mercredi 18 novembre 2015

Attentas du 13 Novembre 2015 ...


Fabrice Hadjadj : «Il faut prendre le glaive pour étendre le Royaume de l’amour» [*]

"Contrer l’idéologie djihadiste" Par Gérard Leclerc (@LeclercGerard) [*]

"Islamisme : les propositions choc d'un groupe de hauts fonctionnaires" (le Plessis) [*]

Abdennour Bidar : «Les musulmans doivent passer à la responsabilité de l'autocritique» [*]

Xavier Luffin: "Il faut cesser de dire que l'état Islamique (DAESH)  ce n'est pas l'Islam"
                                                                                  Interview de Nicolas Zomersztajn [*]

VIDEO "Réaction de Philippe de Villiers aux attentats du 13 novembre 2015" [*]






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Fabrice Hadjadj : «Il faut prendre le glaive pour étendre le Royaume de l’amour»


Nous avions perdu la guerre. Je ne parle pas d’une absence de succès. Au contraire, nous avions pris l’habitude de nous endormir dans le confort et les succès, jusqu’à ce qu’une maladie, un accident, un fait divers, un mal sans lutte ni ennemi, nous emportent comme un ordinateur plante, dans une insignifiance en deçà de l’absurde.

Nous nous étions ramollis, nous avions perdu toute virilité, réduits à l’état d’enfants gâtés piquant leur crise, de pantins soucieux de leur cardio-training, de bisounours consommateurs de porno. Nous voulions non pas la paix qu’on fait, mais celle qu’on nous fiche, peu importe à quel prix de dévastations, de « dégâts collatéraux ». Mais « la paix est œuvre de justice », dit Isaïe, et il est normal, quand on refuse ce combat pour la justice, que notre paix apparente nous saute à la figure. Et voilà que flâner dans la rue ne va plus de soi, comme pour des promeneurs blasés. La guerre nous a regagnés. C’est déjà quelque chose dans l’ordre de l’éveil. Mais, cette guerre, la gagnerons-nous ? Combattrons-nous le « bon combat », selon le mot de saint Paul ?

C’est la figure de l’amour qui domine dans la vie chrétienne, celle du frère, du fils, de celui qui dialogue, de celui qui compatit. Mais nous ne pouvons plus oublier celle du guerrier. Guerrier dont les armes sont d’abord spirituelles, mais guerrier quand même. Certes, contrairement à ce que croit un certain darwinisme, la vie est communion avant d’être combat, don avant d’être lutte. Mais parce que cette vie est blessée dès l’origine, sans cesse attaquée par le Malin, il faut lutter pour le don, combattre pour la communion, prendre le glaive pour étendre le Royaume de l’amour.


Si nous ne retrouvons pas cette virilité guerrière, celle qui faisait chanter à saint Bernard la « louange de la nouvelle milice », nous aurons perdu contre l’islamisme aussi bien spirituellement que matériellement. Beaucoup de jeunes, en effet, se tournent vers l’islam parce que le christianisme que nous proposons ne contient plus d’héroïcité ni de chevalerie (alors que Tolkien est avec nous), mais se réduit à de gentils conseils de civisme et de communication non-violente.

Quel est le vrai terrain de cette guerre ? Certains voudraient nous faire croire que ce qui fait la force des terroristes du vendredi 13 dernier, c’est qu’ils ont été entraînés, formés dans des camps de Daech, de sorte que le combat serait encore celui de la puissance techno-capitaliste fabriquant un armement plus lourd. En quoi un jeune type bloqué aux portillons de sécurité, et qui se fait sauter avec des explosifs rudimentaires, est-il un soldat expérimenté ? Nous savons – et l’expérience récente d’Israël l’a prouvé – que n’importe qui peut s’improviser tueur du moment qu’il est possédé par une résolution suicidaire. Ce qui fait sa force de destruction, prête à exploser n’importe quand, n’importe où, ce n’est pas son habileté militaire, c’est son assurance morale.

Qu’avons-nous à opposer pour empêcher la contagion ? Nos « valeurs » peuvent lever des armées de consommateurs, pas de combattants. Aussi est-ce là que se situe le combat élémentaire – à la hauteur d’une foi qui sait affirmer un vrai martyre – contre la parodie diabolique du martyre qu’est l’attentat-suicide.

Le communiqué de Daech revendiquant l’« attaque bénie » parle de Paris comme de la capitale « qui porte la bannière de la croix en Europe ». On aimerait qu’il dise la vérité. La guerre est ici : dans le courage de porter une espérance assez forte pour que nous puissions donner nos vies et donner la vie. 

Lire aussi de Fabrice Hadjadj :
 "Terrorisme et technocapitalisme : s’envoyer en l’air en appuyant sur des boutons" [*]


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Il existe des correspondances frappantes entre l’immense émotion populaire qui avait suivi les attentats de janvier dernier et celle que soulève la tragédie de vendredi. On retrouve des gestes analogues, aussi bien du côté des autorités que de la rue. La détermination manifestée au sommet correspond à l’attente unanime de l’opinion publique. On chante la Marseillaise. On annonce des mesures décisives… La question qui se pose pourtant est de savoir si on a vraiment progressé depuis janvier. Il serait défaitiste de prétendre qu’il ne s’est rien passé, d’autant que notre pays est celui qui, en Europe, a consenti les engagements les plus décisifs dans la lutte sur les terrains extérieurs, aussi bien en Afrique qu’en Irak et en Syrie. On ne saurait oublier l’engagement permanent sur notre propre territoire des forces de l’ordre, qui sont, au témoignage de leurs représentants, dans un état de fatigue et de tension extrême.

Il n’en reste pas moins que la menace djihadiste subsiste avec la même intensité et que nous sommes tous contraints d’admettre un état de guerre qui ne souffre aucun relâchement. Le président de la République a annoncé hier, à Versailles, un certain nombre de mesures pratiques dont l’adoption devrait contribuer à parfaire nos moyens de résistance. Mais il faudra aussi se confronter à des objectifs de nature plus subtils peut-être, car le djihadisme est d’abord une pathologie d’ordre idéologique qui doit se combattre dans les esprits. Rien de décisif ne saurait être accompli dans ce domaine sans l’aide de nos compatriotes musulmans. Si désagréable que soit la réalité, il faut admettre que le djihadisme est une pathologie qui concerne l’islam et l’on ne s’en sortira pas sans que les musulmans s’engagent complètement dans la bataille idéologique.

Pierre Manent dans son essai récent a indiqué quelques lignes de réflexion et d’action pour s’attaquer à ce problème, soulignant la priorité de l’intégration des musulmans dans la communauté nationale. C’est bien dans cette direction qu’il faudra marcher, dans un esprit de véritable unité française.




(Source: France Catholique / Radionotredame)



Gérard Leclerc sur les attentats - KTOTV 19 Nov 2015



(Source: KTOTV)

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(Source: Le Figaro)

Extrait

"Islamisme : les propositions choc d'un groupe de hauts fonctionnaires" (le Plessis)

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Après les nouveaux attentats qui viennent de frapper la France, il est vital de revenir avec lucidité sur les graves menaces qui pèsent sur notre société et notre peuple. Depuis les attaques de janvier, un grand nombre d'analyses plus ou moins judicieuses avaient été publiées, de l'atrabilaire Qui est Charlie?* d'Emmanuel Todd, au subtil Situation de la France de Pierre Manent.

Le slogan majeur avait alors été «pas d'amalgame», sous-entendu entre l'islam et les terroristes. La situation présente invalide brutalement cet artifice de communication. Admettons que la raison d'Etat pousse les dirigeants à fermer les yeux sur certaines situations dont l'énoncé même pourrait remettre en cause certaines de leurs politiques. Les attentats du 13 novembre nous montrent que cette posture empêche de lutter efficacement contre des menaces pourtant bien identifiées. Il n'y a que des politiques aveugles ou craintifs et des médias tenants du politiquement correct pour affirmer qu'il n'y a pas de problème de l'islam en France, comme ailleurs. Les responsables religieux et les intellectuels musulmans* les plus avisés et les plus honnêtes le reconnaissent .

Certes, porter la parole publique en ces temps troublés est difficile. Mais nier les problèmes, c'est en créer d'autres, plus vastes, plus graves, voire insolubles. Après les attentats de Charlie Hebdo, le président de la République avait sans doute raison lorsqu'il voulait éviter la stigmatisation injuste et la confrontation de nos concitoyens, mais il aurait tort d'affirmer de nouveau que les assassins, comme ceux de Charlie Hebdo «n'ont rien à voir avec l'islam» . Et doublement tort, d'abord parce que cette parole présidentielle ne porte pas auprès d'une population qui vit, au quotidien, frictions et incompréhensions et, ensuite, parce que les meurtriers de janvier et de novembre, s'ils ne sont pas l'islam de France ont bien à voir avec lui. Et cet islam de France peine à se dégager des dérives que connaît l'islam dans trop de pays. Essayons d'y voir clair et de dégager quelques points.

Premier point: l'islam de France est très largement sunnite. Ce qui induit au moins trois difficultés.

Idéologiquement le sunnisme est aujourd'hui travaillé par des tendances dures et rétrogrades qui ont peu à peu pris l'ascendant sur les autres courants. Abdennour Bidar, Malek Chebel et quelques autres peuvent forcer notre estime en appelant à un islam des Lumières, dont il faudrait creuser s'il est théologiquement possible. En tout état de cause, ils ne pèsent tien auprès de la masse sunnite.

Politiquement, le sunnisme, dans le monde en général et en France en particulier, est travaillé par les influences extérieures toutes plus dangereuses les unes que les autres. Algériens, Saoudiens, Qataris, Turcs, Marocains, dans une moindre mesure Egyptiens, tentent tous de contrôler via leur argent, leurs imams ou leur capital religieux (lieux saints, aura, institutions…) une large part du marché des biens du salut islamique en France et ailleurs. Or, ce sont aussi des Etats, qui jouent leurs partitions destinées à accroître leur pouvoir et leur influence sur le grand échiquier mondial ; la France en est une case essentielle, notamment en raison de son rôle en Europe.

Organiquement, le sunnisme est peu structuré et permet à toutes sortes de groupes, ou d'individus, de dessiner les contours de leur islam et de leur djihad. C'est d'autant plus fâcheux que n'importe quel lecteur du Coran en aura découvert les contradictions qui peuvent justifier bien des interprétations dont celles, très nombreuses, qui recèlent d'importantes potentialités de violence.

Deuxième point: l'islam de France est confronté à une radicalisation de ses jeunes. Il est d'abord essentiellement la religion de citoyens ou d'immigrés issus de pays anciennement colonisés par la France. Si l'ancienne génération a largement tourné la page, il n'en va pas de même des nouvelles. Leur situation sociologique, éducative et culturelle, conjuguée à l'instrumentalisation de l'Histoire par certains Etats, comme l'Algérie, ou encore aux propos irresponsables de spécialistes de la repentance, réactive sans cesse des relations psychologiques difficiles et une mentalité d'exploités en révolte. Ne voit-on pas jusqu'à l'avocat de l'un des ex-complices d'Amedy Coulibaly le présenter comme une victime révulsée par les exactions de la police? Peu importe que ces jeunes soient nourris au biberon de l'enseignement gratuit français, des allocations sociales françaises, hébergés dans des logements sociaux, certes parfois dégradés, mais fort peu onéreux grâce à l'effort financier français. Ils ne se perçoivent pas comme Français, mais parfois même comme anti-Français. Une part non négligeable d'entre eux a touché à la délinquance qu'ils ne vivent pas tant comme l'entrée en criminalité que comme l'inévitable opposition à des institutions dont une large part des médias et médiateurs de toutes sortes leur serinent à longueur de journée qu'elles sont injustes. Ceux-là sont habitués à la police et à nos tribunaux. Ils les détestent, mais n'en ont plus peur tant la réponse pénale est devenue risible depuis vingt ans.

Troisième point: l'islam de France baigne dans l'un des pays les plus laïcs d'Europe! Non seulement l'Etat français s'est longtemps révélé incapable de comprendre la question religieuse par une sorte de cécité institutionnelle largement partagée par certaines «élites», mais ce laïcisme, souvent porté par la gauche, a aussi eu pour effet la fragilisation de la confession majoritaire en France, le catholicisme, et s'est trop souvent traduit par une agressivité à l'égard du christianisme en général. Les uns et les autres, catholiques compris -et parfois catholiques en tête- ont soigneusement appris que le christianisme ne devait plus structurer l'univers mental des Français, niant de ce fait son rôle essentiel dans la constitution de notre civilisation dans le passé et dans la conservation de ses valeurs dans l'avenir. Nos concitoyens ont souvent perdu de vue leur identité religieuse et n'ont plus pour horizon qu'un vague humani(tari)sme, certes issu d'un christianisme éthique dégradé, mais encombré d'un anticléricalisme culturel qui ne lui permet guère d'apercevoir les forces de régénération œuvrant au cœur du christianisme.

Dans une économie en crise, un pays à «l'identité malheureuse», qui ne croit plus en grand-chose, a bien peu à offrir à des jeunes en quête de références: des centres commerciaux? Le mariage homosexuel et la GPA? Des plugs devant le ministère de la justice? Au fond, d'une certaine façon, le problème de l'islam de France est aussi celui du christianisme en France: trop peu levain dans une pâte trop lourde. Un christianisme trop absent et qui a admis un peu vite son élimination de la scène publique.

Ces trois séries de problèmes dessinent les contours d'une politique visant à éradiquer l'islamisme en France qui pourrait comporter quelques axes.

1er axe: trancher les relations d'influence/allégeance entre l'islam de France et certains pays arabes. Les choses sont, au fond, assez simples: notre pays ne doit plus tolérer la présence sur son sol d'imams étrangers, officiels ou officieux, qui développent des thèses qui, de près ou de loin, vont à l'encontre de nos valeurs ou de la tranquillité publique. Il s'agit donc de disposer des moyens juridiques d'expulser les responsables à la moindre suspicion. Il s'agit aussi d'interdire et de réprimer très sévèrement tout financement par l'étranger. Cela suppose également de rompre les relations financières douteuses avec certains pays, tel le Qatar qui investit massivement dans l'économie française et dans les banlieues. Cela suppose enfin de reconsidérer nos relations avec des pays qui jouent un rôle trouble et foulent aux pieds nos valeurs, tels que l'Arabie Saoudite.

2ème axe: conforter les courants modérés au sein de l'islam, ce qui signifie, les aider à s'organiser et leur confier les clés de l'enseignement, du prêche et de l'exégèse dans notre pays. Ce qui signifie, à l'inverse, priver les radicaux de tout lieu d'expression. Concrètement, cela suppose d'interdire, au moins pour un temps, tout enseignement coranique par des personnes non agréées et contrôlées par l'Etat, d'interdire tout prêche, spécialement en langue étrangère, non visé par les autorités et d'expulser ou de condamner les réfractaires, d'interdire de la même façon les livres et publications internet suspects, de mettre sous tutelle les lieux de culte musulman ou a minima de les contrôler sérieusement.

3ème axe: achever l'organisation de l'islam de France. La création du CFCM était un pas… qui n'a pas suffi. Comme le proposait Malek Chebel, il faut un grand mufti de la République et la mise en place d'une organisation interne de l'islam sunnite. L'Etat peut y aider en ne tolérant l'existence que d'imams formés à ses écoles, et agréés par ses soins, en n'acceptant l'administration des lieux de culte que par des associations elles aussi contrôlées et dûment habilitées, en tout cas qui ne soient pas confiées aux plus extrémistes. Et il est indispensable que l'ensemble des responsables musulmans condamnent sans ambigüité non seulement ces actes terroristes, mais aussi, les organisations islamo-fascistes et leurs membres de l'EI, du front Al-Nosra et assimilés.

4ème axe: lutter contre la radicalisation de manière radicale. L'identification a fait des progrès mais ne suffit pas. L'échange de données avec nos partenaires doit s'intensifier. L'isolement des détenus islamistes doit devenir une réalité, isolement des autres détenus, mais aussi isolement entre eux. Les étrangers doivent être expulsés et les doubles nationaux déchus de leur nationalité puis expulsés. Plus généralement, les délinquants doivent sentir la force de l'Etat dont la répression pénale doit être très sévère. Cela devrait être, en particulier à l'égard du trafic de stupéfiants, dont certains n'ont toujours pas compris qu'il finançait, pour une part, le terrorisme et, d'autre part, qu'il était poreux avec les milieux radicalisés. Enfin, il n'est plus tolérable qu'en France des salafistes, puissent fréquenter des mosquées salafistes et écouter des prêches violents sans autre intervention des pouvoirs publics qu'une surveillance par les services de renseignement. Lorsqu'ils sont étrangers, ces extrémistes doivent être massivement expulsés, à titre préventif, pour raison d'ordre public.

5ème axe: maîtriser les flux migratoires. La dynamique démographique de la population musulmane en France, entretenue notamment par une immigration massive en provenance de pays à majorité musulmane, n'est pas de nature à faciliter la mise en place d'une cohabitation durable et harmonieuse entre les différentes composantes de la société. Du reste, l'absence de statistiques précises en la matière pourrait masquer un accroissement beaucoup plus significatif qu'on ne le pense généralement. La question de l'islam en France est ainsi étroitement liée à la maîtrise des flux migratoires, réguliers et irréguliers. Nous renvoyons pour plus de détails à notre précédent article , s'agissant notamment de l'indispensable contrôle effectif et rigoureux des frontières.

6ème axe: le plus difficile, envisager de manière différente les religions. Le combat idéologique face à l'islamisme ne peut embrasser qu'un nombre limité d'options, toutes aussi complexes dans notre pays traversé de contradictions. La première option serait de réactiver un laïcisme sourcilleux qui fut celui des radicaux du début du XXème siècle, mais la gauche et ses élites terranovesques ont déserté ce combat. L'actuel premier ministre peut bien prétendre le ranimer , mais, paraphrasant François Mitterrand face à Jacques Chaban-Delmas, on est tenté de lui répondre: «Quand je vous regarde, je ne doute pas de votre sincérité, mais quand je regarde votre majorité, je doute de votre réussite»* . Le risque existe au surplus que cette lutte se déchaîne encore et avant tout contre le catholicisme, plus tendre et tolérant (voir la «crise» des crèches avant Noël qui, avec le recul, montre à quel point les «libres penseurs» se sont trompés d'adversaires, par facilité et sans doute aussi par lâcheté), que contre un islam volontiers chatouilleux. Sur le fond, par ailleurs, ce combat a-t-il des chances d'être efficace et est-il même souhaitable? L'effacement du religieux est une part du problème. Faut-il creuser davantage le fossé entre des peuples avides de sens et leurs institutions?

La seconde option serait d'accepter une nouvelle place des religions dans notre société de façon à en apaiser les relations et à franciser l'islam.

A moins d'accepter l'islamisation de notre pays, cette option doit consister aussi à renforcer le christianisme pour équilibrer la situation et la résistance naturelle à l'islam, réactiver le fond éthico-philosophique qui fait le soubassement de nos valeurs républicaines et qui est profondément chrétien. Cela passe par un nouveau dialogue avec les institutions chrétiennes. Cela suppose une nouvelle réflexion sur la présentation du fait chrétien et de son impact sur la France, l'Europe et l'Occident notamment dans les programmes scolaires, les manuels, à l'inverse de la mise en valeur actuelle de l'islam au détriment du christianisme. Franciser l'islam cela passe aussi par une politique claire en matière de symbolique: pas de burqa, ni de qamis afghan sur le territoire national, pas de voile, pas de prières publiques, pas de mosquée ostentatoire et l'application scrupuleuse de nos lois, par exemple en matière de polygamie. Côté christianisme, les institutions nationales et locales doivent ranger au rayon des vieilleries les oripeaux du laïcisme d'antan, peut-être avec regret, mais «comme on peut regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages»* .

Non seulement une telle évolution pourrait bien rassurer nombre de nos concitoyens mais aussi attirer une part de la jeunesse d'origine immigrée. Mais ce n'est pas le seul enjeu: notre société doit inspirer le respect, retrouver des valeurs fortes et se libérer d'un consumérisme et d'un libertarisme débridés. Le Gouvernement est-il en capacité d'y contribuer? Sa gestion du mariage homosexuel, l'insistance renouvelée du ministre de la Justice sur la PMA au profit des lesbiennes, démontre qu'un certain establishment n'a rien compris aux évolutions profondes de notre société.

Voilà bien une des racines de l'absence de résolution du problème de l'islam en France depuis des années et des inquiétudes que nous pouvons nourrir pour l'avenir: nos «intelligentsias» parisiennes sont trop libertaires, tout à la fois pour brider les forces de désordre et pour donner, notamment à nos jeunes, une espérance qui dépasse le matérialisme. Elles sont encore trop laïcardes pour s'appuyer sur le catholicisme honni et dont elles font encore leur principal adversaire, comme autrefois les politiques français qui s'aveuglèrent au point de ne vouloir détruire que l'Autriche et de laisser croître la Prusse. Qui sera capable de se saisir du problème?

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Abdennour Bidar : «Les musulmans doivent passer à la responsabilité de l'autocritique»



(Source: Le Figaro)

Suite aux attentats effroyables de Paris, il y a un piège dans lequel nous ne devons pas tomber: la stratégie claire de Daesh est de provoquer le chaos dans la société française en alimentant la peur, qui va nourrir le vote d'extrême droite. Au-delà, c'est le risque que partout en Europe ces attentats aggravent encore la suspicion et le rejet à l'égard de nos concitoyens musulmans en provoquant une flambée de l'intolérance et de la haine. Car en France aujourd'hui, et dans bien d'autres pays européens se creuse dramatiquement le fossé d'incompréhension entre les musulmans et les autres: d'un côté une véritable allergie se répand à l'égard d'une religion perçue comme violente et agressive, de l'autre se propage le sentiment d'être toujours plus «montrés du doigt», stigmatisés. Le rejet n'en finit plus de monter des deux côtés: les uns rejettent, les autres se sentent rejetés. Voilà le mécanisme, l'engrenage maudit, qui pourrait dresser demain nos populations les uns contre les autres dans des tensions civiles très graves. Face à cela, nous devons avoir un sursaut de lucidité collective: être capables de comprendre le piège à temps, et l'éviter tous ensemble, non musulmans et musulmans unis, avant que ne se déclenche son mécanisme de désastre sur les plans social et politique.

Au bord de ce péril, les réactions des musulmans eux-mêmes qui expriment leur dénonciation de Daesh sont nécessaires et salutaires, indispensables pour faire diminuer la suspicion à l'égard de l'islam. Mais c'est insuffisant. Tragiquement insuffisant. Il ne suffit plus de dire «ne faisons pas l'amalgame entre islam et islamisme». Comme je l'ai écrit dans ma Lettre ouverte au monde musulman, les musulmans du monde entier doivent passer du réflexe de l'autodéfense à la responsabilité de l'autocritique. Car comme le dit le proverbe français, «le ver est dans le fruit»: ce n'est pas seulement le terrorisme djihadiste qui nous envoie de mauvais signaux en provenance de cette civilisation et culture musulmane, mais l'état général de celle-ci. Voilà en effet une culture tout entière qui est menacée par la régression vers l'obscurantisme, le dogmatisme, le néo-conservatisme, le rigorisme incapable de s'adapter au présent et aux différents contextes de société… et qui, c'est le comble, parle parfois de liberté de conscience pour réclamer le droit de donner libre cours à sa radicalité, ou pour faire valoir publiquement ses «principes éternels», sa «loi divine intangible et indiscutable», comme si quelque chose pouvait et devait échapper aussi bien à la marche de l'histoire et à la volonté des hommes!

De plus en plus de musulmans prennent conscience qu'il y a là un cancer interne de civilisation gravissime, un cancer qui se généralise à grande vitesse et face auquel les courants progressistes reculent. Un cancer face auquel les musulmans lucides souffrent de voir leur religion ainsi dégénérer, et se sentent terriblement impuissants. Qu'ils ne se laissent pas paralyser par ce sentiment d'impuissance! L'optimisme est une responsabilité. Quand on agit, il n'y a plus de place pour la peur et le désespoir. La tâche est qu'il faut de tout faire, chacun à son niveau, chacun avec ses moyens, pour régénérer, réinventer, métamorphoser cette culture spirituelle en perdition. Et pour cela la première chose à comprendre est qu'il faut arrêter de dire seulement «le vrai islam ce n'est pas cela», «cet obscurantisme ce n'est pas l'islam de mes grands-parents, de mon village, ou des âges d'or de l'islam, comme l'Espagne andalouse». Ce type de nostalgie ne vaut guère mieux face à la gravité du présent que la solution des salafistes qui veulent revenir à un «islam originel», à un «islam pur», à un «noyau» ou à une «essence» de l'islam. Rien de plus stérile que de vouloir fabriquer du futur avec le passé! Rien de plus dangereux que de vouloir faire triompher la «pureté» de quoi que ce soit: ce fantasme de «pureté» passe toujours, l'histoire nous l'a enseigné, par la «purification totalitaire» de tout ce qui n'est pas conforme au modèle!

Pour dire cela, combien sommes-nous? D'intellectuels de culture musulmane? De philosophes critiques? De consciences engagées? Dès aujourd'hui, il faut que du côté musulman les voix de la transformation soient beaucoup plus nombreuses et puissantes - et que même nous entendions dans ce concert la voix de plus de théologiens ou d'imams, bien qu'en tant que philosophe je suis toujours très prudent avec les «clercs éclairés»: même ouvert d'esprit jusqu'à un certain point, le savant ou le chef religieux restent des «maîtres de religion» attachés au noyau du dogme, et face auxquels toute conscience doit garder farouchement sa vigilance et sa liberté. La responsabilité des musulmanes et de musulmans dans nos sociétés européennes? Elles et ils doivent s'engagent massivement, pas seulement en tant que croyants de telle religion mais en tant que citoyens qui participent au progrès moral et social général, à la reconstruction ici en Europe de sociétés plus justes, plus fraternelles. Contre le libéralisme sauvage, contre les inégalités entre riches et pauvres, contre le matérialisme anti spirituel de nos sociétés. C'est en participant à tous ces combats que les musulmans d'Europe pourront affirmer une voix propre, et peut-être construire le modèle d'une autre identification à la culture musulmane - non plus repliée sur elle-même, sur la défense de son identité et de ses intérêts mais ouverte et engagée dans une logique de contribution au bien collectif.

Comme toujours, l'intellectuel est en première ligne, il doit monter au front des idées, des propositions, de l'ouverture de nouveaux horizons de sens et de société. Il doit porter un projet de civilisation nouveau face à la «fin des idéologies» et au «désenchantement du monde» où nous sommes tombés en Occident. C'est ce que j'essaie de faire aussi bien dans ma Lettre ouverte au monde musulman que dans mon Plaidoyer pour la fraternité. Dans ces deux essais publiés en 2015 suite aux attentats de janvier à Paris, je n'écris pas «en tant que philosophe de culture musulmane qui ne s'adresserait qu'aux musulmans». A partir de ma double culture française et musulmane, j'essaie d'expliquer que nous sommes tous maintenant, musulmans et occidentaux, et la planète entière avec nous, confrontés à une immense question qui fait son grand retour au milieu du monde humain: la question du sacré. Voilà le défi du siècle qui s'ouvre. Il nous renvoie non pas à la crise écologique, ni aux crises financières ou politiques, ni aux crises géopolitiques, mais à la mère de toutes les crises: celle du spirituel. Quelle vie spirituelle pour l'humanité, à l'heure où tout entière elle essaie de se rassembler dans la mondialisation? A l'heure où elle cherche un «projet de civilisation» qui ne soit pas seulement politique et économique mais qui nous permette de devenir plus humains? Comment donc grandir en humanité- la définition même du spirituel - et comment faire converge toutes les forces de la civilisation autour de cet objectif?

Voilà le défi qui se cache encore derrière tous les autres - et que nos grands médias, nos classes politiques n'ont pas encore eu la lucidité de voir alors même que, du côté des sociétés civiles, beaucoup de consciences ont déjà compris que, comme l'avait dit André Malraux, «le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas». Daesh? L'islamisme radical? Oui c'est l'urgence mais c'est une goutte d'eau dans l'immense tâche qui nous incombe aujourd'hui: sortir enfin des guerres de religion, sortir enfin du conflit immémorial entre les formes du sacré, pour aller ensemble vers un sacré partageable entre toutes les cultures, toutes les civilisations. Mais où est-il ce sacré partageable qui créerait l'unité spirituelle entre nous, sans abolir la diversité de nos croyances? Où est-il ce sacré dans lequel il y aurait à la fois la liberté de conscience et la transcendance, le bien politique et la vie spirituelle, la communion spirituelle et le respect du pluralisme de nos visions du monde? Au-delà de mes deux derniers livres, c'est l'axe de tous mes travaux depuis des années. Sans relâche, j'essaye de dessiner, d'esquisser les formes de ce sacré partageable - je m'y consacre à partir de l'intuition qu'il s'établira sur une vision de l'être humain, un humanisme complètement réinventé à partir de tous nos héritages d'Orient et d'Occident, critiqués et mis en mutation créatrice.

En vue de cet objectif élevé d'un sacré partageable qui soit un juge de paix nous évitant de nous battre, je demande solennellement aux musulmanes et aux musulmans européens de ne pas rester de leur côté, de ne pas céder à la tentation de se replier sur eux-mêmes dans la défense exclusive de leurs intérêts propres. Qu'ils répondent à la suspicion par l'ouverture. Qu'ils répondent au rejet par la contribution. Qu'ils répondent au mal par le bien, comme le conseille le Coran (41, 34). Qu'ils regagnent le respect et la considération de tous en s'associant intellectuellement et humainement, partout où c'est possible et par leur engagement social et politique de tous les jours, à tous ceux qui refusent un monde égoïste où l'on vit séparés en communautés et en tribus, et où l'homme est un loup pour l'homme. Qu'ils regagnent l'estime générale en unissant leurs efforts à tous ceux aussi - c'est capital à mes yeux - qui refusent aussi bien un monde matérialiste, sans spiritualité, qu'un univers où telle religion domine tout sans laisser à chacun sa liberté de conscience et en fermant les portes extérieures pour créer une communauté close.

Contre cela, cherchons ce sacré partageable que j'évoque ici à l'horizon de nos sociétés. Il commence là. Dans la lutte pour une fraternité sans frontières, qui travaille aussi bien à réduire les inégalités sociales qu'à combler les distances, les «coexistences» sans mélange, les fossés d'incompréhension, le choc des ignorances, des rejets et des peurs, entre les cultures et les croyances. Quand je parle du sacré et du spirituel, son sens est très simple: il surgit de cette fraternité qui crée du lien et qui fait grandir en humanité. Plus largement, vivre spirituellement c'est vivre relié: à soi, aux autres, à la nature et à l'univers. Nos individualités étouffent et meurent lorsque ces liens sont rompus ou endommagés - soit par une vie superficielle où l'on n'écoute plus sa voix intérieure, soit par une vie égoïste et indifférente à l'autre, soit encore par une vie loin d'une nature qui nous enseigne la façon sublime dont toujours la vie triomphe de la mort. Daesh? J'y insiste: sa seule force est de profiter de nos faiblesses. Si nous persistons à vivre en régime de «déliaison du monde», où la qualité de ce triple lien à soi, à autrui, à la nature, reste si mauvaise, alors le néant, le nihilisme, de Daesh viendra comme un poison s'infiltrer dans toutes nos brèches, dans toutes les blessures de nos liens. Travaillons à nous relier, resserrons nos liens, tous nos liens de sens et de fraternité, et Daesh n'aura pas pour nous diviser le passage d'une seule petite faille. Retissons les liens de fraternité avec nous-mêmes, avec les autres, avec la nature et l'univers. Respiritualisons le monde et nous aurons une chance de le guérir de ses souffrances.

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(source: CCLJ)


Xavier Luffin: "IL FAUT CESSER DE DIRE QUE L'ETAT ISLAMIQUE (DAESH) 
CE N'EST PAS L'ISLAM" Interview de Nicolas Zomersztajn

Pour Xavier Luffin, professeur de littérature arabe à l’Université libre de Bruxelles (ULB), les musulmans doivent se demander pourquoi le texte coranique peut être si souvent utilisé pour revendiquer des actes meurtriers et cesser de s’enfermer dans des schémas victimaires qui sont encore repris suite aux tueries de Paris du 13 novembre 2015.


Quel regard portez-vous sur cette réaction musulmane selon laquelle la violence de l’Etat islamique n’a rien à voir avec l’islam ?
Xavier Luffin : Cela nous renvoie à un problème récurrent dans le monde arabo-musulman : le refus d’assumer la part de responsabilité des maux qu’il connaît et une grande propension à souligner la responsabilité de l’autre, que ce soit l’Occident, Israël ou le monde chrétien. On voit bien qu’il existe une réelle difficulté à assumer une responsabilité dans son propre chef, même quand un parallèle peut être établi. Ainsi les conquêtes coloniales et l’esclavage ne seraient des questions que seul l’Occident doit assumer, alors qu’on trouve des phénomènes similaires dans l’histoire arabo-musulmane. Outre les facteurs historiques qui expliquent cette incapacité d’assumer, il y a aussi des facteurs religieux. Le Coran étant considéré par les musulmans comme un texte révélé, le texte ne peut donc être remis en question. Or, le Coran contient des passages problématiques, et notamment belliqueux. Par ailleurs, ces passages sont utilisés par les extrémistes religieux et les propagandistes de l’Etat islamique. Il faut bien comprendre que ces passages existent. On peut certes décider de les expliquer, et c’est ce que font les exégètes du Coran. Mais le problème, c’est que bien souvent ce travail d’exégèse est trop proche du sens littéral du texte. Je n’ignore pas non plus les approches visant à replacer ces passages problématiques dans un contexte historique bien précis remontant aux périodes conflictuelles de l’expansion de l’islam au 7e siècle. En réalité, on trouve de tout dans ces approches exégétiques et il n’existe aucune hiérarchisation. Personne n’indique clairement quel texte il faut suivre ni celui qu’il faut abandonner une fois pour toutes. Les musulmans se retrouvent donc avec un discours qui n’est pas suffisamment remis en question. Il est donc urgent que les musulmans s'interrogent, se demandent pourquoi le texte coranique peut être si souvent utilisé pour revendiquer des actes aussi violents que les tueries de Paris.

Cela signifie-t-il que l’Etat islamique n’est pas un repère d’ignorants des sources coraniques ? X.L. :
Tout à fait. Il faut cesser de dire l’Etat islamique (Daesh), ce n’est pas l’islam. Il suffit d’écouter les discours et les prêches d’Abou Bakr al-Baghdadi ou d’autres responsables de cette organisation pour comprendre qu’ils ont une bonne connaissance des sources coraniques. L’Etat islamique publie sur internet une revue en anglais, Dabiq, et même en français, Dar al-Islam, dans laquelle l’ensemble des articles sont truffés de références au Coran, à des Hadith, et à un nombre considérable de penseurs particulièrement conservateurs comme Ibn Taymiyya ou Mohammed Ben Abdelwahhab, le fondateur du wahhabisme. Ces textes sont cités avec les références de la même manière qu’un article pour une revue scientifique occidentale. On ne peut donc pas du tout affirmer que ces gens ne connaissent rien aux textes coraniques qu’ils citent abondamment.

Que faut-il faire alors ? X.L. :
Commencer par entamer un travail critique au sein même de l’islam. Car lorsqu’on entend les réactions musulmanes actuelles selon lesquelles ce ne sont pas des vrais musulmans qui ont commis ces actes ou que ce n’est pas l’islam, cela reviendrait à dire que ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont mené la Guerre au Vietnam parce que ce n’est pas cela les vrais Américains, ou encore que le Congo n’a pas été colonisé par les Belges parce que ce n’est pas cela la vraie belgitude, etc. Il y a un moment où un groupe humain, quel qu’il soit, doit pouvoir dire qu’il assume la responsabilité des actes commis par les siens au nom des références dont se revendique l’ensemble du groupe, même si ces références ne sont pas claires. C’est un travail que les musulmans doivent aussi entreprendre, sinon ils resteront enfermés dans ce discours de la victimisation et de la déresponsabilisation. Quand on regarde de nombreux discours de prédicateurs musulmans vivant en Europe, on s’aperçoit qu’ils ne remettent nullement en cause des passages belliqueux du Coran.

Des tentatives d’approches critiques ont pourtant été initiées… X.L. :
Oui, mais elles posent deux problèmes majeurs. Tout d’abord, ces réouvertures de la tradition exégétique du Coran depuis le début du 20e siècle, comme celle de Mohammed Arkoun, sont certes très intéressantes, mais elles restent prisonnières du texte. Puisque le Coran est censé être une parole divine révélée, elles doivent tenter de critiquer le texte sans pour autant l’invalider, ce qui est un exercice périlleux. Mais cette explication critique est toujours littéraliste. Le deuxième problème de ce mouvement de pensée réside dans son impact réel. Ces nouveaux penseurs de l’islam existent bel et bien, ils publient énormément par ailleurs, mais leurs travaux sont surtout lus par des intellectuels occidentaux ou par une frange marginale d’intellectuels du monde arabo-musulman. Ainsi, je n’ai jamais entendu un imam bruxellois se référer aux écrits de Nasr Hamid Abou Zayd, ce théologien égyptien cherchant à interpréter le Coran à travers une herméneutique humaniste. Je n’affirme pas que l’impact de ces penseurs musulmans humanistes soit inexistant, mais il demeure malgré tout très faible. Quand on franchit la porte d’une librairie musulmane du boulevard Lemonnier à Bruxelles, les livres qu’on vend sont surtout des traités médiévaux conservateurs et des manuels d’une pauvreté intellectuelle et spirituelle n’abordant que la question du licite et de l’illicite ! Il n’est jamais question de remettre en cause certains préceptes problématiques ni de les contextualiser historiquement. Or, le discours ambiant répétant que l’Etat islamique n’est pas l’islam minimise complètement la portée des textes qui sont réels et qui sont utilisés par les fondamentalistes les plus violents et les plus rétrogrades, comme par les plus modérés et les plus humanistes.



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par Guillaume de Prémare (...et autres assais)
Attentats:  Unité de la France ,unité de l'Islam  et civilisation ?
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Réaction du Cardinal Mamberti sur le jugement de la Cour européenne
 à propos de la Liberté de conscience et religieuse (@news_va_fr 2013)
Le Gender ou "L'idéologie libertaire à l'assaut de nos libertés fondamentales"  par François-Xavier BELLAMY
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