L’appel
La légalisation de l’euthanasie est-elle inéluctable en France ? Certains l’affirment. Soignants, aidants et personnes vulnérables, nous voulons regarder cette question en face, à l’approche des Etats généraux de la fin de vie, et y répondre aujourd’hui. Car nous sommes tous concernés.
La légalisation de l’euthanasie est-elle inéluctable en France ? Certains l’affirment. Soignants, aidants et personnes vulnérables, nous voulons regarder cette question en face, à l’approche des Etats généraux de la fin de vie, et y répondre aujourd’hui. Car nous sommes tous concernés.
Les promoteurs de l’euthanasie ne cessent de rappeler au président de la République la mesure 21 du programme socialiste qui envisage « une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. » Mais François Hollande n’a pas précisé sa définition de la dignité et n’a pas prononcé le mot euthanasie.
Des sondages d’opinion manifesteraient une forte adhésion des Français à ce mot. Mais la définition qui est donnée laisse croire que l’injection d’un produit létal est la seule façon d’échapper aux « souffrances insupportables ». Qui peut s’obliger à ce qui est « impossible à supporter » ? Dire qu’il faudrait soit « survivre en souffrant atrocement » soit « mourir paisiblement sans souffrir », n’est-ce pas imposer un « choix truqué » ? Ce procédé dialectique fait l’impasse sur l’efficacité croissante des traitements antidouleur et des soins d’accompagnement.
Pourquoi certains Français pensent-ils qu’en cas de maladie incurable, ils préféreraient qu’on leur administre la mort plutôt que de la laisser venir ? Certains ont l’expérience de proches mal orientés, mal pris en charge, mal soulagés ; d’autres ont entendu parler de situations qui leur paraissent invivables. Notre magnifique système de santé, ultra-technicisé, peut peiner à accompagner les patients et leurs proches dans leur globalité et se révéler inhumain, d’autant que le précieux mouvement des soins palliatifs reste encore méconnu. La peur de « mal mourir » s’est muée en revendication angoissée. L’idée de l’euthanasie ou du suicide « assisté » est présentée comme issue libératrice.
Pourtant, dans la réalité, les rares pays ayant bravé l’interdit de tuer comme fondement de la confiance entre soignants et soignés ont glissé dans un engrenage effrayant. Oui, l’euthanasie est toujours entrée « strictement encadrée ». On la disait réservée aux patients majeurs conscients qui en font la demande, puis on a euthanasié des personnes incapables de s’exprimer, des enfants, des nouveau-nés, des patients n’ayant pas de maladie grave ou mortelle… Dans ces pays, des associations militent désormais pour que la « lassitude de vivre » permette d’accéder au « suicide médicalement assisté ». Etape après étape, ce qui était présenté comme une liberté individuelle est en passe de fonctionner comme un système d’exclusion des personnes vulnérables ou désespérées.
Aujourd’hui en France, les promoteurs de l’euthanasie accentuent la pression. Ils ont renommé le jour des défunts « journée pour le droit à l’euthanasie » ! Souvent isolées, de nombreuses personnes âgées, handicapées ou dépendantes peuvent se sentir menacées par une loi qui laisserait entendre que, dans notre société, on peut être de trop. Alors que nous traversons une grave crise sociale et économique, c’est pour toutes ces personnes que nous lançons cet appel « Solidaires en fin de vie ». Pour les soutenir et les défendre.
Il est urgent que tous les citoyens qui ont le souci de préserver la vie et la dignité des personnes fragiles contre la tentation de l’euthanasie se réunissent et s’engagent à leurs côtés. Nous refusons une société qui affirme que certains de ses membres auraient « perdu leur dignité » au point que leur mort soit préférable à leur vie. Nous voulons une société permettant aux personnes de traverser des situations de vulnérabilité sans qu’on les dise inutiles ou coûteuses, sans que soit remise en cause la valeur de leur vie. Nous voulons une société où aucune personne âgée fragile et sans défense ne risque d’être euthanasiée en marge du service d’urgence d’un hôpital.
Décidés à édifier ensemble, au-delà des sensibilités religieuses, culturelles ou politiques, une société solidaire où les personnes fragiles auront une place de choix, nous invitons les Français à se mobiliser aujourd’hui, pour agir.
Jacques Ricot, auteur de Du bon usage de la compassion
Anne-Dauphine Julliand, auteur de Deux petits pas sur le sable mouillé
Hervé Messager, ancien kinésithérapeute de Vincent Humbert
Maryannick Pavageau, tétraplégique depuis 1984
Tugdual Derville, auteur de La Bataille de l’euthanasie
Tribune publiée dans La Croix du 30 octobre 2013
Signez l' appel: SolidairesFinDeVie.fr
Les porteurs de l’appel
Anne-Dauphine JULLIAND est journaliste. En 2006, elle apprend que son deuxième enfant, Thaïs, 2 ans, est atteinte d’une maladie orpheline incurable qui lui laisse peu de temps à vivre. Durant presque deux ans, Anne-Dauphine, épaulée de son mari et de ses proches, va accompagner Thaïs. Ce chemin douloureux la conduit à écrire, d’abord pour elle, pour son mari et ses enfants, avant de confier son manuscrit à un éditeur : Deux petits pas sur le sable mouillé (Les Arènes, 2011), récit bouleversant dont l’incroyable force en fait très vite un best-seller. Son dernier ouvrage Une journée particulière (Les Arènes, 2013) consacre la puissance de son témoignage.
Jacques RICOT, agrégé et docteur en philosophie, a été professeur en classes préparatoires scientifiques au Lycée Clémenceau de Nantes, chargé de cours de bioéthique à l’Université de Nantes et intervenant pour les formations des personnels soignants. Membre, entre autres, de la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs), il a publié de nombreux ouvrages sur la fin de vie : Dignité et euthanasie (Pleins Feux, 2003), La Tentation de l’euthanasie (en collaboration avec Patrick Verspieren et Marie-Sylvie Richard, DDB, 2004), Éthique du soin ultime (Presses de l’EHESP, 2010). Son dernier livre Du bon usage de la compassion (PUF, 2013) est centré sur le rapport à autrui et en particulier quand celui-ci est en position de faiblesse.
Maryannick PAVAGEAU, devient tétraplégique à l’âge de 29 ans, à la suite d’un AVC (accident vasculaire cérébral). Elle est engagée dans plusieurs associations d’aide aux personnes handicapées, notamment atteintes de locked-in syndrome : elle apporte régulièrement son témoignage et son soutien à ceux qui la sollicitent.
Chevalier de la Légion d’honneur et officier de l’ordre national du Mérite, elle vient d’être élue à la MAAF (Mutuelle Assurance Santé) pour représenter tous les accidentés de la vie.
Hervé MESSAGER a été kinésithérapeute à la fondation Opale de Berck-sur-Mer pendant 40 ans, dont 20 années passées au service de patients cérébro-lésés. C’est dans le cadre de cette spécialité qu’une partie des soins et de l’accompagnement de Vincent Humbert lui a été confiée durant 21 mois. Convaincu que « ce gamin avait encore plein de choses à vivre » et que l’histoire de Vincent avait été manipulée, Hervé Messager a écrit A qui profite l’acte ? (éditorial de l’hebdomadaire Le Réveil de Berck du 26 octobre 2003) : véritable cri du cœur et hommage d’un soignant à son patient et ami décédé, cette lettre entendait aussi rétablir la vérité sur l’histoire de la fin de vie de Vincent Humbert.
Tugdual DERVILLE est licencié en droit, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC). Fondateur en 1986 d’À bras ouverts,association d’accueil d’enfants et jeunes handicapés, il rejoint en 1994 Alliance VITA, association qui œuvre pour « le respect de la dignité humaine, particulièrement des plus vulnérables ». Après la canicule de l’été 2003, il fonde le service d’écoute SOS Fin de Vie. Son dernier ouvrage La Bataille de l’euthanasie (Salvator, 2012), décrypte les sept grandes affaires médiatiques liées à l’euthanasie et analyse la manipulation dont elles ont été l’objet.
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Archives du blog sur ce sujet:
2013
"Solidaires en fin de vie, Ta vie vaut mieux que l'euthanasie !"
L' embrouille du Rapport Sicard sur la Fin de Vie,
suicide assisté et Euthanasie en embuscade.
La justice sauve un patient d’une euthanasie
Euthanasie - Lettre ouverte à mes confrères de l’Ordre des médecins
par le Docteur Léonard Tandeau de Marsac
Rapport Sicard: "Penser solidairement la fin de vie"
2012
Rapport à François Hollande Président de la république Française
Euthanasie, soins palliatifs... La fin de vie en France n'est pas celle qu'on croyait
Fin de vie : l’Académie nationale de médecine se prononce
Fin de vie: "Même une personne vulnérable, fragile, abîmée reste digne jusqu’au bout"
Mission Sicard - Fin de vie : faut-il aller plus loin que la loi Leonetti ?
Le débat sur l'euthanasie devient un débat sur le suicide assisté
Vivre la fin de vie (RCF) avec Tugdual Derville
Le député UMP Jean Leonettio estime que la loi sur la fin de vie portant
son nom peut être améliorée.
L’exception d’euthanasie
Le droit devant la mort
Perdu d' avance ? (Euthanasie et Homofiliation )
Euthanasie: "Y avait-il une solution pour Vincent Humbert, Chantal Sébire ... ?"
Face à "La tentation de l' Euthanasie" - Bilan du #VITATour d' AllianceVITA
François Hollande relance le débat sur l'euthanasie (sur RND)
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"Au pays des kangourous" - Fin de vie et dépression , l' importance du "regard" de l' "autre"
Droit des malades et fin de vie, que dit la loi "Leonetti" ?
Euthanasie : Opération Chloroforme pour Jean-Marc Ayrault via @Koztoujours
Audio du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault sur l’euthanasie
"Euthanasie : terrorisme intellectuel et complaisance politique"
L' Euthanasie n' est pas une valeur de gauche ...
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Euthanasie: 10 ans d’application de la loi en Belgique (Mai 2002- 2012 )
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Alliance Vita lance son "Tour de France de la solidarité"
Pourquoi la question de la fin de vie est-elle si politique ? avec Tugdual Derville
Tugdual Derville sur RCF au furet du nord de Lille - "Tour de France de la solidarité"
France Catholique: La tentation de l' Euthanasie, enjeu majeur de l' élection présidentielle
Fin de vie, faut il une nouvelle loi ? avec Tugdual Derville sur BFMbusiness
2011
Carte vigilance "Fin de vie" - 10 idées solidaires de la dépendance
Alliance VITA: "appel aux candidats aux élections de 2012
Face à une demande d' euthanasie ! (Mieux comprendre la complexité des soins palliatifs)
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