samedi 10 janvier 2015

Attentats: Unité de la France ,unité de l'Islam et civilisation ? #SuisJeCharlie


.   Audio - Débat sur RadioNotreDame: “Attentat contre Charlie Hebdo” avec 
    J.F Poisson, Xavier Lemoine, Mgr Gollnisch et Mgr Ribeau Dumas   [*]

.   "L'attentat à Charlie hebdo... à chaud ... et à froid" (metablog)            [*]

.   "Les religions, la guerre et la paix" Henri Hude                                  [*]

.   Intervention du Cardinal André-Vingt-Trois  (video et Lettre)             [*]

.  "Charlie hebdo : état de choc" Guillaume de Prémare                            [*]




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(Source: metablog)

L'attentat à Charlie hebdo (d'abord) à froid

L'une des lectrice de ce blog me demande de revoir l'attentat de Charlie Hebdo "à froid". Je n'ai pas beaucoup changé d'avis, quelles que soient les insultes sans risque que cela a pu me valoir et que d'accord avec notre cher Webmestre, nous publions (je dirais comme des symptômes). Je maintiens que les morts de Charlie Hebdo sont par position des martyrs de la civilisation européenne, fondée sur trois piliers chrétiens : la liberté, la reconnaissance de la dignité de la personne et la valeur unique de l'amour. Je le dis parce que c'est cette civilisation européenne et chrétienne qui est menacée et qu'il n'y a que deux camps - ceux qui luttent pour la civilisation et ceux qui revendiquent le droit absolu d'une loi.

Notre cher Manuel Gaz, jamais en retard d'une boulette, a expliqué clairement tout à l'heure que certes c'était la guerre, mais qu'il ne s'agissait pas d'une "guerre de civilisation", que c'était seulement un combat pour ou contre les valeurs républicaines.

Il y a là un affreux malentendu! Ni Koulibali, ni les frères Kouachi n'ont consciemment attaqué les valeurs républicaines. Comme dit la fatwa de leur commanditaire Yéménite, ils ont juste voulu tuer "ceux qui s'opposaient à Allah". Ils ont cherché à rendre "interdite" toute critique d'Allah et de son Prophète. Ils rêvent d'un monde où, soit par la persuasion douce de la Soumission (dont parle Houellebecq dans son roman, sorti le... 7 janvier en librairie cela ne s'invente pas) soit pas la dure loi des kalachnikovs, toute attaque contre l'islam serait rendue impossible. C'est cette loi qui règne déjà dans les pays musulmans, avec, en particulier, l'interdiction de la conversion de l'islam, interdiction explicitement contraire à l'article 17 de la Déclaration des droits de la personne en 1948. C'est cette loi que des Djihadistes subventionnés par des organisations politiques étrangères, veulent faire régner dans notre Pays. C'est ce type de communauté, fondée sur la Loi, qu'ils veulent exporter de chez eux à chez nous. Mon ami copte qui tient une petite pizzéria où j'ai mes habitudes me disait : ce que vous voyez depuis deux jours chez vous, c'est ce qui se passe depuis toujours chez nous. Dans les pays musulmans, dans la culture musulmane, à cause de certains versets du Coran (Sourate 9 par exemple), la violence est endémiques contre les mécréants. Contre les chrétiens. Contre les athées.
Pour répondre à cette guerre à la civilisation, la République, même si elle a une bonne police, n'est pas armée. Elle ne veut pas l'être. Elle ne voudra jamais défendre aucune civilisation. Elle en est constitutivement incapable.

Pourquoi? J'énonce ici une hypothèse de travail, mais je crois que la République et l'islam ont la même culture absolutiste et partant le même mépris pour la civilisation, mépris que Manuel n'a pas caché. Depuis Jean-Jacques Rousseau, la République [je ne parle pas de démocratie] est fascinée par l'islam et plus précisément dans le Contrat social, par Mahomet et les Califes : "Mahomet eut des vues très saines, il lia bien son système politique et tant que son gouvernement subsista chez les Califes ce gouvernement fut exactement un et bon en cela" (4, 8). Qu'est-ce qu'apprécie Rousseau chez Mahomet ? Sa politique. Il n'y a pas en islam deux pouvoirs, un pouvoir politique et un pouvoir religieux. Il y en a un seul, le Pouvoir politique. Il est absolu. De la même façon la République rousseauiste et française, ne voulut pas entendre parler de deux pouvoirs, l'un politique, l'autre religieux. Elle est "une et indivisible", elle est absolue. C'est pourquoi elle élabora la constitution civile du clergé, qui réduisait les prêtres à être des fonctionnaires de l'Etat. Et c'est pourquoi elle tua férocement (dans une sorte de péché originel dont elle n'a jamais été absoute, parce qu'elle n'a jamais reconnu une instance supérieure à elle qui puisse l'absoudre) tous ceux qui s'opposait à cette constitution civile (c'est l'histoire des massacres de septembre, où on laissa entrer dans les prisons politiques des fous de la Républiques agissant en dehors de toute loi, comme on peut parler aujourd'hui de fous d'Allah). Elle tua ensuite (dans un deuxième temps) tous ceux qui s'opposaient ou semblaient s'opposer à sa folie unaire, allant jusqu'à proclamer que les suspects étaient déjà coupables. Il suffit d'aller voir Timbuktu (streaming), ce film admirable, pour comprendre que lorsque l'islam règne, il y a aussi une loi des suspects. Toute l'histoire du film, autour de cette famille de nomades outlaw raconte quelque chose comme la mise en place d'une loi des suspectes... en Maurétanie! Le film se termine comme vous pensez, par un jugement sommaire et... deux exécutions... Au nom de la Loi.

Parler de civilisation, c'est admettre qu'il existe un ordre social, éthique et religieux (et je dirais dans l'ordre : qu'il existe un ordre religieux, éthique et sociétal) que l'Etat doit défendre et face auquel il n'a pas tous les droits, mais d'abord tous les devoirs. Alors ? Eh bien ! si l'Etat est au service de la civilisation (comme nous chrétiens nous le croyons tous spontanément), que devient son absolutisme? Il faudrait donc que des décisions de l'Etat (républicain ou islamiste, c'est tout un en l'espèce) puissent être jugés à l'aulne de la défense et du rayonnement de ce patrimoine historique et spirituel qui ne vient pas de lui, qui n'est pas à lui : impossible!

Nous ne sommes pas loin du fascisme, direz vous, avec cette théorie absolutiste et socialiste de l'Etat. Et je ne veux pas toucher au point Godwin en évoquant le fascisme. Je veux simplement expliquer une connivence, au lieu de la subir sans la comprendre. Le fascisme est définie dans l'Encyclopédie italienne de l'époque : "Tout pour l'Etat, tout par l'Etat, rien en dehors de l'Etat". Ce beau programme socialiste italien a immédiatement séduit les jeunes radicaux socialistes français, ceux que l'on appelait les jeunes Turcs, Gaston Bergery mais aussi Pierre Mendès France et les autres... Cette séduction mènera certains radicaux-socialistes à la Collaboration...

Réfléchissant à cet absolutisme originel (il suffit de lire Rousseau une heure pour le comprendre), je suis devenu de plus en plus démocrate et je crois que la démocratie, ce système qui envisage d'abord le bien du peuple, comme l'explique Léon XIII, est le système politique le plus proche du christianisme. Je ne parle pas (comme Platon au Livre 9 de la République) de la mise aux voix des vérités éternelles : si c'est cela, la démocratie est inepte. Je parle, comme les Ligueurs le firent d'instinct au XVIème siècle, sans être compris, de la défense nécessaire (et encore mieux de l'autodéfense nécessaire) du peuple. L'autodéfense, suite à une conscientisation politique profonde, est la vraie démocratie. La défense du peuple peut aussi être assurée par un Monarque. C'est ainsi qu'elle a été assurée le plus couramment au cours de l'histoire. Le Roi est un personnage sacré, non pas que ce sacré lui donne licence de faire n'importe quoi, mais parce que son corps est devenu le corps du peuple, dans une sublime mystique démocratique et spirituelle. Il est le gardien du peuple, la sacralité de son pouvoir renvoie -en christianisme - à l'infinie relativité de son exercice.

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Extraits du "à chaud

Le spectre de la guerre urbaine est en train sous nos yeux de devenir une réalité. L'Etat est-il armé pour faire face à cette Terreur ? Les hommes d'Etat sont-ils armés pour faire face à la Terreur islamiste ? Pendant la Révolution française, c'est l'Etat qui était terroriste. Aujourd'hui l'Etat est terrorisé. Sa grande force était sa capacité de renseignement. Cette fois, pour une opération de cette envergure, qui n'est pas le fait d'un loup solitaire comme Merah, la Police n'a rien vu venir. Le roi est nu. La parole risque d'être enchaînée. Pour être un homme politique, il faudra se sentir capable de perdre la vie, ou bien se condamner au mensonge...


Quel rapport avec l'islam, religion de liberté et de tolérance direz-vous ? Pourquoi est-ce du monde islamique que viennent ces violences ? Kamel Daoud, dans son très beau Meursault, Contre-enquête chez Actes sud, prête ce mot à Haroun, son tueur à lui. Nous sommes à la seconde du meurtre : "J'ai pensé aussi, même si ça peut paraître incongru pour un gars comme moi [non pratiquant] qu'il n'était pas musulman et que sa mort n'était pas interdite. Mais c'était une pensée de lâche" (p. 86). Attention : Haroun dit, c'était une pensée de lâche, qui se réfugie dans des considérations religieuses, parce que lui n'est pas un religieux et que non seulement il est non pratiquant mais en plus vaguement agnostique. Mais même à lui de telles pensées lui survienne. On pourrait dire : c'est culturel...


Le problème est effectivement culturel : comme dit Hubert Champrun, dans le prochain numéro de Monde et Vie, il nous faut un Ratisbonne II. Ce que le pape Benoît a dit sur la violence en matière religieuse, il faut le redire ensemble et que les hommes de religion (ceux que Pascal appelle "les spirituels") s'unissent pour condamner avec horreur cette culture de la violence que l'islam instille même chez des non-pratiquants. Je ne vois pas que l'on puisse éviter de dire que, sous ce rapport, cette culture est dangereuse. Si nous ne le faisons pas, ce danger se matérialisera toujours d'avantage et il y aura d'autres Charlie Hebdo. On finira par traiter en fait divers ce qui est un fait de civilisation.

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(Source: Henri Hude)
 
L'actualité me conduit à publier aujourd'hui directement en page d'accueil et sans autre modification que cette introduction, une interview que j'ai donnée à l'agence de presse Zénit en 2009 après les voyages consécutifs, au Proche-Orient, de Barack Obama et de Benoît XVI. Pour passer de l'émotion compréhensible à la nécessaire analyse.

ROME, Mercredi 26 août 2009 (ZENIT.org) - Dans le numéro n°55 (Juillet-Septembre 2009), de la revue Humanitas, de l'Université catholique pontificale du Chili, le philosophe français Henri Hude, membre du Conseil des collaborateurs de la revue, publie un essai dans lequel il analyse, depuis la perspective de la philosophie morale politique, les discours du pape Benoît XVI et du président américain Barak Obama, au Moyen Orient. Dans cet entretien à ZENIT, Henri Hude, également ancien professeur à l'Institut Jean-Paul II pour la famille, à Rome, revient sur cet essai.

ZENIT : Henri Hude, pourquoi un tel parallèle entre les discours de Benoît XVI et ceux de Barak Obama ?

Henri HUDE : L'humanité a besoin de prendre « un nouveau départ », pas seulement au Moyen-Orient. Benoît XVI et Barak Obama l'affirment et emploient la même expression. C'est leur premier et leur dernier mot. Le but où tend ce « nouveau départ » est la paix universelle. Tous deux veulent y tendre sans utopie. Ce « nouveau départ » n'est possible, selon eux deux, qu'avec une prise en compte sérieuse de la religion. Les deux hommes prêtent donc une attention particulière aux conditions culturelles et spirituelles de la paix universelle. Leurs perspectives sur l'avenir, différentes mais croisées, suggèrent une possible recomposition positive du paysage global, spirituel et temporel.


ZENIT : Quel est selon vous l'apport essentiel de leurs interventions parallèles ?

H. HUDE : Dire que la religion peut être facteur de paix. Barak Obama pense que les religions peuvent vivre ensemble harmonieusement en se soumettant à la norme d'une philosophie assurant l'égalité et la liberté des opinions et traditions, au sein d'une constitution politique visant à rassembler toute la pluralité dans l'unité, sans l'annuler. « E pluribus Unum ». Et à cette condition, leur apport à la société est très positif. Benoît XVI dit encore mieux, à mon avis, à savoir : comment ce modèle théorique peut marcher, sans se dégrader dans l'utopie, ou dans la manipulation. Benoît XVI parle moins de la religion en général, qu'il ne traite méthodiquement, avec réalisme et respect, les diverses relations particulières en présence : entre le christianisme et les lumières ; entre les lumières et l'islam ; entre le christianisme et l'islam. Il tient compte aussi du judaïsme, bien sûr.

ZENIT : Vous mettez donc les Lumières au nombre des religions ?

H. HUDE : Bien entendu. C'est vrai même des Lumières en leur phase actuelle, toute relativiste. On se dit qu'il serait plus simple de reconnaître mutuellement nos « opinions » sans chercher de « vérité absolue »... Mais ce n'est pas si simple. Car s'il n'y a pas de vérité absolue, cela même devient la vérité absolue et alors il ya encore une vérité absolue. Et cette dernière « vérité absolue » n'est pas une simple règle pratique utile à la tolérance, mais c'est une croyance métaphysique déterminée, jointe à tout un système de permissions et d'interdictions. Si chaque esprit individuel est susceptible de faire surgir une vérité, nous sommes en plein polythéisme, ou panthéisme. Les Lumières ont donc tout à fait raison de poser aux religions des questions sur la tolérance, la liberté religieuse et les guerres de religions - mais à condition de s'inclure elles-mêmes, et à égalité, dans le dispositif problématique qu'elles dégagent. Car la Raison des Lumières, elle aussi, quand on l'approfondit, est une des idées possibles de l'Absolu, de la Divinité, en concurrence avec toutes les autres.

ZENIT : Quel peut être l'intérêt de ces « profils parallèles », par rapport à l'œuvre de l'évangélisation ?

H. HUDE : L'évangélisation n'est possible que si les chrétiens sont fiers de leur foi, et ne se sentent pas culpabilisés à cause d'elle. Benoît XVI déculpabilise les chrétiens, mais aussi les musulmans et les juifs. Une âme culpabilisée n'ose pas parler publiquement de sa foi. Pourquoi ? Benoît XVI le dit : « Certains soutiennent que la religion est nécessairement une cause de division dans notre monde ; et ils prétendent que moins d'attention est prêtée à la religion dans la sphère publique, mieux cela est. » (Discours dans la mosquée Al Hussein, §3) Et l'argument pour prouver cela est l'existence des guerres de religions, qui seraient inévitables. Barak Obama et Benoît XVI affrontent cette question avec franchise et profondeur. Il en résulte deux idées, très différentes, mais en partie convergentes, de la religion comme facteur fondamental de paix. Cela tend à déculpabiliser le chrétien par rapport à ce genre de reproche. Cela lui évite aussi de s'y exposer.

ZENIT : Quelle est la plus grande différence entre les deux hommes ?

H. HUDE : Le président traite politiquement les religions, même s'il n'est pas dénué de sensibilité religieuse ; et il fait progresser la réflexion publique en faisant sentir qu'il discerne bien la complexité du problème. Toutefois, il s'élève difficilement au dessus d'une rhétorique pacifiste interreligieuse, chaleureuse mais un peu vague, dont l'efficacité sur les esprits religieux restera mitigée, et sera souvent fonction de leur degré de sécularisation. Bien sûr, la dissolution des religions dans l'ambiance séculariste et relativiste, qu'Obama ne désire pas, serait automatiquement la solution des problèmes que pose leur existence. Mais en ce cas, la dissolution du sécularisme serait aussi une solution possible des problèmes qu'il pose aux religions... Comment aller plus loin que ces pseudo-solutions ? Le pape, lui, traite religieusement les religions. Il considère la relative difficulté de leur coexistence politique (qui est un fait indéniable) d'abord comme un problème religieux. Ce problème se pose à chacune sérieusement à l'intérieur de la conscience religieuse. Le pape ne part pas de ce que requièrent la politique démocratique, ou la paix mondiale, posées comme des absolus, mais il part de la recherche de la volonté de Dieu dans chaque situation. C'est aussi pourquoi sa philosophie politique est plus profonde et entre davantage dans le concret des conditions effectives de la paix.

ZENIT : Mais alors que signifie exactement l'appel à la paix interreligieuse, si on ne le lance plus uniquement au nom des Lumières ?

H. HUDE : C'est la bonne question. Il faut évidemment que cet appel ne renferme en lui-même rien de contraire à la conviction fondamentale de chacune de parties en présence. Autrement, il sonne comme un appel à l'apostasie. Pour cela il faut un dialogue d'une totale franchise. Supposez, par exemple, que Dieu ait révélé que la guerre sainte serait un devoir religieux - je ne me prononce pas ici sur le fond ; c'est une simple hypothèse de travail ; qu'est-ce que vous voudriez que cela fasse à un « vrai croyant », dans cette hypothèse, que de lui objecter que Dieu ne serait pas politiquement correct ? L'appel à la paix, formulé à l'occidentale, serait irrecevable. Par contre, il pourrait être efficace et non déloyal de faire remarquer à ce genre de croyant que, dans les conditions nouvelles du monde, une guerre sainte, surtout usant de moyens affreux, aurait pour la cause de sa religion un caractère tout à fait contre-productif, qui ne conduirait qu'à l'affaiblissement de cette religion au profit d'une conception irréligieuse de la liberté et de la paix. Ce fut l'expérience amère de la chrétienté européenne aux 16ème et 17ème siècles. Les guerres de religions ont fondé la sécularisation en Europe. Ceci n'est bien sûr qu'un exemple. Un appel à la «tolérance » est donc tout à fait superficiel, s'il consiste à faire la leçon aux théistes du point de vue polythéiste, ou panthéiste. Supposez qu'on demande aux Musulmans d'accepter de considérer Allah comme un des dieux du Panthéon relativiste : ce serait une mauvaise plaisanterie, qu'ils prendraient très mal. Un chrétien aussi, d'ailleurs. Car qu'est-ce qu'un descendant d'Abraham selon la foi ? Quelqu'un qui pense que Dieu l'a appelé à une rupture décisive avec le panthéisme et le polythéisme. C'est pourquoi la prédication séculariste d'une vague tolérance relativiste ne promeut aucun dialogue sérieux et profond. Elle tend seulement, ou à dissoudre les religions théistes en les réduisant au silence par culpabilisation, ou à les dresser avec violence contre l'idée même de la tolérance. Pour établir un dialogue sérieux et pacifiant, un « croyant aux Lumières » devrait commencer par dire : « Je suis polythéiste, ou panthéiste, et j'estime que ma croyance est la vraie ». Discutons-en, si vous le voulez. L'appel à un dialogue profond suppose la vérité, et accepte le tragique du dissentiment sur l'essentiel.

ZENIT: Mais comment peut-on vivre en paix ensemble si on est séparé par des dissentiments sur l'essentiel qu'on refuse de relativiser ?

H. HUDE : Ce qui permet la coexistence, c'est l'estime et l'amitié, par la communauté du sérieux éthique d'une vie vertueuse. Ainsi s'était bâti le consensus des Etats-Unis, entre philosophes et croyants, depuis l'Indépendance. C'est ce consensus qui a volé en éclat depuis l'arrêt sur l'avortement. Barak Obama voudrait le rebâtir, mais comment ?Si les Lumières abandonnent le devoir kantien au profit de l'hédonisme et du relativisme éthique, la démocratie « éclairée » ne se structure plus autour de la liberté qui monte mais autour de celle qui descend, et il n'y a alors plus de lieu commun entre elle et les religions, ni d'ailleurs entre les Lumières tardives et les Lumières triomphantes. Les questions d'éthique de la vie sont cruciales à cet égard. Si les Lumières renoncent à l'exigence rigoureuse du devoir, elles se dégradent en un laxisme intolérant qui pousse au choc des civilisations.

ZENIT : Pourquoi y a-t-il des guerres de religions ?

H. HUDE : Il faut comprendre ce terme de « guerre de religions » au sens le plus large. Les guerres entre idéologies issues des Lumières, ou entre une religion et une telle idéologie, sont aussi des guerres de religions, en ce sens large. Le pape note que les guerres de religion existent, au sens large, mais ne sont pas forcément très religieuses : « C'est souvent la manipulation idéologique de la religion, parfois à des fins politiques, qui est le véritable catalyseur des tensions et des divisions » (Discours dans la mosquée Al Hussein, §3). On pourrait ici invoquer le témoignage du philosophe Montaigne, qui vivait en France aux temps des guerres de religions (Essais, II, 12). Si l'action du Général Petraeus, en Irak, y a tant amélioré les affaires des Etats-Unis, c'est qu'elle a été bâtie, justement, sur une analyse beaucoup plus fine du caractère d'un conflit comportant une dimension religieuse, comme l'explique le Pr. Ahmed S. Hachim (NOTE). Aussi Benoît XVI loue-t-il les dirigeants jordaniens de « s'assurer que le versant public de la religion reflète sa véritable nature. » (Discours dans la mosquée Al Hussein, §3)
("Deus Caritas Est")

Fil d'actualité d'Henri Hude: Ici


NOTE : Le Pr. Ahmed S.Hachim était en 2009 professeur d'études stratégiques au Naval War College des USA, spécialiste du Proche-Orient. Conférence sur le "Partisan tellurique", au colloque international sur Les guerres irrégulières, Saint-Cyr, mai 2009.
Propos recueillis par Jaime Antúnez AldunateTexte espagnol de l'article de H. Hude dans Humanitas, n°55:http://www.humanitas.cl/html/revista/hum55_2009.html


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"Charlie hebdo : état de choc" Guillaume de Prémare 


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Attentats:  Unité de la France ,unité de l'Islam  et civilisation ?
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( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie I)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie II)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie III)
( Quelle société voulons nous ? (Cardinal André XXIII ) - Partie IV)

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