vendredi 5 juin 2015

"la Convention européenne des droits de l’homme proclamée en 1950 tourne une page dans l’histoire des droits de l’homme en Europe" Gregor Puppinck



Communiqué des avocats des parents de Vincent Lambert (23 juillet) *

"Vincent Lambert : pour quelles raisons n’avait-il pas, depuis 2008, 
                                                                                               de «représentant légal» ?*

Réaction d' AllianceVITA: *

"Le monde des soins palliatifs peut-il accepter une "mise en fin de vie" au nom d'un lourd handicap ?"
                                                         Tugdual derville  (23Juillet 2015 ) *


"Aujourd’hui le visage le plus fragile de notre société se prénomme Vincent."
                                                         Evêques de Rhône-Alpes   (21Juillet 2015 ) *

Jean-Yves Nau: " Vincent Lambert : deux médecins soudain confrontées 
                                         aux affres du «conflit d’intérêts»      (17 Juillet 2015 ) *

Les parents de Vincent Lambert portent plainte pour "tentative d'assassinat"
                                                                                                      (16 Juillet 2015 ) *

Maître Paillot : "Demande en révision faite à la CEDH concernant vincent Lambert "                                                                                                                                                                  (26 Juin 2015 ) *

Gregor puppinck: "Affaire Lambert:
             la CEDH a commis une erreur de droit"(23 Juin 2015 ) *

Tugdual Derville: "Image, pudeur et dignité"                             (11 Juin 2015 ) *

Prise de parole d' Emmanuel Hirsch sur Europe 1                      (10 Juin 2015 ) *

La prise de parole du Cardinal Barbarin sur RTL                         (8 Juin 2015 ) *

"Inconscience des droits de l’homme"  Entretien avec Tugdual Derville
                                         Propos recueillis par Fédéric Aimard       (8 juin 2015) *


Communiqué de Presse de Grégor Puppinck, ECLJ / Affaire Vincent Lambert  
      + Vidéo témoignage de la visite d'un ami à Vincent                    (5 juin 2015) *


"En France, 1700 anonymes sont dans l'état de Vincent Lambert" 
                                                                                                               (4 juin 2015)  *




********** 23 Juillet - Décision du CHU de Reims **************




(Source: Soutien Vincent)



COMMUNIQUE DES AVOCATS DES PARENTS DE VINCENT LAMBERT

La procédure collégiale est terminée.

La seule question reste celle du transfert.

Ce 23 juillet 2015 restera une date importante dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Vincent LAMBERT.

Le 15 juillet 2015, le Dr Daniela SIMON avait annoncé à une partie de la famille le sens de sa décision qui ne faisait plus aucun doute. Nous, avocats, avions terminé à 14 h une requête en référé-liberté et étions prêts à saisir le tribunal.

Mais c’est une heureuse décision qui a été notifiée : le CHU renonce à la procédure collégiale et demande au Procureur qu’un tuteur soit nommé.

Or le seul pouvoir concret du tuteur sera de décider du transfert de Vincent LAMBERT comme nous le réclamons depuis 2 ans. C’est ainsi que le ministre de la Santé Marisol TOURAINE a rapporté les propos du CHU dans un communiqué au sujet des conditions de sérénité qui n’étaient pas réunies pour prendre une décision d’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent LAMBERT.

Vincent LAMBERT ne peut donc pas davantage rester au CHU de REIMS.

C’est une évidence que nous plaidons depuis 2 ans, depuis que la justice a annulé la 1ère décision de provoquer la mort de Vincent LAMBERT le 11 mai 2013. A cette époque, c’est délibérément que l’équipe médicale, dont faisaient déjà partie les Dr Daniela SIMON et Ana OPORTUS, avait décidé de ne pas informer les parents de la mort programmée de leur fils. Depuis le 11 mai 2013, le CHU de REIMS était délégitimé à cause du mépris qu’il avait manifesté envers les parents de Vincent.

Ce que ne dit pas le ministre de la Santé, c’est que le CHU savait parfaitement qu’une nouvelle décision serait annulée en justice dès lors que le Dr Daniela SIMON et le Dr Ana OPORTUS ont comparu officiellement aux côtés de Rachel LAMBERT devant la CEDH. Le conflit d’intérêt était manifeste.

Enfin, de nombreuses autorités scientifiques et morales sont intervenues pour dissuader le CHU de continuer dans cette voie de l’acharnement à vouloir mettre à mort Vincent LAMBERT malgré des mises en cause médicales, déontologiques et pénales graves.

Précisons que Vincent a progressé depuis l’expertise du Conseil d’Etat il y a 16 mois. Il a été filmé en train de déglutir sans difficulté de la nourriture et de l’eau. Un seul médecin a refusé de voir cette vidéo : le Dr Daniela SIMON.

Tous les spécialistes qui ont vu cette vidéo sont formels : il n’est plus dans un état végétatif mais pauci-relationnel et il doit être rééduqué à manger par la bouche.

Cette rééducation se fera désormais dans un établissement où l’on prendra soin de lui. A ce jour, 6 établissements nous ont écrit qu’ils étaient prêts à s’en occuper.

C’est un nouveau départ pour Vincent et sa famille.

                    Jean PAILLOT, avocat                           Jérôme TRIOMPHE, avocat









Blanche Streb


Vincent Lambert – Que l’humanité l’emporte sur la raison d’Etat, et que la justice soit enfin servie par le droit

Alors qu’une décision était attendue ce jeudi 23 juillet et que l’ensemble de la famille était convoquée, le CHU de Reims ne s’est finalement pas prononcé sur l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert.

Le médecin en charge de Vincent Lambert a décidé de suspendre la procédure collégiale placée sous sa responsabilité. Evoquant « des pressions extérieures » les médecins ont annoncé vouloir saisir le procureur pour que soit désigné un représentant légal du patient, pour une forme de mise sous tutelle.

Alliance VITA tient à exprimer un premier soulagement, en espérant que les parents de Vincent Lambert obtiendront un transfert de leur fils dans un établissement approprié.

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA et auteur de La Bataille de l’euthanasie, estime que : « Devant la double pression incontestable qui s’exerce pour et contre la vie de Vincent Lambert, nous pouvons comprendre que le CHU ait souhaité prendre du recul. Nous espérons vivement que cela permettra, une fois le calme revenu, d’offrir à Vincent Lambert la chance d’un transfert vers un établissement spécialisé et approprié à son état réel. Il ne s’agit pour nous ni d’une victoire, ni d’une défaite, mais d’un premier soulagement. Nous continuons d’espérer que l’humanité puisse l’emporter sur la raison d’Etat, et que la justice soit enfin servie par le droit. Pour cela, il faut que de nombreuses voix de Sages s’unissent pour soutenir la demande des parents de Vincent Lambert. Ce sont eux qui assurent aujourd’hui le rôle de “protecteurs naturels”. Il faudrait aussi que d’autres Sages aient l’humilité de renoncer à leur posture favorable au protocole qui aurait provoqué la mort de Vincent. Car il n’est pas seulement injuste pour l’homme concerné ; il est dangereux pour tous ceux qui vivent avec un handicap comparable, et démoralisant pour leurs proches et ceux qui les soignent. »0

* Réaction de Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita: Audio (radio Vatican)





(Source blog de Jean-Yves Nau)



Vincent Lambert : pour quelles raisons n’avait-il pas, depuis 2008, de «représentant légal» ?

Bonjour

Le pire n’est jamais sûr. Déjouant les innombrables prévisions médiatiques formulées depuis plusieurs jours l’équipe médicale du CHU de Reims ne s’est finalement pas prononcée, jeudi 23 juillet, sur un arrêt ou non de l’alimentation et de l’hydratation (et non des « traitements ») de Vincent Lambert. Recevant la famille de cet homme profondément handicapé depuis 2008 l’établissement a annoncé qu’il suspendait la procédure collégiale mise en place le 8 juillet pour statuer sur sa situation.

Haut lieu

On peut très raisonnablement penser que des conseils (sinon des consignes) avaient, en haut lieu, été formulés pour qu’il en soit ainsi. Dans l’intérêt général bien compris. On sait qu’ici la plume est serve quand la parole est libre.

Comment ne pas perdre la face ? Dans un communiqué, le CHU de Reims explique que « les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires à la poursuite de la procédure ne sont pas réunies ». Il suspend donc la procédure placée sous sa responsabilité et plaide pour le rétablissement « d’un échange serein, dans l’intérêt de Vincent Lambert et de son accompagnement ». La sérénité, voilà l’affaire. Et on sait à quel point elle manque dans l’affaire Lambert.

Intégrisme

Le Dr Daniela Simon, directrice du service de soins palliatif où Vincent Lambert est hospitalisé, a dit estimer qu’il était de son devoir de saisir le procureur de la République pour « statuer sur la représentation globale de son patient ». Nombre de médias rappellent qu’en cas de décision d’arrêt définitif de l’alimentation-hydratation les parents de Vincent Lambert (« proches-des-milieux-catholiques-intégristes ») avaient annoncé leur intention de saisir à nouveau le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne en référé liberté.

Avec ce rebondissement une question (rarement, sinon jamais évoquée) va être publiquement soulevée : pourquoi aucune procédure de représentation légale de ce malade handicapé n’a-t-elle jamais, depuis 2008, été engagée ? Pourquoi personne ne l’a-t-elle jamais demandée ? Qui ici, a manqué à ses obligations ? Pourquoi a-t-on laissé dans cette unité hospitalière de soins palliatifs un malade dont l’équipe médicale avait depuis mai 2013 jugé qu’il ne devait plus être pris en charge de manière adaptée?

En temps et en heure

Ce ne sont là que quelques unes des questions qui demeurent, paradoxalement, sans réponses (1). Des questions éminemment éthiques qui dépassent Vincent Lambert et sa famille déchirée. Des questions qu’il faudra, au fil du temps reprendre.

Le sursis qui est aujourd’hui heureusement annoncé laisse espérer que ce travail pourra, en temps et en heure, être mené. Le pire n’est jamais sûr.

A demain

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"Le monde des soins palliatifs peut-il accepter une 
"mise en fin de vie"
 au nom d'un lourd handicap ?"
Tugdual derville  (22Juillet 2015 )

"nous ne pouvons pas nous taire."

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"Aujourd’hui le visage le plus fragile de notre société se prénomme Vincent."

Evêques de Rhône-Alpes (*)




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" Vincent Lambert : deux médecins soudain confrontées 
                     aux affres du «conflit d’intérêts» 







Bonjour

La vie laissée ou la mort programmée ? Habituellement muet le CHU de Reims vient de parler. Le 15 juillet, il a annoncé avoir pris la décision « d’engager une nouvelle procédure en vue d’une éventuelle décision d’arrêt des traitements de Vincent Lambert. »

« Cette procédure devrait tenir compte d’un calendrier précis et impliquer plusieurs étapes, précise FR3 Champagne-Ardenne (Eléonore Autissier) . La famille de Vincent Lambert a été invitée à se réunir. Tout en tenant compte de la décision du Conseil d’Etat et de l’arrêt rendu par la Cour européenne des Droits de l’Homme le 5 juin dernier, notamment en ce qui concerne la volonté du patient, l’objectif de cette réunion était de recueillir l’avis de chacun sur cette nouvelle procédure et de leur en présenter les différentes étapes. »

En pratique l’ensemble de l’équipe soignante et des médecins consultants se réuniront et émettront un avis motivé sur une décision d’arrêt ou non des « traitements ». Une fois cet avis émis, une décision médicale sera prise et la famille en sera informée. Le CHU souligne que, depuis son admission dans l’établissement, Vincent Lambert « fait l’objet d’une attention constante et soutenue de l’équipe médicale et soignante ». C’est une précision imprtante. Le CHU imaginait-il que l’on avait pu, un instant, en douter ?

Avis motivé

Ce 15 juillet le Dr Daniela Simon, la nouvelle chef du service des soins palliatifs avait successivement reçu l’épouse, le neveu, les frères et sœurs et les parents du patient. Moins pour palabrer que pour les informer de ce choix. La prochaine réunion collégiale se tiendra prochainement avoir à Reims avec l’ensemble de l’équipe soignante qui émettra un avis motivé sur une décision d’arrêt ou non de la nutrition et de l’hydratation. « Une fois cet avis émis, une décision médicale sera prise, et la famille en sera informée », précise l’établissement hospitalier désormais en première ligne (après avoir été longtemps protégé). La direction sait qu’elle sera, le cas échant, confrontée aux recours devant la justice administrative qui devraient déposés par les parents Lambert.

Viviane Lambert, mère de Vincent, entend obtenir de nouvelles expertises neurologiques et orthophoniques. Elle dénonce une forme de conflit d’intérêt dans la mesure où le Dr Simon appartenait à l’équipe médicale qui avait déjà pris à deux reprises la décision d’arrêter la nutrition et l’hydratation et où elle représentait l’épouse de Vincent Lambert devant la CEDH (comme le rapporteL’Union). Viviane Lambert a lancé un ultimatum à ce médecin pour qu’il se « dessaisisse » de ce dossier. Elle s’est déclarée prête à « aller devant le tribunal au pénal » et à porter plainte pour maltraitance « si rien ne bouge », selon L’Union. La demande du transfert du malade vers un autre établissement hospitalier demeure d’actualité.

Tragédie moderne

Ainsi donc tout se passe comme si, après un très long détour judiciaire, l’affaire allait redevenir médicale, collégialement médicale. Avant de repartir aussitôt vers les arcanes de la justice. C’est, tout simplement, que l’affaire Lambert dépasse depuis longtemps le cas de cet infirmier psychiatrique victime d’un accident de la circulation en 2008. Elle dépasse cette famille déchirée sous les yeux de la machinerie médiatique.

L’affaire Lambert est une tragédie éminemment moderne en ce quelle se nourrit d’éthique. Son déroulé trace, jour après jour, notre morale en marche. C’est dire l’importance orwellienne qu’il faut accorder, au risque de lasser, à n’en pas perdre le fil.

A demain


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Affaire Vincent Lambert. Alors que l'ultimatum posé au CHU de Reims vient d'expirer, les parents du tétraplégique ont annoncé porter plainte contre l'hôpital et les médecins chefs de service pour "tentative d'assassinat" et "maltraitance" envers leur fils.


Après que la CEDH ait rejeté en révision la demande des parents de Vincent Lambert le 6 juin dernier, en estimant que la convention européenne des droits de l'homme n'était pas violée si la justice autorisait les médecins à stopper l'alimentation et l'hydratation du tétraplégique, l'ensemble de la famille de l'ancien infirmier était convoqué ce mercredi 15 juillet par l'équipe médicale du CHU de Reims pour discuter de "l'avenir du patient". L'hôpital avait, en effet, annoncé vouloir engager une "nouvelle procédure d'arrêt des traitements".

D'après le Monde, une réunion collégiale avec l'ensemble de l'équipe soignante et des médecins consultants devrait avoir lieu dès le début de la semaine prochaine afin d'émettre un avis quant à la décision d'arrêt de la nutrition et de l'hydratation. Une fois l'avis conclu, une décision médicale sera prise et la famille en sera informée a expliqué l'hôpital.

L'utilmatum des parents du patient

Mais les entrevues avec la famille de Vincent Lambert n'ont pas pour autant apaisé la situation. A leur issue, ses parents ont en effet posé un ultimatum à l'hôpital en demandant au docteur Daniela Simon, chef du service dans lequel se trouve leur fils, de se déssaisir du dossier avant jeudi 16 juillet midi. Ils ont indiqué qu'ils porteraient plainte au pénal contre l'hôpital à cette échéance si Vincent n'était pas transféré dans un établissement spécialisé. Plainte qu'ils s'apprêtent donc à déposer pour "mauvais traitements" et "tentative d'assassinat".

Un chef de service à l'impartialité douteuse

Viviane et Pïerre Lambert ont souligné l'absence de neutralité du Dr Simon : celle-ci avait fait partie de l'équipe médicale qui avait déjà a deux reprises décidé d'arrêter les traitements et l'alimentation du tétraplégique. Celle-ci était ainsi partie prenante lors de l'audition devant la CEDH en étant conseiller de Rachel Lambert, épouse de Vincent qui demande l'arrêt des traitements. "Il y a donc un réel conflit d'intérêt car elle est partisane sur le sujet. On ne peut pas repartir sur un climat de confiance" a déclaré David Philippon, frère du patient au micro de RTL, ce mercredi 15 juillet.

Une plainte pour "mauvais traitements" et "tentative d'assassinat" contre l'hôpital

"On a été trop patient. L'hôpital de Reims nous trahit depuis deux ans" a déclaré Viviane Lambert, interrogée par20 minutes. Les parents accusent l'hôpital de laisser leur fils à l'abandon et de ne plus dispenser depuis deux ans les soins nécessaires : kinésithérapie, mise au fauteuil et rééducation. D'après le Figaro, le siège, nécessaire pour asseoir Vincent Lambert, n'a jamais été commandé par le CHU, malgré des demandes réitérées. Les parents voudraient alors obtenir un transfert de leur fils vers une des unités spécialisées dans l'acceuil des personnes en état "pauci relationnel" créées en 2002.

Pour obtenir celui-ci, alors que l'ultimatum fixé est expiré, ils ont donc décidé de porter plainte auprès du procureur de la République de Reims pour "mauvais traitements" mais aussi "tentative d'assassinat". Celle-ci serait consécutive de l'arrêt des soins, de l'hydratation et de l'alimentation de Vincent opéré en par l'équipe médical du docteur Kariger en avril 2013 sans en avoir informé ses parents.

Maitre Jean Paillot a indiqué à 20 minutes que le dossier d'une trentaine de page allait être faxé dès ce jeudi au procureur. L'avocat a également expliquer que les parents du tétraplégique portaient plainte contre le CHU en tant que personne morale, le docteur Kariger et son successeur le docteur Simon pour malatraitance, séquestration et tentative d'assassinat. Ils poursuivent également leur bru, Rachel Lambert, pour faux en écriture. Le dramatique feuilleton judiciaire est loin d'être terminé.

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(Source: Genethique)






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 Gregor puppinck: "Affaire Lambert : la CEDH a commis une erreur de droit"














    Affaire Lambert. Grégor Puppinck, Docteur en droit, Directeur du Centre européen pour le droit et la justice. Il révèle que « la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a commis dans l'affaire Lambert une erreur juridique grave en se contredisant. »


La justice de l’homme ne saurait être parfaite, pas même celle de la Cour européenne des droits de l’homme, qui se décrit pourtant comme « la conscience de l’Europe ». Cette Cour vient de confirmer la décision d’arrêt de l’hydratation et de l’alimentation artificielles de Vincent Lambert, c'est-à-dire son arrêt de mort. Mais, coup de théâtre, il apparaît que la Cour a commis dans cet « arrêt Lambert » une erreur juridique grave et manifeste en se référant à contre-sens de sa propre jurisprudence.

Quand la CEDH reprochait à des médecins de violer l’article 8 de la Convention et d’outrepasser la volonté de la mère d’un enfant gravement malade

La Cour, selon l’usage anglo-saxon, s’appuie autant sur le texte de la Convention européenne des droits de l’homme que sur sa propre jurisprudence pour développer ses raisonnements et justifier ses décisions. Parmi les affaires auxquelles elle se réfère à l’appui de sa décision dans le cas Lambert, l’une des plus importantes, citée à cinq reprises, est l’affaire Glass contre le Royaume-Uni (9 mars 2004). Dans cette affaire, la mère d’un enfant hospitalisé pour troubles respiratoires se plaignait des décisions de l’équipe médicale, prises contre sa volonté, de lui administrer une forte dose de morphine au risque d’entraîner son décès et, en cas de nouvelle crise respiratoire, de ne pas le réanimer. Désireuse de défendre la vie de son fils contre la décision médicale, la mère du patient saisit finalement la CEDH, comme c’est aussi le cas dans l’affaire Lambert. La Cour avait jugé que la décision des autorités médicales « de passer outre, en l’absence d’autorisation par un tribunal, l’objection de la mère au traitement proposé a violé l’article 8 de la Convention ». A l’unanimité la Cour a dit « qu'il y a eu violation de l'article 8 de la Convention ». Les médecins auraient dû respecter la volonté de la mère, ou saisir une juridiction pour la contester. Ce précédent, constatant la violation de la Convention, venait plutôt au soutien des parents Lambert.






Dans l’affaire Lambert, la Cour se contredit et indique le contraire

Or, dans l’arrêt Lambert, la Grande Chambre énonce à l’inverse de façon erronée que « dans son arrêt du 9 mars 2004, elle a conclu à la non-violation de l’article 8 de la Convention » (paragraphe 138). Cette erreur est située dans le rappel de l’état de la jurisprudence présenté parmi les « considérations générales » fondant le raisonnement. Il est impossible de déterminer précisément les implications de cette erreur sur le raisonnement de la Cour, mais elle permet à la Grande Chambre de constater abusivement, à l’appui de sa propre conclusion, qu’à l’exception d’une affaire de procédure, « elle n’a conclu à la violation de la Convention dans aucune de ces affaires » (paragraphe 139).

Une grave erreur de droit

C’est là une erreur manifeste et navrante, et on peine à l’expliquer. Comment la juridiction européenne la plus élevée, dans une affaire aussi sensible, peut-elle méconnaître sa propre jurisprudence, introduisant une erreur importante au cœur même de son raisonnement ? Cette erreur ajoute au discrédit d’un arrêt qui n’en avait plus besoin, tant la critique portée à son encontre par les cinq juges dissidents est dévastatrice.

Que va-t-il advenir de cet arrêt Lambert ?

Cet arrêt ayant été rendu directement par la Grande Chambre, l’instance suprême de la CEDH, il ne peut plus être corrigé « en appel » : il est définitif.

Le Règlement de la CEDH prévoit la possibilité de « rectifier » les « erreurs de plume ou de calcul et les inexactitudes évidentes » contenues dans un arrêt, mais il s'agit ici d'une erreur de droit, substantielle. Il prévoit aussi la possibilité de « réviser » un arrêt, c'est-à-dire de le rejuger « en cas de découverte d’un fait (nouveau) qui, […] aurait pu exercer une influence décisive sur l’issue d’une affaire déjà tranchée et qui, à l’époque de l’arrêt, était inconnu de la Cour et ne pouvait […] être connu d’une partie ». Cette erreur de droit n’est pas en soi un fait nouveau, mais elle peut venir s’ajouter à d’autres faits nouveaux, comme la possibilité nouvelle de Vincent Lambert de s’alimenter naturellement.

Officiellement, « la Cour ne peut pas se tromper »

Aucune procédure ne prévoit l’hypothèse d’une erreur de droit de la Grande Chambre. Néanmoins, on n’imagine pas que cette erreur puisse demeurer ; elle devra être supprimée, et la procédure de « révision » semble être la seule voie possible. L’affaire Lambert n’est donc pas close à la CEDH.

Pour limiter les conséquences de cette erreur, certains soutiendront que seule la décision finale de la Cour importe (le dispositif), et qu’une erreur de raisonnement ne l’affecte pas. Mais il faut alors admettre ouvertement, ce qui est largement vrai, que le raisonnement n’est qu’un habillage juridique de la décision finale. De fait, la Cour ne construit son argumentation qu’après avoir tranché sur le fond, pour expliquer la décision et développer son corpus doctrinal. C’est très certainement dans cette méthode téléologique que réside la cause de l’erreur, car elle conduit à utiliser la jurisprudence pour soutenir une solution prédéterminée.

D’autres diront que l’erreur est humaine, c’est vrai ; mais la vie d’un homme est ici en jeu.

En tous cas, cette erreur est humiliante ; elle nous rappelle combien la justice n’est qu’humaine. Et c’est parce que la justice humaine est faillible qu’elle devrait demeurer humble et s’abstenir de décider de la vie ou de la mort d’un homme innocent. Il y a toujours, dans l’humiliation des « grands de ce monde », lorsqu’elle est causée par un excès d’assurance, comme un rappel providentiel de la véritable justice.

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(Blog de Tugdual Derville)
Depuis mardi 9 juin, en quelques plans vidéo, avec des millions de Français, j’ai pu découvrir Vincent Lambert tel qu’il est aujourd’hui : vivant. Scandale ! Faut-il crier à l’indignité et à l’impudeur ? Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a été saisi. L’ancien médecin de Vincent dénonce une manipulation.

L’organe de régulation de l’audio-visuel n’avait pourtant pas réagi quand le même médecin traitant s’était laissé interviewer en 2014 par M6, devant le même patient alité, pour légitimer son choix controversé de stopper son alimentation et son hydratation.

Que révèle la comparaison de ces deux séquences ?

Couvrez ce visage…

Dans la version tournée par la télévision, le visage de Vincent est flouté, mais pas ses avant-bras et ses mains qui sont rétractées, comme souvent après des années d’immobilité, dans une posture qui peut impressionner les néophytes. Le patient apparaît en fond, seul sur son lit médicalisé. Il n’a pas vraiment figure humaine. La façon dont le praticien en blouse blanche donne, debout, à voix haute, son avis sur le destin de celui qui est couché dans son dos, en parlant de lui au passé, achève ou préfigure – inconsciemment – son exclusion totale. Il n’a pas sa place dans la conversation. Heureusement, la séquence s’achève par un« Bonne journée Vincent ! » qui contraste avec ce qui vient d’être exprimé. Devant un homme diagnostiqué en état de conscience minimale, faire le pari de la présence est un principe de précaution. S’abstenir de discourir de lui devant lui, d’une façon qui pourrait le blesser, c’est le b.a.-ba du respect. Trop de soignants l’oublient. Au retour de certains comas, des patients l’ont révélé, à l’image d’Angèle Lieby (auteur de Une Larme m’a sauvée) qui fut témoin, impuissante, du choix de son cercueil, avant de recouvrer sa capacité de communication.

Dans les séquences filmées le 5 juin 2015, c’est seulement le visage de Vincent que l’on découvre, en gros plan. Signe d’identification, reflet de la personne. Un visage sans voile, avec un regard qui parait mobile et réceptif, tout en gardant une insondable part de mystère. Je ne me permettrais pas de l’interpréter davantage. Ce qui est notable dans ces plans qui ont, justement, la pudeur de ne montrer que le visage et les mains, ce sont les relations d’ultra-proximité et de tendresse avec ses proches : ces corps qui le touchent, ces voix qui s’adressent à lui, ces regards qui cherchent le sien l’humanisent, et humanisent nos propres regards en attestant sa valeur et sa dignité. Les corps de ces proches ne sont pas debout devant l’homme couché mais penchés sur lui. « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime, tel que tu es ! » : voilà ce dont chaque humain a un besoin vital, quel que soit son état. En toute logique, l’ami de Vincent a la délicatesse de nous donner son témoignage personnel de l’extérieur de la chambre.

Nous avons tous besoin d’ambassadeurs de la dignité d’autrui, de médiateurs aptes à nous approcher des personnes ou communautés qui nous angoissent. Pour dépasser nos peurs, nous devons commencer par nous regarder. Si possible, dans les yeux. C’est le seul moyen d’abandonner les fausses-images, les caricatures et, notamment, cette propension à imaginer les personnes handicapées qu’on nous décrit en monstres inhumains. Quand tant de personnes éprouvent de l’effroi à l’idée de la grande dépendance, couvrir « pudiquement » le visage de Vincent, c’est presque attester son retrait du monde, à la façon dont on remonte un linceul sur la face d’un défunt.

Au contraire, ceux qui ont découvert, grâce à un ami de son enfance, que Vincent n’est aucunement un spectre bardé de tuyaux, se débattant pour mourir, mais une personne vivante et paisible malgré son ultra-dépendance, sont stupéfiés. La vidéo ne permet pas d’ajuster un diagnostic sur son degré de conscience, mais elle atteste au moins que Vincent est éveillé et aucunement en fin de vie. Son visage dit simplement : « Je suis comme je suis, mais je suis là ». Incitation au respect de sa vie car, selon l’expression d’Emmanuel Levinas, philosophe du visage par excellence : « Autrui est visage » et « Le visage, c’est ce qui nous interdit de tuer ».

Au nom de quoi faudrait-il pousser Vincent vers la sortie ? Avec le professeur Emmanuel Hirsch, directeur de l’espace éthique des Hôpitaux de Paris, interviewé sur Europe 1, dont il faut écouter l’avis, nous devons nous rappeler que Vincent a déjà survécu à 31 jours d’arrêt d’alimentation, et de réduction drastique de l’hydratation ! N’y a-t-il pas là une stupéfiante preuve d’exceptionnelle vitalité ? Car ce n’est pas la société qui empêche Vincent de mourir : c’est bien lui qui ne meurt pas. C’est son droit. Notre devoir n’est-il pas d’en prendre soin, dans un lieu adapté comme le demandent ses parents ?

Des loups sortent du bois

Paradoxe de la controverse, la saisine du CSA a été effectuée « au regard de l’application du principe de respect de la dignité humaine » par ceux-là même qui affirment qu’un patient en état neurovégétatif ou pauci-relationnel a déjà perdu sa dignité… Les promoteurs de l’euthanasie ont coutume d’abuser de la dialectique de l’émotion et n’hésitent pas à brandir des images frappantes. Je l’ai décrypté dans mon livre La Bataille de l’euthanasie à propos de sept autres affaires qui ont bouleversé l’opinion. N’aurait-on le droit de s’émouvoir que dans un sens ? Nous savons tous que certaines images fortes, de personnes et de visages (je pense à la petite fille brûlée du Vietnam), ont contribué à d’utiles prises de conscience au service de l’humanité.

Pourtant, je comprends la gêne, voire la peine, que ces images peuvent provoquer pour certains membres d’une famille divisée par l’épreuve. Je sais bien, également, que Vincent n’est pas en mesure de donner son consentement. Des circonstances exceptionnelles peuvent-elle légitimer que les « protecteurs naturels » que sont désormais les parents de Vincent aient accepté ce moyen pour répondre au reste de la société qui les accusent de s’acharner à forcer leur fils à vivre ? C’est peut-être à leurs yeux l’ultime façon de nous faire revenir à la réalité, et de le protéger de cette mort par arrêt d’alimentation et d’hydratation qui le menace.

Je m’interroge enfin sur l’acharnement de certaines personnes extérieures à attester, sans l’avoir vu, que la vie de Vincent n’en est pas une et qu’il doit donc mourir. La séquence qui fait débat aura eu le mérite de faire sortir quelques loups du bois : la menace d’exclusion des patients pauci-relationnels et neurovégétatifs est bien réelle quand on entend la façon dont certains déconsidèrent publiquement leur existence. Je préférerais qu’ils reviennent aux sages paroles du docteur Bernard Wary, co-fondateur de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) : il témoignait n’avoir jamais vu un légume dans un lit d’hôpital, et même n’avoir jamais soigné aucun « mourant » mais toujours des patients 100% vivants.

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Voir aussi : "Pourquoi les parents de Vincent ont autorisé la publication de la vidéo (ici)

Video de Vincent et son Ami  +  Dr Chevrillon (Ass "France Traumatisme crânien")

  


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Prise de parole d' Emmanuel Hirsch sur Europe 1




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(Source Gregor puppinck)


Communiqué de Presse de Grégor Puppinck, ECLJ / Affaire Vincent Lambert
Vendredi 5 juin 2015.


La CEDH accepte l’euthanasie de Vincent Lambert

La Cour européenne des droits de l’homme a rendu aujourd’hui sa décision dans l’affaire Vincent Lambert et autres contre France. Par douze voix contre cinq, la Grande Chambre a jugé qu’un État peut provoquer la mort d’un patient en état de conscience minimale.
La Cour a également refusé aux parents de Vincent Lambert le droit de se plaindre en son nom des traitements inhumains dont il fait l’objet depuis maintenant trois ans, du fait de l’arrêt des soins de kinésithérapie (§112.).
Ainsi, non seulement la Cour a jugé qu’en Europe, on peut à nouveau légalement provoquer la mort d’un patient handicapé qui n’a pas demandé à mourir ; mais en outre, elle dénie à ce patient la protection de la Convention contre les mauvais traitements. En refusant de garantir le droit à la vie et aux soins à Vincent Lambert, la Cour tourne une page dans l’histoire des droits de l’homme en Europe.
Elle réintroduit dans la légalité européenne la possibilité d’euthanasier une personne handicapée, alors même que c’est précisément contre cette idéologie que la Convention européenne des droits de l’homme a été proclamée en 1950.
En 1946, lors des procès de Nuremberg, les médecins qui pratiquaient l’euthanasie des personnes handicapées ont été condamnés. Ces condamnations ont fondé l’éthique médicale contemporaine. En ce sens, le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE), dans ses observations récentes, avait clairement confirmé l’interdit éthique de mettre fin à la vie d’un patient.
Aujourd’hui, la « Cour européenne des droits de l’homme en bonne santé » renoue avec une pratique funeste que l’on espérait révolue en Europe. Pour la première fois, la Cour accorde une « certaine marge d’appréciation » aux États dans leurs obligations positives de respecter la vie des personnes, en se fondant notamment sur sa jurisprudence en matière d’avortement (§144.).
Cette décision expose à la « mort légale » des dizaines de milliers de patients qui, en Europe, sont dans la même situation que Vincent Lambert. Le respect de leur droit à la vie n’est plus garanti par la Cour européenne des droits de l’homme.
Comme le soulignent courageusement les cinq juges dissidents : « Nous regrettons que la Cour, avec cet arrêt, ait perdu le droit de porter le titre » de « conscience de l’Europe » qu’elle s’était attribué en 2010 pour son cinquantième anniversaire. La Cour européenne des droits de l’homme transforme une nouvelle fois davantage les droits de l’homme en une idéologie individualiste et utilitariste.




Intervention de Maître Jean Paillot, avocat des Parents de Vincent Lambert (5 juin 2015 devant la CEDH)




VIDEO Prononcé de l'arrêt à la #CEDH 5 Juin 2015



Tugdual Derville : "CEDH : Une brèche dans l’interdit de tuer"




Communiqué des avocats des parents de Vincent Lambert *
Opinion en partie dissidente commune aux 5 juges
               Hajiyev, Šikuta, Tsotsoria, De Gaetano et Gritco *

Vidéo témoignage d'un ami de Vincent du 5 Juin:


Communiqué de presse de la CEDH (5 juin 2015)
(Plein écran: ici)


Arrêt de la cour CEDH (5 juin 2015)
(Plein écran: ici)


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(Source: Le Figaro)

"En France, 1700 anonymes sont dans l'état de Vincent Lambert" (4 juin 2015)

FIGAROVOX/TRIBUNE - La CEDH décide ce vendredi si elle confirme la décision du Conseil d'État de cesser l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert. Les signataires de cette tribune appellent les juges à autoriser ses parents à lui prodiguer ces soins.


C'est un drame familial dans lequel s'affrontent deux amours irréconciliables, celui d'une mère et celui d'une épouse, dans lequel se heurtent deux conceptions radicalement opposées de ce qui fait la dignité d'un homme et le sens d'une vie, dans lequel s'épuisent des prétentions absurdes à savoir ce qu'un jeune homme, placé dans une situation dont il ne pouvait avoir la moindre idée, aurait voulu ou n'aurait pas voulu. Ce drame privé est devenu une affaire médiatique, un dossier judiciaire et un enjeu politique.

Ce vendredi 5 juin, la CEDH va rendre son arrêt, confirmant ou infirmant la décision du Conseil d'État de voir cesser l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert jusqu'à ce que mort s'ensuive.



 Pourtant il n'y aura pas d'autre solution que de cesser la nutrition, ce qui devrait entraîner la mort en quatre à cinq jours; une injection létale serait plus rapide, évidemment, mais quoiqu'elle aboutisse strictement au même résultat, la pratique n'est pas encore autorisée en France.

La mort surviendra… sauf si une hydratation et une nutrition de substitution sont apportées. La question qui se pose, dans l'hypothèse où la CEDH confirmerait l'arrêt du conseil d'État, est donc de savoir à quel degré de rigueur la décision sera appliquée. Si l'hôpital cesse les soins d'alimentation et d'hydratation, sera-t-il fait interdiction à toute autre personne, et en particulier à ses parents, de prodiguer de tels soins?

Les proches peuvent mettre en place à domicile de tels soins de base, ou par la sonde actuellement employée, ou même par l'ingestion en très petites quantités d'une nourriture aisée à déglutir. C'est ce que propose de faire la mère de Vincent, en attendant son placement dans une des unités spécialisées dans l'accueil de ces malades, telle celle du docteur Jeanblanc, dans lesquelles on parle à ces patients, on les assoie, on les masse, et bien sûr on les nourrit. Les partisans de l'euthanasie de Vincent trouvent qu'il est déraisonnable de déployer autant d'efforts envers des malades qui ne réagissent pas, ou peu, à ces sollicitations. Ils ajoutent que sa mère s'obstine à le vouloir en vie quand son épouse a fait le deuil d'une vie qui ne valait plus d'être vécue.

Mais l'amour d'une mère pour son enfant est évidemment plus instinctif que celui d'une épouse! 



S'il s'agissait de mettre fin à ses souffrances, ce serait différent. En l'espèce, beaucoup de partisans de l'euthanasie de Vincent considèrent que la vie dans cet état doit être pour lui-même une cause de souffrances physiques et morales insupportables. Mais ni l'observation et les examens spécialisés de Vincent, ni les imageries cérébrales, ne permettent de le supposer et encore moins de l'affirmer.

Si Vincent ne souffre pas, pourquoi ne pas accéder à la requête de ses parents qui veulent s'occuper de lui, comme d'autres parents s'occupent des 1700 personnes vivant aujourd'hui en France dans le même état de conscience minimale? Ces gens-là sont-ils tous des fanatiques ou des intégristes? Ou tout simplement des parents aimants qui assument un handicap irréversible?

À défaut, et si la vie en état de conscience minimale est jugée comme ne devant pas se poursuivre, alors il faut cesser d'alimenter les 1700 anonymes qui sont dans le même état que Vincent Lambert.

C'est l'heure du choix et c'est l'heure de la cohérence.

Signataires:

Anne-Marie Morgand, mère de Philippe en état de conscience minimale.

Charles Beigbeder, entrepreneur et homme politique.

Dominique Lapierre, écrivain.

Erick Germain, Doyen honoraire de la faculté de droit de Lorraine.

Jean-Marie Andrès, président des Associations Familiales Catholiques.

Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune.

Josette Bury, présidente AFTC Lorraine (Association de Familles de Traumatisés Crâniens).

Julie Graziani, porte-parole d'Ensemble Pour le Bien Commun.

Thibaud Collin, philosophe.

Tugdual Derville, délégué général d'Alliance Vita.

Xavier Ducrocq, neurologue en CHU (Nancy).


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Fil d'actualité de Gregor Puppinck: ICI

. "Affaire Lambert à la CEDH : le procès de l'imprécision de la loi leonetti"

. Grégor Puppinck : "GPA : derrière les droits de l’homme, l’exploitation"
"Les infanticides néonataux en Europe doivent être condamnés" Gregor Puppinck
Conférence de Gregor PUPPINCK sur l'avortement et le statut
de l'embryon pour la CEDH
Contrat d'Union Civil ? - "Europe: la famille diluée dans les 
droits de l’homme"
. ONU : Grégor Puppinck dénonce les atteintes à la liberté des 
consciences et de religion en Europe
Mariage pour tous: Adoption puis PMA et GPA , l'effet domino
La Cour européenne des Droits de l’homme impose l’adoption
homosexuelle
. PMA : la France a déjà voté...
MariageGay - "Il n'existe pas de droit à l'adoption"
. DPI - Le Diagnostic préimplantatoire fait débat (31 Aout 2012)


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(source: AllianceVITA)

"Inconscience des droits de l’homme"  Entretien avec Tugdual Derville
                                               Propos recueillis par Fédéric Aimard


tugdual_derville


Comment réagissez-vous à l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme qui valide l’arrêt d’alimentation et d’hydratation qu’avait effectué le docteur Kariger sur Vincent Lambert ?

Tugdual Derville : Avec une grande tristesse, je dois l’avouer. Une affaire douloureuse et compliquée risque de se terminer de façon dramatique, tout en faisant sauter un interdit aussi vital pour l’éthique médicale que pour la protection des plus vulnérables. Cet arrêt est d’abord injuste pour Vincent et ses proches dont nous connaissons la situation bloquée (chambre fermée à clef, plus de kinésithérapie depuis mille jours, etc.).

Mais il est aussi lourd d’autres conséquences, car il ouvre insidieusement une brèche dans l’interdit de tuer, et ce au nom même des droits de l’homme. C’est ce type d’inversion entre le juste et l’injuste, entre le bien et le mal qui déconstruit une civilisation. Faut-il rappeler que la CEDH est largement née, en 1950, du souci de protéger les personnes handicapées ? J’ai lu son long arrêt : l’énergie mise pour argumenter l’injustice en droit, avec précision et intelligence — peut-être en toute bonne conscience — est aussi séduisante qu’effrayante. Comme toute technique, en elle-même neutre, le droit peut donner des fruits bienfaisants ou vénéneux… Ici, le résultat est mortel.

Votre contestation de cet arrêt n’est-elle pas exagérée, et par ailleurs habituelle de la part des personnes déboutées, de leurs proches et de ceux qui les soutiennent ?

Le texte publié par cinq juges réfractaires corrobore notre indignation. Il faut vraiment lire ces lignes qu’ils signent ensemble pour se désolidariser de leurs douze collègues, fait exceptionnel. à l’inverse d’une certaine bioéthique qui relève trop souvent de l’art de compliquer les choses simples pour légitimer les transgressions, ils vont droit au but : « Après mûre réflexion, nous pensons que, à présent que tout a été dit et écrit dans cet arrêt, à présent que les distinctions juridiques les plus subtiles ont été établies et que les cheveux les plus fins ont été coupés en quatre, ce qui est proposé revient ni plus ni moins à dire qu’une personne lourdement handicapée, qui est dans l’incapacité de communiquer ses souhaits quant à son état actuel, peut, sur la base de plusieurs affirmations contestables, être privée de deux composants essentiels au maintien de la vie, à savoir la nourriture et l’eau. »

Les cinq magistrats vont jusqu’à conclure que la Cour a perdu le droit de se prétendre« Conscience de l’Europe » comme elle l’avait fait pour son 50e anniversaire. Issus de pays modestes, ils me font penser au tout jeune Daniel contestant publiquement avec courage un arrêt de mort injuste ourdi par deux vieux sages qui ont fait condamner Suzanne. Nous avons peut-être à apprendre de sociétés dont la culture n’est pas encore gangrenée par l’idéologie eugéniste.

A vos yeux, la CEDH valide-t-elle une euthanasie ?

Absolument. Pour définir l’euthanasie, il faut deux critères : l’intention de provoquer la mort et le résultat, quel que soit le moyen utilisé. Le fait d’hydrater et alimenter par voie entérale est un procédé simple qui ne vise aucunement à « maintenir artificiellement en vie » mais simplement à prendre soin d’un patient en lui apportant ce qui est nécessaire à toute vie. Rappelons que Vincent, quoique très dépendant, ne dépend d’aucun traitement médical, d’aucun branchement et d’aucune machine, qu’il respire spontanément. Pas plus qu’un biberon pour un bébé, l’alimenter et l’hydrater ne relève d’un traitement qui aurait comme intention de le guérir ou de s’acharner à l’empêcher de mourir, s’il était malade. Par ailleurs, arrêter de l’alimenter ou de l’hydrater n’a pas comme objectif d’améliorer sa vie mais de provoquer sa mort. Pourquoi devrait-on jouer avec les mots ?

Là encore, les cinq juges dissidents nous ouvrent les yeux en dénonçant ce qui est dissimulé derrière les circonvolutions du long arrêt, tout en assumant le ton inusité de leur rébellion : « Cette affaire est une affaire d’euthanasie qui ne veut pas dire son nom. En principe, il n’est pas judicieux d’utiliser des adjectifs ou des adverbes forts dans des documents judiciaires, mais en l’espèce il est certainement extrêmement contradictoire pour le gouvernement défendeur de souligner que le droit français interdit l’euthanasie et que donc l’euthanasie n’entre pas en ligne de compte dans cette affaire. »

Pensez-vous qu’à partir de ce cas, d’autres euthanasies seront validées ?

Même si le Conseil d’État français a tenté d’éviter cet effet contamination — ne serait-ce que pour rassurer les soignants et proches des quelque 1700 patients qui vivent dans des états paucirelationnels ou neurovégétatifs — sa gestion du cas spécifique de Vincent Lambert ouvre évidemment une brèche…

Déjà les promoteurs de l’injection létale, tout en se réjouissant de l’arrêt, contestent ce mode d’euthanasie qu’ils estiment trop longue et éprouvante… Si l’équipe médicale qui a désormais en charge Vincent Lambert depuis la démission du Dr Kariger entame, en prenant appui sur l’arrêt de la CEDH, un nouveau protocole de fin de vie — elle a déjà convoqué la famille pour la consulter — nous verrons monter dans tous les médias l’onde de protestation contre le temps que cela prendra…

De plus, la CEDH a refusé d’examiner une demande des parents de Vincent Lambert qui contestaient le déficit de prise en charge kinésithérapeutique de leur fils. à lire son arrêt, pour qu’une telle protestation soit recevable, il faudrait, soit que ce soit Vincent lui-même qui proteste, soit qu’il soit mort !

Autrement dit, la Cour renonce à se saisir des requêtes des proches des personnes inconscientes qu’ils considéreraient victimes de maltraitance.

Comment expliquez-vous une telle évolution en Europe ?

Comme dans les événements qui marquent notre Histoire, il y a des causes profondes et d’autres, plus conjoncturelles. Notre société de la performance, de l’individualisme et de l’autonomie se sent agressée par les situations ultimes comme celles de ces personnes très lourdement handicapées à la suite de lésions cérébrales vraisemblablement irrémédiables. La médecine de réanimation se sent coupable d’avoir permis la survie de ces personnes. Les proches peuvent être très engagés auprès de ceux qu’ils aiment, mais il est naturel qu’ils traversent des phases d’ambivalence. Certains — qui ont été très dévoués pendant des mois — se découragent et peuvent s’éloigner. Il ne s’agit pas de leur jeter la pierre. D’autres retrouvent un équilibre de vie qui paraîtra au plus grand nombre insensé, presque moralement contestable.

Je vois Vincent Lambert comme l’archétype du bouc émissaire d’une société où celui qui semble inutile n’a plus de valeur et génère de l’angoisse chez les bien-portants. Pourtant, c’est largement la gratuité du don désintéressé des êtres humains les uns aux autres qui donne sa valeur à une civilisation. Et gare à l’argument économique que certains commencent à exhiber comme cet internaute qui a écrit à Alliance VITA  « Est-ce vous qui allez payer les frais d’hospitalisation de Vincent Lambert ? Soyez un peu réalistes. » En période de rareté des ressources, l’humanité a une alternative dans sa relation aux plus faibles de ses membres : la solidarité ou l’exclusion.
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La prise de parole du Cardinal Barbarin sur RTL (8 juin 2015)





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