" Nos sexes sont en bataille dans toutes les vitrines des librairies,
sur tous les grands écrans en couleur, dans tous les journaux…
Faut se reconnaître dans chaque violeur, sentir dans son tréfonds des racines pourries qu’on ne possède pas forcément,
s’aliéner avec désinvolture devant le Problème. "
Robert Lalonde 1
( 1 - Auteur québécois, cité pa r Jacques Grand’ Maison, sociologue , Université de Montréal, dans La Révolution affective
et l’homme d’ici, Site web : http://classiques.uqac.ca/ )
Bon genre, mauvais genre…
La différence hommes/femmes est évidemment une donnée
factuelle, celle de l’existence des mâles et des femelles. Mais,
dès que l’on s’éloigne de l’évidence anatomique pour explorer
les sentiments, les comportements, les représentations de
l’un ou l’autre sexe, on s’engage sur un chemin miné. Les différences
que l’on s’efforce alors de décrypter sont-elles encore
de l’ordre de la nature ? Autrement dit, sont-elles fonction du
conditionnement biologique ? Ou bien sont-elles d’abord un
fait de « culture » dans lequel se reflètent les conditionnements
sociaux, culturels et religieux, avec les rapports de
pouvoir et de domination que l’on connaît ? C’est un débat
dans lequel il est devenu difficile d’éviter les positions passionnelles.
Que l’on insiste sur certains aspects de la diffé
rence homme/femme, et l’on est taxé de naturaliste, voire
d’« essentialiste ». La tendance actuelle va plutôt, au contraire,
dans le sens d’un « constructivisme », où les thèmes liés à la
sexuation sont considérés comme des représentations culturelles
qui n’ont rien à voir avec une quelconque donnée
naturelle.
Dans cette évolution, qui mit progressivement à distance
la notion de « nature », pour valoriser de plus en plus la
« culture », a émergé la notion du gender (le « genre »),
d’abord du côté des « psy » : selon le psychanalyste américain
Robert Stoller, le sexe renvoie à un domaine biologique et le
genre est un état psychologique faisant référence à la masculinité
et à la féminité, c’est-à-dire à la manière dont chacun
s’approprie psychiquement son sexe 2. Mais la pensée féministe
tira la notion de « genre » du côté du « sexe social » : le
genre désigne la représentation culturelle du sexe. On admet
alors l’invariance du sexe, mais on étudie la variabilité du
genre, socialement construit.
« L’inégalité » de fait entre hommes et femmes s’exprime
dans des domaines observables, et même dans celui
des maladies qui atteignent inégalement les sexes. En revanche,
de nombreux aspects de la souffrance psychique et des
comportements dits « à risque » détiennent des traits où le
psychosocial prend le pas sur le biologique : les femmes sont
plus souvent affectées par la dépression, et les hommes ont
plus tendance aux comportements violents et « à risques 3 ».
Cette diversité des comportements et des attitudes s’ordonne
pour partie dans la sphère biologique, et aussi, très largement,
dans tout le champ imaginaire et symbolique, issu de
la culture. La discussion autour de la naturalité du masculin
ou du féminin est « piégée » parce que complexe, mais aussi
en raison de l’impossibilité d’évoquer aujourd’hui d’autres
hypothèses que celle de la construction culturelle. Les gender
studies anglo-saxonnes, nées dans la lignée du féminisme,
étudiaient et dénonçaient utilement les constructions culturelles
liées au genre. La gender theory va beaucoup plus loin,
et remet profondément en cause la notion même de genre. La
question homosexuelle, en particulier, devient le lieu du refus
de « l’hétérocentrisme », c’est-à-dire de la centration de la
culture sur l’hétérosexualité.
La problématique de la gender theory a ainsi glissé du
refus du monde patriarcal au rejet du modèle hétérosexuel.
Les théories traditionnelles du psychisme sont accusées
d’inscrire dans l’ordre anthropologique et symbolique des
données hiérarchiques instituées. La psychanalyse est dénoncée
comme relais des religions et de l’oppression hétérosexiste.
Elle serait gardienne du fonctionnement normatif
cherchant à imposer la « pureté sans reste et sans déchet » de
la norme hétérosexuelle 4.
La revendication d’égalité entre sexes, se déployant
sur un registre classique de différenciation assez claire des
sexes, fait place progressivement à une logique de l’indifférenciation.
Les théories du gender récusent toute portée
significative non seulement du genre, mais aussi de la sexuation
en tant que donnée a priori, dans un constructivisme où
plus rien de ce qui est « nature » n’est accepté. La culture
« genrée » étant ordonnée aux pouvoirs (patriarcal et hétérosexuel),
la norme est donc l’expression de l’oppression.
La question « gay »
Pourquoi la question homosexuelle prend-elle aujourd’hui
tant de place dans notre culture, eu égard à la proportion de
personnes concernées ?
Le catalyseur historique fut l’épidémie du sida, qui a
positionné le monde homosexuel masculin comme victime
très réelle d’une hécatombe. Avec le sida, l’imaginaire collectif
de l’homosexualité a profondément changé. La réelle souffrance
de la communauté homosexuelle a instillé dans l’inconscient
contemporain l’idée de l’homosexuel comme victime.
La mauvaise conscience par rapport à une telle épidémie a inspiré
dans nos inconscients l’idée d’un mal « homophobe ». La
souffrance des homosexuels dans ces années-là a télescopé la
mauvaise conscience plus ou moins homophobe du monde
occidental. Nous avons découvert, et rejeté, l’homophobie en
même temps que les ravages de l’épidémie. S’est institué progressivement
un discours revendicatif de type victimaire chez
une partie des homosexuels, qui se sont eux-mêmes progressivement
de plus en plus définis comme communauté.
La période-charnière est celle des années 1970, quand
le monde homosexuel est sorti du placard, avec l’émergence
de l’identité homosexuelle et des problématiques communautaires 5.
Si le terme « homosexuel » existait auparavant,
Foucault le souligne, « ce qui existait, c’était la sodomie », un
certain nombre de pratiques sexuelles condamnées, mais
l’individu homosexuel « n’existait pas 6 ». Dans les luttes
autour des sexualités au cours des années 1970, l’homosexualité
devient une question identitaire. Le livre de Guy
Hocquenghem, Le Désir homosexuel 7, est, à cet égard, prophétique
de ce que sera la théorie du gender vingt ans plus
tard. Selon lui, l’homosexualité n’est pas une sexualité parmi
d’autres, mais un lieu de subversion de la « normalité ». Le
désir homosexuel comme le désir hétérosexuel seraient des
découpes arbitraires du flux polyvoque du désir. Foucault,
dont l’oeuvre fut centrale dans les élaborations de la gender
theory, soutiendra le côté subversif de l’homosexualité, qui
s’exprimerait dans l’invention de nouveaux modes de vie. Il
eut l’intuition que la production d’une esthétique de l’existence,
d’un mode de subjectivation gay faisant appel à une
pratique de soi, pour partie empruntée au modèle antique,
serait le centre d’une (r)évolution 8. Dans la logique foucaldienne,
la sexualité, comme la folie, est l’objet de pouvoirs
tendant à exclure les formes déviantes – ce qui justifie des
luttes révolutionnaires 9. Les frontières du politique s’élargissent
alors pour annexer le lieu de la sexualité, de la filiation et
de la famille 10.
Le changement personnel n’est plus centré sur le désir
sexué, et donc sur le manque. Dans la perspective « classique
», psychanalytique, l’autre sexe est du registre de ce qui
vient toujours à manquer. Pour les théories du gender, les
pratiques du corps et des plaisirs sont essentielles à une festivité
refusant le manque 11. Dans une culture dépressive, la
sexualité va concrétiser cette fuite de l’angoisse du vide et va
tenter d’inventer un nouvel espace où le plaisir débordera la
sexuation pour devenir flux de création. Dans l’érotisation
sacrale de notre société, le modèle gay, où le plaisir sexuel
investit l’espace public, devient un enjeu de transformation
de la société elle-même. Foucault avait été frappé par la
remarque de l’historien de l’Antiquité Peter Brown quant au
fait qu’au cours des siècles, depuis l’avènement du christianisme,
la sexualité avait pris une telle importance comme
sismographe de la subjectivité. Dans cette perspective, le
Vatican, comme les mouvements gay, ne s’y trompent pas.
L’homosexualité n’est pas une question périphérique, eu
égard à d’autres problèmes apparemment plus graves dans la
marche de notre monde. La subjectivité occidentale est suspendue
à la question sexuelle, et le paradigme homosexuel
occupe la pointe du règne d’une érotique où la jouissance se
libère de la sexuation.
Cette diffusion d’un sexuel non différencié se configure
alors au neutre par lequel la vie amoureuse est pure production
de plaisir, sans marque de sexuation 12. Le modèle
gay affirme le principe qu’« aucune identité n’est jamais définitive,
mais toujours un exercice d’exploration et de construction
de soi 13 ». Cette optique s’accorde parfaitement avec les
parcours de subjectivation des individus de notre époque,
complexe et fragile.
Ce voeu de transformation du monde, où le langage
sur les sexualités est censé transformer le genre et le sexe, est
potentialisé par la virtualisation de la réalité rendue possible
par la prolifération des images et des techniques. Si, dans la
gender theory, la représentation prime et que l’autotransformation
devient une valeur en soi, c’est parce que la dynamique
de la représentation se détache de son ancrage corporel :
le corps lui-même apparaît comme virtualisable et
remodelable.
La défaite du mâle hétérosexuel
Les essais et réflexions sur la question masculine ne furent
jamais très nombreux, probablement parce que le sexe masculin,
étant l’Un par rapport auquel devait se définir son
autre – le féminin –, il ne semblait pas nécessaire d’en parler.
Il paraît pourtant urgent de réfléchir à la question masculine
pour comprendre l’apparition de la gender theory. Les trente
dernières années ont vu, dans notre culture, la société s’extraire
du patriarcat. C’est là le « creux » de la question gay,
co-émergeant avec le déclin de certaines figures du mâle
hétérosexuel qui sont même devenues haïssables. La question
masculine n’est pourtant pas nouvelle. On peut déjà repérer
les interrogations intenses du monde masculin entre 1870
et 1914 face à l’irruption de ce que certains appelaient la
« nouvelle Eve 14 ». Cependant, le carnage de la Première
Guerre mondiale – honneur aux guerriers décédés oblige – a
mis pendant des années en veilleuse la montée féminine.
C’est donc dans les trente à cinquante dernières années que la
« libération » de la femme fut conjointe à une difficulté grandissante
de positionnement des hommes.
Les changements des « conditions » masculines et
féminines sont bien connus et complexes, la sortie du patriarcat
familial étant concomitante d’une domination masculine
encore très réelle dans l’univers économique et politique. Ce
sont en fait certaines images du masculin qui disparaissent.
La figure du « bon » guerrier, par exemple, s’est pour partie
effacée de la filmographie actuelle, sauf dans les films de
« mauvais » garçons, où l’hypermâle est en fait plus un transgresseur
qu’un type humain réellement valorisé. L’image de
ce qui est acceptable de la part d’un homme a évolué 15. La
force de caractère, par exemple, est admise, mais non la
conquête agressive. Certaines « niches écologiques » du masculin,
dans sa forme plus agressive, demeurent cependant
très vivantes, comme dans le monde sportif qui fait figure de
nouvelle « maison des hommes 16 ».
Une partie de la littérature occidentale parcourt les
difficultés du sexe masculin et de la paternité, comme notamment,
aux Etats-Unis, Russell Banks, Richard Russo, Richard
Ford, Paul Auster. Réapparaît d’une manière insistante la
même image de la transmission impossible entre père et
enfant, de la souffrance de subjectivation des adultes masculins,
et d’une impossible relation hétérosexuée.
Le contraste entre le discours social de dénonciation
de la domination masculine, qui est une figure imposée du
« politiquement correct », et ce qui est entendu en cure psychanalytique
s’avère sidérant 17. D’un côté, les hommes analysants,
issus de classes favorisées, surtout ceux qui se situent
dans la tranche d’âge des 40-60 ans, tiennent un propos
culpabilisé de l’ordre de l’autodénonciation, voire de la haine
de soi : ils n’ont pas su être à l’écoute de leur compagne, ni
leur parler d’ailleurs, et ils n’ont pas trouvé la manière de
s’occuper de leurs enfants. D’un autre côté, le monde social
montre, notamment dans les classes les plus défavorisées,
une réelle volonté de domination masculine, assortie d’une
amertume liée à la réussite scolaire des filles18. Cette réalité
contrastée dépeint le tableau d’une différence nette entre
classes sociales et générations : certaines classes d’âge sont
marquées par la conflictualité entre sexes (les 40-70 ans),
d’autres s’avèrent plus pragmatiques, certaines jeunes femmes
s’accommodant ainsi, non sans fatalisme, de l’inconsistance
d’une partie de leurs congénères masculins. Par
ailleurs, la plupart des jeunes adultes écoutés en psychothérapie
ne souffrent pas, loin s’en faut, de l’écrasement paternel.
Leur problématique est souvent inverse : une évidence
massive du maternel, et un côté clignotant de l’imago paternelle.
La nostalgie du père, et du corps du père, est un trait,
parmi d’autres, de l’homosexualité masculine : c’est en cela
aussi que la question gay rejoint l’interrogation générale de
recherche et de perte de la figure paternelle d’une partie des
générations émergentes.
Le goût du masculin
Par ailleurs, nous expérimentons une dissociation des différents
lieux et temps de la vie conjugale et familiale. Le couple
n’est plus une donnée nécessaire à l’éducation de l’enfant, la
monoparentalité étant souvent un temps d’une vie ayant des
séquences biparentales et monoparentales. Cette vie dédifférenciée,
saccadée, parfois solitaire, se voit livrée au
rythme du tropisme de la rencontre, mais n’est plus ordonnée
à la construction de la famille institutionnelle.
Le masculin était au centre de l’échafaudage contraignant
du patriarcat, au coeur d’un monde voué à la transmission
et à une verticalité qui n’a plus lieu d’être dans nos
horizontalités éclatées 19. L’édifice patriarcal ne tenait évidemment
pas seulement par le Père, mais aussi par d’autres
éléments, comme le désir de transmission, partagé par hommes
et femmes. Le monde d’avant ne mérite pas l’opprobre
dont il est aujourd’hui stigmatisé. S’il fut l’univers de la
domination masculine, il fut tissé de relations vivantes entre
hommes et femmes, où existaient aussi du goût et du plaisir.
Le monde de l’inégalité n’était pas un monde mort, et il était
traversé par une dynamique d’égalité dans laquelle le judéochristianisme
a eu son mot à dire 20. Mais il est sûr que ce
rejet d’un certain type de rapport – en partie fantasmé – au
mâle hétérosexuel, d’une certaine figure de l’autorité, est le
moteur central du refus du « monde d’avant ». Ce monde
hérité, transmis, est perçu comme non transformable et non
fluide ; les hommes souvent se récrient devant l’idée qu’ils
puissent être assimilés à toute figure de contrainte. Il s’agit
d’être souple et de passer son temps à négocier avec son
adolescent(e) pour arriver à lui faire comprendre des banalités
éducatives. Dans une culture où rien ne doit être imposé,
le modèle « dé-différencié », où le choix d’objet peut aller
aussi bien du côté de l’homosexualité que de l’hétérosexualité,
sert de paradigme de la fluidité obligatoire. Ladite fluidité
échappe à toute définition a priori. Tout est possible et
négociable. Mais tout est aussi enjeu implicite de pouvoir. Le
monde « neutre » de la fluidité n’est plus un donné, mais un
espace où chacun s’exerce à sa puissance.
Il s’agit donc d’initier une réflexion sur le masculin :
non pas en opposition à ceux qui assiégeraient une citadelle
bien mal en point ; mais dans le désir de construire une vision
de la « maison des hommes » qui ne serait pas celle d’un lieu
de violence envers les femmes ou envers ceux qui ont une
orientation sexuelle différente. La « maison des hommes »
est, selon la vision du gender, un lieu d’apprentissage de la
souffrance et de la haine de l’autre. Il est indispensable d’affirmer
que cette vision est mensongère. L’affrontement à la
souffrance et à l’épreuve, qui fut longtemps le lieu du masculin
et du paternel, n’est pas ontologiquement lié à la haine de
la femme ou de l’homosexuel. La « maison homo » fut une
manière, dans un communautarisme involontairement nostalgique,
de retrouver quelque chose de la « maison des hommes
» perdue. La voie par laquelle la gent masculine retrouvera
la « maison des hommes », et le bonheur de s’identifier à
d’autres hommes, n’est pas nécessairement celle du plaisir
sexuel des corps. Il est primordial de soutenir que les hommes
entre eux n’ont pas forcément à résoudre leur angoisse
devant la guerre postmoderne des sexes par une échappée
dans les pratiques « homo ».
Dans une pirouette conceptuelle, Judith Butler, théoricienne
du gender, soutient que l’hétérosexualité est une
forme de violence interne construite sur le refoulement d’une
« mêmeté » première : tout hétérosexuel serait nostalgique
des premiers temps de sa vie où le genre est plus confus 21. Je
propose de retourner l’argument. Notre époque est nostalgique
non pas des hiérarchies du patriarcat, mais d’un certain
rapport à l’altérité qui libérerait de l’autodéfinition constante
de soi. Nous avons à convaincre nos contemporains d’une
chose : l’altérité n’est pas fatalement le lieu de la domination.
Et la fluidité de l’effacement des genres n’est pas non plus
celui de la fin des pouvoirs. Bien au contraire, ceux qui mettent
en avant la positivité, supposée sans opacité, du plaisir
des corps nient le fait que le plaisir, quel qu’il soit, a toujours,
comme un corps au soleil, son ombre. Le plaisir du corps
répond, ou ne répond pas, à celui d’un autre corps dans des
enjeux de quête de l’autre, mais aussi de pouvoir, de maîtrise,
de domination. La compétition narcissique ne fait que
commencer.
Jacques Arènes
( article sur facebook : http://on.fb.me/oC64qW )
2. Robert Stoller, Masculin ou féminin ?, Puf, 1989, p. 21.
3. Voir, par exemple, les séries statistiques de l’Observatoire
français des Drogues et des Toxicomanies
(http://www.ofdt.fr) qui donnent des chiffres français et
européens. Voir aussi, par exemple, pour l’épidémiologie
de la dépression, l’ouvrage sous la direction de
Jean-Pierre Olié, Marie-France Poirier,
Henri Lôo, Les Maladies dépressives, Flammarion, 1995.
4. Didier Eribon, Echapper à la psychanalyse, Léo
Scheer, 2005, p. 21. Dans la rhétorique de la gender
theory, les « ennemis » sont assimilés aux racistes
développant un discours de pureté raciale.
5. C’est le sens du coming out. Placard épouvantable
à bien des égards. Il en est pour preuve, par exemple,
certains aspects, horrifiants, de l’entreprise de
normalisation des homosexualités, avec, jusque
dans les années 50, aux Etats-Unis, des lobotomies
de personnes homos exuelles.Cf.Colin Spencer,
Histoire de l’homosexualité, Le Pré aux Clercs, 1995.
6. Thierry Voeltzel, Vingt ans et après, Grasset,
1978, p. 33-34, cité par Didier Eribondans
Réflexions sur la question gay, Fayard, 1999.
7. Ed. Universitaires, 1972.
8. La pratique de soi des Anciens, telle qu’elle est
étudiée dans son cours au Collège de France, est plus
centrée sur la transformation indéfinie du sujet que
sur la connaissance de l ’objet. Le logos grec devient,
chez Foucault, la forme spontanée du sujet
agissant. La vérité « éthopoiétique » du sujet ,
énoncée par Foucault, est définie par la trame des
actes accomplis et des postures corporelles, et non
par l ’exploration judéo-chrétienne des consciences
. C f . L’Herméneutique du sujet, Gallimard/Seuil, 2001.
9. Il existe un parallèle, dans l’oeuvre de Foucault,
entre Histoire de la folie à l ’ âge classique (Plon,
1961) et la Volonté de savoir (Gallimard, 1976)
introduisant l’histoire de la sexualité.
10. Il en est pour preuve l’intervention massive
de l ’Etat dans la vie domestique, notamment
à l’occasion des séparations familiales .
Cf. Jean-Marc Ghitti, Pour une éthique parentale.
Essais sur la parentalité contemporaine,
Cerf, 2005.
11. Idée reprise par les théoriciens actuels du
gender, notamment Judith Butler (cf. Trouble dans le
genre, La Découverte, 2005) ; elle était déjà centrale
chez Deleuze.
12. Didier Eribon évoque avec admiration l’utilisation
du neutre dans les Fragments du discours
amoureux de Barthes (on ne sait si le protagoniste
de ce discours est masculin ou féminin). Dans
Echapper à la psychanalyse, op. cit.
13. André Rauch, Histoire du premier sexe. De la
révolution à nos jours, Hachette, 2004, p. 536.
14. Annelise Maugue, l’identité masculine en
crise au tournant du siècle, Payot, 1987.
15. Depuis les années 1970, l’attente féminine
par rapport au partenaire masculin est d’abord celle
d ’une authent icité et d’une connivence expressives.
Cf. André Rauch, op. cit., p. 435.
16. Sociologues et anthropologues évoquent cette
« maison des hommes », imaginaire ou réelle, dans
une « homosocialité » par laquelle l’être humain
mâ le se const ruit en dehors du monde féminin.
Cf. Maurice Godelier, La Production des Grands
Hommes, Fayard, 1982.
17. Cf. mon livre Lettre ouverte aux femmes de ces
hommes (pas encore) parfaits, Fleurus, 2005.
18. Cf. Daniel Welzer-Lang, « L’homophobie. La
face cachée du masculin », sous la dir. de Daniel
Welzer-Lang , Pierre Dutey, et Michel Dorais,
La Peur de l’autre en soi. Du sexisme à l’homophobie,
site . Ce type
de travaux sociologiques infère l’essentiel du descriptif
de la masculinité et de sa violence à partir
d’observations portant sur cer ta ins g roupes
d’hommes, notamment référés au milieu sportif,
ou des consommateurs de bar.
19. D’où la ha ine du « dogme » paternel
comme effet « religieux » opprimant. Cf. Michel
Tort, Fin du dogme paternel, Aubier, 2005.
20. Notamment par la liberté du mariage comme
limitation de la puissance des pères. Cf. Jean-Claude
Bologne, Hi stoire du mariage en Occident,
Hachette, 1995.
21. C’est du moins le modèle de l’hétérosexualité
féminine, qui suppose une séparation du corps
de la mère. « Nous considérons l’identité de genre
comme une structure mélancolique », affirme
J. Butler dans Trouble dans le genre, op. cit., p. 163.
Source: Revue "ETUDES" 2007/1 (Tome 406) - (http://bit.ly/n7aicZ)
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