieux! Indissolublement humaine et environnementale, éthique et politique, elle considère la personne non pas comme un consommateur ou une machine, mais comme un être relationnel qui ne saurait trouver son épanouissement hors-sol, c'est-à-dire sans vivre harmonieusement avec son milieu, social et naturel. Autrement dit, l'écologie intégrale ne sacralise pas l'humain au détriment de la nature, ni la nature au détriment de l'humain, mais pense leur interaction féconde. Saccager nos écosystèmes ne saurait en effet conduire qu'à notre propre déshumanisation. Les désastres écologiques ont toujours des conséquences sociales terribles, les plus pauvres les subissent de plein fouet. Face aux rêves démiurgiques de l'humanité, l'écologie intégrale propose une éthique de la sobriété choisie, fondée sur la conscience amoureuse de notre finitude. Seule la reconnaissance de notre propre vulnérabilité permet la solidarité: respecter toutes les fragilités, c'est déjà sortir d'une vision marchande de la vie, qui confond rentabilité et dignité. L'écologie intégrale est profondément politique, dans la mesure où elle travaille à la convergence des luttes de tous ceux qui oeuvrent pour un monde à la mesure de l'homme: il faut lire à cet égard les remarquables travaux de Pièces et main d'oeuvre, un groupe anarchiste grenoblois, sur l'artificialisation de la reproduction. Décapant!

Les Veilleurs se sont engagés avant tout contre la loi Taubira. Celle-ci une fois votée, quel sens cela a-t-il de continuer ces manifestations?

Les Veilleurs ne manifestent pas. Ils réfléchissent, ils lisent, ils dialoguent. Ils proposent au cœur de la cité un espace culturel et politique où chacun peut se réapproprier sa responsabilité civique. La loi qui a désinstitutionnalisé le mariage n'a été votée que parce que notre démocratie est sous le joug d'apprentis sorciers plus soucieux d'imposer à tous leurs fantasmes et leurs intérêts que de répondre aux inquiétudes des Français. Face à cette dérive oligarchique, la priorité est d'agir au niveau local pour diffuser un esprit de résistance en actes. Ainsi les Veilleurs cherchent-ils moins à influencer les puissants qu'à reformer ces petites agoras où chaque citoyen puisse venir librement réfléchir et s'interroger sur les conditions de la vie commune. C'est cela l'écologie: la science des conditions d'existence. Nous voulons favoriser des prises de conscience radicales, transversales, susciter de nouvelles synergies, loin des blocages idéologiques, des clivages artificiels qui nous paralysent plus qu'ils ne nous structurent. Ainsi voulons-nous contribuer, à notre mesure, à réintroduire dans un espace public saturé d'indifférence et de bruit un peu de convivialité, de gratuité, d'intelligence et de beauté.

Nous traversons une crise anthropologique profonde dont la loi Taubira est un épisode décisif. La mécanique de marchandisation du corps que nous avions dénoncée s'est immédiatement enclenchée. Ainsi, à Lyon, sous le slogan «Nos corps, nos choix», les revendications de la Gay Pride 2014 ont amalgamé PMA, GPA et prostitution. En instituant un pseudo-droit à l'enfant, on renforce l'emprise de la technique et du commerce sur

"En instituant un pseudo-droit à l'enfant, on renforce l'emprise de la technique et du commerce sur la vie familiale. Echangisme et libre-échange..."

la vie familiale. Echangisme et libre-échange... Débattrons-nous dans un an de la commercialisation des utérus artificiels sous prétexte que ça se fait déjà à l'étranger? A la discrimination des enfants privés de parité parentale, à la précarisation familiale due à la dissolution du lien biologique au profit d'une multi-parentalité sociale, contractuelle donc instable, s'ajoute l'instrumentalisation du vivant via le business des procréations artificielles, comme l'a reconnu récemment José Bové.

La dérégulation économique et la libéralisation des mœurs - dont Jean-Claude Michéa analyse bien la paradoxale mais profonde convergence - procèdent du même refus de toute limite objective: toujours plus de droits individuels, toujours moins de freins institutionnels. Ce qui était gratuit, naturel, mystérieux (donner la vie), le marché s'en empare. Nouveau désir, nouveau négoce! «Laissez faire, laissez aller»! Pour le traité transatlantique comme pour les mères porteuses. Nous déléguons bien au sous-prolétariat indien le recyclage de nos déchets toxiques, pourquoi dès lors ne pas leur déléguer aussi, en externalisant la gestation, la production de nos héritiers? D'autant qu'avec la concurrence de l'Ukraine, il paraît que les prix baissent... Huxley l'avait cauchemardé, nous sommes en train de le réaliser.

Vous citez cette phrase de Camus: «Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse». Vous définiriez-vous comme des conservateurs?

Non, si cela signifie passéistes ; oui, si cela signifie légataires. Qu'allons-nous faire du monde que nous avons reçu en partage? Je ne veux pas que mes enfants puissent un jour me reprocher d'avoir sacrifié leur avenir à mon confort, de leur avoir laissé un monde irrespirable, par indifférence, aveuglement, égoïsme. Quand les jeunes «écologistes» s'enorgueillissent de faire une «politique sans conservateurs», que croient-ils subvertir? Le système économique actuel, fondé sur le productivisme à tous crins, dilapide nos ressources naturelles, saccage nos écosystèmes, met en concurrence les travailleurs du monde entier: il n'a en effet rien de conservateur. Il prospère sur ses propres ravages. L'abus de pesticides vous a rendu stérile? Qu'importe, nous vous proposons une PMA à des prix défiant toute concurrence! Vous êtes déprimé parce qu'une machine a pris votre travail? Prenez donc des cachetons! Et si ça ne suffit pas, promis, on vous vendra pas cher la corde pour vous pendre...

Face à cette surenchère démente, à quoi sert l'écologie si ce n'est à justement à briser l'idole des faux progrès, à dire stop: où voulons-nous aller? N'y a-t-il d'autre voie que cet impérialisme de l'artificiel qui nous mène tout droit au «meilleur des mondes» d'Huxley?Hélas, nos petits marquis progressistes d'EELV haïssent moins les conservateurs chimiques qui finissent par empêcher nos cadavres de se décomposer (nécessitant en retour un produit dissolvant!), que les consciences critiques qui, refusant d'appeler progrès une nouvelle aliénation, de confondre émancipation et déracinement, s'efforcent d'empêcher que le monde ne se défasse...

Veiller sur l'avenir, ce n'est pas regretter le passé, encore moins l'idéaliser, c'est témoigner de tout ce qui dans

« Ce n'est pas d'un dimanche à la campagne que nous avons besoin, mais d'une vie moins artificielle ».Bernard Charbonneau

l'expérience humaine mérite d'être transmis, vivifié et enrichi par chaque génération. Nous ne sommes pas nés par hasard, par «génération spontanée». La culture dont nous héritons nous façonne et nous oriente. Elle nous éclaire sans nous contraindre. Ainsi, face au cercle vicieux d'une agriculture intensive à base d'engrais et de pesticides qui produit de fort rendements mais épuise les sols, menace la santé humaine et pollue nos écosystèmes, redécouvre-t-on peu à peu les vertus d'une agriculture vivrière traditionnelle fondée entre autres sur la polyculture et la jachère. Conserver le monde, ce n'est pas le mettre en conserve, c'est le préserver pour mieux le partager!

Tout le monde est assez d'accord pour déplorer les effets de la mondialisation, du réchauffement climatique à l'effondrement du Rana Plaza. Certes, contrairement à d'autres, vous déplorez dans votre livre les effets ET les causes. Mais que proposez-vous concrètement pour sortir de ce modèle?


Tant mieux si petit à petit, devant la réalité, certains mirages s'estompent! Mais il y a encore du travail pour «dépolluer» nos imaginaires des slogans publicitaires qui nous vendent un monde sans limites, nous bercent d'illusions en flattant notre ego. Pour bien agir, commençons par arrêter de croire aux solutions miracle ou aux hommes providentiels. C'est de prudence et de patience que nous manquons le plus. Nous avons d'abord besoin de retrouver chacun, personnellement, un rapport plus sain au monde qui nous entoure. Et comme le disait déjà Bernard Charbonneau, «ce n'est pas d'un dimanche à la campagne que nous avons besoin, mais d'une vie moins artificielle». Nous devons réfléchir à nos modes de vie qui, en l'état, ne sont ni durables ni généralisables. C'est une question de bon sens et de justice. Agissons d'abord à notre échelle en privilégiant proximité et qualité, circuits courts, petits commerces, etc. La vraie politique commence là, à travers des engagements quotidiens, familiaux, culturels, associatifs... Reste l'inévitable question des partis. On peut estimer urgent de rénover de l'intérieur les grands partis pour y diffuser ses idées, ou d'en soutenir de nouveaux, issus de la société civile. On peut aussi relire Simone Weil et sa Note sur la suppression générale des partis politiques, et penser que ce sont de vieilles choses, que ce mélange de cynisme électoral, de caporalisme bien-pensant et de manipulation médiatique est dispensable, bref, qu'il faut inventer à long terme une nouvelle manière d'organiser la vie commune. Tout cela n'est d'ailleurs pas inconciliable. Mais je crois qu'il est sage de commencer par travailler au niveau local, humblement, loin des honneurs et des sirènes médiatiques, avant de postuler à quelque responsabilité que ce soit. De cette base solide seule jailliront les élites dévouées dont la France a besoin - et qu'elle mérite.

Source: Le Figaro

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"Les Veilleurs" (20 Avril 2013)

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Veilleurs : «Le refus de la limite nous déshumanise»

" L’écologie humaine : vers une mutation culturelle ?" par Tugdual Derville
Halte au narcissisme du corps  
"La révolte des masses" - d' Ortega Y Gasset
Les nouvelles technologies vont-elles réinventer l' homme ?


"Notre République" par Charles Vaugirard
La Laïcité, 4éme devise de la République pour Mr Olivier Falorni !!!!Lettre de Mgr Aillet (MANIFPOURTOUS , Bioéthique , Gender , Euthanasie Morale Laïcque...)"Tomber la culotte" ET "morale laïque" de Vincent Peillon à l' école Chiara Petrillo: "OUI à la VIE"L' état doit il avoir une éthique ? La loi est elle pédagogique et donc oriente elle vers le bien ?Démocratie "entre" Loi civil et loi morale
Extrait de l' Evangile de la Vie (Evangelium vitae)
Loi naturelle et loi civile: 1-"un mariage de raison"La voix éloquente et claire de la ConscienceChronique libre: "De l'ordre moral à l'ordre infernal"
"Laïcité de l'Etat, laïcité de la société ?" - Conférence du Cardinal Ricard
La voix éloquente et claire de la ConscienceConscience morale: "Les chrétiens au risque de l'abstention ? "
La liberté de conscience et religieuse menacée aux États-Unis
Cardinal André XXIII - Extrait " Vision actuelle sur la Laïcité (KTO) "
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie I)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie II)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie III)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie IV)
"La laïcité à la française " une analyse de Mgr Jean-Louis Bruguès
La voix éloquente et claire de la ConscienceQuand l' Eglise interpelle les consciences....pour 2012

jeudi 3 juillet 2014

"Jeunesse Lumière à 30 ans" JL30 avec le Père Daniel Ange





VIDEOS de l' inter JL30

Les JT de JL30


"coup de gueule et coup de chapeau du Père DanielAnge "

Dominique Humbrecht : " À défaut d'avoir précédé, nous (L'Église de France) 
    pouvons encore suivre. Nous sommes acculés à l'exemplarité culturelle."

"Cathos et rebelles" ( via Le Figaro 18 Avril 2014)

"Les Veilleurs" (20 Avril 2013)

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Interview du Père Daniel Ange sur Radio Notre Dame:


Les Veilleurs (Avril 2013)






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Cardinal André XXIII - Extrait " Vision actuelle sur la Laïcité (KTO) "
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie I)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie II)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie III)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie IV)

"La révolte des masses"  - d' Ortega Y Gasset
Adieu Benoît XVI - Livre d' Or (ici
Dans les combats, "Mes Armes"  - faisons les nôtres ... (Ste Thérèse de l' enfant Jésus)
"DIVINI ILLIUS MAGISTRI"  LETTRE ENCYCLIQUE  DE SA SAINTETÉ
LE PAPE PIE XI  SUR L'ÉDUCATION CHRÉTIENNE DE LA JEUNESSE
                                            (Observatoire Sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon)
"Notre République" par Charles Vaugirard
                    oriente elle vers le bien ?
                    Extrait de l' Evangile de la Vie (Evangelium vitae)




jeudi 12 juin 2014

Homélie de Mgr Marc Aillet à Notre Dame de Chartres (clôture du pèlerinage)




Texte du sermon prononcé à Chartres par Mgr Marc Aillet lors de la messe de clôture du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté 2014. Durant son homélie, l'évêque de Bayonne a exhorté les fidèles à s'engager en politique, "forme éminente de la charité… et de l’évangélisation".

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, Amen.

Je veux d’abord remercier son excellence Mgr Michel Pansard, évêque de Chartres de m’accueillir ainsi que vous tous, dans sa belle cathédrale dédiée à la Vierge Marie.

Et c’est une grande joie pour moi de présider cette messe de clôture de votre beau pèlerinage, non seulement pour me plonger dans votre ferveur pleine de ces trois jours de prière, de réflexion et aussi d’effort, de pénitence même que vous venez confier à la Vierge Marie. Et aussi moi-même comme pèlerin, pour confier particulièrement à Notre Dame, mon diocèse, la consécration solennelle au Sacré Cœur de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie que j’ai accomplie avec de nombreux prêtres et fidèles hier en la fête de la Pentecôte.

Ce n’est pas seulement une messe de clôture mais une messe d’envoi en mission, vous venez en effet de confier à la Vierge Marie qui vous accueille ici, ces trois jours de pèlerinage, ces trois journées de prière, de méditation, où vous vous êtes aussi délestés de tout ce qui vous encombre dans votre vie ordinaire pour recentrer votre existence sur Dieu.

Magnifique démarche que vous accomplissez aujourd’hui où vous allez aussi confier à la Vierge Marie l’engagement que vous voulez prendre au terme de ce temps fort de votre vie chrétienne. En particulier votre engagement dans la cité, car c’est bien le thème de votre dernière journée de pèlerinage sous le patronage de saint Thomas More : ce grand homme d’État du XVIe siècle, laïc, qui voulut par une conscience éclairée par la foi « obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». Ils sont nombreux encore aujourd’hui, ceux qui payent cher leur fidélité à la voix de leur conscience, à la voix de la Vérité, et nous voulons particulièrement ce soir les envelopper dans notre prière.
"Une forme éminente de la charité"

La politique, au sens noble du mot, si elle est recherche incessante d’un ordre social juste, si elle est orientée vers le bien commun, est une forme éminente de la charité, comme l’ont dit tous les papes récents jusqu’à notre pape régnant, le pape François.

Je sais bien la défiance et le désamour pour la chose publique, pour la politique, qui gagne aujourd’hui un nombre croissant de nos concitoyens à cause de la tentation de l’intérêt et du pouvoir qui traverse sans cesse avec ces affaires notre vie politique en France. Et pourtant l’engagement politique fait partie intégrante de la mission des catholiques. La tâche qui vous est dévolue à vous particulièrement fidèles du Christ, laïcs, de l’animation chrétienne des réalités temporelles, de votre propre initiative et de façon autonome, comme le rappelle le concile Vatican II à la lumière de la foi et de l’enseignement de l’Eglise. Mais encore faut-il que cet engagement politique soit resitué par rapport à la primauté de Dieu dans la vie de l’homme.

C’était en effet le thème général de votre pèlerinage : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. » Toute la vie et toute l’activité de l’homme doivent être rattachées à cette Vérité du commencement : la primauté de Dieu dans la vie de l’homme. N’est-ce pas ce sens que nous devons donner à cette parole de Jésus dans l’Évangile : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Parce que nous sommes marqués au plus intime de nous mêmes par l’effigie de Dieu. Nous qui avons été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, c’est le fondement même de la dignité humaine, nous appartenons davantage à Dieu qu’à César.

Si le bien commun qui est confié dans la cité à César dont l’autorité est légitime et qui trouve son fondement ultime en Dieu même est une fin dernière, la fin dernière de la société humaine, elle reste subordonnée à la fin dernière surnaturelle de tout homme qui est capable de Dieu et qui est fait pour Dieu.

Le bien commun, qui n’est pas seulement la somme des biens particuliers, mais qui est le bien que tous peuvent rechercher en commun, parce que seul il peut garantir la dignité de toute personne humaine sans acception de personne à commencer par la plus petite, la plus faible, la plus fragile, a été défini par saint Jean XXIII comme « l’ensemble des conditions économiques, sociales, culturelles, morales, intellectuelles, spirituelles, qui permettent dans la société à tout homme sans exception de rechercher sa fin dernière surnaturelle ». D’où la primauté de l’adoration dans la vie de l’homme, d’où la priorité de la prière pour le chrétien qui s’engage au service du bien commun dans la Cité. Comme disait Marthe Robin, l’action, et en particulier l’action politique déborde toujours de la prière. Comme nous disait le pape François dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium sans des moments prolongés d’adoration eucharistique, de lecture priante de la parole de Dieu, de dialogue sincère avec le Seigneur, nos tâches se vident facilement de sens. Nous nous décourageons à cause de la fatigue et des difficultés et la ferveur s’éteint.
Dans le contexte de l’évangélisation

Il faut encore chers amis, chers frères et sœurs, que votre engagement politique, vous qui êtes chrétiens, qui appartenez à l’Eglise du Christ, doit être resitué dans le contexte de l’évangélisation, cette mission spécifique de l’Eglise et des chrétiens, qui a été confiée par Jésus à ses apôtres, et qui a commencé au jour de la Pentecôte où la promesse de Jésus à Ses disciples s’est accomplie : « Vous recevrez une force venue d’En-Haut, l’Esprit Saint viendra sur vous et vous serez Mes témoins. »

L’Eglise existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour rendre témoignage à la Vérité. Comme le Christ le dit lui-même dans son procès inique devant Pilate : « Je suis né, Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité. »

Et la Vérité, vous le savez bien, n’est pas seulement une idée, un slogan, une idéologie, une opinion, mais c’est une personne : « le Christ Jésus ». Non seulement nous devons rendre témoignage à la Vérité, qui est le Christ Fils de Dieu mort et ressuscité pour sauver tous les hommes, mais aussi la vérité sur l’homme, c’est-à-dire sur le mariage, sur la famille, sur le bien commun de la société sous toutes ses formes.

Comme le disait le concile Vatican II dans sa constitution pastorale Gaudium et Spes : « Le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe Incarné. Le Christ Jésus, en nous révélant le Père et Son amour, révèle l’homme à lui-même et l’éminence de sa dignité, Jésus qui est le chemin de l’homme. » Saint Jean Paul II disait que « l’homme est la route de l’Eglise, parce que l’Eglise doit aller à l’homme pour le sauver tout entier ». Mais le Christ est le chemin de l’homme, Lui seul peut dire : « Je suis le chemin, la Vérité et la Vie. », le chemin qui mène à la Vérité tout entière, pas une vérité partielle mais la Vérité qui embrasse la totalité de l’existence humaine, pas une vie médiocre ou au rabais, mais la vie pleine dont le Christ nous a montré le chemin et qui s’épanouira dans la vie éternelle.
Quelle est notre mission ?

Chers amis, votre première mission est l’engagement politique inscrit dans cette mission d’évangéliser. Comme disait le pape François dans son exhortation La joie de l’Évangile : « S’il y a bien quelque chose qui doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la lumière, la force, la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. » Et cette mission d’évangélisation qui intègre les catholiques en politique, cette mission d’évangélisation doit encore être éclairée par l’Évangile d’aujourd’hui qui nous dit quelque chose sur notre rapport au monde.

Vous avez entendu l’Évangile, Jésus dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il nous a envoyé Son Fils unique dans le monde. Pour que tout homme qui croit ne se perde pas mais ait la vie éternelle. Le Fils de Dieu est venu dans le monde non pas pour juger ou condamner le monde mais pour que par Lui, le monde soit sauvé. » Rappelez-vous ce que Jésus dit dans la prière sacerdotale au chapitre XVII de saint Jean, lorsqu’Il prie Son Père, non pas de les retirer du monde mais de les garder du mauvais. Jésus nous a envoyé dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité, pour annoncer l’Évangile.

Nous ne sommes pas naïfs, chers frères et sœurs, au point de croire que la frontière entre le monde dans lequel nous sommes envoyés, et la Vérité dont nous avons à rendre témoignage, passe à l’extérieur de nous, comme si nous nous étions des justes et les autres étaient des pécheurs, mais cette frontière entre le monde et la Vérité passe à l’intérieur de notre propre cœur qui a toujours besoin d’être purifié. C’est la conversion du cœur qui donne tout un sens à cette démarche de pèlerinage que vous venez d’accomplir, qui est la source de notre mission d’évangélisation et de sa fécondité, qui est la source de votre engagement dans la cité. Nous avons toujours besoin d’être purifiés dans notre raison par la foi. Nous avons toujours besoin d’être réveillés dans les forces morales et spirituelles de notre vie pour être non pas efficaces à la manière des hommes mais pour être féconds à la manière de Dieu.

Voyez chers frères et sœurs, si Romano Guardini, ce grand théologien allemand, auquel se référait si souvent notre pape émérite Benoît XVI, a pu dire : « L’Eglise se réveille dans les âmes, parce que l’Eglise c’est la vie de Dieu dans les âmes qui a été instaurée en nous par la grâce du Saint Esprit donnée à ceux qui croient au Christ », on pourrait ajouter la politique, l’engagement politique se réveille et doit se réveiller dans la conscience. C’est pourquoi, j’ai été, chers frères et sœurs, très attentif l’an dernier à cette grande mobilisation de centaines de milliers de citoyens français dont de très nombreux jeunes et familles de la génération Jean Paul II, et vous en êtes, qui sont descendus dans la rue, non pas au nom de revendications catégorielles, mais pour promouvoir le bien commun et défendre le mariage et la famille, cellule de base de toute société humaine. Le mariage fondé sur l’union stable d’un homme et d’une femme, ouverts à la vie pour en garantir la filiation, c’est la Vérité du commencement. Au commencement où Dieu créa l’homme à son image, homme et femme, Il les créa. J’ai parlé pour ma part à travers cette mobilisation, d’un printemps des consciences.
Soyons des veilleurs

Et je pense en particulier à ce très beau fruit, de cette mobilisation qu’est le mouvement des Veilleurs qui me fait toujours penser à cette parole de saint Jean Paul II commentant l’appel de Jasna Góra, vous savez, cette prière prononcée, chantée devant la Vierge Noire de Czestochowa, le lieu d’unité d’un peuple, de sa résistance spirituelle au communisme athée, et qui en eut même raison, cet appel de Jasna Góra : « Je suis près de toi, je me souviens, je veille ». Saint Jean Paul II, le 14 août 1991 à Czestochowa pour la veillée des Journées mondiales de la jeunesse, commentait en français ce « je veille » : « Que veut dire “je veille” ? Cela veut dire : “Je suis un homme de conscience, j’appelle le bien : bien, le mal : mal, je cherche à combattre le mal en moi et à promouvoir le bien en moi”. »

Chers frères et sœurs, soyez des veilleurs. La politique se réveille dans la conscience purifiée, éclairée par la foi, formée par l’enseignement social de l’Eglise pour que cette conscience, qui d’instinct se tourne vers le bien et le bien commun de la société, qui est une vraie fin dernière de la cité des hommes, soit affermie en vertus. Le monde a besoin aujourd’hui de chrétiens qui s’engagent en politique. Il a besoin d’hommes et de femmes vertueux. Il a besoin de saints pour restaurer la juste politique et permettre à tout homme de rechercher sa fin dernière, surnaturelle, qui est en Dieu.

Amen !


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Cardinal André XXIII - Extrait " Vision actuelle sur la Laïcité (KTO) "
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie I)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie II)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie III)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie IV)

"La révolte des masses"  - d' Ortega Y Gasset
Adieu Benoît XVI - Livre d' Or (ici
Inauguration de la statue de Jean-Paul II par Monsieur le Sénateur Gérard COLLOMB
Dans les combats, "Mes Armes"  - faisons les nôtres ... (Ste Thérèse de l' enfant Jésus)
"DIVINI ILLIUS MAGISTRI"  LETTRE ENCYCLIQUE  DE SA SAINTETÉ
LE PAPE PIE XI  SUR L'ÉDUCATION CHRÉTIENNE DE LA JEUNESSE
                                            (Observatoire Sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon)
"Notre République" par Charles Vaugirard
                    oriente elle vers le bien ?
                    Extrait de l' Evangile de la Vie (Evangelium vitae)




dimanche 4 mai 2014

Dominique Humbrecht : " À défaut d'avoir précédé, nous (L'Église de France) pouvons encore suivre. Nous sommes acculés à l'exemplarité culturelle."





 Un an après le vote de la loi Taubira sur le mariage pour tous, le père Thierry- Dominique Humbrecht revient sur le mouvement des Veilleurs et sur ce qu'il révèle de l'évolution de notre société et de l'Eglise en France.



Thierry- Dominique Humbrecht est un religieux dominicain, écrivain, théologien, philosophe, lauréat de l'Académie des sciences morales et politiques.

Dans l'Église de France, des jeunes se sont levés, pendant que s'asseyaient leurs aînés, quand ils ne se couchaient pas. Peut-on interpréter les événements? Le monde culturel et politique fait assaut d'aveuglement et de surdité, à mesure que la réalité lui échappe. Est-ce par entêtement ou bien par défaut d'analyse? Qu'en est-il des chrétiens?

La déconstruction, pauvreté des riches

La génération post-soixante-huitarde cultive le goût de la déconstruction, démolition systématique de la civilisation qui l'a enfantée. Subversion tout confort, de gauche comme de droite, entre élitisme des beaux quartiers et tiers-mondisme mondain. Elle met tout en péril mais ne risque rien. Pour disserter sur les pauvres, il faut disposer de tous les atouts de la richesse, sans se croire obligé de rencontrer ceux dont on parle. Pour priver les humbles de culture, il faut détenir les clefs du pouvoir culturel. Par ses gesticulations, l'oligarchie en déclin fait étalage de ses richesses, devant les contribuables médusés.

Ce petit monde coupé de tout paie cher son mépris, «absorbé dans sa graisse et dans ses ténèbres», comme le disait Saint-Simon du fils de Louis XIV. Les nouvelles générations s'en détournent. Non par réaction, elles sont privées des instruments permettant d'y parvenir. Pour objecter, il faut être cultivé. Elles ne tuent pas le père, elles n'en ont pas eu. Elles ne sont même pas bobophobes, puisque nourries depuis le berceau de culture bobote, la seule autorisée en démocratie. L'idéologie monochrome les a privées de capacité pluraliste. Ignorantes des postures de leurs aînées, ces jeunes planètes s'éloignent, le cosmos se vide.


Ce petit monde coupé de tout paie cher son mépris, « absorbé dans sa graisse et dans ses ténèbres », comme le disait Saint-Simon du fils de Louis XIV. Les nouvelles générations s'en détournent. Non par réaction, elles sont privées des instruments permettant d'y parvenir. Pour objecter, il faut être cultivé. Elles ne tuent pas le père, elles n'en ont pas eu.

L'ouverture murée

Dans l'Église de France, qu'en est-il? Parfois, on se prend à tracer, malgré soi, des parallèles. Pas pour la richesse des élites, encore moins pour le snobisme de caste, ni a fortiori pour le mépris des pauvres. Mais pour la grisaille du discours, l'éloignement culturel, et, curieusement, pour la faiblesse des instruments d'analyse du présent.

Nos générations ont été soûlées de slogans, aussi assénés que privés d'explications ; par exemple, la nécessité pour les chrétiens de «l'ouverture au monde». Mais si les chrétiens doivent s'ouvrir au monde, c'est qu'ils n'en font pas partie. Ce vent d'optimisme autoproclamé se fonde sur un pessimisme révoltant. Récusons cette mode complexée, et dans l'Église les modes sont longues. Comme si les chrétiens, en panne de fécondité, se mettaient à la remorque des idées des autres et peut-être surtout de la reconnaissance de ceux qui ne les aiment pas.

Le pire est que l'incantation de l'ouverture, plombée et plombante, comporte une part de vérité. Or cette vérité risque de vaciller, si les chrétiens perdent les instruments de leur immense culture. Pour comprendre le monde, il faut l'étudier. Étudier, c'est lire, donc écouter, discuter à égalité, discerner au nom de l'Évangile, puis expliquer ce qu'on a compris.

La philosophie s'est voulue critique. Étudions-la et devenons critiques. Pas seulement envers nous-mêmes, mais aussi à front renversé, envers les produits dérivés et même falsifiés qu'assène la culture postmoderne.

L'intelligence au pouvoir

Sont apparus des débats publics qui mettent en jeu la personne humaine, l'amour, Dieu. Où sont les dossiers philosophiques et théologiques solides et nuancés, parus à cette occasion ou surtout par anticipation? Les intellectuels qui ont préparé les lois s'y livraient au grand jour depuis Michel Foucault - pas plus d'un demi-siècle. Promener sur les boulevards son droit au courage, c'est bien. Critiquer ceux qui le font est également un droit. C'est aussi nier leur courage, celui qui brave la pensée unique, et les rejoindre à égalité dans l'absence de parole culturelle.

Les chrétiens marginalisent leurs penseurs, alors qu'ils en ont, ou bien ne réfléchissent pas aux conditions de leur reproduction. L'Église de France a pris l'habitude de déléguer à des non-croyants le soin de penser le domaine du religieux, comme par un constat d'impuissance à s'y livrer elle-même. Elle commence à regretter son anti-intellectualisme et son déracinement doctrinal (toutes catégories spirituelles confondues, y compris les Ordres religieux qui jadis se piquaient d'intellectualité). Si la confrontation culturelle n'est pas au compte de nos priorités, elle se fera mais sans nous.

Veilleurs et éveilleurs

Quel discours puissant et transportant les chrétiens, laïcs comme clercs, offrent-ils aux jeunes générations? «La foi ne s'enseigne pas», nous a-t-on enseigné doctement. Elle ne l'a pas été, merci. Au sortir de cette fabrique d'ignorants, les rangs se sont éclaircis.

Pourtant, voici que des jeunes catholiques surgissent, nul ne sait comment. Les Veilleurs ont veillé, dignes, lumineux, mal soutenus, grands dans leur petitesse et leur non-violence. Les policiers en étaient bouleversés, sans avoir le droit de dénoncer la répression à laquelle ils étaient mêlés. L'Église sait-elle encore lire les signes des temps, même avec des lunettes à triple foyer?

Beaucoup de ces jeunes pressentent qu'ils doivent parler, leurs aînés leur laissant mutisme ou hébétude. Hélas, à défaut de colonne vertébrale culturelle, ils risquent de se raccrocher à l'action, action souvent sans formation, donc à courte vue. Le moment est venu de la profondeur. Maritain l'appelait la «sainteté de l'intelligence».

À défaut d'avoir précédé, nous pouvons encore suivre. Nous sommes acculés à l'exemplarité culturelle.


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Dominique Humbrecht : " À défaut d'avoir précédé, nous (L'Église de France) 
    pouvons encore suivre. Nous sommes acculés à l'exemplarité culturelle."

"Cathos et rebelles" ( via Le Figaro 18 Avril 2014)

"Les Veilleurs" (20 Avril 2013)

"La collaboration confiante entre école et famille au sein de la communauté
 éducative doit protéger les élèves de toute instrumentalisation.
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                          et les modèles alternatifs à l'exception française"
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"Tomber la culotte" ET "morale laïque" de Vincent Peillon à l' école 
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Loi naturelle et loi civile: 1-"un mariage de raison"

"Laïcité de l'Etat, laïcité de la société ?" - Conférence du Cardinal Ricard  

Cardinal André XXIII - Extrait " Vision actuelle sur la Laïcité (KTO) "

( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie I)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie II)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie III)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie IV)


lundi 21 avril 2014

"Cathos et rebelles" ( via Le Figaro 18 Avril 2014)





Une nouvelle génération est née chez les catholiques français. Pleinement engagée sur les questions de société, à l'instar du mariage pour tous, elle provoque le débat jusque dans la hiérarchie de l'Eglise.

L'Eglise de France traîne une mauvaise conscience. Elle ­regrette d'avoir «perdu» la classe ouvrière au cours du XXe siècle… Mais aujourd'hui, elle pourrait bien avoir perdu sa propre jeunesse! La cécité d'une partie des évêques à ne pas lire ce que leur vocabulaire appelle pourtant les ­ «signes des temps» est accablante. Depuis des mois, en ­effet, des catholiques de base, jeunes ou vieux, essentiellement des ­familles, se sont mobilisés par centaines de milliers face à des évolutions de société voulues par le pouvoir socialiste. Cependant certains prélats, et non des moindres, font mine de ne pas voir ce mouvement…

Une partie des évêques a certes compris et accompagné cette indignation massive en encourageant ouvertement la résistance, et en allant même manifester en personne. Mais une autre, dont l'actuelle direction de l'épiscopat français, est restée sur la réserve. En considérant que l'enjeu-la survie ou la disparition de la cellule familiale composée d'un homme et d'une femme et de ses enfants-ne ­valait pas ce dérangement. Pour trois raisons. L'Eglise, selon eux, avait d'abord tout à perdre, en termes d'image, dans ce combat «perdu d'avance» et d'arrière-garde, parce qu'il importerait, aujourd'hui, de «faire avec» l'évolution de la société. En s'engageant, l'Eglise risquait ensuite, d'après eux, de se faire récupérer, dans un combat purement politique, par la droite et l'extrême droite. Certains évêques, enfin, plutôt bienveillants pour le gouvernement socialiste, ne voulaient pas gêner son action, considérant la question du mariage homosexuel comme un débat de société mineur.

Seul problème:en composant avec le politiquement correct, ces évêques perdent leur crédit chez une partie des catholiques, surtout chez les jeunes qui, loin d'être «réacs», sont devenus d'authentiques «rebelles». Des insoumis «intérieurs» qui n'entrent dans aucune catégorie politique, encore moins celles de l'extrême droite. Mais qui comprennent mal pourquoi la hiérarchie catholique est si réticente à s'engager franchement sur les grands sujets de société, préférant se réfugier dans le non-dit plutôt que de mettre sur la table les désaccords qui ­divisent entre eux les évêques.
A Lourdes, les évêques se sont vivement expliqués

Sauf que, le 8 avril dernier, un petit ­miracle s'est produit à Lourdes. Réunis à huis clos lors de leur assemblée de printemps, les évêques de France se sont enfin expliqués«très franchement», selon leur porte-parole, Mgr Bernard Podvin, sur les sujets qui les divisent ­depuis deux ans.

La goutte qui fit déborder le vase épiscopal fut l'«affaire Brugère». Le 19 mars dernier, cette philosophe, disciple de ­Judith Butler-la papesse américaine de la théorie du genre-était l'invitée de la conférence des évêques, à Paris, pour une journée de formation des responsables diocésains de la pastorale familiale… Fabienne Brugère devait certes s'exprimer sur le care, le «soin» à porter aux autres, une de ses spécialités, et non pas sur le genre.

Mais le fait qu'elle ait été choisie par la directrice du service ­Famille et Société de la conférence des évêques, Monique Baujard, fut perçu, à juste titre, comme une véritable provocation par plusieurs évêques et délégués diocésains. La polémique s'enflamma au point que cette conférence fut déprogrammée par l'évêque en charge de la ­famille, Mgr Jean-Luc Brunin, qui avait toutefois couvert cette invitation. Ce qui ouvrit alors un autre incendie: les ­tenants de «l'ouverture» accusèrent les protestataires de refuser le dialogue avec la société, certains dénonçant une «reculade» de l'épiscopat devant une «extrême droite» infiltrée dans l'Eglise via la Manif pour tous!

On aurait pu penser que ce manque de discernement, de la part du service ­Famille et Société de l'épiscopat, conduise à des changements. Il n'en a rien été. Non seulement Monique Baujard a prévenu que ce recul représentait un «pas de côté et non un pas en arrière», une étape stratégique, donc, pour poursuivre, à l'intérieur de l'Eglise, le travail visant à amener les fidèles à aborder autrement les questions familiales. Mais à ­Lourdes, Mgr Brunin, président du conseil Famille et Société de l'épiscopat, dont le mandat arrivait à échéance, a été reconduit pour un nouveau mandat par ses pairs.
Des évêques distants vis-à-vis de la Manif pour tous

Depuis le remplacement du cardinal André Vingt-Trois, en avril 2013, par Mgr Georges Pontier, à la présidence des évêques, une nette distance s'est installée vis-à-vis des acteurs de la mobilisation contre le mariage gay.

La discussion franche de Lourdes, le 8 avril, n'a rien changé. Si les évêques partent du même constat - la famille classique est battue en brèche par les évolutions de société -, les uns, comme les cardinaux Vingt-Trois et Barbarin et beaucoup d'évêques, tels Mgr Brouwet et Mgr Rey, pensent que c'est une raison de ne pas baisser les bras;d'autres, comme Mgr Brunin, estiment que l'Eglise ne doit plus privilégier une vision unique de la famille, mais prendre en compte toutes ses formes en les mettant sur même plan. Cette prudence, voire cette peur, la jeune génération des catholiques français ne la comprend pas.

Engagée depuis un an et demi contre la loi Taubira, elle a inventé de nouveaux moyens de mobilisation, aiguillonnée par un gouvernement qui a commis l'erreur d'enfiler des gants de boxe pour lutter contre un judoka:en clouant violemment au sol ces jeunes ­cathos, il a éveillé en eux une conscience citoyenne. Mais cette génération n'est pas née de manière spontanée au cours des manifs de ces deux dernières années. Elle vient de beaucoup plus loin.

Car la clé de cette génération inédite n'a d'autre nom que l'intériorité… Rebelles éthiques, ces jeunes solidement établis puisent leur oxygène dans une oasis intérieure de… prière et de culture. Prière? Deux enquêtes, réalisées de ­façon séparée et avec des méthodologies différentes, en 2011, par La Croix et ­La Vie, et qui visaient à dessiner le portrait-robot des jeunes des JMJ sont arrivées au même résultat.

Ce qui fait la force de la génération des jeunes catholiques d'aujourd'hui est que la foi ne s'y est pas transmise à travers les mouvements d'Eglise estampillés Action catholique, mais, à 99 %, au cœur des… familles. Et en particulier à travers les parents qui, eux-mêmes, appartenaient à la fameuse «générationJean-Paul II». Une génération qui avait 20 ans il y a trois décennies, et qui fut marquée à vie par l'élan missionnaire donné à l'Eglise par le pape polonais et par son souci d'encourager les familles chrétiennes.
L'héritage de la génération Jean-Paul II

Les jeunes catholiques actuels ne sont donc pas sortis du pavé parisien. Ils ont reçu et continuent de recevoir de la ­génération précédente une vision de l'Eglise plus unie, plus pacifiée et plus spirituelle, affranchie des vieilles querelles internes des années 1970 entre progressistes et traditionalistes. A la manière de Jean-Paul II, les parents des jeunes d'aujourd'hui ont préféré bâtir, construire, aller de l'avant, découvrant dans l'Eglise une maison pas si ­dépassée que cela, et qui a su adapter tradition et modernité pour une présence renouvelée à la société. En un mot, Jean-Paul II a su redonner aux chrétiens une vraie fierté d'être catholiques. Cet héritage exerce encore des effets concrets.

Du coup, les enfants de cette génération, âgés aujourd'hui de 16 à 30 ans, sont avant tout des pratiquants. Ils le sont à 90%! Ils peuvent ne représenter que 1% des catholiques pratiquants de toute la France, mais ils ne vont pas à l'église le dimanche par habitude ou par réflexe social et culturel:ils s'y rendent pour obéir à une nécessité intérieure. ­

Indice très surprenant, mais très caractéristique de ces nouveaux jeunes catholiques, un nombre significatif d'entre eux-6%-se rend à la messe tous les jours! Le phénomène est certes urbain, mais néanmoins bien réel. Il n'est pas rare de voir dans les églises, en semaine, à côté du stéréotype de la vieille dame ­fidèle à la messe quotidienne, des étudiants en baskets et tee-shirt, cheveux ébouriffés mais à genoux, plongés dans le recueillement…

Car ces jeunes ont quelque chose de mystique. Pour 80% d'entre eux, la foi chrétienne est d'abord une façon de ­vivre «une plus grande proximité avec Dieu». Et, toujours selon ces enquêtes, 77% donnent à l'Eucharistie (la croyance catholique en la «présence réelle du Christ» dans l'hostie, consacrée et consommée au moment de la communion) une place «essentielle» ou «très importante» dans leur vie. Et, puisque cette question de l'Eucharistie est un marqueur catholique, les jeunes de cette génération se sentent «catholiques» à 72% avant d'être «chrétiens». Un même sondage, dans les années 1970, aurait donné un résultat inverse:il était alors de bon ton de se dire «chrétien» avant d'être «catholique».

Ces jeunes, enfin, dans une moindre proportion, mais toutefois majoritaires, se disent à l'aise, pour 58% d'entre eux, avec l'enseignement moral de l'Eglise catholique. On retrouve donc là, presque trait pour trait, le profil d'une génération qui ne serait plus celle de Jean-Paul II, pape que ces jeunes ont connu comme un vieillard, mais une authentique «génération Benoît XVI», identifiée catholique et soucieuse de mener une vie spirituelle approfondie autour du mystère de l'Eucharistie, deux axes ­majeurs du pape allemand.

Cette confiance dans l'Eglise s'exprime aussi fortement, aux yeux de cette génération, à travers la figure du prêtre. Si on leur demande, par exemple, de citer «une personne de référence», ils sont 62% à citer le nom d'un prêtre! Apparaît là-à côté de leurs parents-une seconde ­filiation. Cette génération n'existerait pas et ne serait pas aussi convaincue sans le témoignage de prêtres, qui ont aujourd'hui entre 30 et 50 ans et qui ­furent eux-mêmes touchés par le pontificat de Jean-Paul II. Il faut en effet une petite dizaine d'années pour «faire» un prêtre. Le clergé «Benoît XVI», si l'on peut dire, pape élu en 2005, commence seulement à sortir des séminaires. C'est donc bien le clergé «Jean-Paul II» qui, depuis une bonne vingtaine d'années, est à la manœuvre.

Ces prêtres sont moins nombreux que leurs prédécesseurs, mais ils déplacent les montagnes. Il faudrait citer des centaines de noms. Ainsi le père Ronan de Gouvello, qui a réveillé le sanctuaire deRocamadour en inventant des formules attractives de pèlerinages pour les jeunes. Ainsi l'abbé Pierre-Hervé Grosjean, fondateur, avec deux confrères, du site Padreblog, mais surtout créateur de l'université d'été Acteurs d'avenir, qui attire des dizaines d'étudiants avides d'un regard chrétien sur la société. Ainsi le père Alexis Leproux, fondateur du groupe Even, qui, chaque lundi soir, dans la nef bondée de l'église Saint-Germain-des-Près, ­propose une catéchèse systématique de la foi catholique.
Parmi les Veilleurs, les cathos sont nombreux

Par ces prêtres, des milliers de jeunes bénéficient d'une formation continue de la foi et sont incités à traduire celle-ci en acte. Car ces jeunes cathos, avant tout spirituels, font aussi la preuve de leur capacité et de leur volonté à s'engager dans la société, comme l'a démontré par exemple le mouvement desVeilleurs. L'un des leaders, Gaultier Bès de Berc, issu de l'Ecole nationale supérieure, est agrégé de lettres. Pendant les veillées, il a lu Antonio Gramsci (1891-1937), cet Italien qui fut l'un des grands théoriciens du marxisme et qui avait compris que la lutte politique la plus efficace passait par la culture et les idées.

Cette arme redoutable a donc été ­maniée, avec brio et sans agressivité, par ces jeunes cathos. «Nous voulons agir dans la culture», confirme Axel Rokvam, cofondateur des Veilleurs, mouvement dont le but est de «susciter une révolution intérieure et spirituelle» en récusant «toute étiquette politique» et sans mélanger les genres, respectant la laïcité. C'est ainsi que ces milliers de jeunes Veilleurs-il existe 200 groupes actifs en France-n'ont jamais fait profession d'une ­appartenance religieuse.

Spirituelle et cultivée, cette nouvelle génération qui s'affirme catholique sans aucun complexe dérange une partie des évêques, mais elle se sent ­libre vis-à-vis de la hiérarchie. Elle ­intéresse les partis politiques, en particulier à droite, mais elle aime son ­indépendance.Dénuée de leader officiel, elle se défie des querelles de chefs, comme celle qui a agité la Manif pour tous. Bien que minoritaire, elle apparaît comme un signe avant-coureur d'un possible réveil du catholicisme en France. Convoitée, surprenante, inspirée, cette génération d'insoumis est une pépinière de talents. Elle n'a pas dit son dernier mot.


Source: LeFigaro

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