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samedi 25 juillet 2015

"Vincent Lambert : les première leçons à tirer d'une déroute"


"Vincent Lambert : les première leçons à tirer d'une déroute"
 par Emmanuel Hirsch  *

  "La vie d'un seul...."
par Tugdual Derville  *

Le Prof Xavier Ducrocq soulagé, mais prudent *

Affaire Vincent Lambert: l’essoufflement du droit aux lisières 
de la conscience et de la mort *



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(Source: Huffigtonpost)

FIN DE VIE - Désormais chacun doit avoir conscience des responsabilités engagées.

La décision prise par l'équipe médicale du CHU de Reims le 23 juillet, intervient trop tardivement et dans un contexte à ce point préjudiciable à l'intérêt supérieur de M. Vincent Lambert et des 1700 personnes éprouvées par un même handicap, pour que l'on puisse s'en satisfaire. Depuis des mois et à travers un enchaînement de péripéties et de rebondissements déplorables, nous sommes témoins d'une invraisemblable déroute dont il nous faudra tirer toutes les conséquences. Car elles sont désastreuses à la fois pour ceux qui sont les plus directement concernés (personnes handicapées, proches, professionnels à leurs côtés), mais également dans ce qu'elles semblent révéler de dysfonctionnements qui n'ont pu être caractérisés et en quelque sorte contrés qu'en recourant à des procédures judiciaires poussées jusqu'à l'extrême. Certains s'interrogent désormais sur la légitimité et pertinence des procédures collégiales ayant été mises en œuvre pour engager une limitation ou un arrêt de vie d'un être cher. De même que des parents expriment auprès des équipes médicales, dans des services de médecine physique et de réadaptation (accueillant dans leur projet de vie des personnes aussi dépendantes que l'est M. Vincent Lambert), leur inquiétude au regard de possibles décisions arbitraires d'arrêt des soins dans les conditions discutées à propos du CHU de Reims. Le principe fondamental de la relation de confiance indispensable à l'approche de circonstances dramatiques et redoutables pour lesquelles une concertation intègre s'impose entre les membres d'une famille et une équipe médicale afin d'envisager l'issue estimée préférable, parfois « la moins mauvaise », est entamé, entaché de soupçons. C'est une injure faite aux professionnels, notamment de la réanimation, qui ont su initier des procédures de limitation et d'arrêt des traitements (en 2002, puis revues en 2009) solidement étayées et relevant de considérations à la fois éthiques et scientifiques rigoureuses.

Alors que la concertation nationale sur la fin de vie engagée le 17 juillet 2012 semblait aboutir avec la proposition de loi créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie, il est désormais évident que l'impact des circonstances présentes qui ont fait irruption sur la scène publique le 4 mai 2013 (première tentative d'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation de M. Vincent Lambert entreprise le 10 avril et interrompue sur décision de justice) ne pourra être négligé ainsi que les sénateurs l'ont démontré le 23 juin. Le droit fondamental de personnes handicapées comme M. Vincent Lambert, n'est-il pas déjà de bénéficier des soins et de l'accompagnement social les plus adaptés, sans être considérés, selon des évaluations fragiles, « en fin de vie » ? Les conditions de suivi médical de M. Vincent Lambert incarcéré depuis des années dans sa chambre, dans un contexte dont on peut aujourd'hui se demander s'il relève effectivement des droits reconnus et détaillés dans la circulaire du 3 mais 2002 relative à la création d'unités de soins dédiées aux personnes en état végétatif chronique ou en état pauci relationnel, n'affectent-elles pas de manière difficilement réversible sa qualité de vie ?

Plutôt que d'évoquer des menaces pesant sur l'équipe médicale, nous aurions pu attendre du communiqué diffusé le 23 juillet par la Direction du CHU de Reims une attention à cet égard. Ce cumul de manquement à une expression de la compassion altère pour beaucoup la respectabilité des positions qui se sont radicalisées ces derniers mois, au point de contester la neutralité même d'une équipe médicale en fait dans l'incapacité d'arbitrer dans l'impartialité une prise de décision collégiale. Que l'on ne nous affirme donc pas que les pressions idéologiques, voire terroristes (on ne peut qu'être stupéfait, dans le contexte international présent, du recours à cette terminologie par un des proches de M. Vincent Lambert à l'annonce du renoncement à mettre en œuvre la procédure létale) ont entravé le processus décisionnel. Il est davantage probable qu'à un moment donné, et de manière tardive, les pouvoirs publics ont estimé qu'il convenait de mettre un terme à une situation à ce point désastreuse qu'on ne parvenait plus à en maîtriser les dédales et les effets pernicieux. À de multiples reprises j'ai évoqué la dimension politique de ces circonstances. Son dénouement prudentiel, transitoire, au cœur de l'été en atteste, et désormais chacun doit avoir conscience des responsabilités engagées.

Un légalisme poussé à ses limites

Je reviens brièvement sur l'analyse du renoncement de l'équipe médicale du CHU de Reims à persévérer dans sa position, selon toute vraisemblance à la suite de la procédure collégiale qui a fait apparaître la fragilité des convictions et l'impossibilité de justifier une procédure de fin de vie. Le 7 juillet 2015, le médecin assurant le suivi de M. Vincent Lambert annonçait la réunion d'un Conseil de famille, le 15 juillet, afin « d'engager une nouvelle procédure en vue d'une décision d'arrêt de traitement ». La convocation adressée aux membres de la famille ne présentait en effet aucune autre perspective que celle de convenir, de manière autant que faire consensuelle, des conditions de mise en œuvre du processus aboutissant à la mort de M. Vincent Lambert. Ni dans la méthode ni surtout dans la forme retenue pour entreprendre la concertation, n'apparaissait la moindre considération autre que le strict respect d'une procédure administrative consécutive aux arrêts du Conseil d'État et plus récemment, le 5 juin, de la Cour européenne des droits de l'homme. Ce légalisme poussé à ses limites semblait révoquer toute approche circonstanciée, toute mesure, pour ne pas dire toute décence, alors que le Conseil d'État avait, pour ce qui le concerne, témoigné de valeurs d'humanité et d'une infinie retenue dans son arrêt du 24 juin 2014. Depuis deux ans, nous avons appris à mieux comprendre les responsabilités et les défis auxquels les personnes dites en « état d'éveil sans conscience » nous confrontent. Leur vulnérabilité même en appelle de notre part à l'expression d'obligations morales qui ne peuvent se satisfaire de procédures et de protocoles ainsi départis de la moindre sollicitude. Comme s'il s'agissait d'une « gestion de cas », là où doit prévaloir l'esprit de discernement, la pondération, la justesse et tout autant la considération à l'égard d'une personne vulnérable ainsi que de ses proches.

Il importait de tenir compte du caractère emblématique de la situation de M. Vincent Lambert ainsi que des conséquences de la décision qui ferait de manière certaine jurisprudence (en dépit des réserves émises à cet égard par le Conseil d'État et la Cour européenne des droits de l'homme) : sa portée éminemment politique justifiait une argumentation incontestable et une discrétion inconciliable avec des postures partisanes revendiquées publiquement. Dès le 5 juin 2015, j'ai ainsi considéré nécessaire que le processus décisionnel relatif au devenir de M. Vincent Lambert puisse bénéficier de l'étayage des instances nationales compétentes dans le champ de l'éthique dont l'expertise avait été sollicitée par le Conseil d'État en 2014. Si la prise de décision collégiale relève de la seule autorité d'un médecin, il nous fallait être assurés que dans un contexte inédit et des plus complexe elle bénéficierait des arguments les plus fondés. Aucune de ces instances n'a estimé de l'ordre de ses responsabilités la moindre approche à cet égard (estimant que les rapports qu'elles avaient produits sur demande du Conseil d'État n'en appelaient pas à d'autres formes d'implications), si ce n'est le Conseil national de l'ordre des médecins en soutenant publiquement l'équipe médicale du CHU de Reims... L'accueil de M. Vincent Lambert dans un autre établissement qui permette à l'ensemble des membres de la famille d'avoir la conviction que l'arbitrage se ferait sans le moindre soupçon, semblait une option sage, voire évidente. Il convenait de rétablir un rapport de pleine confiance, susceptible, peut-être, d'atténuer les clivages au nom d'un intérêt estimé supérieur : celui de M. Vincent Lambert. Il s'avérait indispensable que ce temps du dénouement, à la suite de l'arrêt de la CEDH, puisse relever de ces conditions de dignité et de sérénité si souvent invoquées pour accompagner au mieux des circonstances humaines de haute vulnérabilité. Il s'agissait selon moi d'un droit que l'on devait reconnaître à M. Vincent Lambert, à ses proches et ceux qui à ses côtés expriment au nom de la société la sollicitude d'un soin et d'une indéfectible solidarité. À cet égard je tiens à redire toute ma considération à l'équipe des soignants de M. Vincent Lambert, dont les compétences et le dévouement sont reconnus. Mais au-delà des communiqués officiels, s'est-on préoccupé de ce qu'éprouvaient à titre personnels ces professionnels confrontés aux soubresauts de décisions contradictoires, d'interprétations et de commentaires inconciliables avec les valeurs du soin ; eux qui auraient pu demain contribuer à la procédure de fin de fin de M. Vincent Lambert qu'elles accompagnent dans sa vie depuis des années?

Décrypter sans concessions ce qui s'est passé

Mes deux suggestions qui n'ont fait l'objet d'aucune suite, intervenaient probablement à mauvais escient, ou alors elles contrariaient des positionnements et des stratégies rétifs à toute forme d'atermoiement. Comme s'il y avait urgence à conclure, et que les recours juridiques ayant été épuisés rien ne devait plus faire obstacle à la seule décision qui s'imposait. Certaines considérations ont néanmoins entravé - à la stupéfaction de nombreux observateurs ce qui en soi interroge - un processus qui devait bénéficier de la torpeur estivale et permettre, à la rentrée, de reprendre le cours des choses, de conclure la discussion parlementaire de la loi relative à la fin de vie comme si rien ne s'était passé. L'assistance médicalisée en fin de vie, au cœur d'une législation qui vise à reconnaître de « nouveaux droits » à la personne malade au terme de son existence, n'est certainement pas le recours adapté aux personnes qui, comme M. Vincent Lambert, n'ont pas anticipé une situation et une décision en soi inconcevable. Se refuser ainsi de circonscrire la situation de M. Vincent Lambert aux controverses que l'on a connu à propos de son droit ou non à la vie, et plus encore aux conditions de sa mort, me semble constituer l'étape attendue. Elle nous permet de poser autrement les enjeux démocratiques de la place parmi nous de personnes affectées par un handicap si profond que l'on s'interroge parfois sur la réalité même (voire la justification...) de leur existence.

Désormais il nous faudra décrypter sans concessions ce qui s'est passé au CHU de Reims pour aboutir à cette situation chaotique. Il ne s'agit pas de mettre en cause des personnes dignes de notre respect, mais de comprendre un cumul de dysfonctionnements dont on peut craindre qu'ils interviennent également dans d'autres espaces du soin : ils ne suscitent pas, pour ce qui les concerne, la réactivité d'une famille que je refuse de caricaturer dans les positions, elles aussi respectables, qu'elle défend. De même je réprouve la mise en cause a priori de toute position qui serait réfractaire aux courants de pensées dominants qui s'érigent en censeurs et s'estiment détenteurs d'une vérité, voire d'une compétence, qui légitimerait leurs positions plus idéologiques qu'on ne le pense. En démocratie chacun doit être reconnu dans un point de vue argumenté, soucieux du bien commun. Je rends hommage à la qualité de l'arbitrage du Conseil d'État qui a permis, dans le cadre d'une instruction remarquable, de comprendre la complexité de circonstances humaines si délicates et complexes qu'elles imposent des approches attentionnés, rigoureuses et d'une extrême prudence. Je souhaite adresser, comme je l'ai déjà fait, un message de compassion à la famille de M. Vincent Lambert dont je comprends le cheminement qu'il lui revient d'assumer aujourd'hui afin de ne tenir compte que de ce que serait le bien-être et le choix profond de cette personne trop souvent négligée dans nos débats. Enfin, je tiens à rendre hommage à celles et ceux qui, confrontés au handicap, à la maladie, aux détresses humaines et sociales consécutives aux situations de vulnérabilité et de dépendance demeurent attachés aux valeurs de notre démocratie, y compris lorsqu'elles peuvent leur apparaître défaillantes au regard de leurs véritables urgences. J'estime que nos obligations de démocrates justifient que notre société se mobilise à leurs côté, les soutiennent dans la dignité de leu existence et ne s'en remette pas à des procédures médico-légales voire administratives pour les accompagner jusqu'au terme de leur existence.

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Quels enseignements tirez-vous du dernier épisode de ce qu’il faut appeler l’affaire Lambert ?

Je suis partagé entre le soulagement et l’effarement. Soulagement d’abord, pour Vincent Lambert, mais aussi pour ceux qui vivent dans des situations semblables, leurs proches et leurs soignants… L’équipe médicale du CHU de Reims semble avoir renoncé à effectuer une forme d’euthanasie délibérée, dissimulée mais particulièrement pernicieuse : l’arrêt d’hydratation et d’alimentation ayant comme intention, non pas de stopper un prétendu acharnement thérapeutique, mais bien de provoquer la mort d’une personne lourdement handicapée mais qui n’est aucunement en fin de vie. Faut-il rappeler que Vincent n’est pas dans le coma, qu’il ne souffre pas, qu’il a déjà résisté à trente jours d’arrêt d’alimentation et que – contrairement à certains experts – des médecins spécialisés dans les états comme le sien attestent qu’il est réceptif à la tendresse exprimée par ses proches ? Quel message catastrophique aurait été sa « mise à mort » inévitablement ultra médiatisée ! Non seulement pour les parents et proches de Vincent, mais aussi pour toutes les personnes qui se dévouent auprès d’autres patients tout aussi dépendants que lui… Car je reste effaré par l’effet de contamination de la désespérance que cette affaire provoque déjà dans les services pour ces patients EVC-EPR (états végétatifs chroniques et pauci-relationnels). C’est d’autant plus douloureux qu’avec cette affaire beaucoup de Français sont désormais prêts à affirmer que de tels patients sont inutiles, encombrants, voire coûteux. Qu’ils sont pour ainsi dire déjà morts, puisque leur handicap est « irréversible ». Une nouvelle forme d’eugénisme d’exclusion entre ainsi dans notre société, non plus pour ceux qui arrivent dans la vie avec un handicap, mais pour ceux qui sont devenus lourdement handicapés… Si nous y basculons avec un seul « cas limite », il ne s’agira plus que de déplacer le curseur…

Vous avez choisi de prendre position au contraire d’autres personnalités catholiques qui incitent à la retenue…

J’ai surtout lu l’appel du Cardinal Barbarin et des évêques de sa région, tous clairement engagés contre l’euthanasie de Vincent. Pour ma part, j’ai choisi depuis longtemps la posture revendiquée par Emmanuel Mounier en 1935 : « Le désordre nous choque moins que l’injustice. » Quand c’est la mort d’un homme qui est en question, l’enjeu n’est pas la tranquillité personnelle ou sociale – ni même la pudeur – mais la conscience et la vérité. Même si cette vérité peut peiner ou blesser, il faut trouver un moyen de la dire, sans jamais quitter la ligne de crête où elle rencontre l’amour. C’est un exercice d’équilibriste. Car il ne s’agit pas de choquer gratuitement, mais d’assumer, même à contrecœur, d’être une voix qui dérange… Vincent Lambert est typiquement devenu le bouc-émissaire emblématique décrit par René Girard. La France, déjà très eugéniste, est prête à faire disparaître ceux dont l’épreuve est telle qu’on les préfère morts plutôt que de rester vivants dans leur état. Provoquer ou cautionner la mort d’un seul pour préserver la paix sociale, ne générerait qu’un soulagement illusoire et éphémère… Notre société a un besoin vital de voix dissonantes pour briser l’unanimisme, et éviter de tels passages à l’acte. Je pense au cri du jeune Daniel « Je suis innocent du sang de cette femme ! » qui sauva Suzanne de ses vieux juges, à la fois honorables et véreux.

Sur l’affaire Lambert, je conseillerais aux chrétiens qui doutent encore, d’écouter Emmanuel Hirsch, directeur de l’espace éthique des hôpitaux de Paris, qui n’est pas chrétien : proche des patients cérébrolésés, il ose dénoncer « l’incarcération » de Vincent et demander son transfert dans un lieu adapté… Voilà un homme qu’on ne peut soupçonner d’ « intégrisme », cette étiquette infamante qu’on colle au front de ceux qu’on veut disqualifier, et isoler de leurs propres amis…

La question que nous devons nous poser avant toute prise de position est celle de notre liberté intérieure. Et pour cela, il faut traquer nos stratégies d’évitement de la vérité qui s’apparentent toutes à des stratégies mondaines : conservatisme institutionnel, défense de caste ou d’amis, peur de déplaire, d’être rejeté… En un mot, peur de perdre. Seule une conscience libérée de cette peur respire en paix.

Tugdual Derville. Propos recueillis par Frédéric Aimard.


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(Source: Généthique)

Pour Gènéthique, le Professeur Xavier Ducrocq, neurologue au CHU de Nancy et conseil médical des parents de Vincent Lambert, réagit à la décision annoncée par le CHU de Reims de ne pas se prononcer sur l’arrêt des soins apportés à Vincent Lambert et sur la volonté de saisir le procureur pour qu’un représentant légal du patient soit nommé (cf. Gènéthique vous informe du 24 juillet 2015).

Comment réagissez-vous à la décision qui a été prise hier par les médecins concernant Vincent Lambert ?

Je suis extrêmement soulagé que la menace immédiate de mort ait été suspendue et j’espère définitivement écartée, même s’il est un peu tôt pour en être certain. Je reste vigilant parce qu’aucun des motifs avancés n’est d’ordre médical, alors que la raison de l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert est médicale ! Le motif de cette décision ne concerne pas non plus la démarche collégiale. Pour toutes ces raisons, je reste prudent. Je regrette que d’emblée, le transfert n’ait pas été proposé, que la suspension de la décision n’ait pas été doublée d’un transfert, parce que la prise en charge médicale actuelle est insuffisante.

Ceci étant, c’est un pas en avant. Mon inquiétude était immense, je craignais qu’on arrête la vie de Vincent très rapidement, que l’alimentation et l’hydratation soit supprimés ces prochains jours et que le processus s’accompagne d’une sédation profonde. J’espère que c’est le premier temps de la levée d’une triple imposture que j’ai déjà nommée (cf. Gènéthique vous informe du 8 juin 2015). Il est temps de mettre un peu de raison dans ces débats.


Est-ce que vous pensez qu’il y a de l’entêtement de la part des médecins ?


Très clairement. Nous leur avons proposé de voir des vidéos, le Dr Simon n’a jamais voulu. Ils ont engagé une nouvelle procédure collégiale sans s’apercevoir que l’état de Vincent avait évolué, sans vouloir le considérer. Par ailleurs, le Dr Simon est là depuis le début et elle a toujours approuvé la démarche. Il n’y a pas eu de remise en question sur ce sujet. La semaine qui a précédé la décision des examens auraient eu lieu. Je suis conseil médical des parents de Vincent, ses parents n’ont jamais eu aucune information, moi encore moins ! Ils ont remis en questions la capacité de déglutition de Vincent. Qui l’a fait ? Quand ? Comment ? Il est impossible de conseiller les parents dans ces conditions, or nous devons avoir connaissance de ces éléments. C’est d’autant plus paradoxal que nous constatons au contraire que son état s’est amélioré ! Vincent mange par la bouche sans aucune difficulté ! Nous avons des éléments extrêmement objectifs de l’authenticité de ce que nous avançons sur le plan médical.

Que voulez-vous dire ?


Des collègues médecins ont accepté de voir ces vidéos, des neurologues et des médecins rééducateurs qui dirigent des unités spécialisées importantes de patients pauci-relationnels. Leurs conclusions sont convergentes : Vincent est en état Pauci-relationnel (Cf. Gènéthique vous informe du 24 juillet 2015).

Les experts du Conseil d’état avait bien dit qu’ils ne pouvaient pas écarter la possibilité que Vincent soit dans un état pauci-relationnel et ils sont allés au-delà de ce que leur mission leur imposait en estimant que le seul niveau de conscience de Vincent ne suffisait pas en soi à engager une procédure de fin de vie, il fallait aussi connaître la volonté de Vincent. Actuellement, il prend volontairement la nourriture qu’on lui propose par la bouche, les soins n’ont pas de caractère déraisonnable.

Mais là tout s’est emballé ?

C’est pour cette raison qu’il faut juger Vincent sur la base des éléments médicaux que nous avons actuellement à notre disposition et non pas sur ceux de 2012 ! La réalité est devenue tout autre ! Dès avril 2014, les experts avaient affirmés la capacité de Vincent à manger par la bouche et à déglutir. Cela n’a pas été exploité par la rééducation orthophonique qui aurait due être mise en place. Et aujourd’hui Vincent mange parce qu’il veut manger ! Et par là Vincent montre qu’il veut vivre ! Il a la capacité de refuser. Sa mère l’a très bien compris : dans la vidéo, il y a un moment où elle veut lui donner à manger et où il détourne la tête. Cette volonté est facile à vérifier pour peu qu’on s’en donne les moyens.

Avez-vous eu des contacts, depuis hier, avec des médecins à qui vous avez présenté les vidéos de Vincent ?

Oui, ils partagent notre soulagement.

La loi du 3 mai 2002 donne des éléments très précis pour la prise en charge des personnes atteintes d’un handicap majeur qui sont sans espoir d’une réelle amélioration dans le temps. Cette loi a donné lieu à la création de 300 établissements. Ce qui se passait pour Vincent remettait tout en cause. C’est comme si on disait « cette vie ne vaut pas la peine d’être vécue », comme si on sous-entendait que ce travail n’avait pas de sens, que ça coutait cher et même que c’était de la maltraitance ! Il y avait un vrai malaise dans ces équipes. Alors oui, j’ai reçu des messages de mes collègues qui sont eux aussi soulagés de cette décision.

Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?

Le communiqué du CHU de Reims, qui n’est disponible nulle part, qui n’a pas été transmis aux avocats, demande au procureur de nommer un tuteur. Le pouvoir d’un tuteur est limité, il aura tout au moins la capacité de demander le transfert de Vincent dans une unité spécialisée. Si c’est ce qui arrivait, s’il était pris en charge par une équipe neutre, je pense que ce serait une première étape, j’espère vers un apaisement, y compris familial.

Pour Vincent, comme pour l’équipe soignante du CHU de Reims, il serait important qu’il puisse changer au plus vite d’établissement.

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(Source blog de Jean-Yves Nau)


Affaire Vincent Lambert: l’essoufflement du droit aux lisières 
de la conscience et de la mort



Bonjour

Vincent Lambert ? Encore… Il n’est pas mort …? Une amie magistrate parisienne : « Je me demande comment cette affaire est perçue en dehors du cercle des passionnés. Je ne rencontre que des gens qui disent qu ils en ont assez de cette mort médiatique et interminable, et que ça les intéresse plus. Aurais-je de mauvaises fréquentations …? »

Un ami journaliste parisien de talent, spécialiste du décalé : « Vincent Lambert ? Faire un sujet à la rentrée ? Encore… Il n’est pas mort …? »

Vincent Lambert encore. Parce que du fond de son silence et de son regard flouté cet homme nous parle. Il nous dit tout de nous.

Omission fatale

L’affaire Vincent Lambert a commencé en avril 2013, cinq ans après l’accident de circulation qui avait plongé cet homme dans un état de coma profond devenu irréversible. Au CHU de Reims le Dr Eric Kariger, son médecin de l’époque, omet alors de prévenir les parents de ce malade que l’équipe qu’il dirigeait avait, collégialement, décidé d’engager un processus de « fin de vie » – par arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. Informés les parents saisirent la justice administrative. Nul ne sait encore qui est le Dr Kariger. Un mois plus tard Vincent Lambert était toujours vivant et les médecins durent à nouveau alimenter Vincent Lambert et lui prodiguer les soins réclamés par son état. Le CHU fit alors appel de cette décision. On connaît, dans les grandes lignes la suite : les rebondissements médicaux, juridiques et éthiques d’une tragédie qui, sous cette forme est sans précédent en France et dans le monde.

Le dernier épisode de cette affaire date du 23 juillet 2015. Déjouant tous les pronostics formulés depuis plusieurs jours l’équipe médicale du CHU de Reims ne s’est finalement pas prononcée en faveur d’un arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. L’établissement hospitalier a annoncé qu’il suspendait la nouvelle procédure médicale collégiale mise en place le 8 juillet. Le CHU de Reims explique que « les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires (…) ne sont pas réunies ». Il plaide désormais pour le rétablissement « d’un échange serein, dans l’intérêt de Vincent Lambert et de son accompagnement ».

Questions en suspens
Le Dr Daniela Simon, directrice du service de soins palliatif où Vincent Lambert est hospitalisé, estime qu’il est de son devoir de saisir le procureur de la République pour « statuer sur la représentation globale de son patient ».Un « tuteur légal », extérieur à la famille, devrait ainsi être désigné. Ce rebondissement soulève publiquement la question rarement évoquée : pourquoi aucune procédure de désignation d’un tuteur légal n’a-t-elle jamais, depuis 2008, été engagée ?

Il en d’autres questions qui restent en suspens, à commencer par celle de savoir pourquoi on n’a pas organisé le transfert du malade dans une autre unité spécialisée dès lors que l’équipe médicale de cette unité de soins palliatifs avait jugé que sa prise en charge ne s’imposait plus et que la justice était saisie. Interrogé le Conseil d’Etat n’a pas répondu. Il y aussi une ambiguïté, centrale et jamais élucidée : en avril 2013 le Dr Kariger explique qu’il a décidé la « fin de vie » de son malade parce que ce dernier semblait « refuser les soins » tout en expliquant que ce même malade ne peut plus communiquer avec l’extérieur.

Affaire de droit
Au-delà de ces questions plus que troublantes, au-delà de la mise en scène médiatiques des conflits familiaux, au-delà même de l’avenir qui sera fait à Vincent Lambert cette affaire est éclairante. Elle permet d’analyser plusieurs aspects du traitement politique et juridique de questions éthiques concernant le handicap et la médicalisation de la fin de la vie. De ce point de vue plusieurs leçons peuvent être tirées de cette tragédie

Perçue comme une tragédie l’affaire Vincent Lambert est aussi, d’abord et avant tout, une affaire juridique. L’erreur commise en mai 2013 par le Dr Kariger (engager un processus de « fin de vie » sans prévenir les parents du patient) est à l’origine d’une action sans précédent en France devant la juridiction administrative. C’est elle qui conduisit le Conseil d’Etat à devoir trancher ce litige. Conscient de l’ampleur et de la portée de l’affaire, les magistrats du Palais-Royal s’entourèrent des plus grandes précautions. Ils sollicitèrent notamment l’avis de trois médecins spécialistes de neurosciences proposés par l’Académie nationale de médecine, le Comité consultatif national d’éthique et le Conseil national de l’Ordre des médecins. Il était clair que leur décision était appelée à faire jurisprudence.

Le monde et la loi
En juin 2014 ils jugèrent, in fine, que rien ne s’opposait à ce que le processus de fin de vie (par arrêt de la nutrition et de l’hydratation du malade) pouvait être à nouveau être mis en œuvre au CHU de Reims cette fois jusqu’à son terme. Expliquant à la presse les raisons de ses décisions Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’Etat avait eu ce mot : « Nous ne voyons le monde que régi par la loi ». Cette vision avait amené la plus haute juridiction administrative à juger « que les dispositions du code de la santé publique issues de la loi du 22 avril 2005 [loi Leonetti] relatives à l’arrêt de traitement en cas d’obstination déraisonnable s’appliquent que le patient soit ou non en fin de vie et peuvent donc concerner l’état dit pauci-relationnel dans lequel se trouve M. Vincent Lambert ». Elle jugeait également « que l’alimentation et l’hydratation artificielles de M. Vincent Lambert constituent un traitement au sens de cette loi ». En d’autres termes nourrir et faire boire ne sont plus de simples soins constitutifs de la dignité de la personne mais bien des thérapeutiques. Des thérapeutiques qui pourront être « interrompues » quand des médecins décideront collégialement qu’ils sont entrés sur le terrain de « l’obstination déraisonnable ». Dans ce cas la personne mourrait de dénutrition et de déshydratation, l’administration délibérée de substances létales n’étant pas autorisée.

Raison et obstination

Cette interprétation de la loi de 2005 « relative aux droits des malades et à la fin de vie » fut validée par le député Jean Leonetti (Les Républicains, Alpes-Maritimes) rapporteur de cette loi. Elle fut en revanche radicalement contestée par les parents comme par une fraction du corps médical. Les opposants font valoir que ce malade n’est nullement « en fin de vie » et que le fait de le nourrir et de le faire boire ne peut en aucune manière être assimilé, ici, à une « thérapeutique » mais correspond à de simples « soins ». Procéder à leur arrêt définitif consisterait, dès lors, à donner volontairement la mort et devrait être assimilé à une forme d’euthanasie, interdite par la loi. Il y aurait ici, en somme, une forme d’inversion paradoxale de la notion « d’obstination déraisonnable ».

La décision du Conseil d’Etat fut aussitôt suivie d’une saisine de la Cour européenne des droits de l’homme qui, en juin dernier, ne s’opposa pas au jugement du Conseil d’Etat en estimant qu’il n’était pas contraire à la Convention européenne des droits de l’homme. L’arrêt de la CEDH fut toutefois marqué par la prise de position dissidente de cinq des dix-sept juges de la « Grande chambre » (ceux d’Azerbaïdjan, de Géorgie, de Malte, de Moldavie et de Slovaquie) estimant que la Cour était parvenue à « une conclusion effrayante », qui équivalait « à un pas en arrière » du point de vue des droits de l’homme.

Alzheimer

On estime entre mille cinq cent et mille sept cent le nombre des personnes qui sont aujourd’hui, en France, dans des situations de coma profond équivalente à celle de Vincent Lambert. Contrairement à certaines interprétations elles ne sont pas directement concernées par le jugement du Conseil d’Etat – du moins tant qu’il n’existe pas de dissensions familiales quant à la suite de leur prise en charge. Pour autant cette affaire unique soulève une question d’une portée médicale et éthique considérable : celle de l’adéquation entre le niveau de conscience et l’arrêt de soins vitaux considérés comme étant devenus « déraisonnables ». La mécanique juridique élaborée par le Conseil d’Etat et avalisée par la Cour européenne des droits de l’homme pourrait, demain, être utilisée à d’autres fins, comme dans le cas des maladies neurodégénératives, comme celle d’Alzheimer.

En conscience

Cette menace sera d’autant plus présente que les soins, se prolongeant « indéfiniment », seront jugés trop coûteux. Elle avait été parfaitement perçue par les trois experts médicaux consultés par le Conseil d’Etat qui écrivaient, il y a un an que « le degré de l’atteinte de la conscience ne saurait constituer le seul élément déterminant de la mise en route d’une réflexion concernant un éventuel arrêt de traitement ». La science n’est pas la conscience.

Vincent Lambert ? Il n’est pas mort …? Pour l’heure cet homme est vivant. Loin de nous sans doute, mais vivant. La suite reste à écrire. Au risque de lasser. Le pire serait de garder le silence.

aussi: "l’Elysée et la ministre de la Santé ont-ils pesé sur
            les derniers développements de l’affaire ?

          Vincent Lambert : pourquoi n’avait-on pas, depuis 2008,
           nommé de «représentant légal» ?
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**FIL D ACTUALITE CONCERNANT VINCENT LAMBERT**


Communiqué des avocats des parents de Vincent Lambert (23 juillet) *

"Vincent Lambert : pour quelles raisons n’avait-il pas, depuis 2008, 
                                                                                  de «représentant légal» ?*

Réaction d' AllianceVITA: *


"Le monde des soins palliatifs peut-il accepter une "mise en fin de vie" 

au nom d'un lourd handicap ?"        Tugdual derville  (23Juillet 2015 ) *



"Aujourd’hui le visage le plus fragile de notre société se 
prénomme Vincent."         Evêques de Rhône-Alpes   (21Juillet 2015 ) *

Jean-Yves Nau: " Vincent Lambert : deux médecins soudain confrontées 

                              aux affres du «conflit d’intérêts»      (17 Juillet 2015 ) *

Les parents de Vincent Lambert portent plainte pour 
"tentative d'assassinat"                                                      (16 Juillet 2015 ) *

Maître Paillot : "Demande en révision faite à la CEDH concernant 

vincent Lambert "                                                                  (26 Juin 2015 ) *

Gregor puppinck: "Affaire Lambert:
         la CEDH a commis une erreur de droit"(23 Juin 2015 ) *

Tugdual Derville: "Image, pudeur et dignité"                 (11 Juin 2015 ) *

Prise de parole d' Emmanuel Hirsch sur Europe 1        (10 Juin 2015 ) *

La prise de parole du Cardinal Barbarin sur RTL           (8 Juin 2015 ) *

"Inconscience des droits de l’homme"  Entretien avec Tugdual Derville
                           Propos recueillis par Fédéric Aimard       (8 juin 2015) *


Communiqué de Presse de Grégor Puppinck, ECLJ / 

Affaire Vincent Lambert  + Vidéo témoignage de la visite d'un ami 
                                                                             à Vincent       (5 juin 2015) *


"En France, 1700 anonymes sont dans l'état de Vincent Lambert" 
                                                                                                    (4 juin 2015)  *


******** Pour aller plus loin ****************

Archives du blog Fin de vie:

2015

"Plaidoyer pour la Médecine d’Hippocrate" 

                      Par Éléonore Le Cesne, étudiante en médecine, pour SDD
VIDEO du Dr Olivier Claris sur le rapport Leonetti / Clayes sur la Findevie 
                                                 (SoinsPalliatifs / @soulagerpastuer)
Académie de Médecine: "A propos des nouveaux droits en faveur 
                                                des malades et des personnes en fin de vie"
Mourir par sédation ou l’idéologie du « bien mourir » par Emmanuel hirsch
Intervention de Jean-Frédéric Poisson sur la Fin de vie 
                      (21 Janvier 2015 à l' Assemblée Nationale)
"Débat Derville-Le Mené : L’union est-elle possible dans la défense de la vie ?
"Euthanasie, la «bonne mort» qui anesthésie les consciencesPar Gilles Freyer, 
                                            Prof en cancérologie au CHU de Lyon   (17 Fev 2015)
"Sédation et compassion terminale" Intervention d' Emmanuel Hirsch 
                                             au Sénat (20 fev 2015) 
"Dormez, je le veux ! " par Sylvain Pourchet
"La sédation et les marchands de sable" Dr Sylvain Pourchet
"Fin de vie : chaque mot peut donner à une loi un sens irréversible" Dr Serge Duperret
                                              Gregor puppinck

2014
                   par @TDerville (3 dec 2014)
                                 (Cyril Douillet dans "Cahiers Libres")
                                 ( suite à celui de Nicole Boucheton - ADMD)
 dans les situations de fin de vie (Conseil de l'Europe)
                           avec Anne-Laure Boch et Bernard Lebeau  
                            la situation de Monsieur Vincent Lambert
                                      (Institut Européen de Bioéthique)

2013
2012
Rapport à François Hollande Président de la république Française
Euthanasie, soins palliatifs... La fin de vie en France n'est pas celle qu'on croyait
Fin de vie : l’Académie nationale de médecine se prononce
Fin de vie: "Même une personne vulnérable, fragile, abîmée reste digne jusqu’au bout"
Mission Sicard - Fin de vie : faut-il aller plus loin que la loi Leonetti ?
Le débat sur l'euthanasie devient un débat sur le suicide assisté
Vivre la fin de vie (RCF) avec Tugdual Derville
Le député UMP Jean Leonettio estime que la loi sur la fin de vie portant
son nom peut être améliorée.
L’exception d’euthanasie
Le droit devant la mort
Perdu d' avance ? (Euthanasie et Homofiliation )
Euthanasie: "Y avait-il une solution pour Vincent Humbert, Chantal Sébire ... ?"
Face à "La tentation de l' Euthanasie" - Bilan du #VITATour d' AllianceVITA
François Hollande relance le débat sur l'euthanasie (sur RND)
Euthanasie et mourir dans la dignité dans Carrément Brunet
avec Tugdual Derville & Jean Leonetti
"Au pays des kangourous" - Fin de vie et dépression , l' importance du "regard" de l' "autre"
Droit des malades et fin de vie, que dit la loi "Leonetti" ?
Euthanasie : Opération Chloroforme pour Jean-Marc Ayrault via @Koztoujours
Audio du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault sur l’euthanasie
"Euthanasie : terrorisme intellectuel et complaisance politique"
L' Euthanasie n' est pas une valeur de gauche ...
Déclaration de l' académie Catholique de France sur la « FIN DE VIE »
"Rire et soins palliatifs, est-ce sérieux?" avec Sandra Meunier, clown art-thérapeute
Quels soins palliatifs pour demain ... lors de la journée mondiale des soins palliatifs sur RND
Le Groupe National de Concertation sur la Fin de Vie (GNCFV) propose au gouvernement l’organisation d’un débat public
"Sauvons Papi et Mamie" - Une campagne pour la VIE
"La fin de vie" dans RCF Grand Angle avec Tugdual Derville
Euthanasie: 10 ans d’application de la loi en Belgique (Mai 2002- 2012 )
Les AFC rentrent en campagne, pour une politique soucieuse des plus fragiles
Alliance Vita continue son "Tour de France de la solidarité" - #VITATour
Alliance Vita lance son "Tour de France de la solidarité"
Pourquoi la question de la fin de vie est-elle si politique ? avec Tugdual Derville
Tugdual Derville sur RCF au furet du nord de Lille - "Tour de France de la solidarité"
France Catholique: La tentation de l' Euthanasie, enjeu majeur de l' élection présidentielle
Fin de vie, faut il une nouvelle loi ? avec Tugdual Derville sur BFMbusiness
Vivre la fin de vie (RCF) avec Tugdual Derville


vendredi 5 juin 2015

"la Convention européenne des droits de l’homme proclamée en 1950 tourne une page dans l’histoire des droits de l’homme en Europe" Gregor Puppinck



Communiqué des avocats des parents de Vincent Lambert (23 juillet) *

"Vincent Lambert : pour quelles raisons n’avait-il pas, depuis 2008, 
                                                                                               de «représentant légal» ?*

Réaction d' AllianceVITA: *

"Le monde des soins palliatifs peut-il accepter une "mise en fin de vie" au nom d'un lourd handicap ?"
                                                         Tugdual derville  (23Juillet 2015 ) *


"Aujourd’hui le visage le plus fragile de notre société se prénomme Vincent."
                                                         Evêques de Rhône-Alpes   (21Juillet 2015 ) *

Jean-Yves Nau: " Vincent Lambert : deux médecins soudain confrontées 
                                         aux affres du «conflit d’intérêts»      (17 Juillet 2015 ) *

Les parents de Vincent Lambert portent plainte pour "tentative d'assassinat"
                                                                                                      (16 Juillet 2015 ) *

Maître Paillot : "Demande en révision faite à la CEDH concernant vincent Lambert "                                                                                                                                                                  (26 Juin 2015 ) *

Gregor puppinck: "Affaire Lambert:
             la CEDH a commis une erreur de droit"(23 Juin 2015 ) *

Tugdual Derville: "Image, pudeur et dignité"                             (11 Juin 2015 ) *

Prise de parole d' Emmanuel Hirsch sur Europe 1                      (10 Juin 2015 ) *

La prise de parole du Cardinal Barbarin sur RTL                         (8 Juin 2015 ) *

"Inconscience des droits de l’homme"  Entretien avec Tugdual Derville
                                         Propos recueillis par Fédéric Aimard       (8 juin 2015) *


Communiqué de Presse de Grégor Puppinck, ECLJ / Affaire Vincent Lambert  
      + Vidéo témoignage de la visite d'un ami à Vincent                    (5 juin 2015) *


"En France, 1700 anonymes sont dans l'état de Vincent Lambert" 
                                                                                                               (4 juin 2015)  *




********** 23 Juillet - Décision du CHU de Reims **************




(Source: Soutien Vincent)



COMMUNIQUE DES AVOCATS DES PARENTS DE VINCENT LAMBERT

La procédure collégiale est terminée.

La seule question reste celle du transfert.

Ce 23 juillet 2015 restera une date importante dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Vincent LAMBERT.

Le 15 juillet 2015, le Dr Daniela SIMON avait annoncé à une partie de la famille le sens de sa décision qui ne faisait plus aucun doute. Nous, avocats, avions terminé à 14 h une requête en référé-liberté et étions prêts à saisir le tribunal.

Mais c’est une heureuse décision qui a été notifiée : le CHU renonce à la procédure collégiale et demande au Procureur qu’un tuteur soit nommé.

Or le seul pouvoir concret du tuteur sera de décider du transfert de Vincent LAMBERT comme nous le réclamons depuis 2 ans. C’est ainsi que le ministre de la Santé Marisol TOURAINE a rapporté les propos du CHU dans un communiqué au sujet des conditions de sérénité qui n’étaient pas réunies pour prendre une décision d’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent LAMBERT.

Vincent LAMBERT ne peut donc pas davantage rester au CHU de REIMS.

C’est une évidence que nous plaidons depuis 2 ans, depuis que la justice a annulé la 1ère décision de provoquer la mort de Vincent LAMBERT le 11 mai 2013. A cette époque, c’est délibérément que l’équipe médicale, dont faisaient déjà partie les Dr Daniela SIMON et Ana OPORTUS, avait décidé de ne pas informer les parents de la mort programmée de leur fils. Depuis le 11 mai 2013, le CHU de REIMS était délégitimé à cause du mépris qu’il avait manifesté envers les parents de Vincent.

Ce que ne dit pas le ministre de la Santé, c’est que le CHU savait parfaitement qu’une nouvelle décision serait annulée en justice dès lors que le Dr Daniela SIMON et le Dr Ana OPORTUS ont comparu officiellement aux côtés de Rachel LAMBERT devant la CEDH. Le conflit d’intérêt était manifeste.

Enfin, de nombreuses autorités scientifiques et morales sont intervenues pour dissuader le CHU de continuer dans cette voie de l’acharnement à vouloir mettre à mort Vincent LAMBERT malgré des mises en cause médicales, déontologiques et pénales graves.

Précisons que Vincent a progressé depuis l’expertise du Conseil d’Etat il y a 16 mois. Il a été filmé en train de déglutir sans difficulté de la nourriture et de l’eau. Un seul médecin a refusé de voir cette vidéo : le Dr Daniela SIMON.

Tous les spécialistes qui ont vu cette vidéo sont formels : il n’est plus dans un état végétatif mais pauci-relationnel et il doit être rééduqué à manger par la bouche.

Cette rééducation se fera désormais dans un établissement où l’on prendra soin de lui. A ce jour, 6 établissements nous ont écrit qu’ils étaient prêts à s’en occuper.

C’est un nouveau départ pour Vincent et sa famille.

                    Jean PAILLOT, avocat                           Jérôme TRIOMPHE, avocat









Blanche Streb


Vincent Lambert – Que l’humanité l’emporte sur la raison d’Etat, et que la justice soit enfin servie par le droit

Alors qu’une décision était attendue ce jeudi 23 juillet et que l’ensemble de la famille était convoquée, le CHU de Reims ne s’est finalement pas prononcé sur l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert.

Le médecin en charge de Vincent Lambert a décidé de suspendre la procédure collégiale placée sous sa responsabilité. Evoquant « des pressions extérieures » les médecins ont annoncé vouloir saisir le procureur pour que soit désigné un représentant légal du patient, pour une forme de mise sous tutelle.

Alliance VITA tient à exprimer un premier soulagement, en espérant que les parents de Vincent Lambert obtiendront un transfert de leur fils dans un établissement approprié.

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA et auteur de La Bataille de l’euthanasie, estime que : « Devant la double pression incontestable qui s’exerce pour et contre la vie de Vincent Lambert, nous pouvons comprendre que le CHU ait souhaité prendre du recul. Nous espérons vivement que cela permettra, une fois le calme revenu, d’offrir à Vincent Lambert la chance d’un transfert vers un établissement spécialisé et approprié à son état réel. Il ne s’agit pour nous ni d’une victoire, ni d’une défaite, mais d’un premier soulagement. Nous continuons d’espérer que l’humanité puisse l’emporter sur la raison d’Etat, et que la justice soit enfin servie par le droit. Pour cela, il faut que de nombreuses voix de Sages s’unissent pour soutenir la demande des parents de Vincent Lambert. Ce sont eux qui assurent aujourd’hui le rôle de “protecteurs naturels”. Il faudrait aussi que d’autres Sages aient l’humilité de renoncer à leur posture favorable au protocole qui aurait provoqué la mort de Vincent. Car il n’est pas seulement injuste pour l’homme concerné ; il est dangereux pour tous ceux qui vivent avec un handicap comparable, et démoralisant pour leurs proches et ceux qui les soignent. »0

* Réaction de Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita: Audio (radio Vatican)





(Source blog de Jean-Yves Nau)



Vincent Lambert : pour quelles raisons n’avait-il pas, depuis 2008, de «représentant légal» ?

Bonjour

Le pire n’est jamais sûr. Déjouant les innombrables prévisions médiatiques formulées depuis plusieurs jours l’équipe médicale du CHU de Reims ne s’est finalement pas prononcée, jeudi 23 juillet, sur un arrêt ou non de l’alimentation et de l’hydratation (et non des « traitements ») de Vincent Lambert. Recevant la famille de cet homme profondément handicapé depuis 2008 l’établissement a annoncé qu’il suspendait la procédure collégiale mise en place le 8 juillet pour statuer sur sa situation.

Haut lieu

On peut très raisonnablement penser que des conseils (sinon des consignes) avaient, en haut lieu, été formulés pour qu’il en soit ainsi. Dans l’intérêt général bien compris. On sait qu’ici la plume est serve quand la parole est libre.

Comment ne pas perdre la face ? Dans un communiqué, le CHU de Reims explique que « les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires à la poursuite de la procédure ne sont pas réunies ». Il suspend donc la procédure placée sous sa responsabilité et plaide pour le rétablissement « d’un échange serein, dans l’intérêt de Vincent Lambert et de son accompagnement ». La sérénité, voilà l’affaire. Et on sait à quel point elle manque dans l’affaire Lambert.

Intégrisme

Le Dr Daniela Simon, directrice du service de soins palliatif où Vincent Lambert est hospitalisé, a dit estimer qu’il était de son devoir de saisir le procureur de la République pour « statuer sur la représentation globale de son patient ». Nombre de médias rappellent qu’en cas de décision d’arrêt définitif de l’alimentation-hydratation les parents de Vincent Lambert (« proches-des-milieux-catholiques-intégristes ») avaient annoncé leur intention de saisir à nouveau le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne en référé liberté.

Avec ce rebondissement une question (rarement, sinon jamais évoquée) va être publiquement soulevée : pourquoi aucune procédure de représentation légale de ce malade handicapé n’a-t-elle jamais, depuis 2008, été engagée ? Pourquoi personne ne l’a-t-elle jamais demandée ? Qui ici, a manqué à ses obligations ? Pourquoi a-t-on laissé dans cette unité hospitalière de soins palliatifs un malade dont l’équipe médicale avait depuis mai 2013 jugé qu’il ne devait plus être pris en charge de manière adaptée?

En temps et en heure

Ce ne sont là que quelques unes des questions qui demeurent, paradoxalement, sans réponses (1). Des questions éminemment éthiques qui dépassent Vincent Lambert et sa famille déchirée. Des questions qu’il faudra, au fil du temps reprendre.

Le sursis qui est aujourd’hui heureusement annoncé laisse espérer que ce travail pourra, en temps et en heure, être mené. Le pire n’est jamais sûr.

A demain

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"Le monde des soins palliatifs peut-il accepter une 
"mise en fin de vie"
 au nom d'un lourd handicap ?"
Tugdual derville  (22Juillet 2015 )

"nous ne pouvons pas nous taire."

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"Aujourd’hui le visage le plus fragile de notre société se prénomme Vincent."

Evêques de Rhône-Alpes (*)




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" Vincent Lambert : deux médecins soudain confrontées 
                     aux affres du «conflit d’intérêts» 







Bonjour

La vie laissée ou la mort programmée ? Habituellement muet le CHU de Reims vient de parler. Le 15 juillet, il a annoncé avoir pris la décision « d’engager une nouvelle procédure en vue d’une éventuelle décision d’arrêt des traitements de Vincent Lambert. »

« Cette procédure devrait tenir compte d’un calendrier précis et impliquer plusieurs étapes, précise FR3 Champagne-Ardenne (Eléonore Autissier) . La famille de Vincent Lambert a été invitée à se réunir. Tout en tenant compte de la décision du Conseil d’Etat et de l’arrêt rendu par la Cour européenne des Droits de l’Homme le 5 juin dernier, notamment en ce qui concerne la volonté du patient, l’objectif de cette réunion était de recueillir l’avis de chacun sur cette nouvelle procédure et de leur en présenter les différentes étapes. »

En pratique l’ensemble de l’équipe soignante et des médecins consultants se réuniront et émettront un avis motivé sur une décision d’arrêt ou non des « traitements ». Une fois cet avis émis, une décision médicale sera prise et la famille en sera informée. Le CHU souligne que, depuis son admission dans l’établissement, Vincent Lambert « fait l’objet d’une attention constante et soutenue de l’équipe médicale et soignante ». C’est une précision imprtante. Le CHU imaginait-il que l’on avait pu, un instant, en douter ?

Avis motivé

Ce 15 juillet le Dr Daniela Simon, la nouvelle chef du service des soins palliatifs avait successivement reçu l’épouse, le neveu, les frères et sœurs et les parents du patient. Moins pour palabrer que pour les informer de ce choix. La prochaine réunion collégiale se tiendra prochainement avoir à Reims avec l’ensemble de l’équipe soignante qui émettra un avis motivé sur une décision d’arrêt ou non de la nutrition et de l’hydratation. « Une fois cet avis émis, une décision médicale sera prise, et la famille en sera informée », précise l’établissement hospitalier désormais en première ligne (après avoir été longtemps protégé). La direction sait qu’elle sera, le cas échant, confrontée aux recours devant la justice administrative qui devraient déposés par les parents Lambert.

Viviane Lambert, mère de Vincent, entend obtenir de nouvelles expertises neurologiques et orthophoniques. Elle dénonce une forme de conflit d’intérêt dans la mesure où le Dr Simon appartenait à l’équipe médicale qui avait déjà pris à deux reprises la décision d’arrêter la nutrition et l’hydratation et où elle représentait l’épouse de Vincent Lambert devant la CEDH (comme le rapporteL’Union). Viviane Lambert a lancé un ultimatum à ce médecin pour qu’il se « dessaisisse » de ce dossier. Elle s’est déclarée prête à « aller devant le tribunal au pénal » et à porter plainte pour maltraitance « si rien ne bouge », selon L’Union. La demande du transfert du malade vers un autre établissement hospitalier demeure d’actualité.

Tragédie moderne

Ainsi donc tout se passe comme si, après un très long détour judiciaire, l’affaire allait redevenir médicale, collégialement médicale. Avant de repartir aussitôt vers les arcanes de la justice. C’est, tout simplement, que l’affaire Lambert dépasse depuis longtemps le cas de cet infirmier psychiatrique victime d’un accident de la circulation en 2008. Elle dépasse cette famille déchirée sous les yeux de la machinerie médiatique.

L’affaire Lambert est une tragédie éminemment moderne en ce quelle se nourrit d’éthique. Son déroulé trace, jour après jour, notre morale en marche. C’est dire l’importance orwellienne qu’il faut accorder, au risque de lasser, à n’en pas perdre le fil.

A demain


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Affaire Vincent Lambert. Alors que l'ultimatum posé au CHU de Reims vient d'expirer, les parents du tétraplégique ont annoncé porter plainte contre l'hôpital et les médecins chefs de service pour "tentative d'assassinat" et "maltraitance" envers leur fils.


Après que la CEDH ait rejeté en révision la demande des parents de Vincent Lambert le 6 juin dernier, en estimant que la convention européenne des droits de l'homme n'était pas violée si la justice autorisait les médecins à stopper l'alimentation et l'hydratation du tétraplégique, l'ensemble de la famille de l'ancien infirmier était convoqué ce mercredi 15 juillet par l'équipe médicale du CHU de Reims pour discuter de "l'avenir du patient". L'hôpital avait, en effet, annoncé vouloir engager une "nouvelle procédure d'arrêt des traitements".

D'après le Monde, une réunion collégiale avec l'ensemble de l'équipe soignante et des médecins consultants devrait avoir lieu dès le début de la semaine prochaine afin d'émettre un avis quant à la décision d'arrêt de la nutrition et de l'hydratation. Une fois l'avis conclu, une décision médicale sera prise et la famille en sera informée a expliqué l'hôpital.

L'utilmatum des parents du patient

Mais les entrevues avec la famille de Vincent Lambert n'ont pas pour autant apaisé la situation. A leur issue, ses parents ont en effet posé un ultimatum à l'hôpital en demandant au docteur Daniela Simon, chef du service dans lequel se trouve leur fils, de se déssaisir du dossier avant jeudi 16 juillet midi. Ils ont indiqué qu'ils porteraient plainte au pénal contre l'hôpital à cette échéance si Vincent n'était pas transféré dans un établissement spécialisé. Plainte qu'ils s'apprêtent donc à déposer pour "mauvais traitements" et "tentative d'assassinat".

Un chef de service à l'impartialité douteuse

Viviane et Pïerre Lambert ont souligné l'absence de neutralité du Dr Simon : celle-ci avait fait partie de l'équipe médicale qui avait déjà a deux reprises décidé d'arrêter les traitements et l'alimentation du tétraplégique. Celle-ci était ainsi partie prenante lors de l'audition devant la CEDH en étant conseiller de Rachel Lambert, épouse de Vincent qui demande l'arrêt des traitements. "Il y a donc un réel conflit d'intérêt car elle est partisane sur le sujet. On ne peut pas repartir sur un climat de confiance" a déclaré David Philippon, frère du patient au micro de RTL, ce mercredi 15 juillet.

Une plainte pour "mauvais traitements" et "tentative d'assassinat" contre l'hôpital

"On a été trop patient. L'hôpital de Reims nous trahit depuis deux ans" a déclaré Viviane Lambert, interrogée par20 minutes. Les parents accusent l'hôpital de laisser leur fils à l'abandon et de ne plus dispenser depuis deux ans les soins nécessaires : kinésithérapie, mise au fauteuil et rééducation. D'après le Figaro, le siège, nécessaire pour asseoir Vincent Lambert, n'a jamais été commandé par le CHU, malgré des demandes réitérées. Les parents voudraient alors obtenir un transfert de leur fils vers une des unités spécialisées dans l'acceuil des personnes en état "pauci relationnel" créées en 2002.

Pour obtenir celui-ci, alors que l'ultimatum fixé est expiré, ils ont donc décidé de porter plainte auprès du procureur de la République de Reims pour "mauvais traitements" mais aussi "tentative d'assassinat". Celle-ci serait consécutive de l'arrêt des soins, de l'hydratation et de l'alimentation de Vincent opéré en par l'équipe médical du docteur Kariger en avril 2013 sans en avoir informé ses parents.

Maitre Jean Paillot a indiqué à 20 minutes que le dossier d'une trentaine de page allait être faxé dès ce jeudi au procureur. L'avocat a également expliquer que les parents du tétraplégique portaient plainte contre le CHU en tant que personne morale, le docteur Kariger et son successeur le docteur Simon pour malatraitance, séquestration et tentative d'assassinat. Ils poursuivent également leur bru, Rachel Lambert, pour faux en écriture. Le dramatique feuilleton judiciaire est loin d'être terminé.

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(Source: Genethique)






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 Gregor puppinck: "Affaire Lambert : la CEDH a commis une erreur de droit"














    Affaire Lambert. Grégor Puppinck, Docteur en droit, Directeur du Centre européen pour le droit et la justice. Il révèle que « la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a commis dans l'affaire Lambert une erreur juridique grave en se contredisant. »


La justice de l’homme ne saurait être parfaite, pas même celle de la Cour européenne des droits de l’homme, qui se décrit pourtant comme « la conscience de l’Europe ». Cette Cour vient de confirmer la décision d’arrêt de l’hydratation et de l’alimentation artificielles de Vincent Lambert, c'est-à-dire son arrêt de mort. Mais, coup de théâtre, il apparaît que la Cour a commis dans cet « arrêt Lambert » une erreur juridique grave et manifeste en se référant à contre-sens de sa propre jurisprudence.

Quand la CEDH reprochait à des médecins de violer l’article 8 de la Convention et d’outrepasser la volonté de la mère d’un enfant gravement malade

La Cour, selon l’usage anglo-saxon, s’appuie autant sur le texte de la Convention européenne des droits de l’homme que sur sa propre jurisprudence pour développer ses raisonnements et justifier ses décisions. Parmi les affaires auxquelles elle se réfère à l’appui de sa décision dans le cas Lambert, l’une des plus importantes, citée à cinq reprises, est l’affaire Glass contre le Royaume-Uni (9 mars 2004). Dans cette affaire, la mère d’un enfant hospitalisé pour troubles respiratoires se plaignait des décisions de l’équipe médicale, prises contre sa volonté, de lui administrer une forte dose de morphine au risque d’entraîner son décès et, en cas de nouvelle crise respiratoire, de ne pas le réanimer. Désireuse de défendre la vie de son fils contre la décision médicale, la mère du patient saisit finalement la CEDH, comme c’est aussi le cas dans l’affaire Lambert. La Cour avait jugé que la décision des autorités médicales « de passer outre, en l’absence d’autorisation par un tribunal, l’objection de la mère au traitement proposé a violé l’article 8 de la Convention ». A l’unanimité la Cour a dit « qu'il y a eu violation de l'article 8 de la Convention ». Les médecins auraient dû respecter la volonté de la mère, ou saisir une juridiction pour la contester. Ce précédent, constatant la violation de la Convention, venait plutôt au soutien des parents Lambert.






Dans l’affaire Lambert, la Cour se contredit et indique le contraire

Or, dans l’arrêt Lambert, la Grande Chambre énonce à l’inverse de façon erronée que « dans son arrêt du 9 mars 2004, elle a conclu à la non-violation de l’article 8 de la Convention » (paragraphe 138). Cette erreur est située dans le rappel de l’état de la jurisprudence présenté parmi les « considérations générales » fondant le raisonnement. Il est impossible de déterminer précisément les implications de cette erreur sur le raisonnement de la Cour, mais elle permet à la Grande Chambre de constater abusivement, à l’appui de sa propre conclusion, qu’à l’exception d’une affaire de procédure, « elle n’a conclu à la violation de la Convention dans aucune de ces affaires » (paragraphe 139).

Une grave erreur de droit

C’est là une erreur manifeste et navrante, et on peine à l’expliquer. Comment la juridiction européenne la plus élevée, dans une affaire aussi sensible, peut-elle méconnaître sa propre jurisprudence, introduisant une erreur importante au cœur même de son raisonnement ? Cette erreur ajoute au discrédit d’un arrêt qui n’en avait plus besoin, tant la critique portée à son encontre par les cinq juges dissidents est dévastatrice.

Que va-t-il advenir de cet arrêt Lambert ?

Cet arrêt ayant été rendu directement par la Grande Chambre, l’instance suprême de la CEDH, il ne peut plus être corrigé « en appel » : il est définitif.

Le Règlement de la CEDH prévoit la possibilité de « rectifier » les « erreurs de plume ou de calcul et les inexactitudes évidentes » contenues dans un arrêt, mais il s'agit ici d'une erreur de droit, substantielle. Il prévoit aussi la possibilité de « réviser » un arrêt, c'est-à-dire de le rejuger « en cas de découverte d’un fait (nouveau) qui, […] aurait pu exercer une influence décisive sur l’issue d’une affaire déjà tranchée et qui, à l’époque de l’arrêt, était inconnu de la Cour et ne pouvait […] être connu d’une partie ». Cette erreur de droit n’est pas en soi un fait nouveau, mais elle peut venir s’ajouter à d’autres faits nouveaux, comme la possibilité nouvelle de Vincent Lambert de s’alimenter naturellement.

Officiellement, « la Cour ne peut pas se tromper »

Aucune procédure ne prévoit l’hypothèse d’une erreur de droit de la Grande Chambre. Néanmoins, on n’imagine pas que cette erreur puisse demeurer ; elle devra être supprimée, et la procédure de « révision » semble être la seule voie possible. L’affaire Lambert n’est donc pas close à la CEDH.

Pour limiter les conséquences de cette erreur, certains soutiendront que seule la décision finale de la Cour importe (le dispositif), et qu’une erreur de raisonnement ne l’affecte pas. Mais il faut alors admettre ouvertement, ce qui est largement vrai, que le raisonnement n’est qu’un habillage juridique de la décision finale. De fait, la Cour ne construit son argumentation qu’après avoir tranché sur le fond, pour expliquer la décision et développer son corpus doctrinal. C’est très certainement dans cette méthode téléologique que réside la cause de l’erreur, car elle conduit à utiliser la jurisprudence pour soutenir une solution prédéterminée.

D’autres diront que l’erreur est humaine, c’est vrai ; mais la vie d’un homme est ici en jeu.

En tous cas, cette erreur est humiliante ; elle nous rappelle combien la justice n’est qu’humaine. Et c’est parce que la justice humaine est faillible qu’elle devrait demeurer humble et s’abstenir de décider de la vie ou de la mort d’un homme innocent. Il y a toujours, dans l’humiliation des « grands de ce monde », lorsqu’elle est causée par un excès d’assurance, comme un rappel providentiel de la véritable justice.

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(Blog de Tugdual Derville)
Depuis mardi 9 juin, en quelques plans vidéo, avec des millions de Français, j’ai pu découvrir Vincent Lambert tel qu’il est aujourd’hui : vivant. Scandale ! Faut-il crier à l’indignité et à l’impudeur ? Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a été saisi. L’ancien médecin de Vincent dénonce une manipulation.

L’organe de régulation de l’audio-visuel n’avait pourtant pas réagi quand le même médecin traitant s’était laissé interviewer en 2014 par M6, devant le même patient alité, pour légitimer son choix controversé de stopper son alimentation et son hydratation.

Que révèle la comparaison de ces deux séquences ?

Couvrez ce visage…

Dans la version tournée par la télévision, le visage de Vincent est flouté, mais pas ses avant-bras et ses mains qui sont rétractées, comme souvent après des années d’immobilité, dans une posture qui peut impressionner les néophytes. Le patient apparaît en fond, seul sur son lit médicalisé. Il n’a pas vraiment figure humaine. La façon dont le praticien en blouse blanche donne, debout, à voix haute, son avis sur le destin de celui qui est couché dans son dos, en parlant de lui au passé, achève ou préfigure – inconsciemment – son exclusion totale. Il n’a pas sa place dans la conversation. Heureusement, la séquence s’achève par un« Bonne journée Vincent ! » qui contraste avec ce qui vient d’être exprimé. Devant un homme diagnostiqué en état de conscience minimale, faire le pari de la présence est un principe de précaution. S’abstenir de discourir de lui devant lui, d’une façon qui pourrait le blesser, c’est le b.a.-ba du respect. Trop de soignants l’oublient. Au retour de certains comas, des patients l’ont révélé, à l’image d’Angèle Lieby (auteur de Une Larme m’a sauvée) qui fut témoin, impuissante, du choix de son cercueil, avant de recouvrer sa capacité de communication.

Dans les séquences filmées le 5 juin 2015, c’est seulement le visage de Vincent que l’on découvre, en gros plan. Signe d’identification, reflet de la personne. Un visage sans voile, avec un regard qui parait mobile et réceptif, tout en gardant une insondable part de mystère. Je ne me permettrais pas de l’interpréter davantage. Ce qui est notable dans ces plans qui ont, justement, la pudeur de ne montrer que le visage et les mains, ce sont les relations d’ultra-proximité et de tendresse avec ses proches : ces corps qui le touchent, ces voix qui s’adressent à lui, ces regards qui cherchent le sien l’humanisent, et humanisent nos propres regards en attestant sa valeur et sa dignité. Les corps de ces proches ne sont pas debout devant l’homme couché mais penchés sur lui. « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime, tel que tu es ! » : voilà ce dont chaque humain a un besoin vital, quel que soit son état. En toute logique, l’ami de Vincent a la délicatesse de nous donner son témoignage personnel de l’extérieur de la chambre.

Nous avons tous besoin d’ambassadeurs de la dignité d’autrui, de médiateurs aptes à nous approcher des personnes ou communautés qui nous angoissent. Pour dépasser nos peurs, nous devons commencer par nous regarder. Si possible, dans les yeux. C’est le seul moyen d’abandonner les fausses-images, les caricatures et, notamment, cette propension à imaginer les personnes handicapées qu’on nous décrit en monstres inhumains. Quand tant de personnes éprouvent de l’effroi à l’idée de la grande dépendance, couvrir « pudiquement » le visage de Vincent, c’est presque attester son retrait du monde, à la façon dont on remonte un linceul sur la face d’un défunt.

Au contraire, ceux qui ont découvert, grâce à un ami de son enfance, que Vincent n’est aucunement un spectre bardé de tuyaux, se débattant pour mourir, mais une personne vivante et paisible malgré son ultra-dépendance, sont stupéfiés. La vidéo ne permet pas d’ajuster un diagnostic sur son degré de conscience, mais elle atteste au moins que Vincent est éveillé et aucunement en fin de vie. Son visage dit simplement : « Je suis comme je suis, mais je suis là ». Incitation au respect de sa vie car, selon l’expression d’Emmanuel Levinas, philosophe du visage par excellence : « Autrui est visage » et « Le visage, c’est ce qui nous interdit de tuer ».

Au nom de quoi faudrait-il pousser Vincent vers la sortie ? Avec le professeur Emmanuel Hirsch, directeur de l’espace éthique des Hôpitaux de Paris, interviewé sur Europe 1, dont il faut écouter l’avis, nous devons nous rappeler que Vincent a déjà survécu à 31 jours d’arrêt d’alimentation, et de réduction drastique de l’hydratation ! N’y a-t-il pas là une stupéfiante preuve d’exceptionnelle vitalité ? Car ce n’est pas la société qui empêche Vincent de mourir : c’est bien lui qui ne meurt pas. C’est son droit. Notre devoir n’est-il pas d’en prendre soin, dans un lieu adapté comme le demandent ses parents ?

Des loups sortent du bois

Paradoxe de la controverse, la saisine du CSA a été effectuée « au regard de l’application du principe de respect de la dignité humaine » par ceux-là même qui affirment qu’un patient en état neurovégétatif ou pauci-relationnel a déjà perdu sa dignité… Les promoteurs de l’euthanasie ont coutume d’abuser de la dialectique de l’émotion et n’hésitent pas à brandir des images frappantes. Je l’ai décrypté dans mon livre La Bataille de l’euthanasie à propos de sept autres affaires qui ont bouleversé l’opinion. N’aurait-on le droit de s’émouvoir que dans un sens ? Nous savons tous que certaines images fortes, de personnes et de visages (je pense à la petite fille brûlée du Vietnam), ont contribué à d’utiles prises de conscience au service de l’humanité.

Pourtant, je comprends la gêne, voire la peine, que ces images peuvent provoquer pour certains membres d’une famille divisée par l’épreuve. Je sais bien, également, que Vincent n’est pas en mesure de donner son consentement. Des circonstances exceptionnelles peuvent-elle légitimer que les « protecteurs naturels » que sont désormais les parents de Vincent aient accepté ce moyen pour répondre au reste de la société qui les accusent de s’acharner à forcer leur fils à vivre ? C’est peut-être à leurs yeux l’ultime façon de nous faire revenir à la réalité, et de le protéger de cette mort par arrêt d’alimentation et d’hydratation qui le menace.

Je m’interroge enfin sur l’acharnement de certaines personnes extérieures à attester, sans l’avoir vu, que la vie de Vincent n’en est pas une et qu’il doit donc mourir. La séquence qui fait débat aura eu le mérite de faire sortir quelques loups du bois : la menace d’exclusion des patients pauci-relationnels et neurovégétatifs est bien réelle quand on entend la façon dont certains déconsidèrent publiquement leur existence. Je préférerais qu’ils reviennent aux sages paroles du docteur Bernard Wary, co-fondateur de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) : il témoignait n’avoir jamais vu un légume dans un lit d’hôpital, et même n’avoir jamais soigné aucun « mourant » mais toujours des patients 100% vivants.

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Voir aussi : "Pourquoi les parents de Vincent ont autorisé la publication de la vidéo (ici)

Video de Vincent et son Ami  +  Dr Chevrillon (Ass "France Traumatisme crânien")

  


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Prise de parole d' Emmanuel Hirsch sur Europe 1




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(Source Gregor puppinck)


Communiqué de Presse de Grégor Puppinck, ECLJ / Affaire Vincent Lambert
Vendredi 5 juin 2015.


La CEDH accepte l’euthanasie de Vincent Lambert

La Cour européenne des droits de l’homme a rendu aujourd’hui sa décision dans l’affaire Vincent Lambert et autres contre France. Par douze voix contre cinq, la Grande Chambre a jugé qu’un État peut provoquer la mort d’un patient en état de conscience minimale.
La Cour a également refusé aux parents de Vincent Lambert le droit de se plaindre en son nom des traitements inhumains dont il fait l’objet depuis maintenant trois ans, du fait de l’arrêt des soins de kinésithérapie (§112.).
Ainsi, non seulement la Cour a jugé qu’en Europe, on peut à nouveau légalement provoquer la mort d’un patient handicapé qui n’a pas demandé à mourir ; mais en outre, elle dénie à ce patient la protection de la Convention contre les mauvais traitements. En refusant de garantir le droit à la vie et aux soins à Vincent Lambert, la Cour tourne une page dans l’histoire des droits de l’homme en Europe.
Elle réintroduit dans la légalité européenne la possibilité d’euthanasier une personne handicapée, alors même que c’est précisément contre cette idéologie que la Convention européenne des droits de l’homme a été proclamée en 1950.
En 1946, lors des procès de Nuremberg, les médecins qui pratiquaient l’euthanasie des personnes handicapées ont été condamnés. Ces condamnations ont fondé l’éthique médicale contemporaine. En ce sens, le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE), dans ses observations récentes, avait clairement confirmé l’interdit éthique de mettre fin à la vie d’un patient.
Aujourd’hui, la « Cour européenne des droits de l’homme en bonne santé » renoue avec une pratique funeste que l’on espérait révolue en Europe. Pour la première fois, la Cour accorde une « certaine marge d’appréciation » aux États dans leurs obligations positives de respecter la vie des personnes, en se fondant notamment sur sa jurisprudence en matière d’avortement (§144.).
Cette décision expose à la « mort légale » des dizaines de milliers de patients qui, en Europe, sont dans la même situation que Vincent Lambert. Le respect de leur droit à la vie n’est plus garanti par la Cour européenne des droits de l’homme.
Comme le soulignent courageusement les cinq juges dissidents : « Nous regrettons que la Cour, avec cet arrêt, ait perdu le droit de porter le titre » de « conscience de l’Europe » qu’elle s’était attribué en 2010 pour son cinquantième anniversaire. La Cour européenne des droits de l’homme transforme une nouvelle fois davantage les droits de l’homme en une idéologie individualiste et utilitariste.




Intervention de Maître Jean Paillot, avocat des Parents de Vincent Lambert (5 juin 2015 devant la CEDH)




VIDEO Prononcé de l'arrêt à la #CEDH 5 Juin 2015



Tugdual Derville : "CEDH : Une brèche dans l’interdit de tuer"




Communiqué des avocats des parents de Vincent Lambert *
Opinion en partie dissidente commune aux 5 juges
               Hajiyev, Šikuta, Tsotsoria, De Gaetano et Gritco *

Vidéo témoignage d'un ami de Vincent du 5 Juin:


Communiqué de presse de la CEDH (5 juin 2015)
(Plein écran: ici)


Arrêt de la cour CEDH (5 juin 2015)
(Plein écran: ici)


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(Source: Le Figaro)

"En France, 1700 anonymes sont dans l'état de Vincent Lambert" (4 juin 2015)

FIGAROVOX/TRIBUNE - La CEDH décide ce vendredi si elle confirme la décision du Conseil d'État de cesser l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert. Les signataires de cette tribune appellent les juges à autoriser ses parents à lui prodiguer ces soins.


C'est un drame familial dans lequel s'affrontent deux amours irréconciliables, celui d'une mère et celui d'une épouse, dans lequel se heurtent deux conceptions radicalement opposées de ce qui fait la dignité d'un homme et le sens d'une vie, dans lequel s'épuisent des prétentions absurdes à savoir ce qu'un jeune homme, placé dans une situation dont il ne pouvait avoir la moindre idée, aurait voulu ou n'aurait pas voulu. Ce drame privé est devenu une affaire médiatique, un dossier judiciaire et un enjeu politique.

Ce vendredi 5 juin, la CEDH va rendre son arrêt, confirmant ou infirmant la décision du Conseil d'État de voir cesser l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert jusqu'à ce que mort s'ensuive.



 Pourtant il n'y aura pas d'autre solution que de cesser la nutrition, ce qui devrait entraîner la mort en quatre à cinq jours; une injection létale serait plus rapide, évidemment, mais quoiqu'elle aboutisse strictement au même résultat, la pratique n'est pas encore autorisée en France.

La mort surviendra… sauf si une hydratation et une nutrition de substitution sont apportées. La question qui se pose, dans l'hypothèse où la CEDH confirmerait l'arrêt du conseil d'État, est donc de savoir à quel degré de rigueur la décision sera appliquée. Si l'hôpital cesse les soins d'alimentation et d'hydratation, sera-t-il fait interdiction à toute autre personne, et en particulier à ses parents, de prodiguer de tels soins?

Les proches peuvent mettre en place à domicile de tels soins de base, ou par la sonde actuellement employée, ou même par l'ingestion en très petites quantités d'une nourriture aisée à déglutir. C'est ce que propose de faire la mère de Vincent, en attendant son placement dans une des unités spécialisées dans l'accueil de ces malades, telle celle du docteur Jeanblanc, dans lesquelles on parle à ces patients, on les assoie, on les masse, et bien sûr on les nourrit. Les partisans de l'euthanasie de Vincent trouvent qu'il est déraisonnable de déployer autant d'efforts envers des malades qui ne réagissent pas, ou peu, à ces sollicitations. Ils ajoutent que sa mère s'obstine à le vouloir en vie quand son épouse a fait le deuil d'une vie qui ne valait plus d'être vécue.

Mais l'amour d'une mère pour son enfant est évidemment plus instinctif que celui d'une épouse! 



S'il s'agissait de mettre fin à ses souffrances, ce serait différent. En l'espèce, beaucoup de partisans de l'euthanasie de Vincent considèrent que la vie dans cet état doit être pour lui-même une cause de souffrances physiques et morales insupportables. Mais ni l'observation et les examens spécialisés de Vincent, ni les imageries cérébrales, ne permettent de le supposer et encore moins de l'affirmer.

Si Vincent ne souffre pas, pourquoi ne pas accéder à la requête de ses parents qui veulent s'occuper de lui, comme d'autres parents s'occupent des 1700 personnes vivant aujourd'hui en France dans le même état de conscience minimale? Ces gens-là sont-ils tous des fanatiques ou des intégristes? Ou tout simplement des parents aimants qui assument un handicap irréversible?

À défaut, et si la vie en état de conscience minimale est jugée comme ne devant pas se poursuivre, alors il faut cesser d'alimenter les 1700 anonymes qui sont dans le même état que Vincent Lambert.

C'est l'heure du choix et c'est l'heure de la cohérence.

Signataires:

Anne-Marie Morgand, mère de Philippe en état de conscience minimale.

Charles Beigbeder, entrepreneur et homme politique.

Dominique Lapierre, écrivain.

Erick Germain, Doyen honoraire de la faculté de droit de Lorraine.

Jean-Marie Andrès, président des Associations Familiales Catholiques.

Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune.

Josette Bury, présidente AFTC Lorraine (Association de Familles de Traumatisés Crâniens).

Julie Graziani, porte-parole d'Ensemble Pour le Bien Commun.

Thibaud Collin, philosophe.

Tugdual Derville, délégué général d'Alliance Vita.

Xavier Ducrocq, neurologue en CHU (Nancy).


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Fil d'actualité de Gregor Puppinck: ICI

. "Affaire Lambert à la CEDH : le procès de l'imprécision de la loi leonetti"

. Grégor Puppinck : "GPA : derrière les droits de l’homme, l’exploitation"
"Les infanticides néonataux en Europe doivent être condamnés" Gregor Puppinck
Conférence de Gregor PUPPINCK sur l'avortement et le statut
de l'embryon pour la CEDH
Contrat d'Union Civil ? - "Europe: la famille diluée dans les 
droits de l’homme"
. ONU : Grégor Puppinck dénonce les atteintes à la liberté des 
consciences et de religion en Europe
Mariage pour tous: Adoption puis PMA et GPA , l'effet domino
La Cour européenne des Droits de l’homme impose l’adoption
homosexuelle
. PMA : la France a déjà voté...
MariageGay - "Il n'existe pas de droit à l'adoption"
. DPI - Le Diagnostic préimplantatoire fait débat (31 Aout 2012)


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(source: AllianceVITA)

"Inconscience des droits de l’homme"  Entretien avec Tugdual Derville
                                               Propos recueillis par Fédéric Aimard


tugdual_derville


Comment réagissez-vous à l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme qui valide l’arrêt d’alimentation et d’hydratation qu’avait effectué le docteur Kariger sur Vincent Lambert ?

Tugdual Derville : Avec une grande tristesse, je dois l’avouer. Une affaire douloureuse et compliquée risque de se terminer de façon dramatique, tout en faisant sauter un interdit aussi vital pour l’éthique médicale que pour la protection des plus vulnérables. Cet arrêt est d’abord injuste pour Vincent et ses proches dont nous connaissons la situation bloquée (chambre fermée à clef, plus de kinésithérapie depuis mille jours, etc.).

Mais il est aussi lourd d’autres conséquences, car il ouvre insidieusement une brèche dans l’interdit de tuer, et ce au nom même des droits de l’homme. C’est ce type d’inversion entre le juste et l’injuste, entre le bien et le mal qui déconstruit une civilisation. Faut-il rappeler que la CEDH est largement née, en 1950, du souci de protéger les personnes handicapées ? J’ai lu son long arrêt : l’énergie mise pour argumenter l’injustice en droit, avec précision et intelligence — peut-être en toute bonne conscience — est aussi séduisante qu’effrayante. Comme toute technique, en elle-même neutre, le droit peut donner des fruits bienfaisants ou vénéneux… Ici, le résultat est mortel.

Votre contestation de cet arrêt n’est-elle pas exagérée, et par ailleurs habituelle de la part des personnes déboutées, de leurs proches et de ceux qui les soutiennent ?

Le texte publié par cinq juges réfractaires corrobore notre indignation. Il faut vraiment lire ces lignes qu’ils signent ensemble pour se désolidariser de leurs douze collègues, fait exceptionnel. à l’inverse d’une certaine bioéthique qui relève trop souvent de l’art de compliquer les choses simples pour légitimer les transgressions, ils vont droit au but : « Après mûre réflexion, nous pensons que, à présent que tout a été dit et écrit dans cet arrêt, à présent que les distinctions juridiques les plus subtiles ont été établies et que les cheveux les plus fins ont été coupés en quatre, ce qui est proposé revient ni plus ni moins à dire qu’une personne lourdement handicapée, qui est dans l’incapacité de communiquer ses souhaits quant à son état actuel, peut, sur la base de plusieurs affirmations contestables, être privée de deux composants essentiels au maintien de la vie, à savoir la nourriture et l’eau. »

Les cinq magistrats vont jusqu’à conclure que la Cour a perdu le droit de se prétendre« Conscience de l’Europe » comme elle l’avait fait pour son 50e anniversaire. Issus de pays modestes, ils me font penser au tout jeune Daniel contestant publiquement avec courage un arrêt de mort injuste ourdi par deux vieux sages qui ont fait condamner Suzanne. Nous avons peut-être à apprendre de sociétés dont la culture n’est pas encore gangrenée par l’idéologie eugéniste.

A vos yeux, la CEDH valide-t-elle une euthanasie ?

Absolument. Pour définir l’euthanasie, il faut deux critères : l’intention de provoquer la mort et le résultat, quel que soit le moyen utilisé. Le fait d’hydrater et alimenter par voie entérale est un procédé simple qui ne vise aucunement à « maintenir artificiellement en vie » mais simplement à prendre soin d’un patient en lui apportant ce qui est nécessaire à toute vie. Rappelons que Vincent, quoique très dépendant, ne dépend d’aucun traitement médical, d’aucun branchement et d’aucune machine, qu’il respire spontanément. Pas plus qu’un biberon pour un bébé, l’alimenter et l’hydrater ne relève d’un traitement qui aurait comme intention de le guérir ou de s’acharner à l’empêcher de mourir, s’il était malade. Par ailleurs, arrêter de l’alimenter ou de l’hydrater n’a pas comme objectif d’améliorer sa vie mais de provoquer sa mort. Pourquoi devrait-on jouer avec les mots ?

Là encore, les cinq juges dissidents nous ouvrent les yeux en dénonçant ce qui est dissimulé derrière les circonvolutions du long arrêt, tout en assumant le ton inusité de leur rébellion : « Cette affaire est une affaire d’euthanasie qui ne veut pas dire son nom. En principe, il n’est pas judicieux d’utiliser des adjectifs ou des adverbes forts dans des documents judiciaires, mais en l’espèce il est certainement extrêmement contradictoire pour le gouvernement défendeur de souligner que le droit français interdit l’euthanasie et que donc l’euthanasie n’entre pas en ligne de compte dans cette affaire. »

Pensez-vous qu’à partir de ce cas, d’autres euthanasies seront validées ?

Même si le Conseil d’État français a tenté d’éviter cet effet contamination — ne serait-ce que pour rassurer les soignants et proches des quelque 1700 patients qui vivent dans des états paucirelationnels ou neurovégétatifs — sa gestion du cas spécifique de Vincent Lambert ouvre évidemment une brèche…

Déjà les promoteurs de l’injection létale, tout en se réjouissant de l’arrêt, contestent ce mode d’euthanasie qu’ils estiment trop longue et éprouvante… Si l’équipe médicale qui a désormais en charge Vincent Lambert depuis la démission du Dr Kariger entame, en prenant appui sur l’arrêt de la CEDH, un nouveau protocole de fin de vie — elle a déjà convoqué la famille pour la consulter — nous verrons monter dans tous les médias l’onde de protestation contre le temps que cela prendra…

De plus, la CEDH a refusé d’examiner une demande des parents de Vincent Lambert qui contestaient le déficit de prise en charge kinésithérapeutique de leur fils. à lire son arrêt, pour qu’une telle protestation soit recevable, il faudrait, soit que ce soit Vincent lui-même qui proteste, soit qu’il soit mort !

Autrement dit, la Cour renonce à se saisir des requêtes des proches des personnes inconscientes qu’ils considéreraient victimes de maltraitance.

Comment expliquez-vous une telle évolution en Europe ?

Comme dans les événements qui marquent notre Histoire, il y a des causes profondes et d’autres, plus conjoncturelles. Notre société de la performance, de l’individualisme et de l’autonomie se sent agressée par les situations ultimes comme celles de ces personnes très lourdement handicapées à la suite de lésions cérébrales vraisemblablement irrémédiables. La médecine de réanimation se sent coupable d’avoir permis la survie de ces personnes. Les proches peuvent être très engagés auprès de ceux qu’ils aiment, mais il est naturel qu’ils traversent des phases d’ambivalence. Certains — qui ont été très dévoués pendant des mois — se découragent et peuvent s’éloigner. Il ne s’agit pas de leur jeter la pierre. D’autres retrouvent un équilibre de vie qui paraîtra au plus grand nombre insensé, presque moralement contestable.

Je vois Vincent Lambert comme l’archétype du bouc émissaire d’une société où celui qui semble inutile n’a plus de valeur et génère de l’angoisse chez les bien-portants. Pourtant, c’est largement la gratuité du don désintéressé des êtres humains les uns aux autres qui donne sa valeur à une civilisation. Et gare à l’argument économique que certains commencent à exhiber comme cet internaute qui a écrit à Alliance VITA  « Est-ce vous qui allez payer les frais d’hospitalisation de Vincent Lambert ? Soyez un peu réalistes. » En période de rareté des ressources, l’humanité a une alternative dans sa relation aux plus faibles de ses membres : la solidarité ou l’exclusion.
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La prise de parole du Cardinal Barbarin sur RTL (8 juin 2015)





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